De la baie d'Helsinki au delta de l'Orénoque, le narrateur croisera quatre fois la silouhette de l'Alcyon, un vieux tramp steamer crasseux et démantibulé qui possède pourtant la dignité sereine des grands vaincus.
A ce rafiot rouillé qui navigue avec une lenteur de saurien est liée une somptueuse histoire d'amour que le narrateur recueille de la bouche même du capitaine du bateau au cours d'une cinquième et ultime rencontre qui marquera le naufrage du tramp steamer. Maqroll el Gaviero est là, bien sûr, ainsi que son compère Abdul Bashur, mais ils se sont faits ombres discètes pour laisser le devant de la scène à Jon Iturri et sa passion pour Warda, une des soeurs d'Abdul Bashur.
Ces nouvelles ont fait de paul bowles, l'auteur d'un thé au sahara, l'un des maîtres du genre, comme le rappelle, dans sa préface, gore vidal.
On y trouve en effet un univers tout à fait unique de déserts africains ou de paysages d'amérique traversés par des personnages qui courent de catastrophe en catastrophe. et l'on peut comprendre que cet écrivain-ethnographe, plus intéressé par les mythes et la musique que par le grand roman américain, ait pu attirer jusqu'à tanger plusieurs générations d'écrivains de son pays.