Le malentendu et la duplicité sont au coeur des fictions de paul bowles : du quiproquo le plus infime à la méprise mortelle, les personnages de ces nouvelles se fourvoient, sans y prendre garde, en d'étranges labyrinthes, tombent par hasard dans les pièges que leur tend le destin, et sentent alors le sol se dérober sous leurs pas.
Mais ces " invitations au voyage " s'accompagnent d'une mise en garde : passer la nuit dans un hammam, cultiver son jardin ou boire un thé sur la montagne peut s'avérer fatal.
Les voyages seraient-ils une tentative de comprendre le monde en même temps qu'une quête de soi ? pour paul bowles, qui épuisa la planète dans les années cinquante avant de s'installer définitivement à tanger, il s'agissait aussi d'aller à la rencontre de la diversité des hommes et des cultures avant que l'occident ne les ronge.
De ceylan à tanger, en turquie, dans les souks de la corne d'or, au coeur de l'absolu saharien, paul bowles a redigé ce carnet de voyages comme un itinéraire géographique et littéraire, un ensemble de relevés fragmentaires baignés de lumière et de musique. on ne saurait trouver plus bel " état des lieux " de notre terre.
Un couple d'Américains en pleine traversée du désert de l'amour abordant un port de l'angoisse en Amérique centrale, un mystérieux flâneur vivant avec sa jeune compagne adonnée à la drogue dans un appartement trop luxueux : c'est le parfait quatuor d'une chronique exotique.
Une mère et son fils dont le chemin croise celui d'un couple de voyageurs. Les visiteurs sont crédules, pleins de préjugés, les jeunes indigènes n'aspirent qu'à la fugue : le voyage, pour les uns comme pour les autres, sera une expérience de transfiguration. Mais ici, la mère en déroute meurt dans un incendie, le couple de voyageurs tombe brusquement malade. La cité de la peur bruisse de bruits inquiétants - le chant des criquets, des voix dans la nuit, le battement d'un tambour, un magnétophone crachant des bruitages -, et le voyage se termine au cours d'une nuit d'épouvante collective, une fiesta où chacun, déguisé en singe et en démon, tente de terroriser son voisin. Le puzzle se reforme. Le piège se referme. La chronique exotique s'achève en drame policier. « La frayeur n'est jamais rien d'autre qu'un assemblage inédit. »