Des champs de bataille de 14 à l'entre-deux-guerres où la cavalerie cède la place aux blindés, et d'une blessure mutilante à la débâcle du printemps 40, Le cavalier de Saumur raconte la vie de René-Frantz Préclaire. Nouant peu à peu à la trame du récit le fil du lien qui unit le personnage à l'auteur, le livre présente une destinée remarquable qui croise à la fois l'amour d'une vicomtesse, l'Histoire, et le fantôme d'un cheval.
Un premier roman virtuose.
Ce récit d'anticipation nous plonge au coeur des débats scientifiques d'un futur indéterminé. Quelque part entre faits scientifiques et affabulations poétiques se dessine un horizon troublant : et si les araignées, les wombats et les poulpes nous adressaient des messages codés à travers leurs comportements ? Par cette étonnante expérience de pensée nourrie des plus récentes découvertes scientifiques, Vinciane Despret ouvre la voie à un décentrement de la condition humaine sur Terre.
"Victor" est un récit de famille. Claudie Gallay y écrit l'histoire de son grand-père, abandonné lorsqu'il était enfant, et y dresse, en filigrane et au gré des narrations familiales, le portrait fictif ou réel de son arrière-grand-père, Victor. Le texte interroge ainsi la fiction : nos souvenirs et les anecdotes transmises étant déjà une réécriture de notre propre histoire.
Au début de l'été 2020, dans un Liban ruiné par la crise économique, dans un Beyrouth épuisé qui se soulève pour une vraie démocratie alors que le monde est pétrifié par le coronavirus, Charif Majdalani entreprend l'écriture d'un journal. Cette chronique de l'effondrement se trouve percutée le 4 août par l'explosion dans le port de la ville de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium. Dès lors, elle devient le témoignage de la catastrophe et du sursaut, le portrait d'une cité stupéfiée par la violence de sa propre histoire, le récit de "destins jetés aux vents". Suivi ici d'un "Journal intermittent", "Cette routine du désastre", écrit lorsque Charif Majdalani tente de reprendre le cours de ce témoignage en 2021, alors que le Liban s'enfonce inexorablement dans un quotidien sacrifié.
Autobiographie romanesque de Madeleine Gonzalès, connue par un portrait d'elle enfant au XVIe siècle et frappée d'hyperpilosité comme son père, "sauvage" du roi de France, et certains de ses frères et soeurs : des personnages singuliers, placés en marge de l'histoire officielle mais qui ont pourtant excité l'imagination et la curiosité des princes et des savants. Un roman passionnant de Mario Pasa sur cette lignée velue, qui nous offre de regarder les "monstres" avec les yeux d'un homme de la Renaissance tout en abordant des questions très actuelles, comme l'ostracisme, notre rapport à la nature et le pouvoir des images.
Soit deux comètes adolescentes engagées dans des pratiques anorexiques sévères les menant à confondre vie privée et privatisation de soi. Dans le creuset de ses réflexions autour du corps - fabriqué, policé, souffrant voire annihilé par nos sociétés modernes -, Espedite compose la géographie des délires adolescents, en parcourt les territoires, les soubassements, les impasses et les issues de secours. En suivant les voies de ces intériorités possédées, l'utérus en guise de graal.
Dans ce captivant recueil de récits qui est aussi un livre de vie, Russell Banks, explorateur impénitent, invite son lecteur à l'accompagner dans ses plus mémorables voyages - des Caraïbes à l'Himalaya en passant par l'Écosse. Entretien avec Fidel Castro à Cuba, folles virées en voiture à l'époque hippie, expériences diversement radicales, relations entretenues avec ses quatre épouses successives, autant d'étapes formatrices aux allures de quête de soi qui ouvrent chez le lecteur un chemin vers le coeur et l'âme d'un romancier aussi fameux que respecté.
L'histoire de la vie et de la mort d'un journal sous la Révolution française : sept numéros du Vieux Cordelier parus de 1793 à 1795, qui se sont retrouvés au coeur des tensions ayant divisé les principaux courants républicains. En prenant à bras-le-corps le mot aujourd'hui galvaudé de "République" - en faisant revivre le désir de justice et d'égalité qu'elle a porté, la force et la violence dans laquelle elle est née -, Joseph Andras entend rappeler la charge émancipatrice et radicale qu'on lui a ôtée au fil des siècles.
Guidé par une ombre errante, l'écrivain-narrateur déambule de nuit dans un Paris étrangement vide, se remémorant des scènes proches ou lointaines, des existences anonymes ou fameuses, des personnalités tutélaires (Villon, Hugo, Artaud...). Mille vies l'ont précédé dans cette ville qui l'a vu naître et mettre au monde lui-même tant de personnages. Un récit sur la présence des absents, qui mêle l'autofiction au fantastique pour esquisser un art poétique.
Au plus proche de l'autobiographie, Nancy Huston nous livre ici le récit de sa toute première enfance, cette période si étrange où son père va soudain demander à sa jeune femme, pourtant déjà mère de trois enfants, de quitter la maison, de partir. Puisqu'elle ne se décide pas à renoncer à ses études, qu'elle se sépare de ses enfants et ne demande plus jamais à les revoir. Commence alors une tout autre vie pour la petite, une vie heureuse malgré tout, mais cet abandon habitera à jamais son imaginaire. Un texte fondamental dans la trajectoire littéraire de Nancy Huston.
Très différent de ce qu'un flâneur pourrait écrire sur ce pays, ce récit, à travers une approche empathique et fouillée, révèle les très nombreux détails de la vie quotidienne iranienne (en particulier celle des écrivains, mais pas seulement) et s'efforce d'éclairer les points obscurs de la religion et de la mentalité.
Septembre 2019, dans la dernière ligne droite de l'écriture de son roman Le grand vertige (Actes Sud, Août 2020), Pierre Ducrozet se lance dans un voyage de plusieurs mois à travers l'Asie sur les traces de certains de ses personnages. Sous forme de chronique bimensuelle, il envoie des cartes postales à Libération : récits, impressions, sensations, "notes pour plus tard" qui prennent le pouls de cette planète et des humains qui y vivent. Et qui semblent constituer la très réelle contribution de l'auteur au réseau Télémaque fictif qu'il invente dans son livre.
Voyageuse de toujours, écrivain de l'ailleurs depuis des décennies, Lieve Joris a traversé l'Afrique de part en part. Aujourd'hui elle poursuit son chemin. Sur les traces de ses amis du Congo, elle suit la nouvelle route du commerce jusqu'en Chine. Et les Africains sont bien là, au coeur des échanges internationaux et de l'avancée fulgurante de la mondialisation.
En parcourant le monde, parfois à pied, souvent à cheval, Jean-Louis Gouraud voulait découvrir quelles fonctions occupe auprès des différents peuples cet animal pas comme les autres qu'est l'equus caballus, avec l'intime conviction qu'il n'y pas de chevaux sans hommes. Aller les observer partout dans le monde, de l'Orient à l'Occident, c'était avant tout pour lui une façon de partir à la rencontre des populations qui les élèvent, les exploitent, les entourent, les chérissent. Ces chroniques en sont le témoignage vivant.
Un tour du monde animalier sur les traces de Pierre Loti, qui fut l'ami des animaux, leur frère, leur défenseur. Des textes rares où se mêlent la pitié, la colère, l'humour et qui donnent à lire un aspect méconnu et attachant de son oeuvre.
Comme dans un sourire triste qui porterait à la fois toute la nostalgie de l'enfance et la morsure des souvenirs de ses cauchemars, Yaël Neeman raconte l'histoire du kibboutz Yehi'am, où elle est née et a grandi. A travers l'expérience intimement vécue de la réalisation de cette utopie, elle livre la radiographie - l'autopsie ? - lucide, drôle et désenchantée, sans complaisance ni ressentiment, d'une utopie israélienne.
Décembre 2014, le capitaine Hammarstedt engage l'quipage du Bob Barker dans un voyage inédit à la poursuite du Thunder, le tristement célèbre bateau de pêche. En suivant la trace de ce navire, ils se retrouvent sur la piste des chevilles ouvrières de la criminalité, de la corruption rampante, de l'esclavage moderne et d'une communauté internationale qui se contente de détourner le regard.
A la poursuite du Thunder relate une histoire vraie empreinte de courage et de persévérance et lance un appel à agir contre la destruction de notre environnement.
C'est dans un documentaire sur Yassin al-Haj Saleh que Justine Augier avait découvert Razan Zaitouneh, à qui elle a consacré son livre précédent, De l'ardeur. Près de cinq ans plus tard, elle rejoint l'intellectuel syrien dont l'épouse a été enlevée en même temps que Razan, désormais exilé à Berlin, à l'heure où des tribunaux français, suédois et allemand, au nom de la compétence universelle, s'apprêtent à juger certains responsables des crimes contre l'humanité commis en Syrie depuis 2011.
Au cours d'une conversation qui se prolonge sur une année, ensemble ils tentent d'apprivoiser l'inconfort de la survie et de l'exil, les refuges et les ressources de la pensée, d'explorer les points de résonance entre la tragédie syrienne et le passé européen, avec la volonté urgente de croire que la justice pourrait rendre au peuple syrien la dignité que sa révolution écrasée a tenté d'arracher, et dessiner une alternative au désespoir.
Nourris de légendes suédoises, huit récits de Noël, auxquels le talent de conteuse de Selma Lagerlf confère un charme incomparable.
Grand écrivain voyageur polonais, Andrzej Stasiuk part cette fois-ci en Sibérie, en Mongolie, en Chine, en Kirghizistan... à la recherche du « Far Est », de grands espaces, de l'infini, des terres arides, des paysages inchangés depuis des siècles. La fascination de ces contrées est toujours mêlée d'appréhension car le berceau du communisme, c'est ici. En parallèle à son périple, Stasiuk entreprend alors un voyage dans le temps, et se confronte à sa jeunesse, à l'expérience du régime de la Pologne populaire. Sa vision de l'Est, très personnelle, est à la fois politique, intellectuelle et culturelle. « On voyage pour se confronter à son esprit, à sa pensée, à sa mémoire», écrit-il. Faisant partie des cinq écrivains polonais les plus traduits dans le monde, Stasiuk nous invite à changer notre regard sur ces pays très méconnus en Europe.
Dès août 1914, Marie Curie sauve des milliers de soldats de la mort ou de l'amputation. Elle fait acheminer vers l'Avant, malgré le risque et contre les autorités, le matériel et les techniques des rayons X qui permettent la localisation et l'extraction des éclats d'obus. Elle ose emmener sa fille Irène, dix-sept ans, sur les routes en guerre puis la lâcher, seule, dans des hôpitaux de l'Avant.
À l'occasion du 30e anniversaire du "printemps de Pékin" et de la commémoration du massacre des étudiants de la place Tian an Men, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, Babel réédite ce témoignage exceptionnel sur la tragédie chinoise, vue à travers les yeux d'un journaliste français qui était sur place au moment des faits.
Récit d'un empoisonnement, La malchimie témoigne de l'affection d'une soeur ayant perdu son frère, ouvrier agricole mort de la nocivité des produits phytosanitaires qu'il a manipulés pendant des décennies sans protection, autant que de l'urgence à combattre le tout-chimique. Un récit emporté par la force incandescente d'une romancière qui a su bâtir de livre en livre un univers rare et complexe.
En classe de terminale, un professeur de philosophie propose à ses élèves de s'attacher au récit d'un seul souvenir ; de n'en choisir qu'un, comme si c'était le dernier, avant que tout ne disparaisse... Une trentaine de fragments, mélancoliques ou pleins d'ardeur, comme autant de séquences cinématographiques de ces états transitoires, qui forment le portrait sensible de l'adolescence.