Les républicains marchent sans prédécesseurs ; ils marchent sans rien savoir de ce qui se tient au bout du chemin ; ils marchent en posant un pied puis un autre, et, entre chacun de leurs pas, des armées se dressent pour que le monde reste ce qu'il est.
Alger, 1956. Jeune ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN, Fernand Iveton a déposé dans son usine une bombe qui n'a jamais explosé. Pour cet acte symbolique sans victime, il est exécuté le 11 février 1957, et restera dans l'Histoire comme le seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Ce roman brûlant d'admiration, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence, lui rend hommage.
En 2015, la chanteuse kurde Nûdem Durak a vingt-deux ans lorsqu'elle est arrêtée par les autorités turques puis condamnée à dix-neuf ans de réclusion. Son crime ? Avoir défendu, par l'art, la culture et la résistance de son peuple. Faussement accusée d'être membre d'une prétendue « organisation terroriste », elle se trouve à ce jour derrière les barreaux et doit y demeurer jusqu'en 2034. Quatre ans durant, Joseph Andras a suivi cette affaire aux côtés de la campagne Free Nûdem Durak. Il s'est rendu au Kurdistan et a régulièrement correspondu avec la détenue. Poursuivant son travail d'enquête littéraire dans un récit incarné, sensible et documenté, il reconstitue, à travers la vie de la jeune artiste, l'histoire d'une injustice individuelle et collective. Un livre composé avec Nûdem Durak comme un vibrant appel internationaliste à la solidarité pour tous les prisonniers politiques.
En avril-mai 1988, l'affaire de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, s'est soldée par une intervention militaire et un bilan de 21 morts, dont 19 Kanaks. Parmi eux, Alphonse Dianou, vingt-huit ans, meneur charismatique du FLNKS. Parti enquêter sur ce personnage complexe, Joseph Andras a rencontré, sur un atoll du bout du monde, des citoyens français dont beaucoup rêvent d'indépendance.
Un chien à Londres en 1903, un singe à Riverside en 1985, une vache et son veau à Charleville-Mézières en 2014 sont les protagonistes de cette fresque en trois panneaux qui évoque les rapports entre animaux et humains à l'ère industrielle, ou plus précisément l'assujettissement d'êtres vivants doués de sensibilité à d'autres êtres vivants doués de sensibilité mais également dotés d'une froide rationalité.
L'auteur part à la recherche des traces du jeune Hô Chi Minh à l'époque où il s'appelait Nguyên Ai Quôc et où il habitait Paris, ce temps où il affûtait les armes idéologiques de la révolution qu'il allait mener en "Indochine" avant d'être pris par les logiques propres au pouvoir. Une marche aux allures de méditation sur ce qui fait la grandeur des modestes et sur le caractère indépassable de la révolte.
C'est le port du Havre qui prend la parole dans ce somptueux texte rauque, enflammé et engagé, qui retrace cinq siècles de départs, de voyages, de morts, d'exploitation, de commerce, de travail, de luttes, d'adieux et d'espoirs. Ce poème-fleuve en vers libres est mis en voix et en musique par le rappeur et slameur D' de Kabal et ses complices du groupe Trio-Skyzo-Phony.