Robots autonomes, officiers connectés, reconnaissance génomique : les innovations mises au service de la police semblent sans limites.
Etats et entreprises privées avancent main dans la main pour développer un arsenal sécuritaire hypertechnologique, pas toujours efficace mais qu'un marketing intensif tente de rendre désirable. La « police du futur » ouvre des perspectives orwelliennes : il s'agit autant d'optimiser les équipements et les méthodes des forces de l'ordre que de poser les jalons d'un véritable panoptique policier qui a pour objectif d'aboutir à l'autocontrôle des populations.
Mais cette mécanique n'est pas implacable. Elle se confronte à des résistances collectives ainsi qu'à la montée en puissance de critiques de plus en plus radicales à l'égard de la police elle-même et de la société qui la produit.
Nouvelle édition au format poche, préfacée par Kaoutar Harchi et postfacée par Elsa Dorlin.
En décembre 1960, trois ans après la « bataille d'Alger », depuis les quartiers ségrégués et les bidonvilles, des manifestations populaires surgissent au coeur des villes coloniales d'Algérie. Alors que les techniques de contre-insurrection étaient censées avoir définitivement écraser la rébellion, les damné.e.s de la terre débordent les troupes française. Dans plus de 25 villes et pendant plus de deux semaines, un mouvement de révolte s'auto-organise pour saboter l'ordre colonial. La répression est impitoyable. Le pouvoir gaulliste déploie à nouveau l'arsenal contre-insurrectionnel et autorise les troupes à tirer dans la foule. C'est un massacre d'État qui restait jusque-là dissimulé.
Voici l'histoire du « Dien-Bien-Phu politique » de la guerre d'Algérie, une séquence largement marginalisée dans l'historiographie et les mémoires de la révolution algérienne.
L'auteur retrace l'évolution des représentations de l'ennemi intérieur dans la pensée d'état depuis les années 1960. Ce livre explique comment, des territoires colonisés aux quartiers populaires actuels, le pouvoir politique a régénéré un modèle de domination fondé sur la désignation d'un bouc émissaire socio-ethnique et la gestion de la peur dans la population. à travers l'étude de la lutte contre l'immigration et le terrorisme, il révèle l'évolution du contrôle intérieur et la mise en oeuvre d'un nouvel ordre sécuritaire.
L'état d'urgence décrété après les attentats de novembre 2015 vient souligner avec force les politiques sécuritaires déjà à l'oeuvre depuis de nombreuses années en France. Au regard de ces événements récents, Mathieu Rigouste analyse le nouveau modèle de militarisation du territoire qu'il qualifie de « rhéostatique », c'est-à-dire capable d'être en permanence nivelé, en fonction des besoins de contrôle social des classes dominantes. Il revient sur les origines coloniales de l'état d'urgence, et sur la manière dont le contrôle militaro-policier du territoire et la guerre menée à l'extérieur s'inscrivent dans une seule et même logique : celle du capitalisme de la sécurité et du business des marchands d'armes.
Cette étude historique inédite et d'ampleur sur le sujet, nourrie d'archives militaires, administratives, journalistiques mais aussi d'entretiens, nous plonge au coeur d'une lutte de libération et retrace l'histoire d'une victoire populaire sur la contre-insurrection.
En décembre 1960, des manifestations gigantesques surgissent depuis les quartiers les plus ségrégués des villes algériennes. Durant plusieurs semaines des cortèges organisés d'ouvriers en guenilles, de paysans déracinés, de maquisards blessés, de prisonniers à peine libérés, dont certains composés de femmes et d'enfants s'affrontent aux forces de l'ordre et repoussent les frontières de l'ordre colonial. La répression sera impitoyable mais cet événement marque un tournant de la révolution algérienne.
La violence policière n'a rien d'accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu'entre les brigades nord-africaines dans les bidonvilles de l'entre-deux-guerres et les brigades anticriminalité (les BAC) dans les "cités" actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant.
Il s'agit toujours de maintenir l'ordre chez les colonisés de l'intérieur; de contenir- les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes "non létales" - Flash Ball, Taser... - propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition. Rigouste montre comment l'expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l'intérieur des métropoles impériales.
Cette enquête, fondée sur l'observation des techniques et des pratiques d'encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment est assurée la domination policière des indésirables, des misérables et des insoumis en France.
L'auteur explique que la peur est un outil politique fondamental pour les classes dominantes. Transformée en marchandise, elle constitue le secteur d'activité d'idéologues organisés pour vendre ces produits aux gouvernements et aux complexes industriels. Le cas du haut fonctionnaire et consultant en sécurité Alain Bauer est notamment évoqué.
Nouvelle édition au format poche du livre de Mathieu Rigouste, Un seul héros le peuple, mettant en lumière une séquence largement oubliée et méprisée de la révolution algérienne, accompagnée d'un film documentaire inédit réalisé par l'auteur.
Ce travail éditorial et cinématographique, proposé ici sous la forme d'un coffret incluant la nouvelle édition du livre et le DVD du film documentaire, est le résultat de sept années de recherches, mettant à jour des archives jusqu'ici méconnues.