Est-il possible de parler de l'histoire de l'Algérie des origines à nos jours en France de manière impartiale sans que cela suscite polémiques, diatribes et anathèmes ? Tel est le but que s'est fixé l'historien Emmanuel Alcaraz. Dans une approche originale, il offre une synthèse limpide et éclairante sur cette histoire qui continue de miner le présent des sociétés françaises et algériennes.
De Jugurtha luttant contre Rome à la conquête arabe, des corsaires d'Alger à la colonisation française, de la guerre d'Algérie à la guerre civile algérienne dans les années 1990 en allant jusqu'au hirak, Emmanuel Alcaraz revisite chaque étape de ce riche passé en utilisant de nouvelles sources tirées des Archives et des témoignages oraux, le tout agrémenté de sa connaissance du terrain algérien, de l'historiographie et de son égo-histoire.
Dans une France marquée par l'indépendance algérienne, terre d'accueil pour les immigrés algériens, l'auteur s'intéresse également aux origines de la montée en puissance des droites extrêmes. Il étudie comment les discours des droites radicales se sont construits dans un esprit de revanche contre les immigrés, par rapport à la blessure narcissique de la perte de l'Algérie française.
Faisant appel à la méthode historique la plus rigoureuse, l'historien interroge l'avenir de la nation algérienne entrée depuis le mouvement populaire de 2019 dans une nouvelle séquence de son histoire, qui ne peut se poursuivre sans la France, avec les Lumières et les ombres du passé à assumer des deux côtés de la méditerranée pour ne pas entrer dans l'avenir à reculons.
"Trente ans après leur avènement sur le continent africain, les transitions démocratiques sont en proie à diverses formes de menaces et à de multiples facteurs d'empêchement. Parallèlement, les « démocraties anciennes » sont confrontées à une crise existentielle inédite, à la fois ébranlées par la défiance d'une partie des opinions internes et déstabilisées par l'affirmation offensive, sur la scène internationale, de nouvelles puissances autocratiques et autres régimes « a démocratiques ». Comment, dans ce contexte, conforter la quête de l'idéal démocratique sur le continent africain ?
Considérant que les démocraties anciennes et les émergentes ont destin lié, Francis Laloupo explore les causes et les manifestations d'une crise historique des systèmes démocratiques, les impacts et les mécanismes d'une bipolarisation systémique sur la scène internationale, et ses impacts sur les processus de démocratisation dans les pays du Sud. Une « ode à l'urgence démocratique » sur le continent africain et un plaidoyer original pour « inventer de nouvelles formes de vie » en ce troisième millénaire."
Engagé depuis les années 1970 dans l'effort collectif commencé par des historiens universitaires pour proposer une lecture scientifique du fait missionnaire, Jean Comby (1931-2020), professeur aux Facultés catholiques de Lyon, publie en 1992 un manuel à visée pédagogique intitulé Deux mille ans d'évangélisation. Il y dresse un bilan des connaissances à la lumière des travaux qui ont renouvelé dans la deuxième moitié du XXe siècle la vision de la diffusion du christianisme. Soucieux de ramener le lecteur aux sources, il ponctue chaque chapitre de documents, d'autant que la crise des missions et la mise en cause de leur rôle s'accompagnent dans le contexte postcolonial de controverses où les idées reçues prennent souvent le pas sur la fréquentation des archives. Il entreprend de mettre à jour l'ouvrage au début des années 2000 pour une seconde édition qui restera à l'état de manuscrit non publié.
Claude Prudhomme, Professeur des Universités retraité, Université Lumière Lyon 2, spécialiste de l'histoire des religions et des missions, propose ici, sous le titre Deux mille ans d'évangélisation et de diffusion du christianisme, un ouvrage qui reprend pour l'essentiel la deuxième rédaction de Jean Comby mais en l'augmentant considérablement.
Proposer un parcours continu à travers l'histoire de la diffusion du christianisme, au-delà des clivages confessionnels; l'appuyer sur 172 textes sources, 22 cartes, 25 tableaux et graphiques, plus de 400 illustrations et 44 pages d'index général; fournir des informations pour permettre d'approfondir les points souhaités: tels sont les buts poursuivis par cet ouvrage de 760 pages.
Le but n'est cependant pas de tendre à une exhaustivité illusoire, et forcément provisoire, ni d'atteindre une objectivité qui transcenderait les frontières confessionnelles et les divergences d'interprétation. Il est plus modestement de rendre compte avec justesse et mesure d'une histoire qui retrace les étapes de la diffusion du christianisme dans l'espace et dans le temps tout en mettant l'accent sur les modèles d'évangélisation promus au cours de l'histoire, sur les acteurs et les moyens mobilisés pour les mettre en oeuvre, sur les questions soulevées et les réponses apportées.
Qu'entend-on par Dieu notre Père ; Dieu créateur et l'évolution vont-ils ensemble ? Dieu est-il omnipotent face à la souffrance et à la misère dans le monde ? Dieu peut-il être expérimenté ? Chrétiens et musulmans, croient-ils au même Dieu ? À propos de Jésus de Nazareth, est-il vraiment né d'une femme vierge ? Comment comprendre les récits de miracles ? Comment nous représenter la crucifixion il y a 2000 ans ? Si Jésus regardait l'Église, que dirait-il ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles répond Eugen Drewermann dans un dialogue avec Martin Freytag, un professeur de religion en classe de seconde, en Allemagne. Des questions posées par des jeunes, filles et garçons, de 16 ans en moyenne. Avec sa formidable culture biblique, ses connaissances en sciences, en psychologie et en psychanalyse, Drewermann aborde de manière pédagogique et sans tabous les interrogations que se posent des jeunes qui, pour beaucoup, possèdent peu ou pas du tout de culture chrétienne. Certes, le pacte scolaire allemand, comme celui de la Belgique, a sa propre spécificité. Mais en France, au Canada, en Suisse et ailleurs, les questions de jeunes se ressemblent. Drewermann s'attèle dans ce livre à répondre à leur curiosité. Un livre qui intéressa aussi les enseignants, les éducateurs et toute personne en recherche de transmission.
Force est de constater que nous vivons dans un monde fracturé. Ainsi en va-t-il notamment des rapports entre Islam et Occident. De nos jours, il existe dans les mondes musulmans des mouvances radicales qui abhorrent et combattent la civilisation occidentale et les « mécréants ». En face, il est couramment admis que l'islam est une religion régressive et barbare, incompatible avec les valeurs démocratiques, républicaines et laïques. Serions-nous alors sur la voie d'une « guerre de civilisations » ?
Ce livre propose une réflexion sur ces idées toutes faites qui ne cessent de circuler et expliquent l'impossibilité d'un « vivre-ensemble ». Il propose une analyse en termes de représentations et d'imaginaires qui va au-delà de l'actualité immédiate et des visions qu'elle porte.
L'islam des islamistes et des jihadistes n'est qu'une interprétation contemporaine et contingente de la religion musulmane. Il s'inscrit dans un retour du religieux, certes dévoyé et belliqueux, que l'Occident sécularisé a du mal à concevoir, tant il a une conception caricaturale de l'islam.
Au fond, ce livre suggère qu'il est nécessaire d'accorder de l'importance et de prendre au sérieux les discours que chaque camp tient sur l'Autre, avec l'idée qu'il convient d'en connaître la grammaire afin de pouvoir les dépasser et parvenir ainsi à des relations apaisées. Cet ouvrage donne quelques clefs permettant de retrouver la voie du dialogue entre Orient et Occident.
"Depuis les années 1960, des défunts palestiniens disparaissent, sont sommairement enterrés dans les « cimetières des nombres » ou gardés à la morgue. Ces morts sont des fedayin, des martyrs ayant conduit des attentats, ou des hommes tués par erreur. Leur détention post-mortem et leur retour en terre relèvent d'une économie de l'inimitié, guerrière, et d'une extension sans fin d'une toile carcérale sur les Territoires palestiniens. Leur mobilité, les lieux d'ensevelissement, les traces qu'ils laissent dans l'espace public sont autant de marqueurs frontaliers.
Cet ouvrage aborde les mobilisations politiques, celles de la société civile et des familles pour retrouver ces dépouilles. À partir d'une enquête ethnographique, de documents d'archives et d'écrits de proches de ces défunts, il analyse les transformations de la figure sociale et politique du martyr, mais aussi les relations personnelles, genrées et émotionnelles entretenues avec les morts. Il interroge la nécro-violence, la catégorie de la victime et la légitimité des affects dans une histoire conflictuelle inachevée."
"Ce livre analyse les reconfigurations du politique en Turquie en mettant à l'épreuve différentes perspectives et en proposant de nouveaux questionnements et une méthodologie de recherche novatrice, élaborés principalement à partir d'enquêtes qualitatives sur la Turquie et de réflexions théoriques construites sur d'autres terrains.
En observant les ramifications économiques, confessionnelles, ethniques et sociales de la domination politique et de sa contestation, les historiens, anthropologues, sociologues et politistes rassemblés ici empruntent notamment trois axes de problématisation : les modalités de structuration et de reproduction des champs du pouvoir ; les processus d'autonomisation et de perte d'autonomie des institutions et des champs sociaux ; les modes de légitimation et de contestation des ordres politiques. Les contributions portent sur les intermédiaires de gouvernement, les maires de quartier, les stratégies syndicales, les manifestations, les politiques publiques, les madrasas clandestines kurdes, la démilitarisation de la politique étrangère et la répression menée par l'État à l'encontre de ses opposants à l'étranger, des premières années de la République de Turquie à nos jours.
L'ouvrage apporte ainsi une contribution importante aux débats en sciences sociales relatifs à la recomposition des États et des modes de gouvernement, à l'hybridation des régimes politiques, aux compétitions/coopération entre différentes échelles de pouvoirs et à l'articulation des dynamiques locales, nationales et internationales dans la pérennisation et la contestation des rapports de domination politique."
Justice, dignité, abolitions, indemnités, mémoire, droits, race, responsabilité... Cet ouvrage entend éclaircir les sens et les enjeux d'une constellation de termes associés aux réparations au titre de l'esclavage. Chaque définition propose une mise en situation passée et présente des mots, à la lumière des sciences humaines et sociales : à chaque notion est associée une question au coeur des débats contemporains. La question des réparations est ainsi replacée au centre de préoccupations philosophiques, juridiques, politiques, économiques et historiques, inscrites dans une réflexion globale et de longue durée sur la domination.
Ce lexique a pour objectif principal d'expliquer à un grand public les enjeux des revendications de réparations, au-delà des polémiques et des conflits politiques.
Ce livre est issu d'un travail collectif mené par des anthropologues, historiens, juristes, philosophes, politistes, au sein du programme financé par l'Agence nationale de la recherche, et intitulé REPAIRS, « Réparations, compensations et indemnités au titre de l'esclavage (Europe-Amériques-Afrique) (xixe-xxie siècles) ».
En dépassant le clivage établi entre nature et culture ainsi que les oppositions hiérarchiques entre rituels "barbares d'un autre âge" et actes médicaux ou chirurgicaux "civilisés et progressistes", ce livre a l'audace de mettre en perspective de façon inédite des formes de chirurgie sexuelles diverses comme celle de l'implant cochléaire pour les sourds, dans une approche comparée qui unit anthropologie, psychanalyse, études de genre et études visuelles.
Cette perspective comparatiste permet de dépasser le grand partage ethnocentrique entre " nous " et " les autres " afin de poser la question plus générale de l'aliénation du corps féminin, aliénation à laquelle de nombreux actes médicaux ressortant de la chirurgie esthétique ou réparatrice participent.
Comme le montre cet ouvrage, le corps n'est pas seulement marqueur d'une identité, notamment sexuée, mais possède un pouvoir transformateur dont l'expression de "transformation corporelle" rend compte. Dans la mesure où le corps agit sur l'identité, le concept de " corps-identité " signale le rôle fondamental que joue l'ordre du corporel. Si les rituels modifient le statut de la personne, il en est de même des chirurgies, attestant que le corps/identité est fondamentalement en devenir et non donné une fois pour toutes, le vieillissement, processus inéluctable, étant à cet égard paradigmatique des transformations corporelles. L'acte chirurgical, non dénué de souffrance, porte en soi l'avènement d'un renouveau, le geste même de couper qu'implique toute chirurgie renvoie fantasmatiquement à la perspective de rompre avec le cours de son existence afin de devenir " ce qu'on croit avoir toujours été et qu'on a toujours voulu être ". L'individu cherchant par la chirurgie à renaître et à se voir restituer son corps originel, on peut parler de " mélancolie du corps ", concept qui fait écho et subsume celui de " mélancolie du genre " employé par Judith Butler.
La défaite des Taliban dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d'investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l'essentiel consacrés à l'entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l'importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale.
Mais, derrière les discours sur la construction d'une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d'interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s'accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Taliban, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu'ouvrir une nouvelle période d'une guerre civile vieille de quarante ans.
Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l'expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d'une haute actualité.
De nombreux bouleversements vécus ces dernières décennies par les sociétés du pourtour méditerranéen ont été ponctués par des mobilisations identifiées ou associées à des places, à des lieux devenus emblématiques des crises et des aspirations de ruptures politiques et sociales. Les manifestations en Égypte et dans d'autres villes arabes en constituent de spectaculaires illustrations. Les lieux apparaissent dans de telles conjonctures, dotés d'une forte charge symbolique alors que leur accès devient un enjeu parfois déterminant pour la suite des événements. Cette mise en visibilité politique fait encore mieux ressortir que les espaces adviennent par l'appropriation qui en est faite par celles et ceux qui les pratiquent d'une manière ou d'une autre. Les usages dans cette perspective gagnent à être questionnés en considérant aussi bien les dynamiques urbaines dans leur contexte historique, que les personnes ou les groupes selon leur ancrage social. Les rapports de genre à cet égard sont de puissants analyseurs et on le voit bien ces dernières années où les revendications portent autant sur le dépassement de régimes autoritaires que sur l'égale considération des femmes et des hommes pour instaurer des systèmes politiques reposant sur une symétrie de statut. C'est cette combinaison espace et genre qui est traitée dans cet ouvrage par de multiples approches. L'histoire et la géographie, l'architecture, la sociologie de la ville ou celle de la migration, mais aussi la littérature, sont mobilisées par des auteurs de ces différentes disciplines pour mettre en question le genre en tant qu'analyseur des profonds changements des sociétés contemporaines.
Le continent noir n'existe nulle part. Il est une utopie, un rêve blanc de génocide. À ce titre, il est un lieu du malheur, une dystopie. L'Afrodystopie est le concept critique des complications, des paradoxes, des contradictions, des ambivalences et des ambiguïtés de la vie africaine et afrodescendante dans ce rêve d'Autrui. Un rêve qui crée sans discontinuer des espaces dystopiques, matériels et psychiques de l'État, de l'Argent, de la Famille, de la Jouissance, dela Mort, dont le paradigme empirique est un rêve collectif d'irrésistible, intense et épuisante sexualité appelée maris de nuit. Avec le concept d'Afrodystopie, Joseph Tonda propose une analyse bouleversante de la manière dont l'imaginaire d'une chimère réelle éclaire la vie dans le rêve des abstractions et des choses. Du rêve colonial du premier président gabonais, Léon Mba, de faire de son paysun département français, au mea culpa postcolonial, en 2007, de son successeur, Omar Bongo Ondimba qui reconnut avoir fait du Gabon une dystopie ; en passant par l'utopie mobutiste de création d'un État, d'un fleuve, d'une monnaie authentiques qui se transforma en dystopie zaïroise ; du délire planétaire suscité chez les Africain(e)set Afrodescendant(e)s par le blockbuster Black Panther dont le nom Wakanda est institué en paradigme afrofuturiste de la puissance africaine, à la régulation de la vie sociale et politique démocratiqueafricaine par la Mort, cet essai, qui s'inspire de nombreux auteurs (More, Marx, Freud, Orwell) met au jour un paradigme méconnu : le paradigme de la vie humaine entrée dans le rêve des choses et des abstractions. Un rêve compliqué, au sens freudien, étrangement commun aux imaginaires de l'Afrique, du colonialisme, de l'impérialisme et ducapitalisme à l'ère néolibérale.
Reconnu pour sa solide culture biblique, fondée sur les travaux de l'exégèse moderne et pour sa bonne connaissance de l'hébreu et du grec, John Shelby Spong développe ici le grand intérêt à lire les évangiles avec des lunettes juives, en s'appuyant sur les travaux de l'exégète anglais Michaël Goulder. La méthode du midrash, qui consiste à raconter l'histoire de Jésus en lien avec l'histoire sacrée du peuple juif, est en effet partout présente dans le Nouveau Testament et tous les évangiles sont des livres profondément juifs.
Plus précisément, le premier évangile est né dans le cadre de l'année liturgique juive. Au cours des trois décennies qui suivirent la crucifixion, les premiers chrétiens se remémoraient, avec leurs frères juifs ou entre eux dans les célébrations hebdomadaires, la vie et les paroles de Jésus sous l'éclairage de la Bible. Ce n'est qu'avec Marc, autour des années 70 de notre ère, que la tradition orale, déjà consignée dans des lectionnaires, fut rassemblée par écrit pour devenir le premier synoptique.
L'auteur nous invite ici à approfondir notre culture juive afin de découvrir les trésors cachés dans ces livres que nous appelons les évangiles. Une démarche qui porte un coup mortel à leur lecture littéraliste. De l'entrée de Jésus dans sa vie publique jusqu'à l'affirmation de la Résurrection, l'ensemble de l'ouvrage est une superbe illustration de la démarche midrashique, témoignant ainsi de la maturité de l'auteur.
Ce huitième ouvrage de Spong, publié aujourd'hui en français, sera sans doute le dernier des vingt-six titres en anglais que représente son oeuvre. Ceux qui ont apprécié sa démarche libératrice et ceux qui souhaiteraient la découvrir l'apprécieront. C'est un livre riche et facile à lire, un complément qui s'avérera très utile à la bibliothèque Spong.
Pourquoi le christianisme doit-il changer ou mourir ? Comment dire Dieu dans le langage du XXIe siècle ? Quel est le sens de l'athéisme moderne ? Quelle est la valeur historique des évangiles ? Quelle révolution Jésus, le croyant juif, a-t-il initiée par ses paroles et ses actes ? Comment actualiser aujourd'hui l'esprit qui l'animait ? L'Église catholique peut-elle se réformer en profondeur ? Telles sont quelques-unes des questions de ses lecteurs auxquelles répond l'évêque John Spong. Ce recueil de lettres ne s'adresse pas seulement aux chrétiens à la recherche d'une foi croyable dans la culture de notre temps. Il peut intéresser aussi toute personne sensible à une nouvelle vision du christianisme.
L'évêque anglican américain possède une grande culture en exégèse qui lui permet de relire la bible juive et la bible chrétienne d'une manière critique et non littérale. Il a intégré aussi depuis longtemps, dans sa manière de penser et de croire, les connaissances philosophiques et scientifiques modernes. Notamment en astrophysique, en sciences de la vie et de l'homme. Une pratique de cinquante ans, comme pasteur et évêque, l'a mis à l'écoute de ses contemporains et de leurs interrogations.
En complément de ses six ouvrages déjà traduits et publiés en français, ce livre pédagogique, fait de dialogues, en forme de questions/réponses, nous livre de nouvelles manières de dire Dieu, Jésus de Nazareth, notre humanité et comment vivre, de manière honnête et responsable, dans le monde qui vient... et qui est déjà là.
La Révolution haïtienne ne représente pas seulement une rupture radicale avec l'esclavage, elle résulte d'une longue élaboration durant toute l'histoire coloniale. Cet ouvrage explore les profondeurs de ce passé colonial fiévreux et montre comment, en pleine révolution, le droit de l'Ancien Régime est invoqué tant par des administrateurs en quête de stabilité que par des gens de couleur libres et par des esclaves exigeant la citoyenneté et la fin des brutalités. De fait, les règles du Code noir pour libérer et châtier les esclaves ont été au centre d'intenses débats sur la menace que le maître (autant que l'esclave) faisait peser sur le maintien de l'ordre. Ce livre, qui a obtenu aux États-Unis des prix de l'American Historical et de la Caribbean Studies Association, offre une analyse novatrice du passage de l'esclavage à la liberté dans ce pays qui allait devenir Haïti.
Malick W. Ghachem est professeur associé au Département d'histoire du Massachusetts Institute of Technology. Juriste et historien, il travaille sur la question de l'esclavage et ses héritages en Haïti, en France, et aux États-Unis.
Petit village au coeur d'une vallée fertile près de Bethléem, Artâs est l'observatoire par excellence des premiers temps de la présence européenne et américaine en Palestine ottomane et de la mémoire qui en perdure jusqu'à aujourd'hui. Ayant attiré l'attention des pèlerins, des explorateurs et des chercheurs bibliques dès le XVIe siècle en raison de son lien supposé avec l'héritage du roi Salomon, Artâs devient au milieu du XIXe siècle le lieu d'implantation privilégié de colons se réclamant de la mouvance millénariste protestante. Le réseau millénariste multinational à Artâs ne constitue pas un bloc monolithique, mais ses différents courants se rejoignent sur l'idée que les juifs doivent s'installer en Terre sainte pour préparer le « second avènement » du Christ.
Au début du XXe siècle, la présence de ces colons a favorisé celle de chercheurs dont l'activité a eu par la suite une forte résonance, notamment parmi les habitants du village. L'appropriation dont fait l'objet le travail de ces chercheurs, et particulièrement celui de l'anthropologue finlandaise Hilma Granqvist, prend tout son sens dans le contexte de l'occupation israélienne.
Loin des lectures binaires des relations entre « Orient » et « Occident », cet ouvrage analyse les rapports de force à l'oeuvre à la fin de l'époque ottomane et pendant le mandat britannique à partir d'un corpus inédit et varié d'archives. Son croisement avec l'histoire orale dévoile la manière dont cette période est rappelée, interprétée ou vouée à l'oubli par les villageois et les Européens ayant vécu à Artâs. Ces récits mettent en lumière la signification attribuée à l'histoire, à la fois dans la mémoire populaire et dans l'historiographie de la Palestine. Entre métahistoire et microstoria, le cas d'Artâs ouvre une nouvelle perspective sur une période charnière de l'histoire du Proche-Orient.
"Le pentecôtisme et les courants charismatiques qui en sont issus ont fait l'objet ces dernières décennies de nombreuses publications, le plus souvent sous la forme d'enquêtes anthropologiques. Il manquait une synthèse plus systématique, des clés de lecture théoriques permettant de cerner - au-delà de la grande diversité de ses expressions locales - les principales caractéristiques sociologiques de ce phénomène religieux. Ce livre s'appuie sur une revue de la littérature disponible et sur des recherches personnelles conduites ces quinze dernières années pour éclairer les principaux enjeux liés à la compréhension du pentecôtisme en sciences sociales.
Quelles sont les origines du pentecôtisme et comment faire la part entre le récit légendaire forgé par les pentecôtistes eux-mêmes et la réalité historique ? Comment s'opère la conversion pentecôtiste, quelle place occupe l'institution dans ce travail de transformation des existences personnelles et que recouvre exactement l'expérience pentecôtiste de la « guérison » ? Quel rôle y jouent les émotions ? Quelles relations les différents courants du pentecôtisme entretiennent-ils avec la globalisation et les cultures locales ? Et en quoi le pentecôtisme est-il aussi un acteur politique ?
L'ambition de ce livre est de faire du pentecôtisme un objet sociologique, susceptible d'éclairer les évolutions contemporaines des rapports entre autonomie individuelle, institution, autorité et engagement."
Édouard Glissant, Nadine Gordimer, Abdelkebir Khatibi, Valentin-Yves Mudimbe, Wole Soyinka : ces cinq théoriciens postcoloniaux ont en commun d'avoir renouvelé le genre de l'essai et d'en avoir fait un outil d'expérimentation littéraire. Revenant à la poétique de l'« entreglose » qu'avait développée Montaigne, Florian Alix montre comment l'essai postcolonial entend dérouter les catégories avant tout littéraires, mais aussi identitaires, nationales, politiques. À la fois intellectuel et écrivain, l'essayiste entend faire de l'écriture de soi une forme critique à même de penser l'universel. L'essai postcolonial est un genre-carrefour, un genre de la transgression, qui traite de la ségrégation, du Tout-monde et de notre rapport au commun.
Ces cinq essayistes postcoloniaux tirent parti de leur subjectivité pour porter un discours politique sur le monde, penser l'hybridité des cultures, défaire les rigidités nationales.
L'auteur développe ici comment sa mise en route l'a conduit à inventer sa vie personnelle et sa vie en Église : vie en communauté comme tant de soixante-huitards, engagements sociaux et ecclésiaux, travail incessant de la Bible et du Nouveau Testament.
« Nul ne guérit de son enfance » chante Jean Ferrat. En ouvrant son livre, Paul Fleuret raconte son enfance éprouvée. Par le prénom reçu comme un poids de mort, comme le présage d'un chemin de vie difficile. Par la vie familiale avec son lot de problèmes, tempérés cependant par la richesse de sa diversité. Par le traumatisme causé par l'agression d'un pédophile.
Puis est arrivé ce qui arrivait en ces années-là à de nombreux garçons : la « vocation » à la vie religieuse ou à la prêtrise. Un appel ambigu qui fait place au doute : Dieu a-t-il un plan sur la vie de chacun ? Quelle valeur a l'engagement d'un jeune de vingt ans dans le célibat consacré ? Ressurgit alors ce qui était oublié : le traumatisme de la pédophilie. Alors un jour une parole de salut est dite, libératrice, qui ouvre un long cheminement avec ceux qui sont enfermés dans leur mal-être en prison.
L'auteur développe ici comment sa mise en route l'a conduit à inventer sa vie personnelle et sa vie en Église : vie en communauté comme tant de soixante-huitards, engagements sociaux et ecclésiaux, travail incessant de la Bible et du Nouveau Testament. C'est alors que la parole reçue depuis toujours sur Dieu, sur Jésus reconnu Christ et sauveur, sur le fonctionnement de l'Église change radicalement. Il ne lui est plus possible de dire sa foi avec les rites reçus du passé, avec les mots anciens, avec les dogmes des premiers siècles. Il se questionne : dois-je rester dans cette Église ? Aller ailleurs ? Créer du neuf ? Choix difficile et jamais définitif.
Ce livre ne prétend pas proposer un modèle. Il est le témoignage d'une vie dont l'originalité peut susciter étonnement et réflexion.
"La lecture écopoétique des littératures africaines s'intéresse aux moments où des textes se nouent à des lieux pour lancer l'alerte sur un état du monde menacé par une catastrophe écologique dont la genèse coloniale reste encore peu explorée.
Parce que l'extractivisme qui a présidé à l'aventure coloniale a soumis le continent à une gigantesque opération de zonage dont il souffre encore aujourd'hui, se réclamer des lieux est un enjeu important pour les littératures africaines.
Dès la première moitié du XXe siècle, des écrivains anticolonialistes ont cherché à capter la puissance des lieux pour mener leur combat contre l'exploitation économique et la réification culturelle. Les trois poétiques présentées dans cet ouvrage sont les phases d'un même processus décolonial qui affirme une expérience des lieux : donner corps aux lieux pour défaire les territorialités impériales ; détourner les hyper-lieux pour enrayer la fluidité du marché global de l'image ; laisser résonner les hypo-lieux pour rompre le silence du déni.
Revisitant l'histoire littéraire africaine, Xavier Garnier livre une lecture écopoétique d'auteurs aussi divers que Senghor, Ahmadou Kourouma, Ben Okri, Yvonne Vera, Ngugi Wa Thiong'o ou encore Sinzo Aanza et Abdourahmane Waberi."
Le christianisme est-il en train de s'éteindre, comme le répètent les oracles de la décadence ? Une quinzaine de chrétiens ont accepté de se livrer à une opération vérité. Ils ont décidé de prendre le temps et la plume pour livrer un témoignage de leur foi chrétienne, une attestation approfondie et critique des « raisons » qu'ils ont de croire.
Conscients de vivre dans une culture issue des Lumières et profondément marquée par la sécularisation, les auteurs ont perçu qu'ils ne peuvent plus parler de « Dieu » en présupposant qu'ils seront compris. Leurs contemporains ont peu ou prou intériorisé les critiques et les réfutations radicales que les philosophes du soupçon ont élevées à l'encontre d'une foi devenue incapable de rendre compte de ce qu'elle affirme. Si la foi ne se justifie pas dans une démarche rationnelle, elle n'est pas déraisonnable pour autant. Est-il permis de penser que certains des textes ici présentés inaugurent une étape nouvelle dans la longue histoire desrapports entre la foi et la raison ?
Beaucoup des langages dans lesquels s'exprimait et s'exprime encore une croyance qui se prétend traditionnelle exigent aujourd'hui undifficile travail de relecture, d'émondement à l'encontre d'excroissances désuètes, afin de se recentrer sur Jésus le Nazaréen et sur son Évangile. S'impose un travail de réinterprétations des grands récits symboliques, parfois devenus muets. Cette interprétation touche à l'ensemble de leur existence : la foi s'interprète dans la vie, dans le désir d'être et le courage d'exister.
Qui ouvre ce livre y rencontre une surprenante, voire déroutante diversité d'approches, de tons, et même de thématiques. Le lecteur ne pourra sans doute pas entrer en sympathie avec chacun. Qu'il se souvienne qu'il s'agit là de témoignages intimes, de confessions parfois douloureuses, d'attestations fragiles. Qu'il entre dans ces sanctuaires sur la pointe des pieds !
Ont contribué à cet ouvrage :
Michel Anquetil, José Arregi, Paul Blanquart, Bernard Bourdin, Serge Couderc, Annie Crépin, Robert Dumont, Paul Fleuret, Yves Guéguen, Georges Heichelbech, Bernard Lauret, Jacques Musset, Bernard Quelquejeu, James Woody.
Le quatrième évangile, appelé l'évangile de Jean, est une source biblique importante pour le christianisme. Il a joué un rôle déterminant dans l'élaboration des credo des IVe et Ve siècles qui ont durablement fixé la compréhension de la personne de Jésus dans le cadre d'une culture grecque qui n'est plus la nôtre. Au terme de cinq années de travail fondées sur les études des exégètes, John Spong en est arrivé à penser que cet Évangile doit être relu comme un livre juif, écrit pour des Juifs devenus chrétiens à la fin du premier siècle de notre ère, 65 ou 70 ans après la crucifixion.
Cette communauté d'adeptes de Jésus représente un courant à l'intérieur de la synagogue jusqu'à la fin des années 80. En mettant en cause le statu quo religieux, ce mouvement occasionne progressivement des tensions, jusqu'à ce que, vers l'année 88, le Temple étant détruit depuis 70, les nouvelles autorités juives de l'époque expulsent les chrétiens. Dans une situation nouvelle, comment repenser alors Jésus par rapport aux écritures juives ? Comment se redéfinir chrétiens en dehors d'Israël ?
Le quatrième évangile nous présente d'abord le livre des signes dans lequel des personnages comme la mère de Jésus, Nicodème, la samaritaine près du puits, le fils du fonctionnaire non juif, l'homme paralysé depuis trente-huit ans deviennent autant de symboles, pour exprimer la nouveauté de Jésus et le sens de son message. Une autre partie du livre est consacrée à la Passion : la souveraine liberté et l'autorité de Jésus y apparaissent, en particulier au cours de son arrestation et de son procès face au sanhédrin et à Pilate. La question de la résurrection y est longuement exposée. Le Jésus de cet évangile apparaît comme quelqu'un en qui se font jour une nouvelle conscience de Dieu et une nouvelle vision de l'existence humaine.
Depuis quelques décennies historiens, archéologues, et anthropologues mettent au jour l'existence de brillantes civilisations sur l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. Si l'histoire de ce continent, berceau de l'humanité, a longtemps été sous estimée voire niée, il est temps d'en reconnaître aujourd'hui toutes les richesses. Dans cet ouvrage, l'auteur présente la spécificité de la partie occidentale, bornée par l'Atlantique. Face à cet océan hostile, seuls les plus hardis ont osé s'aventurer sur de frêles pirogues monoxyles, limitant toute vocation maritime à cet occident africain.
C'est donc le long des fleuves que se sont constitués, entre autres, les puissants empires du Niger et du Congo suzerains de royaumes vassaux dont l'histoire intérieure comme celle de la géopolitique suit une logique d'adaptation aux milieux naturels de la savane ou de la forêt dense. Les hommes y ont répondu en développant des systèmes agricoles et artisanaux qui permettaient des échanges interrégionaux prolongés jusqu'en Méditerranée grâce aux caravanes transsahariennes. Cet ensemble économique très élaboré était sous tendu par une organisation politique et sociale qui reposait sur des monarchies secondées par des administrations et des aristocraties tout à fait comparables aux systèmes européens. Devant la puissance de la nature, les religions et les philosophies développèrent des systèmes d'explication sous formes de mythes qui font toute la richesse d'une littérature orale que se sont transmis les griots.
Cet ouvrage explore les raisons pour lesquelles la religion chrétienne, qui a « formaté » la presque-totalité de la culture occidentale jusqu'à une époque récente, est maintenant répudiée par la majeure partie des Occidentaux. Cette sortie de la religion, dont parlent sociologues et philosophes, et dans laquelle se reconnaissent de nombreux chrétiens, est l'aboutissement d'une longue histoire. Elle va du Néolithique à ces derniers siècles où les humains se sont émancipés de l'explication religieuse de l'Univers.
Bruno Mori nous propose un nouveau récit. Celui du Cosmos, de sa naissance, de son expansion, de l'évolution qui a mené la planète Terre à la vie et à l'Homo Sapiens. Les humains ont en main l'avenir écologique de leur planète. Cette communion avec un Univers infini suscite l'émerveillement. Il va de pair avec la conscience que nous faisons partie d'un tout en devenir.
Dans ce contexte, ce livre propose une redécouverte de Jésus de Nazareth et de l'énorme valeur spirituelle de la « Voie » qu'il a laissée. Une « Voie ». qui nous invite à devenir plus humains et qui nous ouvre à une autre réalité de Dieu, perçue par les croyants comme la dimension profonde du Cosmos, le coeur qui fait battre, l'Énergie amoureuse...
Les propos de ce livre contribueront à défaire des noeuds et à mettre fin à des hostilités chez de nombreux chrétiens, ex-chrétiens et non-chrétiens, qui n'ont connu le christianisme qu'à travers le miroir déformant de la religion. Les lecteurs ne devraient pas sortir indemnes de ces pages argumentées, haletantes et d'une totale franchise.