L'usage du monde est le récit d'un voyage qui dura dix-sept mois, au début des années 1950 de yougoslavie à l'afghanistan.
Depuis trente-cinq ans il ne cesse d'inspirer d'innombrables écrivains-voyageurs. la délicate préface d'alain dufour, l'ami éditeur, nous fait assister à la genèse et à la composition du chef-d'oeuvre de nicolas bouvier, alors qu'un choix de lettres et de reproductions illustre l'amitié de l'écrivain et du peintre vagabonds de par le monde. en l'honneur du 75e anniversaire de sa création, la librairie droz réédite à l'identique l'édition originale qu'elle a publiée en 1963, avec tous les dessins de thierry vernet.
Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d'alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l'accompagner jusqu'à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S'ensuit un rude voyage à travers l'arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d'espoir, et lui parle des sacrifices qu'il a concédés au nom de l'amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n'avait jamais vu, une histoire qu'il n'avait jamais entendue.
Voici l'histoire de Saul Indian Horse, un jeune Ojibwé qui a grandi en symbiose avec la nature, au coeur du Canada. Lorsqu'à huit ans il se retrouve séparé de sa famille, le garçon est placé dans un internat par des Blancs. Dans cet enfer voué à arracher aux enfants toute leur indianité, Saul trouve son salut dans le hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c'est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des 70's, jusque sur la patinoire.
On retrouve dans "Jeu blanc toute la force de Richard Wagamese : puisant dans le "nature writing et sublimant le sport national canadien, il raconte l'identité indienne dans toute sa complexité, riche de légendes, mais profondément meurtrie.
Franklin Starlight mène une existence solitaire au coeur de l'Ouest canadien. Jusqu'au jour où il recueille sous son toit Emmy et sa fille Winnie, prêtes à tout pour rompre avec une existence sinistrée.
En les emmenant dans la nature, en leur apprenant à la parcourir et à la comprendre, Starlight leur permettra de panser leurs plaies, de retrouver confiance. Mais c'est compter sans Cadotte, l'ex-compagnon d'Emmy, résolu à la traquer jusqu'aux confins de la Colombie-Britannique.
Dans ce roman lumineux, on retrouve Frank, le héros désormais adulte des Étoiles s'éteignent à l'aube.
A la morte saison, dans l'enceinte désertée d'un cirque à Vladivostok, un trio à la barre russe s'entraîne. Nino pourrait être le fils d'Anton, à eux deux, ils font voler Anna dans les airs. Ils se préparent au concours international de Oulan-Oude, visent le quadruple triple saut périlleux sans descendre de la barre. Si Anna ne fait pas confiance aux porteurs, elle tombe et ne se relève plus.
Dans ce troisième roman d'Elisa Dusapin, le lecteur retrouve son art du silence, de la tension et de la douceur. Son sens puissant de l'image nous rend le monde plus perceptible, plus proche sans pour autant en trahir le secret.
Madeleine Bourdouxhe (1906-1996) est romancière et nouvelliste. Elle connaît le succès avec son premier roman, La Femme de Gilles (1937), se lie d'amitié avec Éluard, Sartre ou Simone de Beauvoir. Nommée au poste de secrétaire perpétuelle à la Libre Académie de Belgique en 1964, elle s'impose définitivement comme une figure de la littérature belge avec la réédition de La Femme de Gilles en 1985, adapté en 2004 par Frédéric Fonteyne. Elle est aujourd'hui traduite dans un grand nombre de langues.
Le livre : « Le de´sir c¸a nai^t comme c¸a, d'un rien. » Quand Gilles se met à en aimer une autre, le monde d'Élisa vacille. Elle, « la femme de Gilles » qui n'existe que par l'amour absolu qu'elle porte à son mari, ne peut que se résoudre à se taire, souffrir, et espérer - car « le drame restant secret, il lui sera donne´ de tout reconstruire ».
Madeleine Bourdouxhe (1906-1996) dépeint, dans une langue bouleversante de justesse, l'intolérable rapport de soumission des femmes envers les hommes.
Une société britannique est mandatée pour construire un barrage forestier en Inde récemment indépendante. Dans le camp bâti sur le site se côtoient ouvriers britanniques et indigènes, dirigés par l'ingénieur en chef Clinton ; mais aussi les femmes des hauts cadres, notamment Helen, l'épouse de Clinton, que fascinent les conditions de vie des tribus locales, menacées par le chantier.
Malgré les recommandations des ingénieurs indiens, Clinton a décidé que la construction serait achevée en trois ans, mais il se heurte bientôt aux imprévus humains, aux accidents techniques et à la puissance implacable de la nature. Jusqu'à ce que la mousson arrive...
Kamala Markandaya raconte avec la même habileté les défis du chantier, les subtiles mécaniques sociales ou la rumeur incessante de la rivière.
À Sokcho, petite ville portuaire proche de la frontière avec la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n'a jamais mis les pieds en Europe rencontre un auteur de bandes dessinées venu chercher l'inspiration depuis sa Normandie natale. C'est l'hiver, le froid ralentit tout, la cuisine de poissons peut être dangereuse, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et les coups de crayon danser sur le papier :
Une attirance fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes.
Ce roman délicat comme la neige sur l'écume transporte le lecteur dans un univers d'une richesse et d'une originalité rares, à l'atmosphère puissante.
À Genève, où il est né, à Kyoto, qu'il a follement aimée, à Trébizonde, en Azerbaïdjan, à Ceylan et en Inde centrale, Nicolas Bouvier a toujours écrit de la poésie. « [Elle] m'est plus nécessaire que la prose, expliquait-il, parce qu'elle est extrêmement directe, brutale - c'est du full-contact ! » Pourtant il ne fit paraître qu'un unique recueil de poèmes, Le Dehors et le Dedans. Composé de 44 textes écrits entre 1953 (le départ en voyage avec Thierry Vernet) et 1997 (quatre mois avant sa mort), ce recueil est paru pour la première fois en 1982. Bouvier le retravaille à quatre reprises et autant d'éditions, il s'y met à nu : de tous les livres de l'écrivain, c'est celui qui propose la plus ample et la plus intime traversée de son existence.
Liv, une orpheline bègue « douée en rien », vit avec Zed, son frère, à Terre-desFins. Ville minière au bord du gouffre, le lieu ne doit sa survie qu'à la renommée internationale de Mitch Cadum, un artiste travaillant les pierres toxiques des mines.
Chaque mois, pour approvisionner « Terdef », un train chargé de marchandises arrive de la capitale : Liv et Zed le braque systématiquement pour se nourrir. Mais leur quotidien est surtout centré autour des graffitis que tous deux réalisent sur les wagons. Lorsqu'un jour, débarque à Terre-des-Fins une jeune femme brillante et ambitieuse, grande admiratrice de Mitch Cadum, la vie de Liv va changer du tout au tout.
Dernier de la famille dans un village de montagne grison, Chasper hérite de la vieille demeure familiale, ainsi que des lourdes dettes laissées par son père. Il devra les rembourser, s'il veut conserver la maison à laquelle il est viscéralement attaché. Mais Lemm, l'influent bistrotier du village, est décidé à s'emparer de la maison dont il pressent la grande valeur. La vallée alpine devient alors un huis-clos dans lequel se déploie ce roman de l'inéluctable : La Vieille Maison sublime la lutte d'un individu contre des forces qui le dépassent.
Air de la solitude (1945) se compose de 37 textes - tous publiés entre 1939 et 1944 à l'exception d'un inédit - où proses poétiques et brèves notes lyriques s'alternent pour former un tout cohérent et rythmique. Roud puise la matérialité de sa langue dans un quotidien dénué de tout apparat. Une musique naturelle, tactile, en découle et parcourt le recueil. Le titre annonce une variation sur les formes et expériences intimes de la solitude :
La différence, l'hiver et la nuit, les espaces désolés de la haute montagne, la guerre enfin, dont l'expérience a profondément marqué le poète.
Écrites sur le vif, les lettres qu'Ella Maillart a échangées avec ses parents pendant ses années de grands voyages, saisissent au vol ses humeurs du moment, annoncent les projets d'itinéraires, esquissent des réflexions sur l'Orient et l'Europe. Cette correspondance est accompagnée de photographies et complétée par des reportages écrits pour divers journaux et magazines. Un corpus qui plonge le lecteur dans la trépidante existence de la voyageuse : voile sur le Léman, fouilles en Crète, entraînement sportif et pérégrinations dans les montagnes d'URSS... Sans oublier le récit classé « confidentiel » d'une visite à Winston Churchill en 1936.
Phrases courtes, mot juste, lucidité et humour : le monde d'Agota Kristof infuse dans L'Analphabète, son seul récit autobiographique, paru pour la première fois en 2004 : onze chapitres pour onze moments de sa vie, de la petite fille en Hongrie qui dévore les livres à l'écriture de ses romans. Les premières années heureuses, la pauvreté après la guerre, l'amour des mots, la rupture du « fil d'argent de l'enfance », puis l'adolescence, et finalement l'exil, qui ne la conduit pas seulement hors d'un pays, mais surtout hors d'une langue.
Une jeune fille se travestit en homme pour servir aux côtés d'Ulysse. Le grand héros grec est conquis au point qu'elle entre avec lui dans les entrailles du cheval de Troie. Après la guerre, qui l'a mortifiée, elle débarque toujours avec Ulysse et ses soldats sur l'île du cyclope Polyphème. Après le fameux épisode, elle abandonne le Grec, qui la subjuguait tant, et redevient femme prête à ne plus jamais se sentir piégée comme elle l'a été auprès d'Ulysse. Alors elle accomplit, d'abord avec hésitation et profonds scrupules, puis avec détermination, la requête de la belle Shilo qui lui demande de crever l'oeil des trois derniers cyclopes mâles de l'île. Alors Shilo lui fera connaître l'amour.
Voici un texte pacifiste à la grâce austère, écrit par un homme à la gloire des femmes.
Lorsque la narratrice apprend que sa mère est malade, c'est avec évidence qu'elle l'accueille chez elle. Ce temps d'intimité est aussi celui d'une révélation, un secret de famille est exhumé. Stupéfaite, la narratrice se met à enquêter sur les abus dont les femmes de sa famille - dont elle - ont été victimes : leurs ramifications souterraines, leurs résonnances dans le monde qui l'entoure. Farell, son espiègle amoureux canadien, et Selma, une femme engagée pour laquelle elle éprouve une fascination puissante, l'accompagnent et la soutiennent. Un récit d'amour filial simple et pudique, raconté dans un quotidien qui, tout bouleversé qu'il soit, demeure ordinaire. La vie s'accorde finalement, au chant des sirènes.
En fine et douce observatrice, Marie Gaulis dresse quatre portraits, le destin de deux couples qui se succèdent dans un vieux château savoyard, décati, glacial, coûteux, plein d'obligations supposées, mais si charmant, si attachant.
Ce lieu familial fondé sur une terre amère, gorgée de rites ancestraux et sauvages, Marie Gaulis en raconte la lente décrépitude, sur plus d'un siècle ; mais une décrépitude nuancée par l'acceptation réjouie d'une nouvelle existence, hors ces murs: que ce soit la mort, légère, ou une renaissance, dans un monde contemporain, plus compliqué peut-être, mais plus vivant.
De retour d'Inde en 1946, Ella Maillart découvre Chandolin, juché à presque 2000 mètres dans les Alpes valaisannes. Désireuse de s'établir après des années de voyage, elle est fascinée par ce village « inondé de soleil et de silence, au sommet d'une épaule de montagne encadrée de mélèzes ». Elle s'y fait construire un modeste chalet en 1948 où elle passera désormais six mois par an. Au fil des décennies, Ella Maillart photographie le village, ses habitants, la vie religieuse et communautaire marquée par les traditions.
Associés à ces images d'une justesse vibrante, des textes d'Ella Maillart racontent la construction de la route qui dès 1959 relie Chandolin à la vallée, déplorent l'invasion des touristes, menace pour l'équilibre alpin, magnifient la montagne, sublime et dangereuse.
Antoine est emmené à l'alpage par Séraphin afin qu'il apprenne le métier. Il s'ennuie et ne pense qu'à Thérèse dont il se languit, ils viennent tout juste de se marier. C'est alors qu'un éboulement va ensevelir le héros de longues semaines. Antoine parviendra-t-il à se nourrir, à boire, à respirer ? À ne pas devenir fou ?
Inspiré de faits réels, Derborence est un roman de montagne. Une montagne brutale et belle; une montagne révélatrice de la fragilité et de la grandeur tragique de la condition humaine. Une montagne dont Ramuz cherchait à restituer la solitude et le silence.
Claire, qui vit en Europe, passe l'été à T okyo chez ses grands-parents. L'objectif de plus en plus lointain de ce séjour est d'emmener ces derniers en Corée renouer avec leur pays qu'ils ont fui pendant la guerre civile il y a plus de cinquante ans.
Claire partage son temps entre le quartier coréen de T okyo, l'appartement des grandsparents et le monde de la petite Mieko, dont elle doit s'occuper pendant les vacances d'été japonaises.
L'écriture précise et dépouillée d'Elisa Dusapin parvient à plonger le lecteur dans une atmosphère intime de douceur et de violence feutrée. Elle excelle à décrire l'ambivalence propre aux relations familiales : les cruels malentendus comme l'amour entre les personnages sont d'une puissante justesse.
Un accident de chasse, le procès, la prison. De retour au village, Simon doit affronter les regards, il faut être "endurant comme un âne pour vivre avec eux". Alors Simon accepte une tâche qu'on ne souhaiterait même pas au diable : une coupe de bois dans l'endroit le plus reculé et hostile de la région. Combat de l'homme avec la nature, ce texte est une histoire de solitude et de fureur dans une langue âpre et brûlante.
Le suicide de Jean-Luc Robille ponctue une vie marquée par la malédiction. Dans ce récit de 1908, Ramuz s'inspire du Valais archaïque qu'il a découvert en travaillant au Village dans la montagne. Sous son seul prénom, le protagoniste de Jean-Luc persécuté est devenu une figure universelle du malheur et de la folie. Introduction de Laura Laborie.
Les deux textes de théâtre réunis dans ce volume mettent en situation l'enfant et l'adolescent dans leur rapport avec le monde.
L'Etang est un texte de jeunesse que Walser offrit à sa soeur sous forme manuscrite. C'est la seule oeuvre que Walser ait écrite en dialecte. Elle met en scène le suicide simulé d'un adolescent, le jeune Fritz, qui ne se sent aimé de personne et voudrait reconquérir l'amour de sa mère. Ce récit clé préfigure la création future de Walser, maître des retournements subtils.
Les vingt-quatre épisodes de Félix, dialogues et monologues écrits en 1925, sont issus des microgrammes. Quelques traits d'une psychologie raffinée dépeignent avec humour l'éveil de la personne, sa rouerie distanciatrice dans l'affrontement avec les adultes et l'exercice de ses pouvoirs, les nuances de l'affirmation et de la conscience de soi. Le contenu biographique est évident, de même que dans L'Etang.
Entre 1941 et 1942, Friedel Bohny-Reiter (1912-2001) a travaillé au camp de Rivesaltes pour le Secours suisse aux enfants. Elle se donne corps et âme pour aider les jeunes internés, convainc l'administration de laisser sortir plusieurs prisonniers, lutte pour améliorer les invraisemblables conditions de vie du camp - quitte à enfreindre les règles. Le journal quotidien qu'elle y tient est une source historique rare et précieuse.