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«Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail.»
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«J'ai retrouvé ce journal dans deux cahiers des armoires bleues de Neauphle-le-Château.Je n'ai aucun souvenir de l'avoir écrit.Je sais que je l'ai fait, que c'est moi qui l'ai écrit, je reconnais mon écriture et le détail de ce que je raconte, je revois l'endroit, la gare d'Orsay, les trajets, mais je ne me vois pas écrivant ce Journal. Quand l'aurais-je écrit, en quelle année, à quelles heures du jour, dans quelles maisons? Je ne sais plus rien. [...]Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m'épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver.La douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot «écrit» ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d'une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte.»Marguerite Duras.
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Hiroshima mon amour ; scénario et dialogues
Marguerite Duras
- Folio
- Folio
- 18 Janvier 1972
- 9782070360093
Réalisation d'Alain Resnais
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L'histoire de Lol Valérie Stein commence au moment précis ou les dernicres venues franchissent la porte de la salle de bal du casino municipal de T. Beach. Elle se poursuit jusqu'´r l'aurore qui trouve Lol V. Stein profondément changée. Une fois le bal terminé, la nuit finie, une fois rassurés les proches de Lol V. Stein sur son état, cette histoire s'éteint, sommeille, semblerait-il durant dix ans.
Lol Stein se marie, quitte sa ville natale, S. Tahla, a des enfants, paraît confiante dans le déroulement de sa vie et se montre heureuse, gaie. Aprcs la période de dix ans la séparant maintenant de la nuit du bal, Lol V. Stein revient habiter ´r S. Tahla ou une situation est offerte ´r son mari. Elle y retrouve une amie d'enfance qu'elle avait oubliée, Tatiana Karl, celle qui tout au long de la nuit du bal de T. Beach était restée auprcs d'elle, ce qu'elle avait également oublié. L'histoire de Lol V. Stein reprend alors pour durer quelques semaines.
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«J'ai appris qu'il était mort depuis des années. C'était en mai 90 (...). Je n'avais jamais pensé à sa mort. On m'a dit aussi qu'il était enterré à Sadec, que la maison bleue était toujours là, habitée par sa famille et des enfants. Qu'il avait été aimé à Sadec pour sa bonté, sa simplicité et qu'aussi il était devenu très religieux à la fin de sa vie.J'ai abandonné le travail que j'étais en train de faire. J'ai écrit l'histoire de l'amant de la Chine du Nord et de l'enfant:elle n'était pas encore là dans L'Amant, le temps manquait autour d'eux. J'ai écrit ce livre dans le bonheur fou de l'écrire. Je suis restée un an dans ce roman, enfermée dans cette année-là de l'amour entre le Chinois et l'enfant.Je ne suis pas allée au-delà du départ du paquebot de ligne, c'est-à-dire le départ de l'enfant.»Marguerite Duras.
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«- Il n'y a pas de vacances à l'amour, dit-il, ça n'existe pas. L'amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances possibles à ça.Il parlait sans la regarder, face au fleuve.- Et c'est ça l'amour. S'y soustraire, on ne peut pas.»
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« Il faut toujours une séparation d'avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres. C'est une solitude essentielle. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c'était ce silence autour de soi. Et pratiquemment à chaque pas que l'on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu'elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour. Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l'écrit. »
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Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu. L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Étrange contradiction.De Sète à Tanger, de Tanger à Abidjan, et d'Abidjan à Léopoldville, leur recherche se poursuit.
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«Ce livre n'a ni commencement ni fin, il n'a pas de milieu. Du moment qu'il n'y a pas de livre sans raison d'être, ce livre n'en est pas un. Il n'est pas un journal, il n'est pas du journalisme, il est dégagé de l'événement quotidien. Disons qu'il est un livre de lecture. Loin du roman mais plus proche de son écriture - c'est curieux du moment qu'il est oral - que celle de l'éditorial d'un quotidien. J'ai hésité à le publier mais aucune formation livresque prévue ou en cours n'aurait pu contenir cette écriture flottante de "La vie matérielle", ces aller et retour entre moi et moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est commun.» Marguerite Duras.
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Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publiait en 1990 La pluie d'été. Ernesto, le héros, vit dans une famille nombreuse et pauvre : parents immigrés, chômeurs, mais son environnement ne l'empêche pas d'être un génie. La complicité entre Ernesto et sa soeur Jeanne les conduit à l'inceste. Ernesto est heureux dans le malheur de l'être. Ce qu'il vit est un bonheur contradictoire, douloureux. Le feu sous la cendre. La vraie chaleur et le seul espoir sont dans la complicité qui unit les membres de la famille.
Ernesto et Jeanne, après la pluie d'été qui marque la fin de l'envoûtement et de l'enfance, se sépareront.
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Nouvelle édition en 2014
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«Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête.Il demande : - Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit.Elle dit qu'elle regarde : - Je regarde.Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer.Elle dit : Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala.»
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Un homme et une femme font connaissance dans un jardin public. Peut-être assistons-nous à la naissance d'un amour. Mais là n'est pas l'essentiel : dans ces instants partagés, dans ces silences échangés, ils atteindront à la fois une forme d'exil absolu et une forme de communion profonde. La nuit peut venir. Le square peut fermer. Après Nathalie Sarraute, après Beckett, mais d'une façon totalement singulière et qu'elle ne renouvellera jamais avec une telle évidence, Marguerite Duras s'est délibérément placée sur le terrain du rien, de ce rien qui est la chose même, le coeur des choses, et dont Flaubert, le premier sans doute, avait rêvé l'avènement. Non qu'elle se révèle ici héritière du réalisme ou représentante patentée du Nouveau Roman, mais c'est bien dans cette zone de l'infiniment petit, patiemment défrichée par la modernité, qu'elle choisit de se situer.
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Saint-Tropez l'hiver. Dans la mélancolie d'une villa inhabitée, Suzanna Andler hésite entre son mari et son amant. Transcendant les codes du théâtre de Boulevard, Marguerite Duras offre le portrait bouleversant d'une femme en quête d'une impossible émancipation. « C'est une femme cachée, cachée derrière sa classe, cachée derrière sa fortune, derrière tout le convenu des sentiments et des idées reçues... Elle ne pense rien, Suzanna Andler. Mais j'ai essayé de la lâcher, de lui redonner une liberté. » Marguerite Duras Avec quatre photographies en couleurs du film Suzanna Andler de Benoit Jacquot.
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Ce texte est extrait du recueil Des journées entières dans les arbres (Folio)
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«Voici l'aurore, la nuit craque de tous les côtés. On la croyait éternelle. On aurait dû dormir. Puisque voici un nouveau, un immense jour jusqu'à ce soir. Tout est déjà passé. Tour est déjà passé de l'autre côté, déversé dans le gouffre où les jours s'entassent lorsqu'ils ont été vidés, et la mort de Jérôme, et ma vie qui traîne le long des années et de mon âge sans y entrer jamais.»
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«C'étaient des bonnes à tout faire, les milliers de Bretonnes qui débarquaient dans les gares de Paris. C'étaient aussi les colporteurs des petits marchés de campagne, les vendeurs de fils et d'aiguilles, et tous les autres. Ceux - des millions - qui n'avaient rien qu'une identité de mort. Le seul souci de ces gens c'était leur survie : ne pas mourir de faim, essayer chaque soir de dormir sous un toit. C'était aussi de temps en temps, au hasard d'une rencontre, PARLER. Parler du malheur qui leur était commun et de leurs difficultés personnelles. Cela se trouvait arriver dans les squares, l'été, dans les trains, dans ces cafés des places de marché pleins de monde où il y a toujours de la musique. Sans quoi, disaient ces gens, ils n'auraient pas pu survivre à leur solitude.» Marguerite Duras.
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Un homme et une femme. Ils se sont aimés, ils se sont déchirés, ils se sont quittés. Ils se revoient une dernière fois. Ils s'aiment sans doute à tout jamais. Il n'y a de musique amoureuse que funèbre, de rengaine érotique qu'ironique : c'est la musica. Les deux personnages de sa pièce connaissent bien cette musique-là. Dans le hall de l'hôtel d'Évreux où ils se croisent, alors qu'ils viennent tout juste de divorcer, ils se la fredonnent encore et encore. Si leur divorce les a libérés, c'est surtout leur amour qu'il a libéré. Vingt ans plus tard, Marguerite Duras reprend le sujet dans La Musica Deuxième. C'est peu dire, par conséquent, que les deux personnages de La Musica et de La Musica Deuxième occupent une place essentielle dans l'ensemble de l'oeuvre, dont ils sont l'un des couples amoureux les plus représentatifs.
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Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants-là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des Journées entières dans les arbres.
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Claire Lannes a assassiné sa cousine germaine, sourde et muette, a découpé son corps et en a jeté les morceaux dans les trains qui passaient sous le viaduc, à côté de chez elle. Arrêtée grâce au «recoupement ferroviaire» qui permet d'identifier le cadavre et de remonter jusqu'à la meurtrière, elle est enfermée. Un homme, dont on ne sait qui il est, sinon une voix qui cherche passionnément à comprendre, interroge son mari avant de l'interroger elle. Qui est cette femme? Pourquoi a-t-elle tué? Plongée au coeur des rnéandres de la psyché, quête passionnée aux bords de la folie, L'Amante anglaise ouvre la voie à un théâtre nouveau.
272 pages, sous couverture illustrée, 108 x 178 mm
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Nouvelle édition en 2014
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«Vous voyez, quelquefois, je faisais des articles pour les journaux. De temps en temps j'écrivais pour le dehors, quand le dehors me submergeait, quand il y avait des choses qui me rendaient folle, outside, dans la rue - ou que je n'avais rien de mieux à faire. Ça arrivait.» Marguerite Duras. Ce volume rassemble Outside et Le monde extérieur. Il réunit des articles de journaux, des préfaces, des lettres, des textes de Marguerite Duras, les uns publiés entre 1957 et 1993, les autres demeurés longtemps inédits : autant de fragments échappés à son oeuvre qui en forment une part complémentaire.
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Un bungalow colonial au mobilier banal, très usé, très pauvre. Autour, la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge. Cinq personnages. La mère s'assied sur un siège bas, les autres se groupent autour d'elle. Ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué. La mère restera immobile, lointaine, comme séparée de sa propre histoire. Tout ce qui pourrait être dit ici l'est directement par ses enfants Joseph et Suzanne, par le Caporal et Mr Jo qui l'ont aimée. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même, ni sur sa vie d'enseignante en Indochine, de pianiste à l'Eden Cinéma au temps du cinéma muet, ni sur son existence ingrate, ardue, d'après l'Eden Cinéma. «Elle était dure, la mère. Terrible. Invivable. Pleine d'amour. Mère de tous. Mère de tout. Criante. Hurlante. Dure...»
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«C'était donc onze heures du matin, au début du mois de juillet.
C'était l'été 80. L'été du vent et de la pluie. L'été de Gdansk. Celui de l'enfant qui pleurait. Celui de cette jeune monitrice. Celui de notre histoire. Celui de l'histoire ici racontée, celle du premier été 1980, l'histoire entre le très jeune Yann Andréa Steiner et cette femme qui faisait des livres et qui, elle, était vieille et seule comme lui dans cet été grand à lui seul comme une Europe.
Je vous avais dit comment trouver mon appartement, l'étage, le couloir, la porte.»