Ce roman prend la forme d'un conte écrit à la première personne. C'est Ada, la petite nymphe qui raconte sa découverte du plaisir. Elle fait connaissance avec son corps et les jouissances infinies qu'il peut lui procurer, mais elle découvre aussi qu'il peut être une source de plaisir pour les autres qui la lorgnent et l'envisagent. Ada évolue dans un monde fantastique. Elle grandit heureuse dans un monde mythologique où elle cohabite avec des faunes qui portent des casques scintillants, elle mûrit et nous raconte ses amants particuliers, parmi eux, le gynécologue aux longues mains qui l'aidera à accoucher d'une manière naturelle. Il y a également son expérience avec un prince au sperme bleu, sans oublier son providentiel cousin, les nombreux amis de ses soeurs aînées et aussi son oncle.
Ce roman-conte célèbre la vie, les effluves corporels, les regards, le concept de paradis et les enseignements tels « Le propre de l'amour c'est de savoir sans avoir appris » ou bien « Les yeux aussi peuvent toucher. » Le sexe est la seule source d'éternelle jeunesse. La passion est l'unique remède contre l'abime. Une rencontre sensuelle est le chemin de la gloire et le premier pas pour obtenir les clefs du royaume, les clefs de la vie. Voilà ce que défend Ana Clavel dans Les nymphes sourient aussi parfois.
Nous avons là toute la particularité de l'oeuvre de celle que l'on peut qualifier d'écrivain du corps entre désir et conscience.
Avec ce roman, Ana Clavel a reçu le prix Elena Poniatowska en 2013.
Julián Mercader, héritier d'une fabrique de poupées, éprouve du désir pour sa fille Violeta. Angoissé à l'idée de passer à l'acte, il crée une série de poupées, les Violettes, qui lui servent de substitut. Mais ces Violettes, présentées lors d'une foire internationale, commencent à incarner les fantasmes de nombreux clients qui passent des commandes extravagantes. Le succès de l'entreprise fait de Julián la cible d'une société secrète. Et il finira par découvrir plus pervers que lui...
Ce récit d'une sublimation est remarquable à plusieurs titres. Par son climat mystérieux, captivant, plus suggestif qu'explicite, servi par un art subtil de provoquer le trouble qui n'est pas sans rappeler Cortázar et Nabokov. Mais il l'est surtout par une écriture tenue de bout en bout, souple, insinuante, sans faiblesse ni complaisance. Remarquable aussi le talent d'Ana Clavel d'inscrire mezza-voce, par la bouche de son personnage mais sans jamais alourdir le déroulement de l'intrigue, une méditation poétique sur l'art de Hans Bellmer, le désir, les parfums, la folie. Un roman singulier et délicatement scandaleux.