Comment le fils doeun obscur pasteur protestant né en Ariège estil devenu, en Hollande, ce savant inclassable, ce polémiste redouté, ce philosophe impitoyable qui débusque les fadaises et combat les évidences les mieux établies ? Du Carla à Rotterdam en passant par Genève, Rouen, Paris et Sedan, la vie de Pierre Bayle est faite doeexils et de combats qui lui inspirent une oeuvre originale, restée énigmatique trois cents ans après sa mort. Au creuset de loehistoire tourmentée de sa vie s?épure une pensée critique singulière qui marquera profondément les Lumières.
Coeest quoeavant Voltaire et Zola Bayle a inventé le rôle de loeintellectuel : il dénonce, la plume à la main, loeiniquité faite aux protestants de France par la révocation de l?édit de Nantes ; il accuse les porte-parole de la religion officielle doeavoir trahi les idéaux évangéliques ; il interpelle loeopinion publique à propos des grands enjeux de société et lutte contre les méfaits du cléricalisme ;
Journaliste et historien dans l?âme, il écrit la chronique culturelle de son temps en rêvant doeune Europe éclairée, une République des Lettres où les idées circuleraient librement. Cet avocat de la tolérance, ce précurseur de la laïcité invente les « droits de la conscience errante », reconnaît la vertu des athées et appelle de ses voeux une société pluraliste. Comme philosophe, il veut à la fois penser la croyance sans la récuser et en analyser les dérives fanatiques : « Je prétends, dit-il, avoir une vocation légitime pour moeopposer aux progrès des superstitions, des visions et de la crédulité populaire. » Tout en racontant la vie du passeur désenchanté quoeest Pierre Bayle, ce livre offre une plongée dans loehistoire de la minorité protestante française : ses conditions de vie durant le règne de Louis XIV avant la Révocation, la persécution qui soeabat sur elle, son exil et son organisation au sein du « Refuge huguenot ».
Pierre Bayle, « calviniste libertin » ? Une façon paradoxale d'inscrire la pensée, mais aussi la personnalité du philosophe de Rotterdam dans la tension dynamique qui parcourt son oeuvre.
Le pôle calviniste, c'est l'affirmation de son maintien dans la foi réformée, vers laquelle il a choisi de revenir, et son fidéisme, quel qu'en soit le degré de sincérité. C'est aussi son indéfectible soutien militant des huguenots persécutés, si l'on considère que la critique sévère des dérives des protestants du Refuge s'enracine dans la fidélité aux principes qui ont toujours prévalu dans leur famille confessionnelle.
Le pôle libertin, c'est la critique de la religion dont on ne sait pas toujours jusqu'où elle mène, le scepticisme, l'athéisme au moins méthodologique. C'est aussi sa liberté de ton et son humour, qui peut aller jusqu'à une obscénité d'autant plus déconcertante qu'elle s'exprime sous la plume d'un homme de lettres « vertueux ».
Entre ces deux pôles se déploie une pensée dont on trouvera ici la présentation, sur quatre registres qui se télescopent et se recoupent : l'ensemble qui concerne les motifs de la foi et de la croyance, où l'on s'interroge sur les frontières entre religion, superstition, idolâtrie et crédulité ; le déploiement de la pensée critique sans limite, qui va de pair avec la liberté de conscience et la revendication d'une complète liberté de ton et d'expression ; le plan de la logique intellectuelle et du savoir érudit, terreau des échanges savants ; et la réflexion politique, sur laquelle se greffe un patriotisme français et une méditation désabusée sur la tyrannie.
L'intérêt pour le consistoire de l'Église wallonne de Rotterdam trouve son origine dans l'étude de la vie de Pierre Bayle et de la réception de son oeuvre au Refuge. La brouille entre Jurieu et Bayle, dans les années 1690, naît de divergences philosophiques, éthiques et politiques autour du Commentaire philosophique, puis s'envenime lorsque le pasteur se convainc que Bayle est l'auteur de l'Avis aux réfugiés. Les actes du consistoire de l'Église wallonne de Rotterdam présentent un intérêt qui va au delà de l'étude de cette querelle. L'essor de l'Église wallonne, dû à la persécution religieuse en France et à la révocation de l'édit de Nantes, et les transformations institutionnelles et idéologiques qui l'accompagnent méritent l'attention des historiens.
Dans les Éclaircissements publiés en appendice à la deuxième édition de son Dictionnaire historique et critique en 1702, Bayle se défend contre les accusations lancées par le consistoire de l'Église wallonne de Rotterdam, rappelle l'esprit dans lequel il a conçu son Dictionnaire et propose quatre développements : Éclaircissement sur les athées, Éclaircisseme nt sur les manichéens, Éclaircissement sur les pyrrhoniens, Éclaircissement sur les obscénités. Cet ensemble de remarques justificatives - près de quarante pages in folio, dont on trouvera ici la première édition moderne complète - constitue un corpusdont l'interprétation est déterminante pour la compréhension de la pensée de Bayle.
Ce guide propose douze promenades à travers les sites de mémoire des Cévennes et du Gévaudan.
Les événements historiques fidèlement relatés au long de ces pages restituent le combat qui ; du XVIe au XVIIIe siècles, forgea l'identité cévenole dans la résistance à l'oppression d'un pouvoir absolu. Au-delà de l'évocation historique, ce guide donne à voir et à comprendre des territoires et des paysages, des hommes et des traditions. De nombreuses notices s'attachent à décrire les richesses du patrimoine culturel et naturel du Gard, de la Lozère et du sud de l'Ardèche.
Plus de 500 photographiés, plans et documents d'archives illustrent ces pages, des renvois vers des noms de lieux, de personnes, des musées et sites touristiques font de cet ouvrage un précieux outil permettant une découverte en profondeur des Cévennes et du Gévaudan.