«La dévaluation de l'enseignement public ratifie l'abandon de ceux qui n'ont que l'école pour s'élever.»Camille DejardinCe qui se joue à l'école concerne chacun de nous du fait de ses conséquences sur la société. Or l'«ascenseur social» républicain n'opère plus. L'école trahit ses usagers, ses acteurs et, surtout, ses promesses d'égalité des chances par l'instruction et l'éducation à la citoyenneté. Pire, année après année, les politiques conduites aggravent le mal. Réforme du collège en 2016, réforme du lycée et du baccalauréat en 2019... : le décalage entre les choix opérés et les besoins essentiels révèle une faillite orchestrée où règnent l'absurde et l'iniquité. Par contraste, il indique aussi comment rebâtir une éducation nationale juste, formatrice et émancipatrice pour tous.
Mariées, veuves ou célibataires, mères de douze enfants ou femmes sans descendance, elles sont aussi, et parfois avant tout, entrepreneuses. Investissant des capitaux dont elles ne peuvent pourtant pas disposer librement, ces femmes fondent ou prennent la direction d'une entreprise qu'elles portent à bout de bras au cours du xviiie siècle.
Comment arrivent-elles à la tête d'une société d'une ampleur parfois considérable ? Comment en gèrent-elles les affaires au quotidien ? Quelles sont ces entreprises et, surtout, qui sont ces entrepreneuses ?
Tandis que Marie-Catherine de Maraise s'associe au fondateur de la manufacture des toiles de Jouy, Rose Bertin, une roturière, devient la « ministre des modes » de Marie-Antoinette. Au fil des pages apparaissent aussi deux « dames de fer », Amélie de Berckheim, à la tête de la maison De Dietrich, et Anne-Marguerite d'Hausen qui, ayant épousé un Wendel, hérite des forges d'Hayange. Quant à la commerçante Marguerite Blakey, elle se trouve accusée de banqueroute frauduleuse par son propre mari...
Négociations, associations stratégiques, mariages arrangés, réseaux : rien n'est laissé de côté dans ce livre au sujet inédit qui révèle le riche passé dont les entrepreneuses de notre xxie siècle sont les dignes héritières.
Historienne de formation, Camille Dejardin est l'auteure de Madame Blakey, une femme entrepreneure au XVIIIe siècle (PUR), qui a reçu le prix Mnémosyne 2017.
John Stuart Mill reste un inconnu pour le public français, en dépit de la traduction de ses livres majeurs. La mesure de sa pensée n'est pas prise. Il est pourtant l'un des auteurs du XIX? siècle les plus susceptibles de nourrir la réflexion sur les problèmes politiques et sociaux du présent. Économiste, philosophe, membre du Parlement britannique et intellectuel engagé avant la lettre, il fut l'un des observateurs les plus acérés de la naissance de nos démocraties. Le plus clairvoyant, aussi, quant aux défis qu'il leur faudrait relever. De la défense de l'individualité à celle des conditions sociales d'une égale liberté, de la représentativité du pouvoir à l'organisation du pluralisme, de l'émancipation féminine à la remise en question de la croissance économique et à l'écologie politique, sa réflexion foisonnante et pionnière anticipe nos préoccupations les plus brûlantes.Au-delà des préjugés et des étiquettes, l'étude renouvelée de son oeuvre dévoile toutes les objections que son libéralisme exigeant adresse à notre néolibéralisme aujourd'hui sous le feu des critiques. Mais elle indique surtout comment ce dernier pourrait être refondé pour mieux défendre, pour chaque individu, une liberté authentique et durable. Et si revenir aux sources du libéralisme nous permettait de renouer avec le projet humaniste dont les mutations du dernier siècle et demi ont fini par nous faire douter ?
Une femme au XVIIIe siècle peut-elle être entrepreneure ? Comment maîtriser les impératifs juridiques qui s'imposent à elle ? Comment se faire une place, puis une réputation flatteuse dans un réseau négociant largement dominé par les hommes ?
Le parcours socio-économique de Madame Blakey, née Marguerite Élisabeth Aumerle, à la tête du Magasin Anglais de Paris à partir de 1767, illustre de manière emblématique la capacité qu'avaient déjà certaines femmes à gagner une véritable autonomie entrepreneuriale dans l'économie d'Ancien Régime. Mariée puis séparée des biens de son mari, elle dirige un commerce de biens de semi-luxe intégré dans des circuits internationaux et sait faire face aux difficultés financières qu'elle doit affronter. Accusée de banqueroute frauduleuse et incarcérée au Petit Châtelet en 1771 pendant plusieurs mois, elle réussit à relancer son activité économique, grâce à d'habiles stratégies que cet ouvrage s'applique à éclairer.
S'appuyant à la fois sur des sources économiques, des archives notariées et des correspondances, articulant histoire économique et problématiques de genre, Camille Dejardin propose à travers le cas de Madame Blakey une réflexion novatrice sur l'entrepreneuriat au féminin durant le siècle des Lumières.