Dès les premières pages de Psychologie et alchimie, Jung écrivait très clairement, sans avoir peur des risques qu'il prenait de la sorte, que " l'âme possède naturellement une fonction religieuse (...) et que la tâche principale de toute éducation de l'adulte est de faire passer l'archétype de l'image divine, ou ses émanations et ses effets, dans la conscience ". Sur le statut proprement métaphysique d'une telle assertion, Jung n'a jamais voulu se prononcer, considérant qu'il sortirait alors de ses limites et de son domaine de légitimité. Mais il a toujours maintenu contre vents et marées qu'il y avait un monde propre de l'âme, et que son oeuvre consistait à démêler la façon dont il se manifestait et appelait l'homme à la découverte de sa réalité fondatrice de caractère numineux.
Se référant explicitement à Maître Eckhart quand il disait : " Ce n'est pas au-dehors mais à l'intérieur : tout à l'intérieur ", Jung proposait ainsi d' " observer patiemment ce qui se passe en silence dans l'âme ", dans la mesure où tout homme a par nature " dans son âme propre quelque chose qui peut croître ". Il a donc semblé urgent de livrer au public français les grands textes de Jung qui étaient encore inédits, et qui traitent directement de cette structure religieuse qui nous forme.
La Vie symbolique en est le premier volume rassemblé. Deux autres livres suivront, l'un sur L'Ame et le Soi, l'autre comprenant les Essais sur la symbolique de l'Esprit. Dans cette perspective, il a paru judicieux de commencer par les textes où Jung se confronte au christianisme - soi en s'inscrivant dans les grands courants de la gnose avec les Sept Sermons aux Morts qu'il place sous le patronage de l'Alexandrin Basilide, soit dans des échanges très serrés et courtois avec des religieux et des théologiens, comme dans le texte proprement dit de La Vie symbolique ou les lettres qu'il envoie à un pasteur protestant ou à un carme catholique : on pourra y voir au travail toute la puissance de sa réflexion, mais aussi le poids de l'angoisse qu'il a toujours ressentie - et d'autant plus comme thérapeute - devant l'insondable mystère de l'existence du mal.
le yoga est une discipline spirituelle qui permet d'atteindre l'éveil en purifiant le corps.
il existe plusieurs écoles de yoga tantrique, mais celle de la kundalinî est sans doute la plus surprenante. elle consiste à activer les forces les plus puissantes de l'humain, décrites comme un serpent lové au bas de la colonne vertébrale, et vise ainsi à accorder les principes souvent supposés contradictoires de la sexualité et de la spiritualité, en fusionnant leurs énergies au sein du corps humain.
en octobre 1932, c. g. jung, invité au club psychologique de zurich, donna quatre conférences sur cette discipline exigeante et alors pratiquement inconnue. tandis que la psychologie de l'époque était sous l'emprise grandissante de la psychanalyse, le yoga de la kundalinî allait offrir à jung un modèle qui manquait totalement à la psychologie occidentale : une description, à partir de l'étude symbolique des chakras, des phases développement de la conscience supérieure.
Toute sa vie, Carl Gustav Jung a travaillé sur les rapports subtils qui lient la psychologie et le sentiment religieux. Loin de voir dans la religion un phénomène d'illusion ou une forme sublimée de la névrose obsessionnelle, il a toujours considéré que la fonction religieuse était constitutive de l'inconscient. Cherchant à cerner avec le plus de précision possible cette dimension incontournable de l'âme, il en a décrit les représentations symboliques encore vivantes dans de nombreuses traditions spirituelles. Mais il a toujours refusé de se prononcer sur le divin en soi, ou sur la vérité de quelque religion que ce soit..
C'est dans sa correspondance que Jung s'est expliqué le plus clairement sur sa position à la fois rigoureuse et périlleuse concernant la religion. Ses lettres sur l'image de Dieu, sur le christianisme, le judaïsme ou les spiritualités orientales, rassemblées et présentées ici par Michel Cazenave, révèlent l'authenticité d'un scientifique ouvert à l'expérience intérieure.