Poète, essayiste, mémorialiste, Thoreau est l'auteur de l'inoubliable "Walden ou la Vie dans les bois". Ptrès de cent cinquante ans après sa parution, "La Désobéissance civile" qui s'ouvre sur cette pensée toujours actuelle : "le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins", demeure l'un des plus beaux pamphlets contre l'Etat qui, d'André Gide à la Beat Generation, a exercé une influence déterninante.
« Pouvoir regarder le soleil se lever ou se coucher chaque jour, afin de nous relier à un phénomène universel, préserverait notre santé pour toujours. » Auteur de La Désobéissance civile, Henry David Thoreau prolonge sa pensée séditieuse dans La Vie sans principe (1863). Prenant l'exemple de sa propre vie, Il montre que les besoins matériels et les contingences quotidiennes sont dérisoires et qu'ils constituent une entrave à l'épanouissement de l'esprit. En exaltant l'individualisme et une certaine forme d'oisiveté dans la communion avec la nature, Thoreau nous invite à explorer les « provinces de l'imagination ».
Machiavel (1469-1527) ne mérite sans doute pas son adjectif. Son pragmatisme, qui fut souvent jugé comme l'expression d'un cynisme, s'explique surtout par la situation d'une Italie déchirée par ses querelles, et mise en coupe réglée par l'Espagne et la France.
Ce noble florentin chercha à analyser lucidement une réalité désastreuse, et à y porter remède : c'est pourquoi la qualité cardinale du Prince idéal dont il dressa le portrait était de ne jamais se laisser dominer par les circonstances.
Le Prince constitue la première expression de l'esprit national transalpin, la première tentative d'une réflexion politique autonome, et l'un des chefs-d'oeuvre de la prose italienne.
« À quoi bon emprunter sans cesse le même vieux sentier ? Vous devez tracer des sentiers vers l'inconnu. Si je ne suis pas moi, qui le sera ? » Inspiré par Ralph Waldo Emerson et son Nature, Henry David Thoreau (1817-1906) quitte à vingt-huit ans sa ville natale pour aller vivre seul dans une forêt, près du lac Walden. Installé dans une cabane de 1845 à 1847, il ne marche pas moins de quatre heures par jour.
Pour l'auteur de la Désobéissance civile, farouchement épris de liberté, c'est bien dans la vie sauvage - sans contrainte - que réside la philosophie. Par cet éloge de la marche, exercice salutaire et libérateur, Thoreau fait l'apologie de la valeur suprême de l' individu. Conférence donnée en 1851, De la Marche constitue un bréviaire indispensable de l'éveil à soi par la communion avec la nature.
En 1542, six ans après sa mort, celui qui était considéré comme le Prince de la République des Lettres est décrété par les théologiens de la Sorbonne « fol, insensé, injurieux à Dieu, à Jésus-Christ, à la Vierge, aux Saints, aux ordonnances de l'Église, aux cérémonies ecclésiastiques, aux théologiens, aux ordres mendiants ».
Homme de la synthèse entre christianisme et philosophie païenne, Érasme réalise le difficile équilibre entre foi et savoir.
Henri beyle, dit stendhal (1783-1842), n'est pas seulement l'auteur du "rouge et le noir" ou de la "chartreuse de parme". certains textes courts, tels "le coffre et le revenant", manifestent une veine moins connue de l'écrivain : celle de l'épure, du récit mené au grand galop, où les passions sont l'expression d'une énergie qui se donne libre cours. ils sont à l'oeuvre romanesque ce que sont les dessins oubliés dans les cartons d'un grand peintre.
Né vers le milieu du Ier siècle après J.-C. fils d'esclave et esclave lui-même, Epictète avait d'emblée toutes les dispositions nécessaires à l'application pour son propre usage de ce condensé de morale stoïcienne. Dans un monde aveugle, les enseignements de ce manuel de lucidité nous rappellent que en un mot, le seul ennemi qu'on ait à redouter, c'est soi-même.
Marcus Tullius Cicero est né à Arpinum en 106 av. J.-C. et mort à Formies en -44, assassiné par les soldats d'Antoine. Homme politique, avocat, orateur, écrivain philosophe, Cicéron fut admiré de tous les temps. Son oeuvre est l'une des plus considérables de la littérature latine, elle est fondatrice de la société occidentale. On sait que Rome accordait une importance particulière aux liens sociaux. Un écrit qui "légiférait" en matière d'amitié, offrant des critères moraux raisonnés, était donc le bienvenu.
L'homme, ce point de convergence entre le temporel et l'éternel... Au soir de sa vie, malade, Khalil Gibran (1883-1931) s'interroge sur l'humanité, la divinité, l'amour, la mort. Il décide de reprendre certains de ses textes de jeunesse et de revenir aux sources « pour trouver une autre aube ».
Plongeant au coeur des deux grands livres sacrés, piliers de son univers et de sa poésie, il prolonge sa rêverie biblique et coranique : exaltation d'un pèlerinage au coeur de ses origines (Iram, cité des Hautes Colonnes), soif de rencontrer l'âme soeur ici-bas ou dans l'au-delà (Lazare et sa bien-aimée) et naissance de l'amour dans un couple sous le regard des Dieux (Les Dieux de la terre).
Depuis la fameuse campagne d'Égypte de Bonaparte, les rivages du Nil sont à la mode. Sous couvert d'une mission pour le ministère de l'Agriculture et du Commerce, Flaubert entreprend avec son ami Maxime Du Camp un voyage en Orient. De novembre 1849 à juillet 1850, il parcourt l'Égypte : toutes les orgies, tous les vertiges le tentent et il oublie vite les tâches officielles qui lui ont été confiées.
Dans ses cinq lettres adressées à Louis Bouilhet, le jeune Flaubert relate avant tout, sur fond de mirage oriental, le détail de ses frasques sexuelles. Mais la description de ses " baisades " désordonnées frappe moins par la crudité que par la rage de s'épuiser, et même de se perdre, qu'elles trahissent.
« Et parmi toutes les vanités de la vie, il n'y a qu'une seule chose que l'esprit aime et dont il ait besoin. Une chose éblouissante et unique.
C'est un éveil dans l'esprit, c'est un éveil dans les profondeurs intérieures du coeur, c'est une puissance irrésistible et magnifique qui s'abat soudainement sur la conscience de l'homme et lui ouvre les yeux. C'est une flamme qui se déchaîne subitement dans l'esprit, brûle et purifie le coeur, s'élevant au-dessus de la terre et planant dans le vaste ciel. »
Ces six textes de jeunesse de Khalil Gibran publiés entre 1906 et 1913 mettent en scène des marginaux et des fous, petits prophètes guidés par une soif d'absolu et de liberté qui se dressent contre l'ordre établi.
Le Management est un Empire mou ; c'est là sa force. Des myriades de pouvoirs en réseaux volatilisent les formes inaptes à la compétition. La Globalisation-Mondialisation a semblé l'ultime étape de l'occidentalisation de la planète. Avec, à la clé, la folklorisation des cultures qui résistent encore et l'alignement des individus sur la maquette euro-américaine. Mais quelque chose se durcit dans les rapports mondiaux, quelque chose de guerrier, qui déborde la techno-science-économie et touche aux ressources généalogiques, à la Terre intérieure de l'homme. P.L. Un film documentaire, Dominium mundi. L'Empire du Management, réalisé par Gérald Caillat, conçu avec Pierre Legendre et Pierre-Olivier Bardet, pour la chaîne ARTE, est à l'origine de ce texte inédit de Pierre Legendre. Ce film complète le triptyque qui comporte La Fabrique de l'homme occidental (1997) et Miroir d'une Nation. L'École Nationale d'Administration (2000).
Le Terrier, l'une des dernières nouvelles écrites par Franz Kafka, est celle où se mêlent avec le plus de violence l'issue inexorable d'une destinée tragique et une extraordinaire distanciation comique. L'humour noir atteint ici un paroxysme.
Un troglodyte nous fait partager l'extrême ingéniosité de sa vie enterrée, et ce lieu de sécurité maximale devient celui de tous les dangers ; lieu où la paix du « chez-soi » devient mortelle : un tombeau pour l'éternité.