La première édition française du Nom de la Rose parut en 1982. Pour marquer le 40ème anniversaire de ce succès spectaculaire, les éditions Grasset republient le roman d'Umberto Eco dans une nouvelle édition augmentée. Les croquis et les notes préparatoires de l'auteur ainsi qu'une postface de son éditeur italien Mario Andreose complètent ainsi une réédition élégante de ce livre-culte, et permettent au lecteur de se faire une idée de la genèse du projet romanesque.
Un bref rappel de l'histoire : Dans une abbaye bénédictine située entre Provence et Ligurie, un moine est assassiné. Nous sommes en 1327, et c'est dans ce lieu voué au silence et à la prière, admiré de tout l'Occident pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque, que va se dérouler l'enquête de Guillaume de Baskerville. Cet ex-inquisiteur se voit prié par l'Abbé d'éclaircir au plus vite les raisons de la mort d'un de ses moines, retrouvé sans vie au pied des murailles. Et tout se jouera dans l'enceinte de l'abbaye pendant sept jours...
Traduit de l'italien par Jean-Noël Schifano.
1984, le chef-d'oeuvre de George Orwell, fait partie des plus grands textes du XXe siècle. Les lecteurs de tous âges connaissent Big Brother et Winston Smith, car plus qu'un roman politique et dystopique, 1984 a nourri notre imaginaire sans jamais perdre de son actualité. L'atmosphère envoûtante et le dessin aux teintes fantastiques de l'illustrateur brésilien Fido Nesti, alliés à la modernité de la traduction de Josée Kamoun, nous offrent aujourd'hui une magnifique édition de 1984, la première version graphique du texte mythique d'Orwell.
Il s'agit d'un des événements éditoriaux les plus importants de l'année à travers le monde.
« Une version graphique somptueuse de ce chef-d'oeuvre d'Orwell. » François Busnel
Île est un voyage poétique où s'entrecroisent les générations. Nous découvrons l'histoire d'une jeune femme, danoise par son père et féroïenne par sa mère, qui rend visite à sa famille maternelle sur la trace de ses ancêtres. Elle fait partie de la troisième génération d'immigrés, celle qui est « à moitié chez elle dans son pays, à moitié chez elle dans son langage », une narratrice partagée entre le Danemark où elle vit et les Îles Féroé où se trouvent ses racines. En parallèle, nous découvrons le récit fondateur de sa famille et la traversée effectuée par sa grand-mère pour rejoindre son mari désormais installé à Copenhague. Afin de trouver du travail et bâtir un foyer sur le continent, ils ont laissé derrière eux leur vie insulaire et une partie de leur âme. Nous sommes dans les années 30 et la Guerre va éclater, le couple ainsi que leur fille, la mère de la narratrice, se retrouvent alors du mauvais côté de l'Histoire...
Entre mythes familiaux et nationaux, ce roman de l'entre-deux explore la question des origines ainsi que de l'héritage. En faisant alterner l'histoire des grands-parents de la narratrice et la quête identitaire de celle-ci, Siri Ranva Hjelm Jacobsen compose un premier roman d'une grâce bouleversante. Sa plume nous emporte dans un univers fabuleux où les maisons soutiennent les montagnes et où les pierres bourdonnent lorsqu'on les touche. Un merveilleux voyage aux Îles Féroé et dans l'intimité d'une jeune femme partagée entre deux cultures.
« Siri Ranva Hjelm Jacobsen fait partie des rares auteurs qui parviennent à créer de la magie à partir de presque rien. Elle saisit ce qui est vague et incompréhensible, l'inoubliable qui respire entre les mots, entre les personnages et les générations. Elle saisit ce qu'il y a de plus beau et de plus douloureux : la nostalgie du temps. Il ne s'agit pas d'une petite prouesse, mais d'un triomphe. » Jón Kalman Stefansson Traduit du danois par Andreas Saint Bonnet
Le journalisme a été la grande affaire de la vie de Gabriel Garcia Marquez. Ses années de formation ont été consacrées au métier de reporter qu'il exerçait avec une passion jamais démentie, et son oeuvre littéraire en découle dans une filiation revendiquée par lui. La présente anthologie rassemble donc 50 textes de la période journalistique de l'homme qui recevra le Prix Nobel de Littérature en 1982, et nous offre un éclairage passionnant sur le parcours du grand écrivain colombien. Le lien narratif entre journalisme et littérature semble évident à la lecture de ces textes courts, qu'il s'agisse de scènes de la vie quotidienne, de brèves histoires poétiques, de chroniques poli-tiques sur les Sandinistes et l'élite politique colombienne, ou de réflexions intitulées « Le fantasme du Prix Nobel » ou « Comment écrire un roman ». Un portrait de Hemingway, un autre de Fidel Castro, des évocations de Paris, Mexico ou Bogota complètent ce choix de textes dont on ne peut qu'admirer la hauteur de vue et surtout le rythme. Gabriel Garcia Marquez fut ce grand conteur de l'Histoire aussi bien dans ses romans que dans ses écrits dits journalistiques.
Après le succès international de son roman Appelle-moi par ton nom et de son adaptation cinématographique récompensée par un Oscar, André Aciman a eu envie de retrouver ses personnages et d'explorer leur destinée.
Cinq ans ont passé depuis la fin de l'histoire d'amour entre Oliver et Elio quand nous croisons Samuel, le père de ce dernier. A bord du train pour Rome, où il veut rendre visite à son fils, Samuel engage la conversation avec une jeune femme, nommée Miranda. A l'arrivée dans la capitale italienne, il n'oublie pas tout à fait Elio, mais il veut surtout passer du temps avec celle qu'il vient de rencontrer. Tous les deux possèdent de bonnes raisons de ne pas vouloir s'engager, et pourtant...
Cinq ans plus tard, nous retrouvons Elio installé à Paris. Sa carrière de pianiste l'occupe à plein temps. Lorsqu'un homme plus âgé l'aborde à la fin d'un concert, il est attiré et accepte de le revoir ; mais quelque chose le retient. Car le souvenir d'Oliver - qu'il croyait avoir oublié - lui revient avec force.
Ce dernier, encore quelques années après, vit entouré de sa famille et de ses collègues professeurs. Mais un soir de fête à New York, lui aussi ressent le besoin de renouer avec Elio, de l'entendre, et peut-être, de traverser l'Atlantique pour le revoir.
André Aciman excelle dans la peinture nuancée de nos sentiments et de nos contradictions. Comment définir la quintessence de la passion, comment faire face à ses variations ? Trouve-moi pose la question du grand amour et de la pérennité des sentiments alors même que la vie nous pousse dans d'autres directions.
Chilienne expatriée au Canada durant la dictature de Pinochet, Lucía Maraz porte encore les profondes cicatrices de son passé. Elle ne s'est jamais tout à fait remise de la disparition de son frère, au cours des premières années du régime, et a également dû affronter un divorce et se battre contre le cancer. Mais lorsque, professeur invitée à l'université de New York, elle s'installe dans l'appartement au sous-sol du brownstone de son collègue, le professeur Richard Bowmaster, elle entame ce nouveau chapitre de sa vie avec entrain et optimisme.
Plusieurs deuils ont plongé Richard Bowmaster, d'un tempérament opposé et rongé par la culpabilité, dans une profonde solitude qu'il ne supporte qu'en menant une vie monastique, se détournant le moins possible de la routine qu'il s'impose. Au coeur de la tempête de neige la plus importante que Brooklyn ait connu de mémoire d'homme, un banal accident de voiture aura pourtant raison de son ostracisme. Alors que Richard se retrouve face à la jeune femme - immigrée guatémaltèque sans papier - dont il vient de heurter le véhicule, il est contraint d'appeler sa locataire pour l'aider. Evelyn Ortega va alors leur révéler un secret qui les entrainera tous les trois plus loin qu'ils ne l'auraient imaginé, et entre confidences et révélations, liera leur destinée de manière inattendue.
Plus loin que l'hiver est certainement l'un des romans les plus personnels d'Isabel Allende, mais c'est aussi un livre ancré dans l'actualité puisqu'il aborde les thèmes de la migration et des identités. Se jouant des clichés et des préjugés, de New York au Guatemala, en passant par le Brésil et le Chili des années 70, Isabel Allende livre une très belle histoire d'amitié et de rédemption.
Au sud de Londres, quelques jours avant Noël, est retrouvé le cadavre d'une jeune femme étranglée. Le narrateur, Ander, officier de police, enquête sur le crime avec son assistant le grassouillet Gary. Suspect : M. Wolphram, voisin de la victime, ancien professeur de lycée en retraite. Il se dit innocent.
Au fur et à mesure que les interrogatoires se multiplient, Ander est pris d'un sentiment de déjà-vu. Il se remémore sa propre éducation dans un pensionnat privé connu pour ses problèmes de harcèlement : M. Wolphram y avait été un de ses professeurs. Solitaire et marginal, passant ses journées à écouter de la musique, il devient la proie de la presse à scandale et des réseaux sociaux. Ils le harcèlent d'injures. Le voici assassin, pédophile, à lyncher. Une journaliste sans scrupules alimente le scandale en publiant des témoignages biaisés sur celui qu'on surnomme désormais « le loup de Chapelton ».
Dans ce subtil mélange d'enquête et de remémoration, Ander en vient à se rappeler une autre affaire où Wolphram avait été mêlé, et où il s'était révélé bienveillant. Défaut majeur dans ce temps où les chiens des réseaux sociaux aboient et réclament la mort d'hommes vite désignés à leur vindicte. Au fait, coupable, l'est-il ou non, le gentil professeur ?
Dans la lignée du mystérieux et puissant Cent derniers jours, un faux livre policier, un vrai livre littéraire, dans la lignée de Graham Greene. Le roman du harcèlement.
Suite à l'insurrection menée contre les hommes, deux cochons règnent en maître sur la Ferme des Animaux. Napoléon et Boule de neige agissent au nom de la liberté pour régir une société nouvelle, égalitaire, où tous leurs Camarades seraient débarrassés de l'oppression des humains. Mais rapidement, des clivages apparaissent au sein de la classe dirigeante. Les intérêts personnels, la soif de pouvoir et les trahisons silencieuses risquent désormais de mettre à mal la grande révolution des animaux...
Initialement publié en 1945, La Ferme des animaux raconte les faiblesses humaines qui brisent les grandes idéologies et mettent en péril nos démocraties. Conte philosophique, allégorie d'une modernité saisissante, ce chef-d'oeuvre de George Orwell illustré par Odyr est une lecture plus que jamais essentielle pour décrypter les dangers qui guettent le monde d'aujourd'hui.
Après l'immense succès de l'adaptation graphique de 1984, l'autre roman culte de George Orwell est enfin publié en version illustrée, dans une nouvelle traduction inédite de Josée Kamoun.
« Je préfère les chiens aux êtres humains, les chats aux chiens, et moi plus que tous les précédents quand je suis saoul, en sous-vêtements, et debout devant ma fenêtre ». Charles Bukowski.
En 1969, Charles Bukowski, écrivain underground inconnu du grand public, fut projeté sur la scène internationale avec la parution du Journal d'un Vieux dégueulasse. Cette première édition n'avait repris qu'une quarantaine des chroniques qu'il avait écrites durant vingt ans ; certaines allaient ensuite nourrir Contes et Nouveaux contes de la folie ordinaire (1972), Au sud de nulle part (1973), Je t'aime Albert (1983), entre autres.
Le Retour du Vieux dégueulasse réunit en un volume celles qui seraient injustement tombées dans l'oubli. Cet ensemble constitue une espèce de gigantesque « roman à clef » grâce auquel Charles Bukowski a pu laisser vagabonder son imagination. Transgressant tous les tabous, il nous livre ses explorations de toutes les formes de sexualité, toutes les « perversions », toutes les « déviances ». Son humour permet à ses personnages, l'air de rien, « de laisser voir leur véritable nature ».
Niccolò Ammaniti est né à Rome en 1966. Il a publié, entre autres, Branchies (Editions du Félin, 1994), Dernier Réveillon (Hachette Littérature, 1997). Et je t'emmène (Grasset, 2001) Il vient d'obtenir, pour Je n'ai pas peur, le Prix Viareggio, un des plus grands prix littéraires en Italie.
Michele a neuf ans. Il vit dans un petit village du sud de l'Italie. C'est l'été, la canicule, et les adultes ne sortent de chez eux qu'à la nuit tombée. Les enfants jouent : des jeux parfois cruels... Pas question de perdre la face, lorsque Michele tombe dans un trou et y découvre un enfant de son âge attaché à un poteau, nu, les yeux fermés par des croûtes... Michele a peur mais ne parlera pas.
Il vit avec sa petite soeur et sa mère, une italienne qui s'emporte et câline. Il ne voit son guère son père camionneur.
Chaque fois que Michele retourne voir le petit garçon, c'est une expédition. Il lui apporte à manger, à boire, mais l'enfant est tellement affaibli qu'il ne voit pas comment le sortir seul de son trou.
Un soir, le père de Michele rentre à la maison accompagné d'un homme plus âgé. D'étranges réunions ont lieu dans le village : il y a des cris et des bagarres, on sort le gros calibre et on lève le poing. Michele découvre par la télévision que « l'enfant du trou » a en fait été kidnappé par son père et par ses amis...
Les ravisseurs, n'espérant plus toucher la rançon, sont en train de tirer au sort qui va exécuter le prisonnier...
« La vie n'est pas celle qu'on a vécue, mais celle dont on se souvient et comment on s'en souvient pour la raconter » écrit Gabriel Garcia Marquez en préambule de ce livre de mémoires d'enfance et de jeunesse.
Roman d'une vie où, à chaque page, l'auteur fait revivre les personnages et les histoires qui ont peuplé son oeuvre, du monde magique d'Aracatana à sa formation au métier de journaliste, des tribulations de sa famille à sa découverte de la littérature et aux ressorts de sa propre écriture.
De ce fourmillement d'histoires où les figures hors du commun, les rencontres, les nuits blanches tiennent la plus grande place, surgit peut-être le plus romanesque des livres de Gabriel Garcia Marquez. On y retrouve l'émerveillement de cette Colombie cruelle et fascinante où la nature, le pouvoir, l'alcool, les femmes et les rires ont un goût de folie : celui-là même de Cent ans de solitude et de L'amour au temps du choléra.
Né dans le Piémont en 1932, titulaire de la chaire de sémiotique de l'Université de Bologne, Umberto Eco a enseigné à Paris au Collège de France ainsi qu'à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Il est l'auteur de nombreux essais dont Comment voyager avec un saumon et de trois romans, Le Nom de la Rose, Le Pendule de Foucault et L'île du jour d'avant.
Un très grand livre...
Baudolino, un jeune paysan fantasque et menteur, fait la conquête de Frédéric Barberousse et devient son fils adoptif. Baudolino fabule, invente, et, comme par miracle, tout ce qu'il imagine devient histoire. Ainsi, entre autres, il écrit la lettre mythique du Prêtre Jean, qui promettait à l'Occident un royaume fabuleux dans le lointain Orient gouverné par un roi chrétien, qui a fait rêver de nombreux voyageurs, dont Marco Polo.
Baudolino grandit. Alexandrie naît vers 1168 et des années après, poussé par le génie inventif de Baudolino, Frédéric part, prenant pour prétexte une croisade, rendre au Prêtre Jean la relique la plus précieuse du christianisme, que certains appellent le Gradale. Il mourra lors de ce long voyage, dans des circonstances mystérieuses que seul Baudolino saura dévoiler. Mais son fils continuera la fabuleuse expédition vers ce royaume lointain peuplé de monstres qui ont hanté le bestiaire du Moyen Age. Il vit des aventures extraordinaires dont une histoire d'amour avec une créature des plus singulières des descendantes d'Eve...
Raconté à l'historien byzantin Nicéta Coniate, tandis que Constantinople se consume après le sac, l'histoire réserve encore quelques surprises. En parlant avec Nicéta, Baudolino comprend des choses qu'il n'avait pas encore compris, d'où une fin inattendue.
Le récit débute dans la Barcelone de l'après-guerre civile. « Ville des prodiges » marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville » : L'Ombre du Vent.
Qui se cache derrière Julián Carax ? Pourquoi les romans de cet auteur mystérieux sont-ils brûlés les uns après les autres par un individu inquiétant que le garçon croit retrouver où qu'il aille ? Quelle est la part du réel dans ses découvertes successives de drames qui gisent dans la mémoire refoulée des habitants de la ville ? Fumero, un redoutable inspecteur, le poursuit avec acharnement, comme il semble avoir poursuivi jadis l'auteur du livre maudit... Sans compter le vieux gardien du Cimetière, Isaac, et sa fille, détenteurs de secrets innommables... Quels drames cachent donc les souterrains de la Maison Aldaya, abandonnée par ses propriétaires, l'une des familles les plus riches de Barcelone ?
Tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, ce livre mêle inextricablement la littérature et la vie.
Ce recueil peut être considéré comme une suite logique des Six promenades dans le bois du roman ou d'ailleurs ou de Lector in Fabula.
Ces textes s'adressent à un vaste public averti : ils traitent de la fonction de la littérature, de l'influence dans l'histoire d'un écrit sur des évènements historiques, des problèmes spécifiques à la narration comme la représentation verbale de l'espace, l'ironie intertextuelle, la nature des mondes possibles de la fiction, et quelques concepts clés de l'écriture « créative », comme les symboles, le style, les « béquilles »...
D'autres interventions portent sur les auteurs qu'Umberto Eco a beaucoup lu. Bien des pages sont d'une richesse, d'une force et d'une beauté exceptionnelle, celles où éclot le véritable amour d'Eco pour Manzoni, Borges, Joyce, Nerval... mais aussi aussi Dante et Aristote. La littérature française occupe une place de premier plan : Proust, Stendhal, Rabelais ainsi que les classiques italiens et anglo-saxons.
Dans le dernier chapitre : « Comment j'écris », Umberto Eco évoque son activité d'écrivain. Il prend pour exemple sa propre expérience et nous éclaire sur son savoir-faire.
Eco nous fait ainsi entrer dans son jardin. Bien sûr nous le connaissons. Nous savons quelles fleurs et quels fruits il y cultive. « Un jardin à l'anglaise » dit-il. Il faut être un esprit très libre et très riche pour donner ainsi tout de soi, un auteur qui ne craint pas qu'on « voit » ses trucs et ses manigances... Umberto Eco montre, démonte et démontre.
Un jeune professeur est nommé en Roumanie en remplacement d'un confrère. Nous sommes trois mois avant la chute de Ceausecu, mais cela, il ne le sait pas.
Guidé par Leo, un trafiquant au marché noir, il découvre un pays où tout est rare et rationné, de l'électricité à la liberté. Les seules choses qui prospèrent sont l'ennui et les petits arrangements. Tout le monde espionne tout le monde, on ne sait à qui l'on peut faire confiance. Ce roman que Graham Green n'aurait pas renié est celui de la déliquescence des vieilles dictatures qui tombent comme des fruits pourris.
Et, au milieu de cette dangereuse morosité, survient l'amour pour une jeune femme qui va tout modifier.
« Mercredi, ils ont arrêté le professeur Santos. Rien d'exceptionnel par les temps qui courent. Sauf que le professeur Santos est mon père. Et, chose étrange, lorsque les deux hommes ont emmené papa, tous les garçons de la classe ont tourné les yeux vers moi. Je suis sûr qu'ils pensaient que j'avais peur. Ou que j'aurais dû bondir sur ces hommes pour les empêcher d'emmener mon père. Mais, avec le professeur Santos, nous avions prévu cette situation. Nous lui avions même donné le nom d'une figure de syllogisme. Nous l'appelions la situation "Baroco" : s'ils venaient arrêter papa sous les yeux de témoins pour l'emprisonner, cela signifiait qu'ils ne pouvaient pas le faire disparaître comme les autres... »Les jours de l'arc-en-ciel n'est en rien le récit d'événements politiques : il retrace comment, grâce à l'imagination, à l'humour et à la musique, toutes les forces de gauche, unies sous une bannière arc-en-ciel, ont ouvert le chemin de la liberté dans un pays condamné au silence par la dictature.
Un message d'espoir, nous dit l'auteur, qui se souvient des paroles de Violetta Parra : « Gracias a la vida... ».
Lily Prior est écrivain et réside principalement à Londres. Son premier roman, La Cucina, est publié dans plusieurs langues et un projet cinéma est en cours.
Le livre :
Dès son enfance, Rosa Fiore - fille d'une "matrone" sicilienne passionnée et de son infortuné mari - trouve le réconfort dans la cuisine familiale. La « Cucina » - le coeur de la luxueuse propriété familiale - représente le lieu où des générations de Fiore ont préparé de somptueux banquets, et où le drame de la vie de famille s'est toujours joué, autour de l'antique table.
Alors que Rosa était adolescente, sa cuisine devint rapidement légendaire dans la petite communauté, très fière de la générosité de son paysage et de l'excentricité de ses habitants. L'engouement de Rosa pour l'art culinaire n'avait d'égal que sa passion pour un jeune homme, Bartollomeo. Après que leur liaison se fut terminée en tragédie, Rosa se retira dans sa cuisine, puis dans la solitude - comme bibliothécaire à Palerme, prenant de l'embonpoint, dégustant ses succulents plats, et résignée à vivre sans amour...
Mais un jour, Rosa rencontre le mystérieux chef de cuisine, connu sous le nom de l'Inglese, dont la recherche sur la cuisine sicilienne le conduit à la bibliothèque de Rosa et à son coeur. Ils partagent un été sublime, riche en découvertes, durant lequel l'Inglese réveille l'énergie sexuelle de Rosa, et ensemble, ils atteignent des sommets de passion culinaire et érotique. Quand l'Inglese disparaît, Rosa retourne chez elle, à la ferme, pour pleurer son second amour perdu.
Exubérant et touchant, La Cucina est une évocation magique des saisons mystérieuses de la vie et des trésors que recèle chacune d'elles. Lily Prior célèbre la famille, la nourriture, la passion.
Dans une maternité parisienne, alors qu'il découvre la petite tête blonde et les grands yeux bleus de sa fille aînée, Thomas Chatterton Williams - dont le père est « noir » et la mère est « blanche » - pense à tous ceux qui chercheront inévitablement à assigner une identité à son bébé. Réduire un nouveau-né à sa couleur de peau a-t-il un sens alors même que ses gènes et ses héritages culturels sont multiples ? Tout au long de cet émouvant Autoportrait en noir et blanc, Thomas Chatterton Williams renvoie dos-à-dos racisme ordinaire et antiracisme communautariste, il s'emploie à déconstruire les préjugés avec, pour perspective, l'avènement d'une société post-raciale.
Texte incisif mais également lettre d'amour à ses enfants, ce livre raconte le cheminement identitaire d'un père américain dans la société française contemporaine. Après Une soudaine liberté, Thomas Chatterton Williams s'inscrit plus que jamais dans le débat intellectuel d'aujourd'hui.
Le professeur Prospero se trouve dans une de ces émissions de télévision qui mêlent écrivains, chanteurs, politiciens, sportifs et public. Répondant à une question, il mentionne naïvement Spinoza. Scandale ! Du ton le plus grave, le présentateur lui répond : « Ceci est un programme qui s'adresse aux familles, et les gens qui ont trimé toute la journée ont le droit de se détendre sans se sentir inférieurs. » L'assistance hue, tape des pieds. Le ministre de l'Intérieur, invité lui aussi, ajoute que le Pr. Prospero devrait avoir honte de son élitisme. Twitter se déchaîne. « On t'aura, enfoiré d'intello de mes couilles ! @giolia 71 » Rentrant chez lui, il est tué à coups de batte de base-ball.
De cet argument de départ s'ensuit l'aventure la plus tristement comique qui soit, celle du populisme contemporain. Cela se passe en Italie, cela pourrait se passer en France, aux Etats-Unis, en Hongrie, en Pologne, c'est-à-dire partout. Le ministre de l'Intérieur, devenu Premier ministre de l'Intérieur (car nous sommes dans une réalité augmentée) comprend tout de suite l'avantage électoral qu'il y a à honnir les écrivains, les intellectuels, les penseurs. Et il décide, face au danger évidemment terrible qu'ils représentent, du recensement national des intellos de gauche - puisque le mot « gauche » est devenu synonyme de « vice ». La première victime sera ce ministre même, filmé à son insu sortant d'un cinéma d'art et d'essai. Le populisme dévore ses enfants. Parallèlement à cet orage politique, on cherche qui a tué le professeur. La fille du professeur, Olivia, enquête.
Avec un brio et un humour qui le situent dans la lignée des romans d'Italo Calvino, Giacomo Papi radiographie les passions tristes de la politique contemporaine. Le livre a été un grand succès en Italie.
Fille de la grande bourgeoisie catholique chilienne, née à Lima le 10 octobre 1942. Exilée au Venezuela, elle y commence sa carrière de romancière, puis divorce, et épouse peu après un avocat américain qui l'entraîne en Californie où elle vit aujourd'hui.. Elle est l'auteur de nombreux romans dont La maison aux esprits, Fille du destin, Portrait Sépia et un livre de souvenir sur le Chili Mon pays réinventé. Le Royaume du dragon d'or est dans la même veine que La Cité des Dieux sauvages.
Le Livre:
La grande statue du dragon d'or est à l'abri dans un petit royaume mystérieux enclavé dans la chaîne de l'Himalaya. Selon la légende, cette oeuvre d'art, incrustée de pierres précieuses, permet de voir l'avenir et elle est garante de la paix dans le pays.
Un collectionneur, multimillionnaire impitoyable, la veut ; son « spécialiste » est au travail. C'est ce qu'ignore Kate Cold, l'intrépide journaliste du International Geographic, invitée par le roi à faire un reportage sur son royaume, où elle se rend, accompagnée de son petit-fils Alexander et de son amie Nadia Santos...
Tandis que Kate reste au palais, où le roi a bien des ennuis avec Judith, une botaniste qui l'a séduit, Alex et Nadia trouvent le jeune Bil Bahadur, l'héritier du trône, ainsi que son maître et guide spirituel, le lama Tensing. Ensemble, ils découvriront, dans les montagnes perdues, la civilisation des hommes des neiges.
Traqués par des bandits membres de la secte du scorpion, mercenaires réputés sanguinaires, ignorants et superstitieux, ils mesureront toute l'importance et la simplicité de l'ancestrale sagesse bouddhiste : la valeur de la compassion, de la nature, de la vie, de la paix et de l'équilibre entre le corps et l'esprit.
Qui est Diego de la Vega, alias Zorro, le justicier masqué, don Juan et habile escrimeur que nous connaissons tous ? Dans ce roman, le premier sur l'enfance de ce héros, Isabel Allende nous emmène dans les coulisses de la légende.
Né près de Los Angeles, au début du 19e siècle, Diego est le fils d'Alexandre de la Vega -
gentilhomme espagnol devenu propriétaire terrien en Californie en récompense de ses prouesses
militaires en Europe -, et de Regina connue sous son nom de guerrière indienne, Tête-De-Loup-Gris. Dès son enfance, une amitié sans faille lie Diego à Bernardo, son frère de lait, qui ne parle plus depuis qu'il a vu sa mère violée et assassinée par des pirates. A 15 ans, expérience fondatrice pour les deux amis, ils passent avec succès le rite initiatique de la tribu Chouette Blanche. Diego découvre ainsi son totem, le renard, « el Zorro ».
Aussitôt après, accompagné de Bernardo, il est envoyé par son père parfaire son éducation à Barcelone. En 1808, Napoléon a envahi l'Espagne, enlevé et destitué le roi, qu'il a remplacé par Joseph Bonaparte. Le vent frais des Français souffle. Choyé par la famille du plus vieil ami de son père, l'aristocrate Tomas de Romeu, Diego tombe amoureux de sa fille aînée, Juliana, et prend des cours d'escrime avec un maître d'armes réputé, Manuel Escalante. Il passe avec brio les épreuves initiatiques de la société secrète « La Justice », épousant la cause des faibles et des opprimés. Quand le roi Ferdinand VII revient au pouvoir, Tomas de Romeu est exécuté.
Zorro se charge de mettre à l'abri les filles de Tomas, Juliana et Isabel. Ils traversent l'Espagne à pied, déguisés en pèlerins, jusqu'au port de Saint Jacques de Compostelle, où ils s'embarquent pour la Californie. Fait prisonnier par Jean Laffite, Zorro doit renoncer à Juliana, amoureuse du corsaire. Il rentre au pays et continue d'user de son ingéniosité pour défendre les pauvres gens, à commencer par son père, accusé de trahir le royaume d'Espagne...
Toutes ces expériences façonnent sa « double personnalité : d'un côté Diego de la Vega, élégant, maniéré, hypocondriaque, de l'autre Zorro, audacieux, insolent, joueur.
Dans ce récit publié à l'occasion du trentième anniversaire de la chute d'Allende, Isabel Allende nous raconte le Chili - son Chili, pays inventé, imaginé dans l'exil.
L'auteur entremêle la géographie de son pays, son histoire, sa culture, ses mentalités, de souvenirs et de pensées personnelles, qui retracent tout le chemin de sa vie. La famille extravagante, l'enfance, les rencontres, les voyages, sont autant de fenêtres qui ouvrent à la fois sur la réalité d'un pays, d'un peuple, et sur les origines d'une oeuvre romanesque.
Quelques dates dans la vie de l'auteur :
1942 : Naissance à Lima. Son père, le cousin germain de Salvador Allende, un homme cultivé, dandy et bohême, y est secrétaire d'ambassade.
1945 : Sa mère annule son mariage et retourne au Chili avec ses trois enfants.
1953 : Sa mère se remarie avec un diplomate. Ils sont en poste en Bolivie puis au Liban.
1962 : Isabel épouse Miguel Frias ; ils ont une fille, Paula et voyagent en Europe.
1966 : Retour au Chili et naissance de son fils Nicolas.
1970 : Election de Salvador Allende à la présidence de la république. Isabel travaille pour la télévision à Santiago.
1973 : 11 septembre, coup d'Etat ; officiellement, le Président s'est suicidé.
1975 : Les menaces pèsent sur la famille. Ils partent au Venezuela, où ils vivront treize ans.
1982 : Parution de La maison aux esprits.
1987 : Divorce, puis rencontre avec son actuel mari, ils s'installent en Californie.
1990 : La démocratie est restaurée au Chili ; Isabel y reçoit le Prix Gabriela Mistral des mains du Président.
À la mort de sa mère Maria, Martin Brenner ressent certes de la douleur mais s'interroge aussi : il ne s'est jamais vraiment senti très proche d'elle. Il procède à la dispersion des cendres en suivant ses dernières volontés, met sa maison en vente, puis il compte reprendre le cours de sa vie, entouré par son épouse Cristina et sa fille Sara. Brenner est généticien et directeur d'un laboratoire, un homme discret et plutôt solitaire. Il s'estime heureux dans la vie.
Mais lorsqu'un avocat l'appelle pour lui annoncer que sa mère était juive et survivante des camps, sa vie prend un tournant imprévu. Petit à petit, les révélations contenues dans une lettre laissée par sa mère et les informations que lui fournissent l'avocat et le rabbin de la ville où il habite le poussent à faire des recherches sur l'identité juive. Il croise ses lectures personnelles sur le sujet avec les recherches en génétique qu'il mène - touchant à la question de l'appartenance religieuse et ethnique, vue par la science. Il décide de n'en parler à personne - pas même à son épouse - avant de parvenir à une décision quant à sa judéité : il refuse l'idée qu'il doive assumer le fait d'être juif seulement parce que sa mère l'avait été. Mais lors d'un colloque scientifique à Montréal, il est pris à parti dans un débat et alors qu'on l'accuse d'antisémitisme, il révèle sa judéité... Le piège s'est renfermé sur lui, et le château de cartes qu'était devenu sa vie s'effondre : sa femme Cristina, ignorant tout de sa réflexion, se sent trahie, puis quand lui et sa fille deviennent la cible d'ignobles attaques antisémites, son épouse le quitte. Il perd son travail, son meilleur ami se détourne de lui, seul le rabbin Golder maintient le contact. Il fait alors appel à un écrivain célèbre et lui demande de raconter son histoire...
Le choix de Martin Brenner nous fait vivre de l'intérieur la descente aux enfers d'un homme aux prises avec la question identitaire. Le roman nous propose ainsi une interrogation sur le libre-arbitre. Comment savoir qui nous voulons être dans notre vie intime et aux yeux de la société ? Comment rester libre dans ce choix ?
« Joyce continuait à écrire des poèmes, par esprit d'enfance. En 1934, dans une lettre du Danemark où il se reposait et relisait les épreuves d'Ulysse, il en écrit un à Stephen, son petit-fils de quatre ans. « Imagine un chat restant au lit / toute la journée / à fumer des cigares ». Ces Chats de Copenhague avaient été précédé, quelques jours auparavant, par Le Chat et le Diable, conte où le diable construit un pont en une nuit face à la ville de Beaugency. Ça n'est pas mal, d'être le petit-fils de Joyce. On a des histoires originales pour soi tout seul. Et des histoires inattendues, pas des contes d'adultes destinées à inculquer l'Ordre dans la tête des enfants. Dans Les Chats de Copenhague, avec cette teinte d'anarchie qui est le goût des Irlandais, les policiers restent au lit à fumer des cigares. Ils leur ont été offerts par de vieilles dames voulant traverser la rue. Que sont devenues les vieilles dames ? Elles ne sont pas le sujet de Joyce. Dans ses fictions, il y a des hommes de tous les âges, mais les femmes y sont généralement jeunes ; au mieux des mères, jamais de grands-mères. »