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Patrick Drevet
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Quand la ville se tait ; chronique d'une sidération, mars-juin 2020
Patrick Drevet, Julien Coupat
- Les presses du réel
- 23 Octobre 2020
- 9782956730545
La chronique d'une sidération, écrite au jour le jour depuis le début du confinement pour en saisir les formes et conséquences, accompagnée d'une contribution textuelle de Julien Coupat et alii.
Quand la ville se tait, Chronique d'une sidération est écrit entre mars et juin 2020. Ce livre participe d'une observation de rage et de ferveur, sensible et rigoureuse, des formes et conséquences du confinement au jour le jour et dès son déclenchement. L'auteur part à la rencontre des vivants et en appelle aux gestes lisières. Quelle vie désirons-nous ? Quelles formes de vie sommes-nous prêts à défendre sans relâche ? Contre qui, et dans quelles conditions bouleversées ?
Quand la ville se tait est accompagné de Choses vues, une contribution textuelle de Julien Coupat et alii.
« Le silence à la ville n'est pas même sépulcral. C'est un silence de laboratoire. » « Nous avons vu la cause de la «santé publique» comme pure et simple expropriation de toute certitude sensible quant à notre santé réelle. » « Faits aux pattes. Et consentants ! Bientôt remis en circulation dans les secteurs choisis, sommés de se tenir à carreau sous le masque et soumis au chantage sanitaire à la moindre amorce de regroupement. » « En France dans les Ehpad : la cruauté maintenant de l'isolement. Perte des derniers regards, des ultimes paroles, de la pensée qui ne reviendra pas. » « Il n'y a de langage que de la chair sans limite. Il n'y a pas de langage barrière, de geste non plus ; sauf chez les flics. » « Nous avons vu, aux États-Unis, le couvre-feu policier prendre la suite du confinement sanitaire, et les applications de traçage imaginées « pour le Covid » servir à traquer les émeutiers. » « Nous avons croisé, dans les sous-bois du confinement, les sourires de l'infraction complice. Nous avons vu un gouvernement si porté sur la discipline qu'il finit par donner à de simples pique-nique en forêt des airs de conspiration, et aux bons citoyens des réflexes de balance. » « La guerre qui vient est donc celle-là : s'opposer, s'arracher à tout contrôle. (...) Simplement pour respirer comme respirent les vagues de la mer, la forêt, les danses des corps, et le langage infiniment charnel des humains. »
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Le narrateur s'attache à une expérience fondamentale de son enfance : un voyage en micheline entre la maison de ses parents et celle de sa grand-mère. Chaque étape, minutieusement reconstituée, est le théâtre d'une nouvelle réminiscence : les arrêts de l'omnibus, les pauses, le paysage qui défile, les passagers, autant d'événements secrets dans la rêverie silencieuse d'un enfant qui construit sans le savoir sa personnalité et son univers, sa sensibilité et sa perception des autres, et qui découvre à travers un filtre poétique la vie des adultes.
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Durant l'été 1957, dans les montagnes du haut Jura, un enfant, David, s'ouvre à la réalité du monde. Des bûcherons italiens l'accueillent avec chaleur. Parmi eux, un jeune homme taciturne et insolite suscite sa curiosité et l'attire. Tandis qu'en ville les postes de radio diffusent des nouvelles de plus en plus alarmantes sur la guerre d'Algérie et instaurent un climat de précarité et de menace, David découvre le désir. Dans la ferme abandonnée qui abrite les bûcherons, dans la pénombre des sapinières, au bord des rivières encaissées, dans les hautes herbes des champs, il contemple avec admiration et terreur William, il observe la puissance des corps, il mesure le pouvoir des mots, il devine les élans irrépressibles à l'origine des rivalités entre les êtres, les drames où se tissent les destins et où lui-même et sa mère finiront par être pris. Miroir d'une situation politique, sociale et sensuelle complexe, ce roman est le récit violent, fervent, de l'entrée en adolescence ramassée toute, ici, dans l'attachement émerveillé d'un garçon pour un aîné qui lui apparaît tour à tour comme un modèle, un frère, un père, un amant, un mythe.
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Ces nouvelles Petites études sur le désir de voir prolongent le précédent recueil. Ici encore, il s'agit de hisser jusque dans le langage les impressions, les sentiments et les pensées qu'engendre la vision quotidienne des corps : corps observés dans le métro, les gares, les bibliothèques, les cours d'école, corps peints, corps filmés... La chair est un motif que l'écriture de Patrick Drevet remet sans cesse sur le métier, qu'elle médite, poursuit et interroge avec une acuité et un souci d'exactitude constants.
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Dans un style simple et direct, toujours accompagné d'une note d'humour qui est sa marque personnelle, Patrice Drevet raconte, dans ce livre, quels étaient les climats du passé, explique les bouleversements des phénomènes météo auxquels nous assistons aujourd'hui, simplifie les formules scientifiques et, surtout, décrypte pour nous les conséquences du réchauffement de la planète engendré par la folie d'une société de consommation paroxysmique. Ses conseils de bon sens, ses recommandations d'homme averti nous donnent l'envie de réagir concrètement et de devenir les défenseurs actifs de notre environnement, seule solution pour permettre à nos enfants et à nos petits-enfants de vivre heureux sur la Terre, pendant encore quelques milliers d'années...
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À côté de sa propre expérience amoureuse, l'être humain est intrigué par la façon dont ses semblables aiment. Son aspiration à l'amour obéit aux modèles que semblent lui en avoir fourni des scènes initiales, dont il a été le témoin sans qu'il en saisisse toujours le sens. Elles persistent à sous-tendre son désir dans les rapports qu'il engage avec l'autre. Patrick Drevet livre ici les images qui ont contribué à constituer son érotique personnelle, couples d'amoureux bien sûr, mais aussi lutteurs qui s'étreignent, acrobates, trapézistes... Interrogeant ces images, il se penche sur les chemins insolites empruntés par l'amour pour s'imposer à une individualité et en façonner le destin affectif aussi bien que sensuel.
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Le narrateur entreprend un long récit fragmentaire des circonstances importantes de sa vie, essentiellement les moments d'émotion et de désir provoqués par les lieux, les spectacles naturels : un blockhaus, la mer, la nuit, ou par des êtres : Yves, François, Geneviève. Ce récit, il le reprend, le commente pour arriver à ce que la substance de l'émotion et de la beauté soit arrachée à la mort et sauvée pour l'éternité. Quelques thèmes dominent, comme celui d'un blockhaus de la côte languedocienne, de la reptation dans le blockhaus, malgré l'interdiction de la mère. Ce roman est une méditation non sur l'homme, mais sur les sens de l'homme, qui sont à la fois une ouverture vers les autres et un domaine interdit. Ici, ce n'est pas le regard qui compte, mais l'oeil. Ce n'est pas le toucher qui importe, c'est la main et tout ce que la main suggère. C'est par un élan de tout l'être que le narrateur et son récit investissent les autres, en prennent possession bien plus qu'on ne pourrait le faire dans l'amour. Et cela jusqu'au vertige.
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Que suppose le désir de dire ? Que représente l'acte d'écrire ? À quelle aventure engage le choix d'une parole silencieuse ? Telles sont les questions qui sous-tendent les petites études de ce nouveau recueil. Examinant les origines de l'écriture autant que les circonstances qui l'y ont personnellement conduit, mais aussi sa pratique de la lecture, l'exemple de Julien Gracq et les propriétés d'autres modes d'expression comme le cinéma, l'auteur défend ici une conception existentielle de la littérature, avec un grand souci d'authenticité.
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Dans ses gorges encaissées en amont de Saint-Claude, le lit de la Bienne ralentie forme un de ces bassins d'eau profonde que l'on nomme des gours. Ce lieu exerce sur les adolescents du pays une attraction irrésistible ainsi que, par ricochet, sur les enfants qui les voient s'y rendre. Le narrateur se remémore l'une des expéditions qu'en compagnie d'un camarade complice il lui arrivait d'entreprendre en direction du Gour des Abeilles, sollicité autant peut-être par le nom subtilement évocateur de ce lieu pour lui interdit que par le spectacle qu'il s'attendait à y découvrir. Cette lente remontée de la rivière, évoquée avec l'acuité extrême que l'angoisse du désir confère aux sens, devient une véritable quête, modèle de toute errance, de toute intrigue, de toute aventure. La chair peut se faire légende une fois qu'elle est filtrée par la mémoire. Le narrateur de cette enfance passée entre ciel et montagne garde en lui, intacts, enrichis par l'expérience de la vie, ses rêves et ses désirs. Et si le Gour des Abeilles se révèle, comme il se doit, un leurre, la vision à laquelle le cheminement vers lui donne lieu sur l'eau et les rochers, sur les feuillages et le silence, sur les insectes et la lumière, les jeunes filles imaginées au milieu des éclaboussures du courant, les jeunes hommes aux beautés graciles et lumineuses surpris dans l'écartement des buissons permettent à l'écrivain de nous donner aujourd'hui une de ses oeuvres les plus méditatives et les plus enchantées.
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Ces huit petites études s'attachent à décrire des expériences infimes qui appartiennent à la vie de tous les jours. L'auteur souligne dans l'expérience de la lecture la part irréductible et incommunicable que cette activité suscite en nous. Une évocation de Lyon le conduit à approcher l'invisible de la ville. Un examen minutieux de la technique cinématographique lui permet de mettre en valeur la personnalité d'un film. Comment les gestes d'un menuisier, d'un élève, d'un peintre, d'un serveur, soumis à des lois très contraignantes, en viennent-ils à suggérer le plus intime de la personne ? Comment la vision et l'attrait du corps d'autrui le modifient-ils à proportion de la perception plus précise qu'on en a ? Comment l'irruption soudaine du silence reconduit-elle, hors des mots, à l'évidence, tels sont quelques-uns des axes empruntés ici par Patrick Drevet pour traquer, toujours au plus près de sa source, le désir qui nous porte vers le monde.
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«On évoque un sourire, on ne peut l'expliciter. Il échappe aux commentaires autant qu'à la saisie dans les traits : où est-il ? Dans l'incurvation des lèvres ? Dans l'irradiation de la pupille ? Dans le pincement des paupières ? Dans l'étirement de la peau vers les tempes ? Dans les fossettes qui se creusent aux commissures ? On le perçoit mais il est difficile de le localiser. Ce qu'on voit n'en est jamais que l'effet. En soi, le sourire se dérobe toujours. Il n'a de mode d'être que celui d'un souffle.»
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Au milieu du XVIIIe siècle, un homme apparut si menaçant pour la royauté, que l'armée fut mobilisée pour le prendre, et qu'elle dut aller jusqu'à violer la frontière pour y parvenir. Cet homme, c'est Louis Mandrin, contrebandier, symbole de la révolte des faibles contre les puissants, de la victoire de l'intelligence et du coeur sur le nombre. Les forces de l'ordre le pourchassent, ses compagnons l'idolâtrent, et les populations l'acclament. Tous le connaissent sous le nom de Belle-Humeur. Au comble de la popularité, il parcourt, pendant deux ans, les splendides paysages du sud-est de la France, rançonne les Fermiers généraux, nargue les soldats lancés à sa poursuite. Sur ses traces, le romancier reconstitue le cortège de fêtes, d'amours et d'indéfectibles amitiés qui l'accompagne aussi. Il suggère des mobiles plus profonds que ne le supposent ses menées subversives car, à dénoncer les ambiguïtés de la justice, du clergé, de la noblesse, des hommes de lettres et de ses propres motivations, c'est à une quête d'absolu que Belle-Humeur se voit conduit.
Patrick Drevet s'est emparé d'un héros, dont les aspirations résonnent - aujourd'hui - d'un vibrant écho. Respectant sa dimension imaginaire, il lui donne, ainsi qu'aux personnages qui gravitent autour de lui, aux espaces qu'il sillonne, à l'époque et à la langue qu'il traverse, un corps et une âme, qui sont l'effet d'un travail aussi bien historique que purement littéraire. -
De la main d'un voyageur sommeillant dans le train à l'image du corps que donnent les danseurs, Patrick Drevet cherche un sens aux éléments qui particularisent la figure humaine. Les veines, les poils, la peau, le teint, les yeux, le visage, la voix, l'allure sont ici les supports d'un parcours aussi bien autobiographique que sensuel, et qui fait écho à l'affirmation de Paul Valéry : «La peau est ce qu'il y a de plus profond.»
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«L'horizon de la route disparut au bas du pare-brise...» : dès les premiers mots, ce livre engage le lecteur dans un autre monde qui bientôt se révèle celui de l'abbaye qu'une équipe de cinéastes, dont fait partie le narrateur, vient filmer quelques jours avant qu'elle ne soit abandonnée par ses moines, trop âgés et trop peu nombreux pour y constituer une communauté vivante. Le monde des hommes de la foi, du silence et du recueillement, rencontre ainsi, au cours des quatre journées que dure le tournage, celui des hommes passionnés par les jeux de la lumière, des sonorités, de l'immobile beauté des pierres. L'affrontement auquel donne lieu cette rencontre est vécu d'abord comme fascination, puis devient peu à peu contagion irrésistible, ineffable, atteint une intensité presque amoureuse, prend enfin une dimension humaine déchirante au moment crucial de la séparation. Le livre se déroule avec la remarquable lenteur d'un film aux séquences extraordinairement fouillées, dans la lucidité cruelle propre aux lentilles de caméra. Il s'en dégage pourtant une gravité et une noblesse quasi liturgiques qui apportent au récit, d'un bout à l'autre, des contrastes psychologiques et sensuels tout à fait saisissants.
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En cette retraite du monde qu'est le lieu de l'écriture, le narrateur confesse et analyse l'étrange passion qui l'habite et le condamne à la solitude : le visage et le corps des passants entrevus dans la rue l'obsèdent avec une insistance à tout le moins anormale. Un visage à peine saisi, un dos d'adolescent moulé dans ses jeans, un cou de jeune sportif, une paire de bras obscènes sous un fin tee-shirt, la pliure d'une jambe, les mains d'une serveuse, une physionomie rieuse ou grave, et les yeux qui soudain trahissent en un bref éclair l'inaccessible domaine intérieur, tels sont les spectacles qu'il ramène du coeur des foules dont il paraît être à la fois la victime et le sacrificateur, sorte de moine extasié, assumant toutes les sensibiltés, exclu comme pour expier la vie des corps qui passent et chanter dans la solitude, la stupeur et le silence, leur beauté, leur réalité, la profondeur qu'il leur découvre. L'aventure, ici, tient à l'interpénétration progressive de l'écriture et du regard qui entretiennent une attente indéfinie jusqu'à la révélation finale, inéluctable et pourtant étonnante, qui ne clôt pas le livre mais l'ouvre au contraire, le suspend sur l'au-delà de ce qui n'a été encore que littérature. Un texte plein de flammes, forgé par le désespoir et qui témoigne d'un art halluciné.
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Il suffit d'un échange de regards, d'un silence prolongé, d'une suspension du temps pour que l'équilibre fragile d'un homme soit rompu. Dans ce roman, le trouble qu'un élève conscient de sa beauté fait naître chez son professeur se transforme en obsession. Aucune parole, aucun geste n'aura, semble-t-il, le pouvoir de satisfaire le désir. Marié et père d'un petit garçon, le narrateur relate les étapes de l'aventure qui lui arrive, creuse jusqu'à leur terme les mystères de la patience, rapporte avec une rare force de conviction le fruit de ses observations. Cependant l'élève, jeune homme comme égaré mais ambigu et peut-être pervers, se transforme peu à peu en maître de son maître. Analysant avec minutie la progression de l'amour entre deux êtres réunis par le hasard dans une situation sociale qui suscite et interdit en même temps l'attirance physique, l'auteur du Lieu des passants poursuit sa réflexion sur le regard, sur la sensualité, sur le corps. Sur la vie intérieure aussi, nourrie des sensations et du langage.
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Un rcit d'enfance o l'auteur s'attache relever les manifestations de ce qui, ds l'enfance, s'impose comme l'nigme de la beaut. Une enqute sur les arcanes et processus de la cration.
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Cet été-là, Damien a douze ans. Dans la propriété familiale sont réunis ses grands-parents, son père, sa mère, ses oncles et ses cousins. La turbulence des enfants ne dérange pas la quiétude des grands, confits dans une béate admiration pour les futurs mariés, Franck et Solange. Seule les trouble la personnalité de Serge, le parrain de Damien. Imprévisible, instable, Serge est parti vivre à Paris, et l'on ne se prive pas de blâmer l'existence qu'il mène. Lorsqu'il annonce son arrivée avec Paulin, on se perd en conjectures. De qui s'est-il une fois encore entiché ? Symétriquement au couple des fiancés, le compagnonnage passionné des deux jeunes gens intrigue, puis convainc. Aux yeux de Damien, il impose d'emblée l'image d'une harmonie mythique. Les saisons, en passant, la détruiront, mais l'enfant sera marqué à jamais par l'idéale figure de leur duo. Pénétrant roman familial, singulier roman d'initiation, roman d'amour bouleversant, Dieux obscurs s'attache à rendre sensibles les tensions souterraines et antagonistes, dont nous sommes les pathétiques champs de bataille.
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« L'histoire naturelle n'est ni plus ni moins qu'une manière d'habiter poétiquement le monde. » C'est en suivant ce principe que Patrick Drevet suit les traces de Joseph de Jussieu en Amérique du Sud, au cours d'une expédition qui devait durer sa vie entière. Parti avec La Condamine, en 1735, le savant rêveur va s'installer dans les régions équatoriales et découvrir le monde indien. Classer, décrire, définir l'univers animal et végétal, oui. Mais aussi comprendre le monde, l'autre monde, celui qui précède la civilisation colombienne. Un autre monde fait de sensualité, de pulsions, de beautés encore vierges, que le regard de l'homme ne peut épuiser. A travers l'histoire d'un jeune médecin et de ses amitiés passionnées ou retenues, de ses méditations solitaires, de son renoncement àvivre, l'auteur réfléchit sur la fonction même du regard et de l'écriture, revenant à ses obsessions les plus violentes, ou les plus secrètes.