La chrétienté latine occidentale s'est dotée, du XIIIe au XVe siècle, de
nouveaux moyens. Une masse critique de transformations s'est alors constituée,
après la lente et méthodique descente le long des côtes de l'Afrique (cf.
L'expansion européenne, « Nouvelle Clio », PUF), mais tout explose et change de
1515-1520 à 1570... C'est la conquête (en Amérique), le contrôle côtier (dans
l'océan Indien) et pour plusieurs siècles l'exploitation des nouveaux mondes,
qu'ouvre la prépondérance européenne. Ce livre décrit, explique, mais surtout
il pèse : coût démographique sous l'effet dévastateur du choc microbien et
viral pour la première fois évalué, gain d'un surplus de 1 % du PNB pour
l'économie dominante, sans doute l'une des conditions lointaines du « décollage
» de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Pierre Chaunu était membre de
l'Institut, professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne.
Des conquistadores à une indépendance matinée de colonisation yankee, c'est toute l'histoire de l'Amérique latine qui est résumée brillament en 128 pages.
Le Temps des Réformes est bien autre chose qu'une nouvelle histoire de l'Eglise au temps de la pré-réforme et de la Réforme. Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, de la sensibilité, de la vie des doctes - universitaires, humanistes, érudits - et des humbles au temps des Réformes, largement entendu de 1250 à 1550. Mais ce livre est aussi une méditation sur les origines d'un système de civilisation héritier de l'Antiquité gréco-latine, de l'innovation technologique du Moyen Age, du message d'éternité du temps de la Loi, des prophètes et des apôtres, de la grande construction théologique des ive et ve siècles ; un système qui a duré un bon demi-millénaire et qui achève de se défaire sous nos yeux.
« Parler d'Amérique latine, c'est affirmer l'unité de ce monde, en opposition à l'Amérique anglo-saxonne, et des 215 millions d'hommes qui parlent dans leur immense majorité, plus ou moins déformées dans des bouches étrangères, les langues castillanes et portugaises. On pourrait écrire les histoires des Amériques latines, c'est l'histoire de l'Amérique latine que nous voulons écrire, parce qu'il faut choisir, parce que nous estimons aussi que l'unité l'emporte finalement sur la diversité. » Des conquistadores à une indépendance mâtinée de colonisation yankee, Pierre Chaunu nous retrace l'histoire d'une terre de 21 173 000 kilomètres carrés. Lucien Malson est docteur d'État ès lettres et agrégé de philosophie.
Dans la production récente sur la mort, ce livre est profondément original.
_ Par l'étendue de la documentation mise en oeuvre. Il s'appuie sur une immense enquête d'histoire sérielle. Elle a mobilisé une équipe de chercheurs pendant cinq ans. Un sondage représentatif a été effectué à travers le Minutier central des notaires parisiens aux Archives nationales, les estampes et les imprimés de la Bibliothèque nationale. Plus de 10 000 testaments, 1 500 inventaires après décès, toute la littérature de préparation à la mort, des milliers d'estampes, sans oublier les grands auteurs, ont été analysés d'une manière exhaustive. Cette documentation originale parle au nom des trois millions d'hommes et de femmes qui sont morts à Paris du début du XVIe à la fin du XVIIIe siècle.
_ Par l'insertion de cette masse d'informations nouvelles dans un essai vraiment global sur la mort. Pierre Chaunu part de la crise de la mort telle qu'elle est perçue au niveau des media depuis 10 ans et l'insère dans une réflexion qui va de la première tombe, du premier rite funéraire (il y a 40 000 ans) aux interrogations éternelles sur le trépas d'une conscience douloureuse de Soi sous le regard de la mort, de la Genèse à la crise des Eglises, des pyramides à Heidegger en passant par Platon, Origène, Dante et Tolstoï.
_ Enfin, à la différence de tant de livres, l'auteur se compromet. Il se place, délibérément, à l'intérieur de la conception judéo-chrétienne de la Mort, du " Tu mourras " de la Genése au " ... avec moi, aujourd'hui, dans le Paradis " de l'Evangile.
La liberté est-elle la première des « idées-forces » dans la civilisation judéo-chrétienne? C'est le point de vue de Pierre Chaunu dont la réflexion dans cet essai est aussi théologique qu'historique. Le concept de liberté est pour lui inscrit dans les premiers mots de la Genèse: « Au commencement Dieu créa ». Cette conception repose sur trois principes: Dieu est liberté - la Création est issue d'un acte libre de Dieu que ne limite aucune nécessité - Dieu s'adresse à l'homme comme à l'alter ego de sa propre liberté. Cette « liberté au ciel », Pierre Chaunu s'en fait l'exégète à la lecture de la Bible et de ses principaux commentaires: ceux de Luther et de Calvin, d'Erasme, comme ceux de saint Augustin et de Thomas d'Aquin.Mais la liberté, « cette notion immémoriale antérieure au mot qui la défend », a aussi une histoire. Elle commence avec le Ramapithécien qui se dresse sur ses pattes de derrière, elle est celle de la taille de l'outil, elle est acte créateur dans le temps vrai d'une vie sous le regard de la mort. Pierre Chaunu la replace au coeur des sociétés qu'il traverse avec érudition et passion: la Cité grecque, les guerriers du Moyen Age, les paysans parcellaires des XIIe et XIIIe siècles, ces « dix millions de décideurs tard mariés mais pour la vie », les persécutions religieuses à contre-courant du siècle de Louis XIV, la Révolution française qui a basculé sur la question religieuse et a sombré dans l'intolérance de 91 et la Terreur de 93 parce que « la valeur première de la Révolution est Egalité, dût-elle en coûter beaucoup en matière de libertés », le XIXe siècle des Libéraux pour qui la liberté est une valeur judéo-chrétienne de progrès.C'est en historien de la longue durée et de la continuité que Pierre Chaunu nous propose, avec la fougue qu'on lui connaît, cet itinéraire de la liberté « au ciel et sur la terre », « idée-force » dont il discerne les signes du retour dans la pensée d'aujourd'hui.
Pierre Chaunu est professeur d'histoire à l'Université de Paris-Sorbonne. Ses principaux ouvrages sont: Séville et l'Atlantique, La Civilisation de l'Europe classique, La Civilisation de l'Europe des Lumières, Le Temps des réformes, La Mort à Paris.
Dresse ici un vaste panorama de la pense religieuse qui est l'aboutissement d'une vie de recherches et de rflexion. Un ouvrage qui rpond aux incertitudes spirituelles de notre temps.