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Yves Delaborde
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A partir de sable et de cendres mêlés mais aussi d'un feu maîtrisé - le diable n'est pas loin -, ils fabriquent de la lumière que leur souffle modèle en objets précieux.
Depuis la plus haute Antiquité, les verriers sont vénérés comme de véritables alchimistes. L'Ancien Régime ne s'y était pas trompé : alors que le peintre n'était qu'un tâcheron assujetti à une corporation, le musicien un simple domestique, l'homme de théâtre un bateleur excommunié, le verrier, lui, était anobli avec privilèges accordés par le roi. Au mitan du XIXe siècle, "l'énorme production moderne, l'obligation de faire vite et à bon marché, ont donné lieu à un grand nombre de produits industriels dans lesquels l'art fait trop souvent défaut".
Et c'est pourtant dans ce contexte que quelques créateurs vont tout à coup faire d'un banal objet en verre " une oeuvre d'art à l'égal d'une statue, d'un tableau ou d'un joyau". On dit souvent d'Émile Gallé qu'il est l'homme par qui tout serait arrivé, en quelques années, dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, par qui le verre aurait dépassé sa seule qualité d'art utilitaire. Il a certainement été le plus grand inventeur dans le domaine, mais de nombreuses découvertes ou redécouvertes s'accumulaient déjà depuis des années, des idées faisaient leur chemin et d'autres préparaient la voie.
Une révolution n'éclate pas par hasard. Il faut des circonstances scientifiques et industrielles, des convergences économiques et politiques internationales, qui permettent à un créateur de s'épanouir à un instant donné, dans un certain domaine précis, de surprendre le public et d'initier cette révolution qui emporte tout sur son passage - avec le cortège habituel d'imitateurs. Émile Gallé s'est trouvé au bon endroit, au bon moment, avec son génie, porté par une certitude et un sens aigu de la communication.
D'autres ont pris le relais et, un siècle et demi plus tard, le monde vit plus que jamais à l'âge du verre. Le matériau a acquis de nouvelles lettres de noblesse, il n'est plus seulement accessoire, il est environnement total, au point que la puissance de son industrie ferait oublier qu'il est aussi un moyen d'expression artistique largement banalisé.
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Frère de Louis XVI, le comte d'Artois, jeune prince débauché, inaugure - avec sa cour - les salles à manger de son château de Maisons. Un valet à la Fragonard, mélange de Candide et de Figaro, nous raconte sa journée au service de ces aristocrates adonnés à leurs rituels extravagants, aux plaisirs et au vice.
S'inspirant d'une journée authentique, à quelques années de la Révolution, l'auteur plonge son espiègle valet dans un univers de luxe démesuré, d'or et de pompe, où les repas sont sans fin, la « bouche » d'un raffinement inouï, les dames sans vertu et les princes sans grandeur.
On joue des sommes astronomiques ; les joutes amoureuses baignent dans la perversité ; comédiens et comédiennes du Français régalent leurs hôtes de farces grasses et triviales.
Les frasques que l'on découvre des coulisses, au hasard des salons et des alcôves de Maisons, s'achèvent en huis clos pathétique.
D'une fidélité minutieuse aux manières et au langage de l'époque, ce roman vrai sur les ultimes feux d'une société de cour, précipitant sa chute en débordements surannés, réjouira les passionnés du XVIIIe siècle et tous ceux qui, des « Liaisons dangereuses » à « Barry Lyndon », « Ridicule » ou « Que la fête commence », parent ce monde finissant d'un parfum inoubliable.