Allons-nous vers une Troisième Guerre mondiale ? Probablement pas mais notre avenir sera inévitablement marqué par la guerre, sous une forme différente néanmoins : cinquante nuances de guerre dans un monde qui se fragmente et revient à la logique du duché, du marquisat, du comté, du califat... La mondialisation a créé plus de fragilité et donc plus de volonté sécessionniste, séparatiste, sectaire.
La civilisation est en recul au profit d'une envie de barbarie et de tyrannie qui pollue nos sociétés. Le chacun pour soi, le repli tribal, le retour des idéologies messianiques qui caractérisent notre temps engendrent aujourd'hui une spirale inflationniste violente. Une spirale infernale qui alimente ceux qui veulent en découdre et affaiblit ceux qui veulent coudre ou recoudre des relations pacifiées.
Face à la montée des extrémismes et du repli identitaire, la France et l'Europe, par leur histoire, leurs valeurs, leur organisation, et leur puissance potentielle représentent l'un des rares antidotes à ces maux qui nécessitent un traitement militaire et sécuritaire, bien sûr, mais surtout politique, au sens le plus large du terme. En revanche, si l'Europe se fracture et se fissure à son tour, la guerre ajoutera rapidement de nouvelles teintes à son nuancier...
Cela fait maintenant plusieurs décennies que les guerres n'en font qu'à leur tête. Elles n'obéissent plus aux partitions classiques d'hier : État contre État, armée contre armée. Elles sont baroques et en perpétuelle transformation. On ne sait même plus comment les nommer. Dans ce brouillard, un constat s'impose : le domaine de la guerre est en pleine expansion. Ce cancer provoque bien moins de victimes que les grands modèles du XXe siècle. Mais il est terrifiant par son caractère mutant. Les guerres nouvelles touchent avec prédilection les civils, ici et là-bas, et elles vont durer bien plus longtemps que la Première et la Seconde Guerre mondiale réunies.
Cette guerre d'un nouveau genre concerne désormais cinq des six continents, se joue aussi bien sur le terrain que sur la Toile, enrôle dans le même camp des fous de Dieu et des laïcs, mobilise des familles entières qui partent faire le djihad, transforme de « gentils garçons » en tueurs fanatiques. Nos repères vacillent : des bandes armées bâtissent au nom d'Allah un proto-État en Mésopotamie ; la Russie, membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, soutient des militaires sécessionnistes en Ukraine et intervient à sa guise en Syrie. Fondamentalistes religieux et ultranationalistes se marient pour donner naissance à des « Messianistes » qui entendent faire l'Histoire à leur façon. Ne détournons pas les yeux. La guerre est de retour ! Nous sommes désormais tous concernés par ses grimaces.
Alexandre Plainlevé est depuis son plus jeune âge passionné par l'Histoire et les traces laissées par les anciens vivants. Enfant, il adore mener des explorations dans le grenier de sa grand-mère et est particulièrement fasciné par tout ce qui est militaire. Devenu professeur d'histoire, il tâche d'intéresser des classes parfois difficiles à sa matière en apportant lors de ses cours des objets du temps passé.
À Montpellier, où il a été nommé après plusieurs années d'enseignement et un divorce express, il vit seul, peu ancré dans le temps présent, rédigeant quelques ouvrages pour un petit éditeur. Il chine chez les brocanteurs et notamment chez M. Licorne, un homme assez sauvage à qui il a donné ce sobriquet car sa boutique capharnaüm est encombrée de représentations sous toutes ses formes de l'animal fabuleux. Habituellement renfrogné, l'antiquaire adresse un jour la parole à Alexandre : il l'a vu parler de son livre à la télévision et le félicite d'avoir traité du problème de la responsabilité et de l'engagement en temps de guerre. Il lui soumet une énigme en lui montrant une barrette de décorations allemandes de la Première Guerre mondiale qui comprend également une médaille russe impériale. Une aberration historique ! S'il en perce le secret, l'objet sera à lui.
Extrêmement intrigué, Alexandre fait des recherches et découvre tout un épisode de la Première Guerre mondiale qu'il ignorait. M. Licorne lui offre alors la médaille qu'il lui avait promise et lui fait don également d'une bible et de photos faisant partie du même lot. Cette bible recèle des feuillets écrits de la main d'un Allemand emprisonné. Alexandre les soumet à une de ses collègues germaniste, Clara, et ils sont électrisés par ce qu'ils découvrent : une confession rédigée par un ancien officier devenu diplomate du IIIe Reich, à la veille de son exécution en 1946. Karl Aulick, soldat en 1914-1918 puis lieutenant d'Hitler, y déroule le parcours qui l'a mené dans un cachot de Budapest à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au fur et à mesure de la traduction de ce testament, une histoire d'amour se noue entre les deux enseignants et d'autres secrets - à propos de Clara ou du mystérieux M. Licorne - viennent au jour...