Littérature
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Dans le premier entretien, Arlette Farge revient sur son enfance et ses années de formation, qui l'ont transportée de Paris aux États-Unis: de ses études de droit aux manifestations des étudiants noirs sur les campus américains, et de son métier d'historienne à sa conscience féministe.
Elle nous guide dans le deuxième entretien à travers les archives judiciaires, qui sont la matière première de son travail, depuis sa première recherche sur le vol d'aliments en 1974. Elle évoque ce qui l'a lié à Michel Foucault, avec lequel elle a travaillé en 1982 pour écrire Le désordre des familles, sur ces personnes qui demandaient au roi l'enfermement d'un membre de leur famille.
Le troisième entretien est l'occasion de s'approcher encore plus près de l'historienne qu'est Arlette Farge. Pour elle, l'historien est comptable aussi du présent; il est un acteur politique dans la société. Elle montre en quoi le fait de redonner une voix à ceux que l'on a oubliés, condamnés, et qui ont souffert est un engagement, autant qu'un travail de recherche.
Dans le quatrième entretien, nous retournons au milieu des années 1970, au moment où Arlette Farge, de retour des États-Unis, a côtoyé le MLF, le Mouvement de Libération des Femmes, et nous suivons ainsi le cours de son engagement féministe dans le développement d'une histoire des femmes.
Enfin, il est question, dans le dernier entretien, de son écriture qui ne doit pas trahir l'époque, mais participer à la rendre vivante, toujours au creux de ce XVIIIe siècle qu'elle dit voir et entendre, quand elle fréquente ces archives. -
Il me faut te dire
Arlette Farge
- Editions Du Sonneur
- Ce Que La Vie Signifie Pour Moi
- 19 Janvier 2017
- 9782373850475
Aussi attentive à la marche du monde qu'attirée par les petites choses de la vie, Arlette Farge n'a pas hésité un instant à s'exposer: dire ce que la vie signifie pour elle.
Arlette Farge a le goût des autres, gens du passé, gens du présent. Aussi attentive à la marche du monde qu'attirée par les petites choses de la vie, cette irréductible fonceuse n'a pas hésité un instant à s'exposer : dire ce que la vie signifie pour elle. L'exploratrice des archives, toujours soucieuse du réel, fait ici acte d'imaginaire tout en nous offrant un de ses grands plaisirs : écrire des lettres, des vraies, avec un crayon et du papier. Prendre le temps de songer à une personne, lui faire part d'un rien joyeux, d'une émotion, d'une pensée, et d'une main vive, pétillante, chaleureuse, dessiner des phrases qui donnent sens et plaisir. Enfin, choisir un joli timbre et se rendre à la poste. C'est sa façon de faire lien, de prendre soin. Il me faut te dire est un recueil de lettres adressées à des personnes fictives - ou presque - un ami, un collègue, un petit-fils, un pauvre gars sorti tout droit de son xviiie siècle. Chez Arlette Farge, tout est source d'étonnement, d'émotion : paysage, film, bruits de la ville, couleurs, lectures ; tout mène à l'humain, geste, parole?; tout mène au partage.
S'approprier les mots d'Arlette Farge, c'est lire notre propre vie ; c'est bien là tout son talent : nous faire croire d'emblée qu'elle s'adresse à chacun d'entre nous. -
Les Fatigues de la guerre : XVIII? siècle - Watteau
Arlette Farge
- Gallimard
- 12 Avril 1996
- 9782070744367
Présente dans le récit historique et par là même souvent déréalisée, la guerre est toujours considérée comme un moment inéluctable aux conséquences inévitablement désastreuses. Prenant appui sur les trois grandes campagnes menées aux frontières françaises par la monarchie du XVIII? siècle, Arlette Farge saisit le conflit comme un objet spécifique, effet de mécanismes et de dispositifs explicables, c'est-à-dire, contrairement à l'opinion reçue, évitables. Elle inscrit la guerre dans des moments propres, retrouve sa scansion singulière : le recrutement, les marches, le campement, les malheurs et les ruines, la présence des femmes et leur désarroi... Fidèle à sa pratique, et à sa passion, de l'archive, elle le fait en s'appuyant sur les mémoires anonymes, les textes du quotidien et les correspondances retrouvées. Cette petite dramaturgie de l'ordinaire vient, dans Les fatigues de la guerre, prendre son sens dans la lecture tout à fait originale d'une suite de peintures peu connues de Watteau sur le thème de l'engagement militaire.
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Un ruban et des larmes ; un procès en adultère au XVIII siècle
Arlette Farge
- Éditions des Busclats
- 22 Septembre 2011
- 9782361660086
1779. Chose peu fréquente au 18e siècle, un ferblantier parisien fait un procès à sa femme pour adultère. Les pièces de l'accusation dénoncent chez l'épouse des pratiques et des faits qui n'appartiennent pas à son monde.
Alors qu'on est en milieu populaire, les témoignages dépeignent l'accusée comme sortie d'un tableau de Fragonard ou d'un roman libertin de Crébillon.
Les forfaits et débauches dont elle est accusée ne sauraient être les siens tant ils débordent de luxe, bijoux et autres signes de richesses, apanage des seules classes supérieures. Arlette Farge se livre à une analyse passionnée des mots transcrits dans les archives de police. Avec un vrai sens du suspense et une rigueur d'historienne, elle dévoile et éclaire des silences et des ombres du siècle des Lumières.
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Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne Tome 1
Arlette Farge, Eugène Durif, Pierre Bergounioux, Marianne Alphant
- Editions De La Sorbonne
- 20 Septembre 2018
- 9791035100841
Quatre écrivains, trente-quatre kilomètres linéaires de collections - une règle du jeu : ne choisir qu'un livre pour une rencontre avec la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne.
Car, quand la Maison des écrivains et de la littérature invite Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif à poser un regard intime et curieux sur la BIS, cela donne quatre inédits, quatre chemins dans le labyrinthe de ces collections d'excellence, dans les méandres de cette bibliothèque singulière et attachante, quatre voix narrant une histoire de traces et d'effacements, sorte d'archéologie intime révélant la richesse de ce fonds.
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Entre histoire et théâtre, La Nuit blanche raconte un fait divers de 1770. Pierre, un jeune homme de dix-huit ans, est rompu en place de Cambrai pour avoir entretenu de mauvaises rumeurs contre les notables de la ville. Et blasphémé contre le Roi.
Arlette Farge, historienne du XVIIIe siècle, auteur de nombreux ouvrages sur la violence à Paris et sur l'opinion publique, a publié en 1982 avec Michel Foucault Le Désordre des familles. Elle s'est aussi intéressée à la relation intrigante que la photographie entretient avec les siècles passés.
Guidée par un savoir intime des archives, Arlette Farge invente un langage pour restituer des scènes de vie ordinaire au XVIIIe siècle. La lumière, l'eau, la ville mobile et furtive sont happées par les mots de l'historienne qui recrée ainsi tout un univers visuel. Charlotte, la fiancée de Pierre, est la silhouette mutine qui accompagne la douleur de la mère et du fils.
La «nuit blanche» est la nuit précédant l'exécution d'un condamné.