Dans un monde qui produit de la terreur, de l'effroi, nous sommes parfois sidérés : le langage échappe, nous laisse sans mots. Et pourtant, ce qui nous fait, ce sont les mots, c'est l'effort de mettre en mots.
Tantôt, tantôt, tantôt est un relevé inédit de nos terreurs, une topologie de nos effrois intérieurs. Dans ce livre subtil et profond, Virginie Poitrasson écrit sur la peur, depuis la peur, en multipliant les perspectives et les registres. Son écriture toute en sensations convoque de singulières formes de conjuration et relève une nouvelle fois le pari de la littérature : trouver les mots pour dire le monde et la force qu'il faut pour l'habiter.
Quand l'écriture essaie à la fois d'être événement, retranscription, décryptage et réflexion.
De son imaginaire indiscipliné, aux structures narratives polymorphes, Virginie Poitrasson emprunte des bribes d'enfance, des amorces de contes, des figures féminines traversantes, des clichés désamorcés, des strates de fables contemporaines, tissant de nouvelles formes de discours qui interrogent notre subjectivité. Ce sont ces couches de texte où la formule magique - formule toujours informulée - est ce qui fait lien entre chaque page.
Cette formule se déploie entre les signes, dans l'interstice des phrases, naît et se forme dans l'entre-deux du texte. Elle est ce lien puissant tout à la fois de violence et de douceur qui nous anime et nous rattache les uns aux autres.
Ce livre composé de six parties questionne de différentes manières l'amorce de la pensée : Comment la pensée se construit-elle ? Comment reconstruire son cheminement ? Comment la création s'enclenche-t-elle ? Qu'est-ce qui l'active, la réactive ? Quelle(s) position(s) prendre pour produire, pour écrire ?
Une position qui est une position qui en est une autre propose comme point de départ cet énoncé : Raconter une position, c'est un peu la trouver. Et ce, avec un esprit vif tout en questionnement et ritournelles, avec humour, distance et dérision.
En questionnant l'amorce de la pensée, ce livre s'attaque à la face nord de la langue, sans chercher à résoudre, ni à simplifier. Par le biais d'anti-scènes notamment, ce texte restitue des rêves, des scènes issues de l'inconscient, là où la langue nous échappe complètement. Se mêlent à la fois la gravité (état sauvage) des actes et une certaine légèreté due à leur répercussion dans la langue qui les réordonnance.