Filtrer
Rentrée Littéraire
-
" Elle aurait voulu hiberner. Il lui semblait qu'après, elle serait une autre. Qu'elle se réveillerait au printemps lavée, neuve. Que tout serait effacé. "
Au cours d'une promenade en forêt avec son compagnon et leur fille âgée d'un an, Camille s'imagine disparaître, d'un coup, alors que ceux qu'elle aime marchent loin devant elle. Cédant à cette pulsion, elle se cache puis s'évapore, absorbée par la nature.
Au gré de bus, de ferrys, elle traverse plusieurs frontières et fuit vers le Nord, les étendues blanches, les ciels infinis et une terre géologique. Là, Camille trouve la solitude et le silence.
D'abord étrangère à ce pays de glace et de feu, elle s'installe bientôt dans une maison au bord d'un lac, face à une autre forêt et à un volcan endormi.
Les saisons passent et, peu à peu, la vie revient, avec la chaleur des amitiés, d'un amour et d'un métier retrouvé. Mais quelque part en France, une enfant grandit.
Ce roman d'évasion et de reconstruction évoque ce qu'on peut, ou non, laisser derrière soi pour tenter de trouver sa juste place dans le monde. -
« Il est coincé ici pour toujours, pas vrai ? Comme une souris prise au piège, il continuera à se tortiller dans les rues de Belfast jusqu'à son dernier souffle. »
Après des études à Liverpool, Sean Maguire est de retour à Belfast parmi les siens. Il retrouve le quartier ouvrier où il a grandi, dans une ville meurtrie par plusieurs décennies de conflit entre catholiques et protestants, et où la prospérité promise par les accords de paix se fait toujours attendre. Sean n'a qu'une hâte : repartir dès que possible.
Mais il est vite rattrapé par ses vieilles habitudes : les nuits blanches, l'alcool et la coke, l'argent emprunté, les loyers impayés et les boulots précaires. Jusqu'à ce qu'à ce moment fatidique où, lors d'une soirée, il commet un acte impardonnable.
Pourra-t-il échapper à un destin tout tracé ?
Écrit au cordeau, ce premier roman aborde avec une remarquable lucidité des sujets très contemporains : masculinité toxique, déterminisme social et secrets de famille. À travers ce roman d'apprentissage extrêmement poignant, c'est le portrait de l'Irlande du Nord que brosse Michael Magee. -
«Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant.» Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d'indépendance, qu'elle n'a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu'elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Son histoire, elle ne peut la raconter qu'à la fille qu'elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l'a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
-
" Je suis le Liban qui a fait la guerre depuis tant d'années. Je suis le Liban qui ne trouve plus les mots pour dire sa douleur. " Beyrouth, 13 avril 1975.
Des membres du FPLP ouvrent le feu sur une église dans le quartier chrétien d'Ain el-Remmaneh. Quelques minutes plus tard, un bus palestinien subit les représailles sanglantes des phalangistes de Gemayel, inaugurant un déferlement de violence sans commune mesure qui dépassera bientôt les frontières du Liban et du Proche-Orient.
Michel Nada part alors pour la France, où il espère rallier la droite française à la cause chrétienne. Édouard et Charles, ses frères, choisissent la voie du sang. Dans la banlieue sud de Beyrouth, Abdul Rasool al-Amine et le Mouvement des déshérités se préparent au pire pour enfin faire entendre la voix de la minorité chiite.
À l'ambassade de France, le diplomate Philippe Kellermann va, comme son pays, se retrouver pris au piège d'une situation qui échappe à tout contrôle.
Mais comment empêcher une escalade des tensions dans un pays où la guerre semble être devenue le seul moyen de communication ? La France de Giscard et de Mitterrand en a-t-elle encore seulement le pouvoir, alors qu'elle se voit menacer au sein même de son territoire ?
Première partie du projet le plus ambitieux de Frédéric Paulin à ce jour, Nul ennemi comme un frère retrace les premières années de la guerre du Liban. -
Au mi-temps des années 1980, Ava, Afro-Américaine d'une quarantaine d'années, débarque à Philadelphie. Chassée par son mari, elle s'installe avec Toussaint, son fils de dix ans, dans un centre d'hébergement. L'endroit est sordide. Et elle est déterminée à tout faire pour s'en échapper. Ava rêve d'émancipation. Mais la vie n'offre que peu de choix aux gens comme elle. Originaire d'un petit village de l'Alabama, elle a rompu tout contact avec sa mère et ne peut plus compter sur personne. Lorsque le père du garçon réapparaît dans sa vie, elle retombe immédiatement sous l'emprise de cet homme charismatique, autoritaire et engagé. Dans le même temps, un puissant atavisme pousse Toussaint vers ce Sud lointain, qu'il ne connait pas. Vers le village de Bonaparte, freetown afro-américaine, où plongent ses racines et où vit encore Dutchess, sa mythique grand-mère.
Sans complaisance aucune, Les Égarés dresse le portrait poignant d'une mère prête à tout pour protéger son enfant de la froideur du monde, quitte à se brûler les ailes. -
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime. Après Soeur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d'étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d'Abel Quentin.
-
« L'amour est incompréhensible, une forme de folie. »
Elba porte le nom d'un fleuve : c'est sa mère qui l'a choisi. Seuls les fleuves circulent librement, lui disait-elle, avant de disparaître mystérieusement. Depuis, Elba grandit seule dans cet endroit qu'elle nomme le monde-à-moitié : un asile psychiatrique, à Naples.
C'est là qu'elle pose son regard d'enfant, sur le quotidien de cette « maison des fêlés, avec dedans plein de gens qui ressemblent à des félins », nourrissant de ses observations son Journal des maladies du mental. Jusqu'au jour où le jeune docteur Fausto Meraviglia décide de libérer les patients, comme le prévoit une loi votée quelques années plus tôt en 1978, et de prendre Elba sous son aile. Lui qui n'a jamais été un bon père apprend le poids et la force de la paternité.
Après le succès du Train des enfants et du Choix, Viola Ardone poursuit son exploration de l'Italie du XXe siècle. Une ode aux mots qui rendent libre et au pouvoir des femmes, par l'une des grandes voix de la littérature italienne d'aujourd'hui. -
Peau-de-Sang est le cinquième roman d'Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d'une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d'une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut.
Isolée dans le froid et la solitude des forêts, la ville de Kangoq est figée dans le temps. Ici, on vit de peu, du labeur des ouvrières dans les filatures et des hommes dans les champs. Mais une femme différente donne un secret équilibre à ce monde. Dans sa boutique, selon les heures, elle déplume de grandes oies des neiges, initie discrètement de jeunes filles aux élans de leur corps, ou accueille les hommes qui cherchent, dans sa chair, un impossible repos.
Peau-de-Sang est le cinquième roman d'Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d'une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d'une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut. -
Les jardins de Torcello
Claudie Gallay
- Actes Sud
- Litterature De Langue Francaise
- 21 Août 2024
- 9782330194215
Jess semble avoir un destin tout tracé. Sa mère voudrait qu'elle suive ses pas et reprenne l'hôtel familial dans le village qui l'a vue naître. Mais Jess veut emprunter des chemins de traverse, se laisser surprendre.
Ce sera à Venise où, logée dans un appartement prêté, vivotant des visites guidées qu'elle propose en ligne, elle se nourrit de beauté, de découvertes, du simple plaisir d'être là, déchiffrant les secrets de la ville. Mais l'appartement est bientôt mis en vente, il faut déménager, chercher d'autres ressources. C'est alors qu'elle trouve un travail d'appoint auprès de Maxence Darsène. Fameux avocat pénaliste, vivant en couple avec l'exubérant Colin, il occupe une propriété au charme suranné, sur l'île de Torcello, où, entre deux affaires criminelles et aidé par un gardien au passé ténébreux, il poursuit un projet magnifique : redessiner, reconstituer, sauver les jardins qui bordent sa maison, depuis toujours livrés aux ravages de la montée des eaux...
Baigné de lumière et de sentiments effleurés, d'espoirs indicibles, de révoltes minuscules et d'émerveillements soudains, le roman de Claudie Gallay nous tient captifs des miroitements de la lagune, et de cette première Venise où la mémoire, la mélancolie et la ténacité insulaires se déploient, pour une jeune femme pleine d'attentes, telle une vie à s'inventer sous un vaste ciel de liberté. -
« Elle a décidé, Theoklïa. Elle sait qu'elle va commettre des choses sans retour. Elle trame dans sa tête une décision qui la fait trembler, de joie et de peur, et qui va provoquer son histoire ; une décision qui fera d'elle la première prodige de l'histoire chrétienne. »
Ier siècle après Jésus-Christ. Fascinée par les discours enflammés de Paul de Tarse, Théoklïa, une jeune aristocrate de la colonie romaine d'Iconium, décide de rompre ses fiançailles, de suivre l'apôtre et de faire de sa virginité un acte de résistance.
Sauvée miraculeusement du bûcher, puis des fauves sur le point de la dévorer, s'autobaptisant malgré la menace, elle devient l'étendard brandi par le peuple des femmes. Iconoclaste, subversive, elle devient une figure gênante pour l'Église naissante et les chefs de la communauté, sentant le danger qui monte, réagissent...
C'est l'histoire - que certains savants présentent comme le premier récit chrétien à avoir circulé par écrit - de cette personnalité majeure et pourtant occultée que nous raconte ici Frédéric Gros dans un roman habité et puissant. -
Orpheline, Rose est devenue mère à 16 ans et a quitté sa Corse natale pour rejoindre Toulon, une décision de son mari persuadé qu'ils y trouveront une vie meilleure.
Un matin de 1957, elle rencontre Farida qui vit depuis peu au bidonville de Toulon. Une amitié va naître entre elles qui va changer le cours de leur existence et leur permettre de prendre la mesure du monde qui les entoure. Si les traces de la deuxième guerre mondiale sont tenaces, c'est désormais en Algérie que les combats font rage.
Ensemble, elles vont trouver les ressources nécessaires pour déjouer les règles que leur imposent leur classe sociale et leur condition de femmes. Mais si elles sont toutes les deux françaises, l'une l'est un peu moins que l'autre aux yeux de la société.
En racontant la bouleversante histoire d'une émancipation, Christian Astolfi donne voix à des vies minuscules qui auraient dû rester silencieuses et résonnent pourtant longtemps après la lecture. -
*** Rentrée littéraire 2024 ***
Le monologue d'une domestique qui retrace, dans un récit lucide, impitoyable et brutal, les étapes menant au drame qui fera s'effondrer le décor d'une vie " propre ".
" Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-cí-a. "
La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s'est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l'a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu'à l'inéluctable.
Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine - une société fracturée par les rapports de domination et d'argent, où les uns vivent dans l'ombre des autres. -
Le désastre de la maison des notables
Amira Ghenim
- Philippe Rey
- Roman Etranger
- 22 Août 2024
- 9782384820924
Un roman choral ambitieux, une fresque familiale sur plus d'un demi-siècle d'histoire et de combats pour les droits des femmes en Tunisie.
Tunisie, 1935. Dans un pays en pleine ébullition politique se croisent les destins de deux éminentes familles bourgeoises : les Naifer, rigides et conservateurs, et les Rassaa, libéraux et progressistes.
Une nuit de décembre, à Tunis, la jeune épouse de Mohsen Naifer, Zbeida Rassaa, est soupçonnée d'entretenir une liaison avec Tahar Haddad, intellectuel d'origine modeste connu pour son militantisme syndical et ses positions avant-gardistes, notamment en faveur des droits des femmes.
Dans un entrelacement de secrets et de souvenirs, plusieurs membres des deux familles ainsi que leurs domestiques reviennent lors des décennies suivantes sur les répercussions désastreuses de cette funeste soirée. Comme dans un jeu de poupées russes, chaque récit en contient d'autres et renverse la perspective. Avec jubilation le lecteur rassemblera les pièces pour tenter de découvrir ce qui est réellement arrivé à Zbeida Rassaa.
Le désastre de la maison des notables transpose plus de cinquante ans d'histoire tunisienne - de la lutte pour l'indépendance jusqu'à la révolution de 2011 - et de combats pour les femmes. Remarquable de maîtrise, d'un style limpide, d'une construction astucieuse, cet éblouissant roman choral met en scène des personnages envoûtants et inoubliables. -
Marie et l'enfant forment un monde qui semble se suffire à lui-même. Quelques mois auparavant, la jeune femme a brusquement quitté Paul sans qu'il sache qu'elle attendait un enfant et s'est éloignée de la plupart de ses amies. Seule la présence d'Elisabeth, sa mère, est tolérée par nécessité. Mais c'est oublier que les absents parlent, quand on tente de les faire taire. Une lettre et une photographie dans un tiroir, un foulard oublié, une odeur intrigante, et c'est tout un passé qui ressurgit pour raconter en filigrane une autre histoire : celle de nos silences et de nos désertions.
-
Amis d'enfance, Anjir et Zal sont aujourd'hui des adultes amoureux, mais ils vivent en Iran où l'homosexualité est considérée comme un crime. Lorsque Zal est attaqué après avoir été vu en public avec un autre homme, Anjir est encore plus déterminé à mener à bien leur projet : il va devenir une femme et ils quitteront ensemble la ville pour prendre un nouveau départ.
Mais à peine sorti de l'hôpital, Zal disparaît, laissant derrière lui un mot énigmatique qui pousse Anjir à partir à sa recherche. Traquant les indices et errant dans les clubs, les bibliothèques, les chambres d'hôtel et les musées de Téhéran, Anjir se rend vite compte qu'il est lui aussi suivi. S'il est en quête d'amour et de paix, il devient alors évident que le chemin vers la liberté passera par violence.
Poétique et subversif,
Les larmes rouges sur la façade imprègnent nos coeurs et nos rétines d'un portrait inoubliable des amours clandestines de Téhéran. -
« J'ignorais que le musicien venait de tomber dans le cercle magique annoncé quelques minutes plus tôt par le renard, qu'il s'agirait d'un bizarre roman d'amour, qu'il en serait le personnage, et qu'avec le renard ça m'en ferait deux, et que jusqu'à la fin je ne saurais pas lequel des deux j'allais aimer le plus. »
Un soir de première neige, loin de tout, une vieille romancière enracinée dans sa forêt reçoit la visite d'un pianiste, voyageur planétaire, connu pour ses interprétations de Jean-Sébastien Bach. Ils ne s'étaient jamais vus. Il était prévu qu'il ne resterait qu'un soir, mais la romancière n'a pas du tout envie de le laisser repartir. Comme la neige n'en finit pas de tomber et qu'il y a un Steinway sur place, elle va le séquestrer dix jours et onze nuits. Captivée par ce personnage, et même troublée, le soir du troisième jour, elle ajoute quelques gouttes de plus au somnifère qu'il lui demande pour se remettre de son décalage horaire.
On n'est pas loin du roman de Kawabata, Les belles endormies. Le thème du désir et de la viellesse est ici abordé, mais de façon inversée, et c'est sans doute un peu plus dérangeant : il ne s'agit pas d'un vieil homme qui entre dans le lit de jeunes beautés endormies, mais d'une femme vieille qui s'assoit au bord du lit d'un homme qu'elle a endormi, plus jeune qu'elle, et très beau.
Le même soir que le pianiste était arrivé un petit renard en très mauvaise forme. La romancière le soigne. Elle le sauve. Observer chaque soir cet extraordinaire petit renard devient une sorte de rite, et les rites, se dit-elle, sont là pour remetter de l'ordre dans le monde.
Il est donc question de soigner le monde, grâce à un pianiste et grâce à un renard. Et il est aussi question de deux amours. Un du jour, un de la nuit. L'un venu du dehors, apportant sa vie concrète, terrestre et menacée. L'autre, on dirait, venu de derrière la mort, nous assurant que tout a déjà eu lieu. Les horreurs ont été lavées à grande eau. Le monde resplendit. -
" Aux commandes de mon avion, j'ai d'abord eu l'impression de franchir les obstacles et les haies les uns après les autres. Je donnais de la puissance, je montais, et aussitôt après, je regardais le sol se rapprocher à grande vitesse. Mais soudain, j'avais compris la manoeuvre, je ne retombais plus, je restais suspendu en l'air. Le ciel était désormais mon nouveau territoire. "
Carlo de Rose est un jeune officier de cavalerie promis à un brillant avenir. Dans une France agitée par la loi de séparation des Églises et de l'État, son destin bascule. Mis aux arrêts pour avoir refusé d'enfoncer la porte d'une église, il se voit obligé de rejoindre la vie civile. Contre toute attente, sa course personnelle épouse la trajectoire de son pays. Passionné d'aviation et convaincu que la Grande Guerre se gagnera avec l'aide des cavaliers du ciel, il s'envole au-dessus des tranchées pour combattre dans les nuages. Portrait d'un homme modeste et héroïque,
Cavalier du ciel est un roman aussi dense que puissant. L'auteur y restitue sans nostalgie les valeurs d'une époque, ainsi que l'originalité d'un caractère que rien ne prédestinait à sortir de son rang. -
Mathurine travaille pour la protection de l'enfance. Mère célibataire de Wallace, un garçon de neuf ans, elle vit en Guyane, aux portes de l'Amazonie. Alors que Wallace grandit, les relations se tendent entre la mère et le fils. Elle rêvait d'un enfant qui aimerait la forêt, lui ne vit que pour se mesurer aux champions de Fortnite. Fragilisée par la mort dramatique d'une adolescente placée en famille d'accueil, Mathurine est bouleversée lorsque le père de celle-ci, Tiburce, lui confie avoir vécu une étrange expérience en forêt. Quelque chose de l'ordre d'une apparition. Quelque chose qui fait ressurgir le souvenir d'un enfant qu'elle a croisé autrefois et dont elle n'a jamais pu admettre la perte.
Avec ce nouveau roman qui nous immerge dans l'extraordinaire forêt primaire de la France d'Outre-Mer, Colin Niel tisse une toile fascinante sur le thème de la parentalité. Dans la jungle des peurs et des enchantements, père et fille, mère et fils sont soumis à de terribles épreuves lorsque l'autre vient à manquer. Mais l'amour n'est-il pas la force qui peut nous conduire à dépasser nos plus profonds cauchemars ? -
Qu'est-ce que ça m'a coûté au fond, une foulure au poignet et un été amusant. En attendant, il fallait encore et encore se justifier. Je n'avais rien à voir avec tout ça, les flics, les lance-pierres, les jets de patates, les gaz lacrymogènes, c'était pourtant simple : je voulais récupérer mon Buzuk. Bretagne, îlot Sainte-Anne, alias la «Couette de plumes». C'est l'été et, pour la première fois, Joséphine, 70 ans, se voit privée de la garde de ses petits-enfants. Elle se console en s'adressant à son défunt mari, Jacques, et à son Buzuk, un teckel aussi imprévisible qu'attachant. Quand un projet de golf sur la Couette de plumes se profile et que de jeunes campeurs bohèmes viennent passer quelques jours sur l'îlot, la lutte pour préserver le site s'organise... Interrogeant les liens intergénérationnels et les préoccupations environnementales qui nous unissent, Marie Kelbert nous offre un premier roman drôle, touchant, tendre, profond, et qui tord le cou aux idées reçues.
-
Une nuit et ses conséquences. Miriam se réveille un matin auprès e son compagnon, des feuilles mortes dans les cheveux. Son. Bébé dort paisiblement à quelques mètres. Hier soir, elle s'est décidée à les quitter le temps d'une soirée pour retrouver sa vie d'avant. Au programme, aller dans un bar avec une amie, danser, s'amuser, rentrer tard. Mais ce matin, quelque chose ne va pas. Des fragments flous de la nuit lui reviennent - et elle ne sait pas comment traiter ces informations. Dans un état d'hébétude, avec de simples instantanées de la soirée, elle parvient à reconstituer progressivement les événements, entraînant le lecteur dans cette quête courageuse. Un roman aussi intense que captivant qui a été salué pour son courage, sa précision et la complexité des questions qu'il soulève.
-
On n'est plus des gens normaux
Justin Morin
- La Manufacture De Livres
- Litterature
- 22 Août 2024
- 9782385531096
Ce roman aurait pu être un récit documentaire. En 2017, P. fonce avec sa voiture sur la terrasse d'un restaurant. Une adolescente de 13 ans, meurt sur le coup. On comptera des dizaines de blessés. Alors journaliste, Justin Morin couvre le procès. Il y rencontre une famille ainsi que la soeur du coupable. La famille, c'est celle de l'adolescente dont les parents réclament justice. Une famille amputée dont les liens se resserrent. À l'issue du procès, le journaliste n'arrive pas à mettre un point final à son récit. Alors c'est le romancier qui prend la relève pour tenter de comprendre. Réinventer une histoire familiale, basculer dans la fiction en recréant le personnage de Lisa, la soeur du coupable. Interroger le réel en puisant dans l'imaginaire.
Avec ce premier roman fulgurant, Justin Morin s'impose comme une nouvelle voix incontournable de la fiction documentaire. -
«Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Ça va ? Pas trop de bavardages.» Le 27 août 1950, Cesare Pavese se donne la mort dans la chambre 49 de l'Hotel Roma, à Turin. Il laisse un mot d'excuse, des poèmes et un journal intime, Le Métier de vivre. Pierre Adrian a retracé le dernier été d'un écrivain hanté par le suicide. Il a cherché dans sa vie et dans ses livres de quoi nous apprendre, malgré tout, le douloureux métier de vivre. Pavese apparaît au fil des pages comme un compagnon de route taciturne, drôle, sincère. Au cours de ces errances en ville et dans les collines, on croise Monica Vitti et Antonioni, Calvino, des actrices américaines... Mais aussi «la fille à la peau mate», qui déambule aux côtés du narrateur sur les traces d'une ombre, dans ce Piémont devenu le lieu éblouissant des retrouvailles avec l'être aimé. Avec ce nouveau récit au charme furieux, Pierre Adrian nous donne à contempler une Italie d'après-guerre en noir et blanc, où la littérature et la politique sont une question de vie ou de mort, où rien n'est jamais grave mais où le tragique finit par s'inviter.
-
Quelque chose est en train de craquer. Face à l'angoisse apocalyptique qui hante notre temps, les puissants de ce monde se préparent eux aussi à l'effondrement. Certains croient assurer leur survie en s'offrant de luxueux bunkers, d'autres capitalisent sur le désastre qu'ils ont contribué à provoquer.
Eugénie Valier, héritière déclinante d'un grand groupe industriel, se résigne quant à elle à une mort prochaine. Et puisque l'humanité court à sa perte, elle décide de démanteler l'empire érigé par son père au lieu de le léguer à son fils. L'intégralité de sa fortune ira à une fondation destinée à nettoyer les "trash vortex", ces vastes tourbillons marins qui charrient tous les déchets dérivant à la surface des océans. Mais cette mission, a priori vertueuse, sert en fait un projet de liquidation générale, auquel se mêle un inavouable règlement de comptes familial.
Avec cette satire virtuose des élites économiques, politiques, et des multiples acteurs qui gravitent autour d'elles, Mathieu Larnaudie nous emporte dans une traversée vertigineuse de notre époque, et signe le grand roman d'une civilisation fascinée par sa propre fin. Que reste-t-il à transmettre lorsque demain est incertain ? -
Le syndrome de l'Orangerie
Grégoire Bouillier
- Flammarion
- Litterature Francaise Flammarion
- 21 Août 2024
- 9782080445742
En se rendant au musée de l'Orangerie, voici que, devant Les Nymphéas de Monet, l'auteur est pris d'une crise d'angoisse. Contre toute attente, les Grands Panneaux déclenchent chez lui un vrai malaise. Sans doute l'art doit-il autant à l'artiste qu'au «regardeur» - mais encore ? Redevenant pour l'occasion le détective Bmore,Grégoire Bouillier décide d'en avoir le coeur net. Les Nymphéas de Monet cacheraient-ils un sombre secret ? Monet y aurait-il enterré quelque chose ou même quelqu'un ? Et pourquoi des nymphéas, d'abord ? Pourquoi Monet peignit-il les fleurs de son jardin jusqu'à l'obsession - au bas mot quatre cents fois pendant trente ans ? Obsession pour obsession, commence alors une folle enquête qui, entre botanique, vie amoureuse de Monet et inconscient de l'oeuvre, mènera Bmore de l'Orangerie à Giverny en passant par le Japon et même par Auschwitz-Birkenau, pour tenter d'élucider son «syndrome de l'Orangerie». Lequel concerne plus de monde qu'on l'imagine. Lequel dit qu'entre l'oeil qui voit et la chose qui est vue, il y a un mystère qui n'est pas seulement celui de la peinture.