Au coeur de la Forêt d'Ardennes vit, banni, un vieux Duc écarté du pouvoir. Rosalinde sa fille, Célia sa meilleure amie, et Orlando persécuté par son propre frère sont contraints de s'exiler également dans cet étrange lieu où toutes les métamorphoses, toutes les ambigüités deviennent possibles.
Ecrit en 1599, Comme il vous plaira aborde d'une manière faussement légère la question de la légitimité du pouvoir, que l'on retrouve dans les plus grands opus de Shakespeare de Hamlet à Macbeth. Mais, dans cette comédie pastorale, la légitimité sera finalement restaurée grâce à la ruse du simple déguisement ; derrière la convention théâtrale, la confusion des sexes fait de cette pièce une des plus mystérieuses de Shakespeare.
Cette comédie ne pouvait que séduire l'auteure Cécile Ladjali dont le thème de l'androgyne hante l'oeuvre romanesque. Elle propose ici une version d'une belle clarté des fameux amours de Rosalinde et Orlando. Son choix audacieux du vers libre joue avec bonheur de la virtuosité de la langue shakespearienne et offre aux lecteurs comme aux comédiens une partition d'une extrême fluidité.
Représentée le 1er novembre 1611 devant la cour du roi Jacques Ier, La Tempête est une des dernières pièces de Shakespeare. Dans cette histoire d'amour et de pardon, les choses ne sont jamais ce qu'elles semblent être. Cette île est aussi mystérieuse que les personnages qui l'habitent : le magicien Prospéro, sa fille Miranda, l'esclave Caliban, ou encore Ariel, l'esprit des airs. Le bonheur de cette traduction d'Éric Sarner est d'en avoir retranscrit la richesse poétique, l'enchantement et l'humour. C'est le langage haletant ici qui l'emporte. Sans cesse le rythme déborde le sens, faisant de La Tempête une bourrasque heureuse et imprévisible.
« Je crois que le malheur peut flétrir les joues, mais il n'attaque pas l'esprit. » « Si le foie de ma femme était aussi infecté que son existence, elle ne vivrait pas plus longtemps que les minutes d'un sablier. » « Si je me suis trompé en échafaudant la conviction qui m'habite, alors la terre n'est pas assez solide pour supporter la toupie d'un écolier. » « Mais j'ai, ancrée ici, une blessure d'honneur plus brûlante qu'un ouragan de larmes. » « J'ai le sentiment que les dieux sont furieux de ce que nous nous apprêtons à faire et qu'ils nous jettent des regards noirs. » C'est un paysage onirique bouleversant que nous avons sous les yeux. D'une profondeur, d'une vérité à la fois troubles et infinies. Toute la pièce commence avec la jalousie du roi Léonte, comme un excès d'amour qui en un cillement se transforme en folie. Dès cet instant elle semble courir vers la catastrophe et l'écriture prend le rythme cataclysmique et malade de la psyché du roi.
Nous avons sous les yeux l'immensité du récit intime, le paysage diffracté de la douleur. C'est en cela que la pièce est une pièce-monde, qui nous révèle ce que nous sommes, en puissance, au plus profond de nous. Ce que nous perdons. Ce que nous retrouvons. C'est peut-être cela l'hiver du conte : le feu qui brûle sous la glace et qui s'apaise (peut-être) quand le Temps a accompli son oeuvre.
Sir John Falstaff, vieux chevalier naïf et jovial, désire courtiser Mistress Page et Mistress Ford, deux commères de la cour de Windsor. Il va pour ce faire envoyer à chacune la même lettre, se contentant de modifier la signature. Les deux femmes démasquent la manoeuvre de Falstaff, à son insu. Elles décident alors de se jouer de lui.
Cette pièce a été écrite par Shakespeare (1564-1616) en 1602 en moins de deux semaines à la demande de la Reine Elizabeth Ire, qui souhaitait à tout prix voir Falstaff personnage de Henri IV amoureux.
Baignée dans une atmosphère pastorale et champêtre où se mêlent farce et féerie, cette comédie de moeurs est l'une des plus légères et des plus originales de Shakespeare.
Richard II est au pouvoir, c'est un roi juste mais faible. Son cousin Bolingbroke - qui est également son rival pour le trône - accuse Mowbray, le duc de Norfolk, d'avoir tué leur oncle, Thomas de Gloucester, et détourné des fonds royaux. Richard II propose de régler le conflit en bannissant Mowbray à vie et Bolingbroke pour dix ans, confisquant la fortune de ce dernier pour partir en croisade en Irlande.
Pendant son absence, Bolingbroke envahit l'Angleterre et prend le pouvoir. À son retour, Richard II est abandonné par les siens, contraint de s'exiler à Flint Castle et d'abdiquer en faveur de son cousin qui prend le nom d'Henry IV. Il est assassiné à la prison de Pomfret. Henry IV, regrettant cet assassinat qu'il n'a pas commandité, se morfond sur la tombe de Richard II.
Shakespeare (1564-1616) écrit ce drame historique en 1595. Ce texte a longtemps été considéré comme subversif. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que sera accordé à cette pièce un intérêt théâtral et littéraire, et non seulement politique.