Opposante de la première heure au régime hitlérien, Charlotte Beradt (1901-1986) conçut dans une volonté de résistance une étrange entreprise : de 1933 à 1939, elle rassembla 300 rêves de femmes et d'hommes ordinaires pour mesurer combien le nouveau régime malmenait les âmes... Rêver sous le IIIe Reich est un livre exceptionnel. D'abord parce qu'il montre avec quelle efficacité le IIIe Reich assassina le sommeil. Ensuite parce qu'il présente de manière inédite, à travers les rêves, la servitude volontaire au régime totalitaire. Enfin parce qu'il révèle que, de façon surprenante, ceux qui ont rêvé sous la dictature ont souvent pressenti les développements du régime totalitaire. Une préface de Martine Lebovici, philosophe, retrace la genèse de ce livre et en explore les dimensions théoriques. Une posface de François Gantheret, psychanalyste, montre comment ce matériel traumatique est précieux pour une approche analytique de la domination totale.
Salué aussi bien par Edward Said que par Toni Morrison ou J. M. Coetzee, Homi K. Bhabha est l'un des théoriciens les plus importants et les plus influents du postcolonialisme. S'appuyant sur la littérature, la philosophie, la psychanalyse et l'histoire, il invite notamment à repenser les questions très actuelles d'identité et d'appartenance nationales ; à dépasser, grâce au concept très fécond d'hybridité culturelle, la vision d'un monde dominé par l'opposition entre soi et l'autre ; à saisir comment, par le biais de l'imitation et de l'ambivalence, les colonisés introduisent chez leurs colonisateurs un sentiment d'angoisse qui les affaiblit considérablement ; ou encore, plus largement, à comprendre les liens qui existent entre colonialisme et globalisation. « Aucune discussion sérieuse sur le postcolonialisme n'est concevable sans se référer à Monsieur Bhabha. » (Toni Morrison)