Les études rassemblées dans ce volume tournent autour d'une une question fondamentale pour toutes les disciplines humanistes, à savoir celle de la relation entre la langue qui prédomine dans un certain domaine et le développement de ce domaine. L'histoire de l'art, par exemple, parle d'abord en latin (à partir de Pline l'Ancien), bientôt remplacé par la langue vulgaire italienne (avant et après Vasari), supplantée à son tour par le français et l'allemand, surtout en ce qui concerne la théorie esthétique. Quelles sont les dynamiques artistiques, intellectuelles et historiques qui mènent à la diffusion et à l'affirmation d'une langue plutôt que d'une autre dans la littérature historico-artistique au fil des siècles ? Dans le monde actuel globalisé, l'anglais est devenu la langue principale dans les domaines de l'histoire et de l'histoire de l'art. L'emploi d'une nouvelle langue véhiculaire a-t-il modifié les principes et les concepts de ces disciplines ou s'agit-il simplement de les revêtir de mots nouveaux ? Quelles conséquences a eu - et a encore - l'emploi d'un langage partagé, destiné à faciliter pratiquement la communication ?
Dans les essais qui composent ce volume, des chercheurs renommés tentent de trouver des réponses à ces questions fondamentales pour le statut de l'histoire de l'art.
L'ouvrage propose une étude renouvelée de l'expérience visionnaire à travers ses représentations dans l'art de la Renaissance.
À l'âge du triomphe de l'historia et de la mimésis, où « ce qui ne relève pas de la vue ne concernerait en rien la peinture », la vision de l'au-delà a néanmoins très largement occupé la réflexion et la création artistiques, y compris dans l'art italien qui a été bien moins étudié selon ce point de vue, que ne l'ont été l'art flamand du XVe siècle ou l'art espagnol du XVIIe siècle. On a notamment cherché à comprendre comment des paramètres théologiques et iconographiques d'origine patristique ou médiévale ont pu être intégrés et reformulés par le langage artistique de la Renaissance, à commencer par les modélisations de la vision religieuse définies par saint Augustin et par saint Thomas d'Aquin, la distinction opérée entre vision corporelle, vision spirituelle (ou imaginative) et vision intellectuelle étant centrale pour ces recherches. L'expérience visionnaire a été abordée en particulier selon le rapport varié et parfois gradué du ou des sujets à l'objet de la vision surnaturelle ou transcendante, et suivant l'analyse de dispositifs figuratifs visionnaires qui fonctionnent ostensiblement comme des invitations ou des apprentissages pour la contemplation.