Don, échange, partage : voici le grand livre de l'altruisme et de la coopération. Que se passe-t-il quand vous recevez un cadeau ou que vous donnez quelque chose ? Pourquoi certains objets reçus (lettres, cadeaux, etc.) nous paraissent-ils sacrés ? D'où vient la gêne que nous éprouvons parfois quand on nous offre quelque chose ? L'essai le plus connu du père de l'anthropologie sociale - un essai que Claude Lévi-Strauss jugea "révolutionnaire". Préface de Baptiste Mylondo, philosophe et économiste.
Qu'est-ce qui pousse les individus, mais aussi les groupes, à faire des dons? Pourquoi un présent reçu appelle-t-il une faveur en retour? Quelle force y a-t-il dans la chose que l'on donne? D'où vient la gêne que nous éprouvons parfois lorsque nous recevons un cadeau?Marcel Mauss répond à ces questions en analysant les différentes formes du don et de l'échange, des phénomènes certes économiques mais aussi politiques et religieux qui régissent nos relations en mettant en oeuvre une triple obligation:donner, recevoir, rendre. Le père de l'anthropologie moderne montre surtout comment le don lie les individus entre eux, fonde l'alliance, construit la paix.Par cet essai fondateur, Marcel Mauss livre l'un des plus célèbres textes de la littérature anthropologique, qualifié par Claude Lévi-Strauss de «révolutionnaire».Cette édition propose le texte intégral de l'Essai sur le don, suivi de quatre textes de Mauss qui en éclairent la lecture:«L'extension du potlatch en Mélanésie» (1920), «Une forme ancienne de contrat chez les Thraces» (1921), «Gift-gift» (1924), «Phénomènes économiques» (1947).
Ce livre est pour l'ethnologie et l'anthropologie l'équivalent de ce que furent pour la sociologie les «Règles de la méthode sociologique». De l'étude des phénomènes religieux aux techniques du corps, c'est tout le spectre de la vie sociale qui est balayé magistralement par Marcel Mauss.
Jusqu'où le corps peut-il être un outil ? Nager, marcher, courir, faire l'amour, jardiner ou bricoler, donner naissance ou méditer : ces gestes et postures ne sont pas les mêmes d'une société à l'autre, d'une époque à l'autre, d'un âge à l'autre, ou selon qu'on est un homme ou une femme ; ils n'ont pas non plus le même sens et ne se transmettent pas de la même façon. Mauss, le premier, s'est attardé sur eux ; Bourdieu y puisera la célèbre notion d'habitus. Un classique, préfacé par David Le Breton, et suivi de deux essais : l'un qui montre que nos sentiments ne sont pas spontanés, l'autre qui s'interroge sur notre goût du risque et nos difficultés à voir la mort en face.
L'Essai sur le don de Marcel Mauss est l'un des textes majeurs, si ce n'est le texte majeur, de l'anthropologie du XXe siècle. Par l'étude des systèmes d'échange de la kula et du potlatch, il démontre que le don fut historiquement l'un des moteurs de nos sociétés. À l'encontre de tout rationalisme le potlatch, pratiqué chez certaines tribus amérindiennes, amène au sommet de l'échelle sociale les individus capables de se défaire de tout ce dont ils possèdent. Un système qui se révèle radicalement opposé au nôtre, où les possédants détiennent le pouvoir.
Dans cet ouvrage précurseur, Mauss bat en brèche bon nombre d'idées reçues sur les principes de l'échange et du don. Par-delà leur dimension économique une dimension spirituelle. "Nous n'avons pas qu'une morale de marchand " conclut Mauss.
Marcel Mauss (1872-1950) est la grande figure de l'anthropologie française, ainsi que le neveu du sociologue Émile Durkheim. Il a construit pendant plusieurs décennies une oeuvre protéiforme et a marqué en profondeur l'ensemble des sciences humaines de son siècle. Son essai anthropologique sur le don a bouleversé notre regard historique sur l'économie. Il a su conjuguer son travail de recherche à des convictions socialistes, et s'engagea en particulier en faveur du colonel Dreyfus.
Texte phare des sciences sociales, l´Essai sur le don, publié en 1925, a immédiatement suscité de nombreux commentaires. Ouvrant la sociologie durkheimienne à l´analyse ethnographique, il inscrit les sociétés du Pacifique, du potlatch amérindien à la kula mélanésienne, dans la culture occidentale.
Dans une présentation essentielle, Florence Weber le situe dans l´histoire scientifique et politique du XXe siècle, et propose au lecteur d´explorer l´archipel des prestations sans marché.
Dans la passionnante Introduction à l'oeuvre de Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss rappelle : « L'influence de Mauss ne s'est pas limitée aux ethnographes, dans le domaine des sciences sociales et humaines, une pléiade de chercheurs français lui sont redevables de leur orientation. » C. Lévi-Strauss insiste sur « ce qu'on aimerait appeler le modernisme de la pensée de Mauss », sur sa détermination à imposer « la notion de fait social total », sur « le souci de définir la réalité sociale, mieux encore, de définir le social comme la réalité ».
L'ouvrage regroupe cinq textes majeurs de Marcel Mauss, rédigés entre 1921 et 1938, qui explorent la possibilité d'une coopération entre psychologie et sociologie à partir de l'analyse précise d'une documentation ethnographique et historique. Depuis l'expression obligatoire des sentiments dans les cérémonies funéraires australiennes jusqu'à l'histoire de la notion de personne comme catégorie de l'esprit humain, en passant par l'étude du rapport des individus à l'avenir dans différents contextes socio-historiques et par la genèse sociale des relations de hiérarchie et de rivalité, Mauss a tenté de construire avec les psychologues et les anthropologues de son temps, généralement formés en médecine, un modèle de l'homme bio-psycho-social avant de se tourner vers la psychologie historique et l'histoire des techniques.
Cet ouvrage montre l'apport décisif de Marcel Mauss à la psychologie sociale.
L'anthropologue présente la prière comme un rituel qui agit par l'intermédiaire de la parole et non du geste et qui tisse le collectif et l'individuel de diverses manières selon les contextes historiques.
Plusieurs textes majeurs de cet anthropologue qui s'est fixé pour but de sauver la nation du nationalisme et le socialisme du bolchevisme. Ces textes composent une réflexion sur le politique dans les sociétés modernes qui a inspiré des penseurs tels que Bataille, Derrida ou Bourdieu.
Dans une introduction substantielle, Nathan Schlanger traite des concepts de techniques et de technologie, des positions d´Émile Durkheim sur les techniques, l´originalité de l´apport de Mauss, les rapports entre l´homo faber et l´homme total, la technologie et l´ethnographie, les concepts de civilisation et de nation, la notion de travail indigène et ouvrier.
La seconde partie rassemble seize textes - onze de Mauss, un d´Émile Durkheim, un de Henri Hubert, un de Durkheim et Mauss puis un de Georges Friedmann et un de André LeroiGourhan - qui constituent ensemble un véritable corpus. Y sont réunis des textes classiques tels l´Essai sur les variations Eskimo (1906), les Civilisations, éléments et formes (1930), les Techniques du corps (1935), les Techniques et la Technologie (1948), et des écrits plus courts, des interventions, des commentaires, des transcriptions de cours, etc. Chaque texte est précédé d´un chapeau de présentation. En fin de volume, on trouvera de brèves notices biographiques sur quelque 35 auteurs mentionnés par Mauss comme des sources ou des protagonistes de sa pensée technologique.
Dans un contexte marqué par la fin de la Première Guerre mondiale, Mauss s´attèle en particulier à un livre sur la nation, l´internationalisme et le socialisme, qui demeurera finalement inachevé.
Marcel Fournier et Jean Terrier ont reconstitué au terme d´un important travail d´archive le texte que Mauss préparait. À la fois clair, systématique et profond, il propose une histoire du phénomène national, pose les jalons d´une sociologie des relations internationales et offre une interprétation du socialisme comme phénomène historique.
Au-delà de ces enjeux spécifiques, cet ouvrage contient aussi une brillante réflexion sur la nature du politique dans les sociétés modernes.
Est-il légitime de s'engager lorsqu'on est un savantoe Oui, affirme Marcel Mauss (1872-1950) au tournant de ce siècle, mais c'est un homme de science qu'il convient de le faire. Autrement dit, s'il lui revient bien d'éclairer les grands enjeux sociaux et politiques et de dire aux sociétés si elles font bien, pratiquement et idéalement, de poursuivre dans la voie qu'elles ont choisie, le scientifique ne saurait renoncer, en élargissant son public, aux principes qui le guident dans l'exercice de son métier: probité, rigueur, refus du prophétisme.
Cette nouvelle conception de la responsabilité du savant, le pionnier des sciences sociales et humaines en France la met en pratique dès les années 1890 alors qu'il est étudiant à Bordeaux, fréquentant le Groupe des étudiants socialistes, adhérant au Parti ouvrier français, tout en s'attachant à définir les fondements d'un socialisme humaniste. L'Affaire Dreyfus (il s'engagera vivement aux côtés des dreyfusards) puis la Première Guerre mondiale (le pacifiste internationaliste qu'il est se portera volontaire après l'assassinat de Jaurès) marqueront de façon décisive l'intellectuel et le militant. Et tandis que, jusqu'à sa mort, Mauss s'attachera à percer le mystère du lien social, mobilisant l'histoire des religions, l'ethnographie, la philologie, la sociologie pour comprendre comment les sociétés se constituent et comment elles se reproduisent, il multipliera les interventions politiques (dans L'Humanité avant 1920, Le Populaire ensuite, telle ou telle revue savante, à travers aussi son engagement dans le mouvement coopératif, les cours qu'il dispense à la Bourse du travail ou ailleurs) pour expliquer qu'il n'est pas de démocratie sans vie associative dynamique et sans morale fondée sur la solidarité et la réciprocité. Dans la fidélité à Jaurès, l'adhésion au parti socialiste SFIO ira pour lui de soi, tout comme la participation au journal L'Humanité dès 1904. A l'heure de la montée des périls, il observera sans complaisance la révolution d'Octobre et s'engagera dans le combat antifasciste.
Les écrits politiques de Marcel Mauss, on l'aura compris, font partie intégrante de son oeuvre. Ils sont ici présentés par Marcel Fournier, l'auteur de la biographie de référence (Marcel Mauss, Fayard, 1994).
Des techniques du corps à l'étude des phénomènes religieux, c'est toute la vie sociale qui est ainsi présentée grâce aux exceptionnelles compétences et connaissances que réunissait marcel mauss, l'un des maîtres des sciences sociales en france avec durkheim.
Quelle est la règle de droit et d'intérêt qui, dans les sociétés de type arriéré ou archaïque, fait que le présent reçu est obligatoirement rendu ? Quelle force y a-t-il dans la chose qu'on donne qui fait que le donateur la rend ? ". En réalité, à partir de cette étude menée sur la nature des transactions humaines de la Mélanésie à l'Alaska et dans les sociétés indo-européennes anciennes, Marcel Mauss constate que " la morale et l'économie qui agissent dans ces transactions fonctionnent encore dans nos sociétés de façon constante. ". Pourquoi lire encore de nos jours cet essai, que Mauss lui-même reconnaissait comme imparfait, et de plus comment le comprendre ? Dans une introduction essentielle, Florence Weber analyse le travail de Mauss, la synthèse des travaux ethnographiques antérieurs, les réinterprétations théoriques qui en ont été faites, les multiples recherches empiriques qui s'en sont inspirées. " Le lire aujourd'hui, c'est prendre la mesure des perspectives qu'il a ouvertes et retrouver à leur racine les principes de l'approche ethnographique des prestations sans marché, un continent mieux exploré aujourd'hui. C'est aussi, apprendre à en finir avec le don ".
Dans bon nombre de civilisations les échanges et les contrats se font sous la forme de cadeaux, en théorie volontaires, en réalité obligatoirement faits et rendus. Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus. D'abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s'obligent mutuellement, échangent et contractent les personnes présentes au contrat sont des personnes morales clans, tribus, familles, qui s'affrontent et s'opposent soit en groupes se faisant face sur le terrain même, soit par l'intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois. De plus, ce qu'ils échangent, ce n'est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n'est qu'un des moments et où la circulation des richesses n'est qu'un des termes d'un contrat beau¬coup plus général et beau¬coup plus permanent. Enfin, ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, à peine de guerre privée ou publique... Le présent travail fait partie d'une de recherches poursuivies depuis longtemps sur les formes archaïques du contrat et des échanges.
Nous entendons par nation une société matériellement et moralement intégrée, à pouvoir central stable, permanent, à frontières déterminées, à relative unité morale, mentale et culturelle des habitants qui adhèrent consciemment à l'État et à ses lois. Le mot nation est d'un emploi récent, relativement, dans le langage technique des juristes et philosophes, et encore plus dans celui des peuples eux-mêmes. Les concepts de cité, ou société, de souveraineté, de droit, de loi, de politique, sont depuis longtemps fixés ; celui d'État l'est depuis le mouvement d'idées qui va des grands juristes français du XVIe siècle aux grands juristes hollandais et allemands du XVIIe et XVIIIe siècles. Celui de la nation a été infiniment plus lent à naître ; dans un bon nombre de langues, il n'est pas encore très usuel ; dans le langage technique, il n'est pas encore fixé, et la plupart du temps se confond avec celui d'État.
La manière dont les sociétés Eskimos sont fixées au sol, le nombre, la nature, la grandeur des groupes élémentaires dont elles sont composées, constituent des facteurs immuables et c'est sur ce fond permanent que se produisent les variations périodiques que nous aurons, plus tard, à décrire et à expliquer. C'est donc ce fond qu'il nous faut, avant tout, chercher à connaître. En d'autres termes, avant de faire leur morphologie saisonnière, il nous faut d'abord constituer, dans ce qu'elle a d'essentiel, leur morphologie générale.Les Eskimos sont actuellement situés entre le 78° 8' de latitude nord (sur la côte nord-ouest du Gronland) et le 53º 4' au sud, sur la baie d'Hudson (côte ouest), limite extrême qu'ils atteignent régulièrement, mais où ils ne séjournent pas. Sur la côte du Labrador, ils vont environ jusqu'au 54e degré, et, sur le Pacifique, jusqu'au 56º 44' de latitude nord. Ils couvrent ainsi un espace immense de 22 degrés de latitude et de près de 60 degrés de longitude, qui s'étend jusqu'en Asie, où ils ont un établissement (celui d'East Cape)... Les Eskimos ne sont pas seulement des peuples côtiers ; ce sont des peuples de falaise, si du moins nous employons ce mot pour désigner toute terminaison relativement abrupte de la côte sur la mer. C'est qu'en effet - et c'est là ce qui explique la différence profonde qui sépare les Eskimos de tous les autres peuples hyperboréens - les côtes qu'ils occupent, sauf les deltas et les rivages toujours mal connus de la Terre du roi Guillaume, ont toutes un même caractère : une marge plus ou moins étroite de terre, borde les limites d'un plateau qui s'affaisse plus ou moins brusquement vers la mer. Au Gronland, la montagne vient surplomber la mer, et, de plus, l'immense glacier auquel on donne le nom d'Inlandsis (glace de l'intérieur) ne laisse même qu'une ceinture montagneuse dont la partie la plus large (large à cause des fiords et non pas par elle-même) mesure à peine 140 milles. De plus, cette ceinture est coupée par les décharges, sur la mer, des glaciers intérieurs. Les fiords et les îles des fiords sont seuls à être protégés contre les grands vents, et, par suite, à jouir d'une température supportable ; seuls, ils offrent des champs de pâture au gibier ainsi que des fonds poissonneux, facilement accessibles, où viennent pêcher et se faire prendre les animaux marins.
De tous les phénomènes religieux, il en est peu qui donnent aussi immédiatement que la prière l'impression de la vie, de la richesse et de la complexité. Elle a une merveilleuse histoire : partie de bas, elle s'est élevée peu à peu jusqu'aux sommets de la vie religieuse. Infiniment souple, elle a revêtu les formes les plus variées, tour a tour adorative et contraignante, humble et menaçante, sèche et abondante en images, immuable et variable, mécanique et mentale. Elle a rempli les rôles les plus divers : ici elle est une demande brutale, là un ordre, ailleurs un contrat, un acte de foi, une confession, une supplication, une louange, un hosannah. Parfois une même sorte de prières a passé successivement par toutes les vicissitudes : presque vide à l'origine, l'une se trouve un jour pleine de sens, l'autre, presque sublime au début, se réduit peu à peu a une psalmodie mécanique. On comprend tout l'intérêt qu'il peut y avoir à étudier et à suivre à travers toutes ses variations une chose aussi complexe et aussi protéiforme que la prière. Nous avons ici une occasion, particulièrement favorable, pour montrer comment une même institution peut s'acquitter des fonctions les plus différentes, comment une même réalité peut revêtir de multiples formes tout en restant elle-même et sans changer de nature. Or ce double aspect des choses religieuses et sociales a été trop souvent méconnu. Tantôt on ne voit en elles que des notions simples, d'une simplicité abstraite où la raison se meut sans peine. Tantôt on leur prête une complexité désespérante qui les soustrait aux prises de la raison. En réalité tout ce qui est social est à la fois simple et complexe. C'est sur une matière concrète et pleine de mouvement que l'abstraction du sociologue s'exerce et peut légitimement s'exercer. Une étude de la prière illustrera utilement ce principe.