Une usine. La chaîne. Tous les jours. Sans fin. Et la misère. La violence. L'éternel recommencement, d'une génération à l'autre. Est-il seulement possible d'échapper à cette spirale infernale ? En 200 bois gravés sans paroles, Neil Bousfield offre une vision cinglante du monde industriel et de la misère sociale qu'il provoque. En plongeant dans le quotidien de deux frères luttant pour ne pas reproduire les conditions d'existence de leurs parents, nous sommes mis face à la violence sociale de notre monde et des temps incertains que nous traversons.
Aux côtés de Frans Masereel et Lynd Ward, Otto Nückel compte parmi les auteurs classiques du roman graphique sans paroles, un genre créé dans les années 1930 et qui doit tout autant au cinéma muet qu'à l'expressionisme.
Dans Destin, un ouvrage époustouflant de maîtrise graphique et narrative, l'illustrateur allemand Otto Nückel (1888-1955) signe sans aucun doute son chef-d'oeuvre. En 190 gravures sur plomb, l'artiste donne vie à la destinée tragique d'une femme née dans la misère - et ce à quoi aucune tentative ne parviendra à l'en délivrer.
Ce récit, édité pour la première fois en France par les éditions Imho en 2005, est à nouveau rendu disponible avec une préface de Seth Tobocman et une postface de George Walker.
À rebours des assignations et représentations homogénéisantes façonnées par le pouvoir, ce recueil de textes fondateurs de Yasnaya Aguilar, l'une des figures majeures du mouvement décolonial en Amérique latine, interroge à la source l'« être indigène », ce « nous » inscrit dans une catégorie paradoxale, à la fois levier de résistance et d'oppression. Nous sans l'État rappelle avec force une donnée fondamentale : les États-nations modernes ont façonné leur politique d'oppression des peuples par le croisement de logiques capitalistes, patriarcales et coloniales. Cette parole située nous invite, chacun depuis nos géographies, à décoloniser nos imaginaires pour une émancipation définitive et globale. Préface de Jules Falquet.
Seth Tobocman livre une histoire politique des États-Unis vue depuis le banc des accusés et instruit le procès de la justice d´État. Durant plus d´un demi-siècle, l´avocat américain Leonard Weinglass fut de tous les combats. Adepte d´une transformation radicale du monde, il prit le parti des militants progressistes et autres cibles de la répression d´État. Dans L´Amérique en procès, un récit des affaires les plus emblématiques défendues par cet homme hors du commun, Seth Tobocman, au plus fort du journalisme en bande dessinée, transcende l´exercice de la simple biographie. Il compose ainsi une traversée de l´histoire politique des États-Unis d´après-guerre vue depuis le banc des accusés, d´où il instruit le procès de la machine judiciaire. À l´heure où des mouvements sociaux toujours grandissant affrontent un État aveugle et funeste oublieux des droits humains, ce livre fera oeuvre d´éducation à la justice sociale.
Nos corps, nos choix, nos combats - ces mots des luttes féministes résonnent aujourd'hui enfin de toute leur force. Dans une déambulation graphique sans paroles, Pole Ka mêle sa voix à ce choeur. Elle y explore non sans humour et piquant les normes de genre écrasantes et les possibilités de s'en affranchir, ici, maintenant, parce que cela devient urgent.
Iggy Pop porte un tablier de marchand de fruits et légumes, Sean Connery prend la pose en slip à l'AFPA, un superhéros trône sur sa motocrotte, un fan de Picasso vide des poubelles, Plastic Bertrand plane sur des seaux de choucroute... Autant d'histoires folles qui ont émaillé le quotidien d'un travailleur précaire, racontées avec un sens de l'humour et de la mise en scène décapant. À l'heure où le droit du travail disparaît dans les limbes, où les attaques du néolibéralisme n'ont jamais été aussi fortes, on lira avec délectation ces récits qui nous rappellent la réalité de la production capitaliste - absurde, risible, et parfois tragique -, et qui nous poussent surtout à nous engager dans la seule voie possible pour y résister : le sabotage ! À nous faire pleurer de rire Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné EDITION AU FORMAT POCHE
Fidèle à sa posture journalistique marquée par la réflexivité et l'horizontalité dans le rapport à l'enquêté, John Gibler raconte ici l'incroyable parcours d'un guérillero nahualt, Andrés Tzompaxtle, enlevé, détenu et torturé par l'armée mexicaine en 1996, jusqu'à son évasion, puis sa longue et difficile reconquête de la liberté.
En recourant à une polyphonie narrative où se mêlent de façon presque imperceptible la voix du journaliste à celle de l'enquêté, L'évasion d'un guérillero articule de façon magistrale le travail d'archive, le journalisme de terrain, le témoignage et l'essai, et rend un hommage vibrant à la parole et à l'histoire d'un survivant qui incarne la force et la lutte inébranlable pour la dignité des peuples.
Des êtres s'assemblent et s'étreignent, tandis que d'autres, venus de loin, peinent à entrer dans la danse. Par l'entremise d'une allégorie intemporelle, Au bal des faux-semblants nous fait tourbillonner dans un dédale d'identités et, par là, propose une réflexion sur nos capacités à accepter l'altérité.
Avec ce nouveau livre, Vitalia Samuilova, par ailleurs autrice du Joueur de flûte de Hamelin, signe une narration graphique sans parole où la profondeur de ses gravures n'ont d'égal que la puissance de l'émotion qui s'en dégage. Cet ouvrage prolonge la série de narrations sans parole initiée au sein de la collection «?Le Tambour du fou?», après Le Visage de la lutte de Seth Tobocman (2020) et Nos corps, nos guerres de Pole Ka (2021).
À l'hiver 1942, brûlant de fièvre dans son sommeil, Erich Glas a des visions d'horreurs : des tueries de masse et une terreur incompréhensible se répandent en Europe. Encore sous le choc, il commence à graver, en noir et blanc, une histoire où la peur le dispute au courage et le désespoir à l'espoir. L'artiste, qui a quitté l'Allemagne avec sa famille en 1934 pour s'installér en Palestine, signe un roman graphique en 28 linogravures sans paroles pionnier du genre, dans la lignée de Frans Masereel, Lynd Ward ou encore Otto Nückel, où l'Holocauste s'étale devant nos yeux dans toute son horreur. Cette édition, enrichie d'une postface et de reproductions de travaux de l'artiste, est la première présentée au public francophone.