N'oublier ni les morsures de l'histoire ni les disparus. Ne pas se leurrer sur un présent douloureux et empêché. Ouvrir pleinement les yeux sur la réalité africaine, quitte à sentir brûler les larmes. Et pourtant, ne jamais se résigner. Et encore, clamer la fierté et la dignité. Élever la paix et l'humanisme au plus haut dans l'échelle des valeurs. Chanter et mobiliser ces forces qui feront des lendemains meilleurs. En somme, revendiquer son héritage, aussi cruel qu'il puisse être, et toujours tendre vers l'espérance... Tel est le message composé par D. Sadié au fil de cette « Élégie » qui perpétue, par la poésie, les cris déjà lancés dans "Hamanieh ou les nouvelles du pays" (Publibook, 2012).
Dans ce quatrième essai, une compilation d'articles courts classés en trois thèmes principaux, l'auteur nous livre à coeur ouvert la suite de son introspection qui se fond dans celle de son époque, la nôtre, ô combien trouble et troublée. Posant son âme comme un miroir, il tente de décrire et de transmettre, malgré l'éphémère de nos vies humaines, ce qui, en nous, demeure à jamais immuable, ce qui revient toujours en une obstinée permanence pour nous consoler et nous faire croire encore à l'éternité. Et ceci précisément par la mémoire poétique, qui toujours dans le coeur survit en le nourrissant d'espoir.
« Ces pages sont un petit peu de toi Un petit peu de moi dans l'orage Un petit peu de vous Avec beaucoup d'émoi Et une longue route à parcourir durant des mois Dans le noir parfait Dans le brouillard parfois Pour se reconstruire et se racheter une conduite » Influencé par les arts et notamment la musique rap, Gaël Raimond écrit ici des poèmes mélancoliques qui reflètent ses états d'âme. Vers solitaires, vers salutaires touche ainsi par sa sincérité et son universalité. L'auteur, par son style soigné et sa plume poignante, fait voyager le lecteur dans la tourmente des émotions et sentiments, mêlant tristesse, joie, colère et incertitude.
« J'ai acheté bien cher quelques-uns de mes rêves À des marchands aveugles sur mon chemin. Désormais, je n'aspire plus qu'à la trêve Et à croiser enfin le regard de mon destin. Les jouets propres à ceux de mon âge Échouent désormais à me contenter. Y a-t-il un horizon par-delà les mirages Que les conventions nous enjoignent d'admirer ? Il est des jours où le vide me tente, Rompre les rangs de la Grande Illusion. Mais je ne sais si glisser sur cette pente Signerait une défaite, ou bien une décision. » Les morsures de la lassitude, les vagues du désenchantement, une rupture avec son époque et les idéaux de celles-ci, les déceptions de l'existence s'expriment tout au long des poèmes composés par Sébastien Matar... mais aussi un ardent désir d'exister. Ambiance quasi crépusculaire donc pour ce recueil que l'on pourrait penser composé par une âme déjà éprouvée par le temps, mais qui s'avère finalement jeune et désabusée. Émane ainsi de cette oeuvre une esthétique romantique et tourmentée, qui n'est pas sans rappeler certains grands poètes français.
« Au sommet d'un petit terrain de verdure, Au-dessus de la butte, Une maison volets fermés, jolie devanture, Perdue dans la nature, Où mûrissent les mûres, Les herbes folles vont et viennent, Comme les reins de la demoiselle, Pauvre être Vivant sur la butte Pour faire la pute. » À fleur de souffrances, à la lisière des ténèbres et de la misère, là où la vie écorche, blesse, déçoit... Autant de lieux crépusculaires et tourmentés où croissent, vénéneux, les vers de Fabienne Liarsou. Recueil en forme de bouquet de ronces, son oeuvre, aux mélodies noires et cruelles, nous fait approcher, au plus près, de ce désespoir qui toujours menace de nous engloutir.
« Dans l'enfer du temps, des âmes grillent avec pugnacité. Je me dis, en ce moment, que valent ma vie et ma véridicité, Mes larmes, mes chagrins et mes peurs qui tintent, Et les maux de mon âme et de mon corps qui suintent ? » L'ombrageux et le lumineux, la nostalgie et l'espérance, le passé qui se dérobe toujours plus et un présent à réécrire... Ces thèmes essentiellement ontologiques sont à la racine même des vers que Roland Farès fait s'élancer, tour à tour grave et sage, au fil de ces pages. Tout en demi-teintes, exprimant dans un réalisme parfois strident les inquiétudes et la sourde mélancolie de l'auteur, cette oeuvre ne cesse encore d'interroger le sens que nous donnons à nos existences.
Un recueil entièrement arcbouté contre la violence, la barbarie, le fanatisme religieux et ses cortèges d'horreurs. Mais encore et surtout une oeuvre en forme de défense et d'ode à la vie, à la tolérance, à la fraternité... Ainsi se caractérisent ces « Réflexions poétiques » signées Élie Mangoubi qui, avec ces vers, jette, à destination d'une humanité par trop désunie, à la fois un cri d'alarme et un chant pacifique.
« Je me le représente la nuit Avec ses ailes qui tournent sans bruit, Alors qu'il se transforme en ruche Et que tous ses occupants bûchent. » La frénésie de la danse, la musique qui vous emporte, les bruits de la fête. Le Moulin Rouge n'est pas en apparence l'espace de prédilection des mots et de la littérature. Un a priori que balaie cependant ce recueil signé Sylvie Astruc, pianiste-accompagnatrice lors des répétitions au sein de cette institution. Sa position dans l'ombre, en périphérie des lumières de la scène, font ainsi de l'auteur une observatrice discrète - mais toujours émue - des coulisses du cabaret. Scènes de vie glanées, fascination pour le travail des danseuses et danseurs, captation de l'atmosphère particulière de ce temple de la nuit parisienne forment la matière à l'origine de cette oeuvre mi-poétique mi-autobiographique, où l'humilité de cette artiste de l'ombre se fond dans des vers limpides et entraînants.
« Mais comment s'exprimer et lui avouer Toi qui as si peur de le choquer Lui qui reste silencieux et dans ses secrets Mais comment rester plus longtemps muet Lui dire simplement qu'il t'interpelle Toi qui n'as pas voulu l'empêcher Lui qui t'a envahi en pensées Lui lâcher simplement ces mots pêle-mêle » Composées de deux mouvements - l'un introspectif et amoureux, l'autre consacré aux souffrances de l'humanité - ces Convenances de Bruno Canella disent, en vers et en musique, la volonté de s'accrocher à l'espoir. Une volonté indissociable de la découverte, en soi, en nous, du courage de se révéler à l'Autre, de s'élever contre toutes les intolérances et violences, de penser que femmes et hommes doivent connaître la paix. Si les paysages intérieurs ou extérieurs que dépeint le poète peuvent ainsi apparaître sombres, ils sont secrètement illuminés et transfigurés par une discrète mais puissante espérance, qui donne tout son poids aux mots du poète.
« Soi... chacun mérite du bon, du doux, du tendre, Le vrai sentiment, la vraie attention, être bien... Si pleurs à en mourir de ses larmes, s'y briser... Alors... chercher le bon, le doux, le tendre... Conseils... aux uns... aux autres... pour le bien. Si pour soi... l'on ne voit... autre amènera un bien. Conseils... aux uns... aux autres... souvent... Pour soi, ne pas savoir, alors parfois un autre ou une autre dira. » Lisa Muga rend compte au plus près, dans ses pièces poétiques, de ces rapports conflictuels, parfois douloureux et mortifères, qui se jouent entre les individus. Plaidant pour l'harmonie avec autrui, quel qu'il soit, pour la sincérité et la véracité dans nos relations humaines, cette oeuvre porte un message de paix, de réconfort et de réconciliation fort.
« Un monde où les conventions demandent à chacun de tendre la main à l'autre et d'essayer ensemble de se diriger vers un but commun. Se rapprocher des autres... de l'autre... demande parfois des efforts individuels et/ou des volontés collectives pour aboutir au résultat d'une convergence sans défaut... » Bruno Canella revient avec un nouveau recueil aussi abouti et brillant que Convenances. Oscillant entre lyrisme et mordant, la langue de l'auteur nous touche au plus profond de notre être. Au travers de textes engagés qui appellent à la prise de conscience et à l'action, à la vigilance et à la réflexion dans un monde dur et parfois cruel, B. Canella dénonce les maux qui rongent notre société, de la discrimination, à la misère ou encore à l'exclusion. Mais ce tableau noir et sombre est contrebalancé par une ode à l'amour et à la tolérance. Un seul dessein : nous faire ressentir une palette d'émotion. Un objectif parfaitement réussi !
"L'amour n'attend pas le nombre des années Pour t'émoustiller ou t'apprendre à aimer À tout donner, sans rien recevoir en retour L'amour, taillé au cordeau Fusionne entre tout corps, mais il ne fait jamais de cadeau Pour nous il était peut-être trop tôt ? Et notre amour, sûrement trop beau ? Pour qu'il puisse survivre, sur le bout de nos lèvres" Vous vous apprêtez à embarquer pour une excursion très spéciale dont Pascal Dague est aux commandes. Attachez vos ceintures car à travers ce livre, ce dernier vous promet un voyage rempli d'émotions en tous genres qui vous conduira à la rencontre de ses souvenirs et ressentis tantôt heureux, tantôt tragiques. Plusieurs escales émotionnelles sont à prévoir, pour à terme atteindre son pays : l'amour. L'auteur nous confie, dans cet ouvrage, ses propres chansons écrites d'une main de maître qui retracent les nombreux instants qui ont marqué sa vie. La mélodie de ses mots n'a rien à envier aux plus grands paroliers et le message dont ces derniers sont porteurs, est composé d'amour, de vérité et de tolérance.
Après avoir parcouru, au fil des années, les méandres de la psychologie, de la philosophie et de la spiritualité sous diverses modalités, l'auteur aborde aujourd'hui ces sujets, essentiellement par le biais de la poésie. Celle-ci lui permet, à sa manière, de sublimer l'art littéraire en le rapprochant du mystère, considérant dès lors chaque poème comme une étincelle d'intuition issue de la fusion instantanée entre l'âme et l'esprit.
Il vous invite ainsi dans ce recueil à partager avec lui, dans un premier temps, la manière dont il accompagne les oeuvres d'un maître ferronnier d'art, Dominique Bonillo exerçant à Sorgues (84) puis, l'expression d'une réalité plus intime au travers de nombreux sujets aussi divers que variés, et enfin vous dévoilera l'esprit du Tarot de Marseille en illustrant chacun de ses 22 arcanes majeurs par un quatrain.
Dès mon adolescence, j'ai commencé à exprimer mes émotions à travers la poésie. Testament d'amour est l'héritage d'un amour sain et d'un patrimoine sentimental. D'ailleurs, la plupart de ces textes ont été écrits à la fleur de mon âge. C'est l'expression de l'amour parfait d'un adolescent touché par la maladie d'amour et qui accepte de se laisser emporter par ce vent. Si les poèmes ne s'adressent pas toujours au même coeur, c'est seulement parce qu'à cet âge les amours sont souvent passagers. Toutefois, l'authenticité des émotions fait que cette poésie d'amour reste linéaire.
« L'espérance se dénoue peu à peu Elle s'enfuit tout le long de la Seine M'abandonne avec mon corps de vieux Parmi tous ces êtres remplis de haine La victoire était mon espérance Elle se meurt atrocement dans ma vie Me torturant d'une façon intense Aux chacals qui hurlent je fais envie » C'est en homme seul, abandonné, irrémédiablement exilé des autres que se peint le poète G. Courtade dans ce recueil aux notes amères et aux tonalités crépusculaires. « Poésie éparse » est ainsi de ces oeuvres au noir qui disent, sans concession, la rupture consommée entre un homme et le monde, et ceci à l'aide de mots d'une désarmante justesse. En somme, une sombre pépite poétique...
Ces "bréviaires des aubes et des vents", comme les avait nommés Jacques Lacarrière, ont été principalement écrits de la haute Asie à l'archipel indonésien. L'auteur partageait avec J. et N. Bouvier, dont une lettre introduit le recueil, une paisible urgence et une brûlante délectation à dérouler le fil de l'horizon. Ces trois grands poèmes, qui dénotent un long et sensuel frottement à la langue et à la littérature, touchent et émeuvent par le concret de leurs évocations et le sentiment d'enfance qui les traverse.
« L'eau qui nous lie, l'eau bienheureuse L'eau lente des amours changeantes Laisse aller vos paroles lasses Languissamment et je vous suis... Je me change en Océanide Mais ce n'est pas moi l'ondoyante Je ne suis que la délaissée Des sillages aux fleuves inconstants... » Au coeur de ce recueil poétique, la nostalgie... Ce creux entre soi et ceux qui ne sont pas là, entre les amoureux qui s'éloignent ou s'attendent... Ce sentiment lancinant lié à l'ailleurs. Ce thème, que l'on peut qualifier de classique, D. Le Cam le traite pourtant de manière singulière, tissant ses poèmes comme l'on compose des chansons et des ritournelles, nous transportant ainsi dans une oeuvre à l'atmosphère entêtante, où la mélancolie se teinte de douceur, voire de suavité.
« Sur les coteaux, auprès du tronc rugueux des chênes, Le blanc bouleau qu'émeut la plus légère haleine, Son feuillage léger de lumière baigné, Se dresse comme un page auprès d'un vieux guerrier. Les longs baisers du vent font ondoyer les cimes, Le soleil filtre et pleut sous les feuilles, intime Et douce est la tiédeur du bois profond. Le vol Des nuages découpe une ombre sur le sol ; On voit errer des choses vagues sur les pentes, La profondeur du ciel est calme, éblouissante, Et la terre convie avec sérénité Chaque être à quelque intime et sourde volupté. » Midi : le chant de la joie
Loin de la magie et de la cour des comptes, il existe un autre monde, où règnent en maîtres la beauté foisonnante des îles, la luxuriance, l'amour et le désir, la fraîcheur des collines, et où s'esquissent parfois d'inattendues rencontres... Toutes choses aussi simples qu'essentielles, que Bernard Fuchs traduit dans la langue des poètes, en impressions fortes, en haïkus sensibles et en aphorismes à l'ironie ravageuse.
L'âge d'or où la poésie régnait sur le monde des lettres semble loin maintenant... Et pourtant, le génie des grands auteurs demeure et hisse leur texte jusqu'à cette éternité par laquelle ils continuent à nous parvenir... Des auteurs tels que Ronsard, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Apollinaire, Desnos, écrivains consacrés, dont l'oeuvre et l'existence furent marqués par une intensité brûlante ou électrique... Des moins connus aussi, tels Mac Orlan, Richepin, Le Breton, que cet ouvrage met en lumière afin de les inscrire définitivement dans le panthéon de la poésie française.
Mondes et rêves imaginaires qu'on fait vivre la nuit pour apaiser sa vie. Soulagement décent d'une vie pleine de folies, soulagement récent qui s'éteint dès l'aube de notre vie... Quoi de plus beau que de coucher sur papier afin d'imprimer pour la vie les aléas de sa conscience ? Cette réalité de tous les jours, cette impression qui vous marque toute une vie. Quoi de plus beau que d'enregistrer ces souvenirs qui vous accompagnent pour toujours ?
De jardins en parcs, luminescence et iridescence d'une flore invincible qui, discrète, se dresse devant nous, borde nos promenades, nous tend ses beautés. Partout, entre capitale, Sicile et Camargue, la magnificence des éléments, la splendeur du végétal, les eaux cristallines, les pierres et leur silence, les nobles et mutiques ouvrages de l'homme. Toute la majesté, oubliée par nos yeux et nos sens, d'un monde frappé par la peine, la violence et la dureté... Toute une majesté consignée dans ce recueil aux vers solaires et enchanteurs...
« Plus tard au fond de l'usine suspendu à l'échelle Échappant de justesse à la milice tu te fais la belle Recroquevillé au fond du jardin où tu es tombé Tu trembles dans tes golfs froissés Au loin les rafales de balles La torpeur et la peur succèdent à la liberté retrouvée De la Seine au lac du métro au banjo Tombé du train un beau matin Venu du ciel un soir de guerre Le petit Parisien s'en va s'en vient De la butte Montmartre à Montfollet de Villejuif à Bernardière Tu découvres le ski les flots bleus et le pédalo » Partagées entre souvenirs, évocations familiales et fiction, les envolées poétiques d'Élyane Guillaud-Rollin mêlent l'hommage à l'évasion, l'intime à l'universel, le sépia à l'arc-en-ciel. D'hier à aujourd'hui, des grands-parents aux enfants, du lac de Paladru jusqu'aux glaces de l'Arctique, une plume habile dérive et nous transporte au gré des mots.
"Ici passera l'ange", ou quand l'amour se fait apocalypse... Non pas dans son acceptation ordinaire, mais dans son sens étymologique : révélation, dévoilement. L'amour donc, comme une lumière qui renvoie toute chose dans l'ombre, dans le grotesque du clair-obscur, là où le monde apparaît dans toute sa folie et sa démesure... L'éblouissement encore qui vous jette à terre, aux pieds d'une femme-Salomé... Tous exprimés dans un recueil situé entre enfer et paradis, adoration et mépris.