Ils sont une poignée, "Ceux qui partent", au coeur de la foule qui débarque du bateau sur Ellis Island, porte d'entrée de l'Amérique et du XXe siècle. Jeanne Benameur orchestre cette ronde nocturne où chacun tente de trouver la forme de son propre exil et d'inventer dans son corps les fondations de son pays intime.
Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d'apprentissage bâti sur le feu et la violence (l'amitié, la jeunesse, l'océan), c'est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d'une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.
Ancien chirurgien du coeur, il y a longtemps qu'Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu'il n'ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une «équipe». Comme autour d'une table d'opération - mais cette fois-ci, c'est sa propre peau qu'il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre «accompagnateurs» choisis avec soin. Chacun est porteur d'un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.
Dans le geste ambitieux d'ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d'invisibles liens autour d'indicibles pertes acquiert, dans l'être ensemble, l'élan qu'il faut pour continuer.
Et dans le frottement de sa vie à d'autres vies, l'ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.
Jeanne Benameur bâtit un édifice à la vie à la mort, un roman qui affirme un engagement farouche. Dans un monde où la complexité perd du terrain au bénéfice du manichéisme, elle investit l'inépuisable et passionnant territoire du doute. Contre une galopante toutepuissance du dogme, Profanes fait le choix déterminé de la seule foi qui vaille : celle de l'homme en l'homme.
C'est l'histoire d'Étienne, photographe de guerre, pris en otage dans quelque lointaine ville à feu et à sang. C'est l'histoire d'un enfermement et d'une libération - pas forcément ceux qu'on croit. Sur une thématique éminemment contemporaine, le nouveau roman de Jeanne Benameur s'ouvre comme un film d'action pour mieux se muer en authentique livre de sagesse. Avec la délicatesse d'âme et la profonde sincérité qu'on lui connaît, l'auteur des Demeurées et de Profanes y tend une ligne droite entre la tête et le coeur, un chemin vers des êtres debout.
Dans l'absence laissée par la disparition inexpliquée de sa mère, un enfant, son père et sa grand-mère partent chacun à la reconquête de leur place et de leur présence au monde. Dix-sept ans après le choc des «Demeurées», Jeanne Benameur, fidèle aux âmes nues, pose avec «L'Enfant qui», texte talisman, une nouvelle pierre sur le chemin le plus juste vers la liberté.
Une édition destinée aux classes de 3e (pour l'objet d'étude Se raconter, se représenter).
Au seuil de la quarantaine, ouvrier au trajet atypique, décalé à l'usine comme parmi les siens, Antoine flotte dans sa peau et son identité, à la recherche d'une place dans le monde. Entre vertiges d'une rupture amoureuse et limites du militantisme syndical face à la mondialisation, il lui faudra se risquer au plus profond de lui-même pour découvrir une force nouvelle, reprendre les commandes de sa vie.
Parcours de lutte et de rébellion, plongée au coeur de l'héritage familial, aventure politique intime et chronique d'une rédemption amoureuse, Les Insurrections singulières est un roman des corps en mouvement, un voyage initiatique qui nous entraîne jusqu'au Brésil.
Dans une prose sobre et attentive, au plus près de ses personnages, Jeanne Benameur signe une ode à l'élan de vivre, une invitation à chercher sa liberté dans la communauté des hommes, à prendre son destin à bras-le-corps. Parce que les révolutions sont d'abord intérieures. Et parce que "on n'a pas l'éternité devant nous. Juste la vie".
Contraindre un corps qui se refuse au plaisir pour attirer le vide, pour suspendre l'équilibre du monde : c'est Léa quand elle danse, c'était sa mère quand elle devait "aimer" les hommes. Par une nuit d'orage en bord de mer, mère et fille acceptent enfin de briser les digues.
À l'université dans les années 1970, une jeune fille découvre la puissance formidable de l'amour.
D'un côté la joie qui emporte Judith vers Alain, le «meneur» convaincu de la lutte politique. De l'autre l'appartenance à une famille qui l'entrave, soumise à la tyrannie du père.
Ce roman est celui d'une tension.
Judith apprend à mettre en perspective sa «petite histoire» avec la grande, celle initiée par Mai 68.
L'entrée dans le monde de la littérature, de la pensée et de l'action politique lui ouvre un chemin de liberté. Jusqu'où ?
Le cirque les a abandonnés et la trapéziste qu'ils aimaient est morte. Hésior le magicien, Zeppo le clown et Nabaltar le soigneur de fauves échouent dans une cabane de chantier pour braver ensemble le temps qui passe et l'oubli. Ils sont trois dans une cabane entre village et décharge, trois hommes vieux sur lesquels le temps n'a plus de prise. Hésior, le magicien, Zeppo, le clown, et Nabaltar, le soigneur de fauves, «trois coeurs collés ensemble, cette étrange chose vivante». Mais Mira, leur amante, est morte. le dompteur qui l'avait séduite aussi. Et le cirque ne veut plus de l'énigme des trois hommes. En dehors du monde, en dehors du temps, ils sont liés, par le désir toujours vif qui les anime. Livrés à d'étranges tâches : Zeppo vole au village des albums de photos, les remet en ordre à l'envers, finissant par les nouveau-nés, Nabaltar accouche la peine des arbres la nuit et Hesior construit une porte, veille au dedans et au dehors, contient l'hostilité du village. Unis par leur trésor commun, le coffre contenant le dernier costume de scène de Mira, ils se retrouvent pour fabriquer ensemble de fausses reliques qu'ils enterrent au pied des églises, des maisons. Parce que la foi ne conduit pas qu'aux saintes, qu'il n'y a pas de grand ou de petit ravissement. Composé dans une langue à la grâce enivrante et au lyrisme brûlant, ce roman brave la mort au nom de l'amour fou. Un texte dense et vibrant, une authentique expérience poétique.
Même les Chinoises n'ont plus les pieds bandés.
En 1920, une jeune fille refuse de porter le corset. De voir le monde et l'horizon se réduire à sa maison. De céder sous la menace de sa mère de lui enlever ses livres. Elle les cachera mais ne se soumettra pas.
Le Ramadan de la parole De nos jours, blessée par l'attitude irrespectueuse des garçons, une ado décide de faire le «ramadan de la parole».
«C'est quoi ce monde où il faut toujours craindre ? (...) Je ne veux plus participer à ce langage qui fait de nous des bêtes de crainte. Je me lave de toutes ces insultes qu'on entend, de tous ces gestes obscènes, de tous ces interdits qu'ils jettent sur nous pour se protéger de leurs désirs.» (extrait) À l'affiche Une jeune fille se révolte contre sa mère qui a vendu son corps pour une affiche publicitaire.
Deux monologues au style direct sur l'isolement et la trahison le lien et la culpabilité. Un homme et une femme en proie à des doutes fondamentaux sur leur existence s'adressent à nous avec autant de colère que de tendresse.
JE VIS SOUS L'oeIL D'UN CHIEN :
Un professeur de philosophie se livre à un monologue chahuté. Entre deux verres de whisky, il nous raconte son histoire à travers quelques pensées existentielles. Son père vient de mourir dans un accident de voiture. L'heure est alors venue de ranger la maison familiale. C'est là qui fait la surprenante découverte d'un revolver. Il n'aurait jamais soupçonné que son père, également professeur de philosophie de son vivant, ait pu posséder une arme. Mais il ne pourra alors plus répondre à la désormais si cruciale question Pourquoi possédait-il un révolver ? Sous-entendu : Qui étais-tu mon père ? L'homme expérimente l'énigmatique objet en tirant sur un chien, créant ainsi une sorte de regard permanent sur son existence, comme si le chien s'en faisait désormais le seul témoin. L'homme n'ayant pas d'enfant, il est aujourd'hui sans famille, avec ce révolver entre les mains.
Tel un monologue intérieur ce texte nous ramène à nous-même. Avec autant de gravité que de malice il nous rattrape sur nos repères personnels. En avons-nous vraiment ? Tout n'est-il pas vrai et faux à la fois ? Avec cette force de pouvoir en faire le constat d'une solitude immense tout en l'armant d'une grande affection.
L'HOMME DE LONGUE PEINE:
Édith, une femme peintre d'une quarantaine d'années a accepter de participer à un programme d'échange et de soutient avec un détenu. C'est Marianne, sa galeriste et amie depuis de nombreuses années qui l'en a persuadées, espérant faire ainsi naître en elle une recherche nouvelle de sa pratique artistique. Mais ces entretiens réguliers avec le prisonnier n°300414 va bouleverser sa vie, la faisant désormais se sentir coupable de sa liberté, pourtant légitime, et s'emprisonnant à son tour dans cette culpabilité. Partie au bord de la mer quelques temps pour préparer sa prochaine exposition elle y réalise un tableau qu'elle envoie à la prison, mais le détenu le lui renverra sans autre explication que celle qu'il ne désire plus la revoir. Cet événement va alors faire ressentir un doute immense sur son travail, elle est sur le point d'annuler son exposition. Mais finalement elle décide de dédier l'exposition à ce détenu qu'elle ne reverra plus, qui lui a permis de peindre comme jamais.
Comme une longue phrase, ce monologue nous entraîne dans les émotions de cette femme artiste - au rythme de sa pensée - du désespoir au renouveau, en passant par la culpabilité, le doute et la colère envers ce détenu à la fois si intime et inconnu. Ou comment une rencontre peut révolutionner la vie d'un artiste.