" A peine visibles, fragiles. attachées à la représentation sans pourtant céder à ses séductions, les oeuvres de Cerino sont délibérément maintenues dans une certaine raideur (rigor) que d'aucuns pourraient juger austère. Touchant à la question de la représentation des plus faibles, le peintre est extrêmement attentif à ne pas tomber dans ce qu'il appelle la " suresthétisation ". " Les corps vulnérables de Jean-Marc Cerino effacés lentement par les superpositions de cire translucide sont autant d'images d'absents dans un monde trouble, silencieux et " somnolent dans lequel le rêveur s'enfonce et se perd ". Hommages aux philosophes, mais aussi aux mendiants, déportés et immigrés, ces peintures confidentielles sans emphase ni pathos questionnent nos perceptions I par leurs sujets et leurs jeux sur les limites du visible, des oeuvres telles que Les invisibles ou Les rêveurs portent doublement leur nom.
Nicolas Guiet utilise des espaces inattendus et inusuels pour y créer et déposer ses oeuvres, des oeuvres entre peinture et sculpture.
Ce jeune artiste aux multiples influences (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni, Supports-Surfaces, Donald Judd, James Turrell) recherche la rupture visuelle et spatiale au travers de couleurs vives et pop et d'objets plastiques aux formes détournées. Jouant avec dextérité des notions de vides, pleins, angles, coins, haut ou bas, il en résulte un dynamisme et une ergonomie qui lui sont propres.
Au bord de... telle semble être la position qu'occupent ses oeuvres, à la frontière de l'abrupt, de la douceur, de la chute et de l'équilibre.
De l'abstrait de ses formes, se dessinent pourtant des figurations concrètes d'objets, d'animaux, ou d'arbre, mais ces dernières ne se laissent happer qu'au détour d'un angle de vue, à peine saisi, déjà évanoui.
Il en reste une vision ludique, joueuse et pleine d'humour, à l'énergie débordante et communicative.
Né en 1939, Pierre Buraglio construit depuis plus de quarante ans une oeuvre qui échappe à toute classification.
Entre abstraction et figuration, assemblages et dessins, son travail se déroule dans un dialogue constant avec la peinture des maîtres anciens sans renier la modernité d'une approche, et lui confère une place singulière sur la scène artistique contemporaine.
Pierre Buraglio s'attache à dépouiller la peinture, à l'écorcher pour exprimer sa substance, au-delà de l'anecdote et de l'accessoire. Ses oeuvres récentes se signalent par leur extrême économie de moyens - une recherche concrète de l'essentiel - et par la qualité de leur présence.
Une présence qui s'imposait déjà dans les années soixante-dix devant les assemblages de paquets de cigarettes.
Buraglio agrafait, camouflait, recouvrait, badigeonnait, juxtaposait, recyclait.
Refusant la linéarité du temps, il dessine et peint des formes archétypales, des paysages et encore des fenêtres...
Si caractéristiques de son oeuvre.
La galerie Jean Fournier a choisi de montrer une série particulière dans l'oeuvre de Simon Hantaï intitulée « Panse » qu'il développera de 1964 à 1965. Cette exposition poursuit celle qui vient de se terminer au LAM de Villeneuve d'Ascq intitulée Déplacer, déplier, découvrir qui présentait une importante salle d'exposition consacrée également à cette série spécifique de l'oeuvre de Simon Hantaï. Hantaï introduit en 1960 la « méthode » du pliage. Quatre années plus tard apparaissent donc ces toiles - peu ou mal connues encore aujourd'hui - qui reflètent la nécessité chez l'artiste d'un retour à l'embryonnaire, au cellulaire, à la saucisse cosmique d'Henri Michaux et un refus de solution formelles préconçues. La toile est nouée aux quatre angles, en un sac informe, avant d'être peinte et pliée plusieurs fois, puis tendue. Les formes obtenues flottent dans un espace non peint. Tandis qu'à l'époque le public accueillera défavorablement ces oeuvres, c'est à travers cette suite précisément que de nombreux jeunes artistes vont alors s'intéresser de plus en plus à l'oeuvre de Hantaï qui deviendra une figure incontournable, à l'instar de Daniel Buren, Pierre Buraglio, Jean-Michel Meurice et Michel Parmentier.
Née en 1960, Frédérique Lucien a toujours été attentive à la nature, au végétal. Elle la contemple et y puise le prétexte à son travail. Entre une abstraction et une réalité qui ont perdu toute frontière, toute limite discernable, les estampes, peintures, dessins et installations de l'artiste se déploient en des séries qui naissent les unes après les autres. À partir de techniques et de médiums différents - céramiques, crayons, gouaches, découpes de toile.- Frédérique Lucien questionne la ligne, sa fragilité, sa légèreté, la contradiction qui émane d'elle engendrant à la fois le plein et le vide. Simples mouvements de lignes, couleurs monochromes qui jouent de découpes et de vides, curieuses taches d'encre noire qui renvoient le regard à quelque chose d'informel et d'organique, multiplication, déclinaison formelle, les oeuvres de Frédérique Lucien traduisent les tensions, mouvements, énergies, relevant d'un principe vital, et dont il ne reste que le trait, l'empreinte, la trace de vie.
Les oeuvres récentes viennent conforter, ouvrir et intensifier un processus artistique en germe depuis 1990. Depuis vingt ans, Frédérique Lucien assemble, détourne, fait jouer les uns avec les autres les mêmes motifs et les mêmes obsessions.