Un rafiot, presque une épave, un jeune marin inexpérimenté, un vieux loup de mer, une mutinerie, une traversée à hauts risques, des tempêtes, des catastrophes, une mer déchaînée, l'exotisme d'un Orient mystérieux...De Londres à Bangkok, l'odyssée de la Judée est un voyage initiatique, de l'adolescence vers l'âge adulte.
Parce qu'un jour il a été lâche, abandonnant au naufrage un navire et sa cargaison de pèlerins, Jim erre de port en port, cachant sa honte. Il échoue en Malaisie, à Patusan, où la venue du trafiquant Brown lui donne une occasion de se conduire en héros. Cette fois il n'hésite pas, et c'est tragiquement que s'achève l'histoire de Lord Jim, un des plus beaux romans qu'ait jamais inspiré la fraternité humaine.
« "Stoppez !" mugit M. Rout.
Personne - pas même le capitaine Mac Whirr, qui, seul sur le pont, avait aperçu une blanche ligne d'écume s'avancer, à une telle hauteur qu'il n'en pouvait croire ses yeux -, personne ne devait jamais savoir ce qu'avait été l'escarpement de cette lame, et l'effrayante profondeur du gouffre que l'ouragan avait creusé derrière la mouvante muraille d'eau.
Elle accourait à la rencontre du navire ; et le Nan-Shan, alors, s'arrêtant comme pour se ceindre les reins, souleva son avant, puis sauta. Les flammes de toutes les lampes s'affaissèrent, assombrissant la chambre des machines ; l'une d'elles s'éteignit. Avec un fracas déchirant, un tumulte furieux et giratoire, des tonnes d'eau tombèrent sur le pont... »
Le capitaine Marlowe, qui commande un bateau destiné au commerce de l'ivoire, remonte le fleuve Congo pour s'enfoncer avec son équipage au coeur d'une Afrique primitive et sauvage. Sur sa route, il croise le mystérieux Kurtz, chef d'un comptoir perdu dans une jungle étouffante et entouré de ses hommes, cour cruelle et violente. L'expédition de Marlow devient alors un hallucinant voyage aux sources de la folie et du Mal...
Nostromo est le chef-d'oeuvre de conrad.
Ce roman de cinq cents pages raconte l'histoire d'une république d'amérique latine avec ses coups d'etat, ses guerres civiles, ses luttes pour la démocratie, ses intellectuels libéraux, ses aventuriers, ses traîtres et, derrière tout cela, l'impérialisme américain. des aventures incessantes révèlent les caractères déchirés entre le bien et le mal, hantés par l'angoisse et le sentiment de culpabilité.
Les luttes se déroulent, comme toujours chez conrad, dans des décors d'une grande force poétique où un bref symbole suffit à évoquer la profondeur des significations. le titre désigne le héros principal, " notre homme ", l'éternel homme de main de tous les mauvais coups qui, sous l'attrait de l'argent, passe de l'honneur à la mort.
Ce qui frappera, c'est la multiplicité des leçons que l'on peut tirer du livre, selon que l'on s'intéresse à la psychologie, à la poésie, à la philosophie, à la politique.
En 1894, Joseph Conrad interrompt ses voyages, s'installe en Angleterre et publie l'année suivante son premier roman : La Folie Almayer. C'est une évocation de la Malaisie, des pirates de Bornéo que Conrad a connus. Un jeune Hollandais, Almayer, rêve de découvrir un butin caché dans un repaire de pirates. La fortune lui sourit : le roi des pirates l'engage sur son bateau et lui donne sa fille en mariage. À la mort du roi, Almayer va chercher avec frénésie le trésor de son beau-père. En vain. Faible et chimérique, prisonnier d'un réseau d'intrigues, trahi par les siens, Almayer disparaît de façon pitoyable au terme d'une vie trépidante et dérisoire.
«Et l'incorruptible Professeur marcha lui aussi, détournant les yeux de l'odieuse multitude des hommes. Il n'avait pas d'avenir. Il le dédaignait. Il était une force. Ses pensées caressaient des images de ruine et de destruction. Il marcha, frêle, insignifiant, râpé, misérable... mais terrible dans la simplicité de son idée qui voulait appeler la folie et le désespoir à régénérer le monde. Personne ne le regarda. Il alla son chemin, insoupçonné et funeste, tel un fléau dans cette rue peuplée d'hommes.»
L'émerveillement et la joie de naviguer, mais aussi, parfois, le désenchantement et la révolte, tels sont les aspects singuliers de ce livre de conrad, qui navigua pendant vingt ans avant de devenir écrivain.
Il y déploie un témoignage à la fois ébloui, nostalgique et lucide sur sa relation avec la mer et les navires, perçus comme des créatures vivantes et sensibles dont il importe de se montrer digne. en même temps défilent des évocations d'escales, d'épisodes de mer, de navires, de grands vents et de silhouettes de marins rencontrés, pendant l'ultime âge d'or de la marine à voile.
Encouragé à poursuivre sa carrière littéraire après son premier livre, la folie almayer, joseph conrad, dans un paria des îles, reprend le même lieu et les mêmes personnages, mais quinze ans plus tôt.
Continuant à remonter le temps, il les rajeunira encore dans un troisième roman, la rescousse. le livre paraît en 1896. c'est l'histoire nocturne, ténébreuse, d'un homme qui a failli, willems, et que son maître, le célèbre capitaine lingard, condamne à rester captif de la forêt équatoriale, à une cinquantaine de kilomètres de la mer. willems est littéralement englouti par la forêt, par l'amour dévorant d'une femme indigène, aïssa, et par son propre chaos intérieur.
Dans ses efforts pour survivre, il va faire le malheur de son rival almayer, et provoquer par trahison l'arrivée et l'installation des arabes dans ce comptoir situé sur le fleuve, dont l'accès était jusque-là un secret.
Je m'avançai hors du cercle de lumière, dans l'obscurité qui se dressait devant moi comme un mur.
En un pas, j'y pénétrai. Telle devait être l'obscurité d'avant la création. Elle s'était refermée derrière moi. Je savais que j'étais invisible pour l'homme de barre. Je ne pouvais rien voir non plus. Il était seul, j'étais seul, chacun des hommes était seul où il se tenait. Et toute forme avait disparu aussi, espars, voiles, ferrures, lisses ; tout était effacé dans la terrible uniformité de cette nuit absolue.
Le Ferndale est bien le navire le plus inquiétant qui soit, dans le sens où notre planète est inquiétante, avec son atmosphère trouble de passions, de jalousie, d'amour, de haines, avec la calamité des bonnes volontés transcendantes. Et il a fallu que le hasard choisisse le Ferndale, entre tous les navires alors dans le port de Londres, pour assurer au jeune Powell son premier pas dans la vie. Le voilà désormais sous le coup du funeste enchantement qu'exercent sur lui l'énigmatique capitaine Anthony, Flora De Barral, pâle jeune femme qui semble vouée au malheur, et le père de celle-ci, vieux financier mis en prison pour banqueroute frauduleuse.Le plus grand, le plus beau des romans de Conrad.
Axel Heyst, isolé sur une île de l'archipel indonésien, arrache à la brutalité d'un propriétaire d'hôtel une jeune danseuse du nom de Lena. La vengeance de celui-ci se déploie de façon implacable, jusqu'à l'apocalypse qui termine le roman. Victoire est à la fois un récit d'aventures, un roman philosophique, un conte colonial, une réflexion métaphysique qui touche à la profondeur de l'être. Récit d'aventures que parcourent des brigands à la recherche d'un trésor imaginaire. Conte colonial, sur les îles indonésiennes, où les indigènes assistent aux piètres entreprises économiques des Européens. Roman philosophique qui oppose la position sceptique du personnage principal, et la nécessité où il se trouve d'agir. Réflexion métaphysique, où la profondeur de l'être, le sens de l'individu, la participation individuelle au destin universel de l'homme deviennent le véritable sujet de l'écriture. Pour Conrad, tout repose enfin sur le regard du lecteur : «La tâche que je m'efforce d'accomplir consiste, par le seul pouvoir des mots écrits, à vous faire entendre, à vous faire sentir - elle consiste, avant tout, à vous faire voir !»
« Parbleu, mon brave marin, vous ferez l'affaire. Allez-y et bon succès... » Nouvelle à deux narrateurs, L'associé relate une histoire de marin : celle qu'un vieil marlou taciturne, jadis en affaire avec les navires, commence à un bar face à un écrivain en quête d'inspiration. Texte conradien par excellence, le récit nous amène alors du côté des marées, ici de celles, dangereuses, qui perdirent le bon capitaine Harry Dunbar.
De l'archipel des Philippines aux côtes du Congo, des brumes londoniennes à une hallucinante Bretagne, on retrouve dans les cinq nouvelles de ce recueil les thèmes chers à Joseph Conrad : fidélité et trahison, quête et vengeance, remord et expiation, condamnation féroce du colonialisme et exotisme.Tous les héros de ces nouvelles sont terriblement seuls. Pour eux, l'enfer est sur terre, dans la détresse, la violence, l'ignorance et l'incompréhension, et à la lecture de leurs drames et aventures, on ne peut s'empêcher de ressentir un vague malaise, comme une inquiétude...
«Romantisme et politique : ces deux mots animent à la fois le fond et la forme de Gaspar Ruiz, l'un des récits les plus prenants de Joseph Conrad dans ce genre fluide et perpétuellement intermédiaire qu'est la novella, mais ils renvoient aussi de façon dramatique à l'arrière-plan familial de l'écrivain, alors qu'il n'était encore que Jósef Teodor Konrad Korzeniowski, marin avant d'être romancier. Et, bien sûr, à l'aventure matérielle et intellectuelle s'ajoute l'aventure linguistique. Que ce fils de patriote polonais, quasiment apatride dans son propre pays en raison de la tyrannique occupation russe, soit devenu à près de trente ans citoyen d'un pays étranger dont la langue, après le polonais et le français, n'était que sa troisième langue, et que de surcroît il se soit hissé au tout premier rang des écrivains d'expression anglaise au début du XX? siècle semble relever de quelque fantaisie du hasard plus que de la réalité.»
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points :
- Vie littéraire : De la nouvelle
- L'écrivain à sa table de travail : Conrad et le récit de mer
- Groupement de textes thématiques : Moi et l'autre
- Groupement de textes stylistiques : Les mots de la mer
- Chronologie : Joseph Conrad et son temps
- Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture
Recommandé pour les classes de collège.
En rentrant chez lui après une journée de travail, Alvan Hervey découvre avec stupeur que sa femme l'a quitté. À la surprise et l'incompréhension succède la colère. Mais voilà que l'infidèle revient. La confrontation peut commencer... Une nouvelle cruelle et intimiste dans les brumes londoniennes.
Conrad a situé son roman Le Frère-de-la-Côte à l'époque de Napoléon 1??. Ce fut sa dernière oeuvre achevée.Le héros, Jean Peyrol, est un vieil écumeur des mers, fatigué, qui souhaite prendre sa retraite. Installé dans une petite maison de la Côte méditerranéenne, il va pourtant vivre là encore de nombreuses aventures où s'affirment, malgré son aspiration au repos, l'invincible jeunesse, l'énergie et la soif d'aventure des héros de Conrad.
Par amour pour la somptueuse Rita, et après mille péripéties, Monsieur George va devoir se sacrifier. Rita s'est enfuie, laissant à son amant le bijou qu'elle portait dans les cheveux, une flèche d'or que George, le narrateur, perdra dans un naufrage.À partir de faits réels et de ses propres souvenirs de contrebandier, Conrad relate les circonstances qui l'amenèrent, au prix de tous les dangers, à découvrir la vie passionnelle comme une épreuve tragique.