Ce choix de textes permet de comprendre l'importance de l'oeuvre entière, l'originalité et l'actualité de la démarche philosophique et l'unité de pensée d'un philosophe à la fois moraliste, artiste et poète. Une introduction indispensable à l'oeuvre de Schopenhauer pour "la rendre accessible aux lecteurs sans trahir l'auteur".
Table des matières La vie et l'oeuvre de Schopenhauer par André Dez Première partie : Le monde comme représentation : Les avertissements aux lecteurs -- Les fondements de cette philosophie -- La théorie de la représentation intuitive -- La doctrine de la représentation abstraite Deuxième partie : Le monde comme vouloir-vivre : Comment la chose en soi est connaissable -- L'objectivation du vouloir-vivre dans la nature -- Les manifestations progressives du vouloir-vivre -- La poursuite sans but Troisième partie : L'art ou le monde contemplé, première libération du vouloir-vivre : L'état de pure connaissance -- Le génie -- Le sublime -- Les beaux-arts -- L'art est la floraison de la vie Quatrième partie : La morale pessimiste ou le monde transformé : Le vouloir-vivre et la mort -- L'affirmation du vouloir-vivre -- La négation du vouloir-vivre. "La guerre à mort faite à l'égoïsme" -- Le néant. "Le terme où aboutit la négation du vouloir-vivre -- Une philosophie de l'expérience en son entier Index
L'innocente jeunesse se rend à l'université pleine d'une confiance naïve, et considère avec respect les prétendus possesseurs de tout savoir, et surtout le scrutateur présomptif de notre existence, l'homme dont elle entend proclamer avec enthousiasme la gloire par mille bouches et aux leçons duquel elle voit assister des hommes d'etat chargés d'années.
Elle se rend donc là, prête à apprendre, à croire et à adorer. si maintenant on lui présente, sous le nom de philosophie, un amas d'idées à rebours, une doctrine de l'identité de l'être et du non-être, un assemblage de mots qui empêche tout cerveau sain de penser, un galimatias qui rappelle un asile d'aliénés, le tout chamarré par surcroît de traits d'une épaisse ignorance et d'une colossale inintelligence, alors l'innocente jeunesse dépourvue de jugement sera pleine de respect aussi pour un pareil fatras, s'imaginera que la philosophie consiste en un abracadabra de ce genre, et elle s'en ira avec un cerveau paralysé oú les mots désormais passeront pour des idées, elle se trouvera donc à jamais dans l'impossibilité d'émettre des idées véritables, et son esprit sera châtré.
« La majeure partie des livres est mauvaise, et on n'aurait pas dû les écrire. » Avec toute la rigueur du philosophe et son humour assassin, Arthur Schopenhauer s'insurge contre les auteurs, les traducteurs, les journalistes de son époque, ceux qui parlent pour ne rien dire, imposent le prêt-à-penser.
Une plaidoirie implacable et une leçon de style mordante.
Traduit de l'allemand par Auguste Dietrich.
Dans l'esprit de "L'Art de se connaître soi-même", "L'Art de vieillir" présente un choix d'aphorismes et de brèves réflexions tirés des cahiers où le philosophe, né en 1788, a consigné idées et humeurs entre 1852 et sa mort en 1860. Dans ces "Senilia", il ne se contente pas de réfléchir à la vieillesse et au vieillissement. Sa pensée demeure alerte et vagabonde, et embrasse de nombreux thèmes, des sciences aux religions, en passant par les relations entre les sexes.
L'art de la discussion, c'est l'art de la guerre.
38 stratagèmes d'attaque et de défense simples à appliquer : généraliser à outrance la thèse de l'autre, créer des diversions, attiser la colère de son adversaire... L'Art d'avoir toujours raison donne au lecteur les règles d'un jeu passionnant, où le langage est maître. Où l'habileté des mots et la ruse sont nos meilleures armes pour finir toujours vainqueur.
Traduit de l'allemand par Dominique Laure Miermont
Vous avez tort mais refusez de l'admettre ? Avec humour et perspicacité, ce petit précis recense et analyse les stratagèmes et les ruses pour sortir vainqueur de tout débat, dispute ou joute verbale. Schopenhauer se livre à une savoureuse réflexion sur le langage et la dialectique, pour le plus grand plaisir des amoureux de la contradiction.Ces conseils, aussi précieux que sarcastiques, sont suivis de deux essais incisifs sur la pensée et la lecture : les livres nourrissent-ils notre réflexion, ou nous empêchent-ils de penser par nous-mêmes ?
Personnage ombrageux, taciturne et pessimiste, Arthur Schopenhauer est cependant l'auteur d'une oeuvre qui défend l'épanouissement et le génie de l'individu contre les maux de la société. Dans un monde où les hommes oscillent entre «l'ennui et la douleur», le chemin de la félicité ne semble pas tracé d'avance... La voie qui se dessine au gré des textes rassemblés dans ce recueil est celle d'un état de neutralité qui permettrait de s'affranchir de la souffrance et de vivre avec les coups du sort. Tour à tour satiriques, mordantes et revigorantes, ces réflexions pragmatiques sont issues des Aphorismes sur la sagesse dans la vie.
Ce volume est un petit traité de sagesse pratique pour atteindre la félicité. Comment se fait-il que le maître du pessimiste moderne, Arthur Schopenhauer, ait entrepris une telle aventure ? C'est que la philosophie théorique est une chose, la sagesse vécue une autre : on ne doit pas abandonner tout espoir et se priver de maximes et de conseils pour contrer les difficultés dont l'existence n'est pas avare. La conviction pessimiste que la vie de l'homme oscille entre douleur et ennui invite à la lucidité pour vivre au mieux. Il importe de trouver des règles de vie pour écarter les maux de l'existence, supporter les coups du sort, atteindre sinon le bonheur parfait, du moins un bonheur relatif, celui qui consiste en l'absence de souffrance.
"L'innocente jeunesse se rend à l'Université pleine d'une confiance naïve, et considère avec respect les prétendus possesseurs de tout savoir, et surtout le scrutateur présomptif de notre existence. Elle se rend donc là, prête à apprendre, à croire et à adorer. Si maintenant on lui présente, sous le nom de philosophie, un amas d'idées à rebours, un assemblage de mots qui empêche tout cerveau sain de penser, un galimatias qui rappelle un asile d'aliénés, alors l'innocente jeunesse dépourvue de jugement sera plaine de respect aussi pour pareil fatras, s'imaginera que la philosophie consiste en un abracadabra de ce genre, et elle s'en ira avec un cerveau paralysé où les mots désormais passeront pour des idées." (Schopenhauer)
Cet écrit autobiographique de Schopenhauer se compose de 30 feuillets rassemblés dans un « cahier secret », sorte de journal intime tendant à la maxime, dont la publication fit l'objet d'une polémique à la disparition du philosophe.
Plus une réflexion générale sur la nécessité et la façon de se connaître, L'Art de se connaître soi-même reste centré sur la personne d'un auteur au pessimisme revendiqué, vécu au quotidien. Il justifie son éloignement du monde par la mission intellectuelle au service de la vérité dont il s'est senti tôt investi. Renonçant à se servir soi-même, il s'attache pour le bien de l'humanité à se détacher du monde. Comme le regard porté sur le monde n'est pas purement spéculatif, mais qu'il se pose sur l'environnement concret du philosophe, une ironie savoureuse est souvent convoquée pour mettre ce monde à distance. Ce texte est un bel exemple de regard ironique porté sur soi-même.
Quand l'artiste accompli «prête ses yeux pour regarder le monde», il nous offre l'opportunité de le voir enfin tel qu'il est, débarrassé des oripeaux du besoin et de l'utilité.
Dans ces deux suppléments au Monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer (1788-1860) montre comment le génie opère par dévoilement soudain : «Le talent, c'est le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher ; le génie, c'est celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir.»
Dans la " métaphysique de l'amour sexuel ", tirée du monde comme volonté et comme représentation, arthur schopenhauer (1788-1860) considère l'amour comme une ruse suprême de la volonté de vivre qui se sert de l'individu pour perpétuer l'espèce.
Avec un matin plaisir, le philosophe détruit une à une les illusions de la passion amoureuse. bien avant freud, le misanthrope amateur de jolies femmes insiste sur la puissante force motrice de la sexualité.
La philosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'«Essai sur le libre arbitre», traduit en 1877, il démontre que l'homme est incapable d'agir par lui-même et il relègue au rang de mirage cette mystérieuse faculté appelée libre arbitre. L'homme est prisonnier de lui-même. La seule liberté dont il puisse disposer est une reconnaissance approfondie de soi. Leçon que Freud, qui avait bien lu Schopenhauer, retiendra et qu'il appliquera sur un plan thérapeutique. Vision aussi très moderne de la condition humaine : les hommes sont responsables de ce qu'ils font mais innocents de ce qu'ils sont.
Pour Clément Rosset, auteur de la préface de ce volume, Schopenhauer est "le philosophe insolite par excellence". Il précise qu'une des singularités de cet auteur est la clarté et la lisibilité de son écriture, qualité peu fréquente chez les philosophes. L'influence de cette oeuvre se retrouve chez la plupart des intellectuels du XXe siècle qui considèrent Le monde comme volonté et comme représentation comme l'un des livres phare de la philosophie.
Il peut sembler qu'en publiant sous forme de livres séparés les deux textes de Schopenhauer intitulés Métaphysique de l'amour et Métaphysique de la mort, qui constituent deux chapitres des Compléments au Monde comme Volonté et Représentation, on aille contre les intentions de l'auteur, lequel nous avertit d'avoir, si on veut le comprendre, à lire intégralement tout ce qu'il a écrit. Cependant, cette exigence, qui est au fond celle de tous les philosophes, est en réalité moins impérieuse lorsqu'il s'agit de Schopenhauer. En effet, son oeuvre n'étant, comme il ne cesse de le répéter, que "l'épanouissement d'une pensée unique dont toutes les parties ont entre elles la plus intime liaison", cette pensée, partout latente, est partout décelable. On peut donc, beaucoup plus impunément que dans une philosophie déductive, détacher de la doctrine tel ou tel de ses fragments.
Aphorismes et Insultes présente la pensée de Schopenhauer sous ses modes d'expression favoris : l'insulte, l'apostrophe, l'imprécation.
On verra que, derrière la drôlerie apparente de ce choix d'insultes, perce la pensée sombre du philosophe sur les hommes et sur le monde. Sa gaieté de façade, relayée à chaque instant par le rire, un rire exterminateur, ne doit pas nous faire oublier le désespoir inguérissable du grand pessimiste.
Les Parerga et Paralipomena, titre grec qui signifie « Accessoires et Restes », connurent un immense succès en Allemagne à leur parution, en 1851, et furent traduits en France entre 1905 et 1912. Bien qu'ils comptent parmi les textes majeurs d'Arthur Schopenhauer, ils n'ont fait l'objet, depuis, que de parutions marginales. Ils offrent pourtant aux lecteurs de l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation un véritable kaléidoscope des grands thèmes traités par le philosophe : l'ennui, le désespoir, la bouffonnerie des comportements humains. Son pessimisme, qui lui fait dire que « la vie est une affaire qui ne couvre pas ses frais », connaît ici de nouveaux développements dans ses articles Sur le suicide ou Le Néant de la vie.
Schopenhauer propose un art de vivre pour remédier à la douloureuse condition humaine, sous la forme de conseils et de recommandations, comme de pratiquer avec prudence la compagnie de femmes. L'Essai qu'il consacre à celles-ci connut un vif succès auprès d'écrivains français tels Maupassant, Zola, Huysmans et tant d'autres dont Schopenhauer a nourri la misogynie.
Évoquant l'influence considérable de la pensée de Schopenhauer sur les créateurs de son temps, Didier Raymond souligne le paradoxe qui veut que son pessimisme ait eu sur beaucoup d'entre eux « les effets bénéfiques d'une libération longtemps attendue. Sa philosophie, écrit-il, confère enfin une certitude au sentiment de désespérance, d'extrême lassitude de l'existence ».
Par sa perspicacité philosophique et sa lucidité psychologique, comme par la clarté et la lisibilité de son écriture, cet ouvrage reste à cet égard un stimulant inépuisable.
Plus de trente ans après Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer propose une reprise dispersée mais fidèle des thèses de son oeuvre maîtresse avec Sur la religion et les Paralipomena (1851). En rapportant le coeur même de sa métaphysique à la doctrine de la transmigration des âmes, Schopenhauer prend position contre tout dogme religieux d'un commencement absolu du monde et contre celui de l'existence d'un dieu personnel. Il critique donc le judaïsme et le christianisme comme religions théistes, et c'est à la religion de l'Inde ancienne qu'il arrime définitivement sa théorie qui, comme elle, prône la soustraction au cycle des renaissances. Le bouddhisme, en particulier, représente pour Schopenhauer l'attestation la plus éclatante de sa métaphysique dans le champ religieux : il y rencontre une religion où chaque individu, à l'image du Bouddha, peut mettre un terme à l'affirmation de la volonté dans le monde, et atteindre par là à sa propre négation - le « nirvana ».
Ce texte, qui devait enfin apporter un relatif succès à son auteur, est l'un des dialogues fondateurs entre les pensées occidentale et orientale