Le cancre
il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur
Le kaddish est l'une des prières de deuil que les juifs récitent plusieurs fois par jour. Il a pour objet, non pas la mort, mais le futur et la sanctification du nom divin. Il n'existe pas de kaddish pour l'amour - alors une femme l'écrit pour l'homme dont elle est séparée.
Dans Kaddish pour un amour, celle qui aime cherche l'aimé dans l'absolu de sa présence. La langue est ciselée, épurée, témoin de la fragilité du sentiment amoureux.
Ce splendide recueil, habité par un souffle mystique, renoue avec une tradition poétique hébraïque trois fois millénaire et offre une prière universelle pour le retour de l'être aimé.
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie Ta vie que tu bois comme une eau de vie. Premier recueil de poèmes d'Apollinaire, Alcools est publié en 1913, alors que certains poèmes du recueil ont été écrits dès 1902. Apollinaire y mêle différents motifs comme la souffrance amoureuse, la mélancolie et le passage du temps, la ville moderne, ou encore le quotidien dans son exploration des paysages rhénans. Le vers libre ainsi que l'absence de toute trace de ponctuation sont autant de marqueurs d'une poésie de la modernité qui donnera l'inspiration poétique à tout le courant surréaliste.
Edition enrichie (Introduction, notes, commentaires, chronologie et bibliographie)Avec Les Fleurs du Mal commence la poésie moderne : le lyrisme subjectif s'efface devant cette « impersonnalité volontaire » que Baudelaire a lui-même postulée ; la nature et ses retours cycliques cèdent la place au décor urbain et à ses changements marqués par l'Histoire, et il arrive que le poète accède au beau par l'expérience de la laideur. Quant au mal affiché dès le titre du recueil, s'il nous apporte la preuve que l'art ici se dénoue de la morale, il n'en préserve pas moins la profonde spiritualité des poèmes.
D'où la stupeur que Baudelaire put ressentir quand le Tribunal de la Seine condamna la première édition de 1857 pour « outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs » et l'obligea à retrancher six pièces du volume - donc à remettre en cause la structure du recueil qu'il avait si précisément concertée. En 1861, la seconde édition fut augmentée de trente-cinq pièces, puis Baudelaire continua d'écrire pour son livre d'autres poèmes encore. Mais après la censure, c'est la mort qui vint l'empêcher de donner aux Fleurs du Mal la forme définitive qu'il souhaitait - et que nous ne connaîtrons jamais.
S'il a d'abord été connu du public français par ses ouvrages sur la pensée, l'esthétique et la calligraphie chinoises, ses méditations et ses romans, François Cheng a commencé par publier des poèmes et la poésie n'a cessé d'être l'alpha et l'oméga de son oeuvre. Le succès éditorial exceptionnel de ses deux derniers recueils (La vraie gloire est ici et Enfin le royaume s'explique assurément par l'évidence de leur lyrisme généreux, l'élan et la limpidité de l'écriture, son chant profond qui donne accès à une haute spiritualité imprégnée du taoïsme et cependant proche du coeur et des préoccupations de tout un chacun. «Car vivre / C'est savoir que tout instant de vie est rayon d'or / Sur une mer de ténèbres, c'est savoir dire merci», ces vers par exemple qui expriment un optimisme foncier et lucide résument parfaitement une position existentielle qui apparaît comme un point d'appui pour la conscience occidentale égarée par ses doutes.
Est-ce qu'on s'entendrait si on se rencontrait aujourd'hui ?
Pauline et Anouk sont soeurs. Elles ont huit ans d'écart : un gouffre pendant l'enfance. Désormais adultes, voici le temps des retrouvailles : il faut réapprendre à se connaître. Dans cette correspondance poétique et photographique, elles esquissent une mémoire commune.
De confidences en promesses, un échange qui sublime les liens familiaux et la sororité.
Edition enrichie (Préfaces, notes, biographie et bibliographie)
En 1903, Rilke répond à Franz Kappus, un jeune homme de vingt ans, élève d'un prytanée militaire, qui lui a envoyé ses premiers essais poétiques. Neuf autres lettres suivront, que Kappus publiera en 1929, trois ans après la mort de Rilke. Leur retentissement n'a fait que s'accroître depuis. Bien plus, en effet, qu'un entretien sur le métier poétique, elles forment une extraordinaire méditation sur la solitude, la création, l'accomplissement intérieur de notre être.
Cette nouvelle traduction s'accompagne ici d'essais échelonnés entre 1912 et 1919, Sur le poète, Instant vécu et Bruit originaire, ainsi que de poèmes écrits en français, à la fin de sa vie, par l'auteur des Elégies de Duino. Trois visages d'un des plus grands poètes du xxe siècle.
Présentation et notes de Hans Hartje et Claude Mouchard.
Tout commence à Conques dans cet hôtel donnant sur l'abbatiale du onzième siècle où l'auteur passe une nuit. Il la regarde comme personne et voit ce que, aveuglés par le souci de nous-mêmes et du temps, nous ne voyons pas. Tout ce que ses yeux touchent devient humain - vitraux bien sûr, mais aussi pavés, nuages, verre de vin. C'est la totalité de la vie qui est embrassée à partir d'un seul point de rayonnement. De retour dans sa forêt près du Creusot, le poète recense dans sa solitude toutes les merveilles 'rapportées' : des visions, mais également le désir d'un grand et beau livre comme une lettre d'amour, La nuit du coeur.
C'est ainsi, fragment après fragment, que s'écrit au présent, sous les yeux du lecteur, cette lettre dévorée par la beauté de la création comme une fugue de Jean-Sébastien Bach.
On ne dira jamais assez l'importance des choses sans importance.
Ce sont des blessures anodines, des rêves futiles, des paroles entendues. Dans notre fuite en avant, nous y prêtons rarement attention.
Lilia Hassaine prend le temps, s'arrête. Elle observe ces choses sans importance avec la curiosité et la cruauté de l'enfant qu'elle fut : sans filtre. Chaque poème est une flèche qui fait mouche.
"Pourquoi le cacher ? Ce n'est pas une poésie facile. Ses difficultés sont à proportion, en nous, des vieilles habitudes de voir et de leur résistance : René Char ou la jeunesse des mots, du monde... Il faut le lire et le relire pour, peu à peu, sentir en soi la débâcle des vieilles digues, de l'imagination paresseuse... Poésie qui se gagne, comme la terre promise de la légende et de l'histoire : celui-là qui y plante sa tente, qu'il soit assuré de s'en trouver plus fort et plus juste."
Yves Berger.
Ce poème d'Aragon est un "roman achevé", au sens où l'on dit qu'une oeuvre est achevée ; c'est un roman en ce qu'il raconte une aventure du coeur. L'amour, l'expérience, la réflexion sur la vie en constituent les thèmes. Un Roman de la Rose.
Et comme le Roman de la Rose, difficile à analyser, car sa signification est multiple, et la Rose ici, de l'aveu de l'auteur, indescriptible. Peut-être le lecteur en trouvera-t-il la clef dans les épigraphes au poème, l'une tirée du Gulistan ou L'Empire des Roses, de Saadi, l'autre de Roses à crédit, roman d'Elsa Triolet.
Le thème de la Rose, commun à nos poètes médiévaux et à ceux de l'Orient, ne semblera aucunement d'apparition fortuite au coeur du poème que voici, à condition de se rappeler qu'Elsa voit le jour en même temps que ces Roses à crédit.
C'est la plume du poète
Contre l'épée du guerrier
C'est le poids du beau texte
Contre la poudre du barillet
C'est le stylo dans la main
Contre le couteau dans la plaie
Souleymane Diamanka en appelle à la figure puissante du poète pour contrer celle du guerrier. Un duel dans lequel la parole poétique, par la force de ses symboles, fait rempart au feu et au sang. Observateur attentif de notre société et conteur de talent, Diamanka invoque le rêve comme moyen d'ouverture au monde, évoquant l'Amour, la déception, l'endurance et le courage au féminin, le refus de la mémoire imposée, l'hommage à la fraternité, et même Spartacus, le prince des esclaves...
Bordelais d'origine peule, Souleymane Diamanka est l'auteur d'un premier album de slam, intitulé L'Hiver peul (2007). Son premier recueil, Habitant de nulle part, originaire de partout, est également disponible en « Points Poésie ».
Édition enrichie (Présentation, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)Les Contemplations, que Hugo fait paraître en 1856, sont à un double titre marquées par la distance et la séparation : parce quele proscrit qui, dans Châtiments, vient defustiger Napoléon III, est en exil à Guernesey ;mais aussi parce que le recueil, en son centre, porte la brisure du deuil, et ses deux parties - « Autrefois », «Aujourd'hui» -sont séparées par la césure tragique de l'année 1843 où Léopoldine, la fille de Hugo, disparut noyée. La parole poétique prend naissance dans la mort, et « ce livre », nous dit l'écrivain, « doit être lu comme on lirait le livre d'un mort ».
Mais Les Contemplations construisent aussi une destinée. Il se peut qu'elle emprunte à la biographie de l'écrivain ; on se tromperait pourtant à la confondre avec la sienne. Car si le lyrisme de Hugo touche à l'universel, c'est que le poète précisément dépouille ici l'écorce individuelle pour atteindre à l'intime : le sien propre et celui du lecteur qui saura ainsi se retrouver dans le miroir que lui tendent ces Mémoires d'une âme.
"La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une "technique poétique" font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités."
René Bertelé.
L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversé par la révolution industrielle, et l'Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'oméga de cette épopée sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de défaites et d'enthousiasmes. Un long poème en forme d'appel à la réalisation d'une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté.
J'aime chez toi ce qui m'échappera toujours.
Elle l'aime. Il l'aime. Jusqu'ici, tout va bien. Mais en amour, il faut se comprendre, trouver les mots justes et accueillir ceux de l'autre. Coline Pierré propose aux amoureux d'aujourd'hui d'imaginer une nouvelle façon de s'aimer, loin des archétypes. Une déclaration d'amour à l'amour.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Eluard. "L'Amour la Poésie", ce "livre sans fin", est dédié à Gala, la compagne de Paul Eluard. Nous retrouvons dans les premiers poèmes du recueil l'inspiration amoureuse qui embrase la fin de "Capitale de la douleur". Mais maintenant, l'amour a exorcisé l'univers, conjuré les puissances malfaisantes et rendu "la confiance dans la durée". Dès lors vivre est possible, tout est possible: "Mes rêves sont au monde / Clairs et perpétuels / Et quand tu n'es pas là / Je rêve que je dors je rêve que je rêve." Apparaissent alors quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour de la poésie française, tel entre autres "Je te l'ai dit". Cependant, cette vision d'un monde transparent suscitée par l'amour, ne saurait, de même que l'amour, être immuable, assurée, possédée définitivement. Aussi le recueil contient-il à côté des clairs poèmes du bonheur nombre d'autres poèmes où le désespoir retrouve son ancienne puissance. Mais, au fond même de l'amertume, le poète reste constamment passionné, conscient de l'urgence qu'il y a à exprimer les révoltes encore muettes: "Entendez-moi / Je parle pour les hommes qui se taisent / Les meilleurs."
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, au XVIIIe siècle, donnait à la frontière cette extension de sens : "Ce mot est dérivé, selon plusieurs auteurs, du latin frons ; les frontières étant, disent-ils, comme une espèce de front opposé à l'ennemi. D'autres font venir ce mot de frons, pour une autre raison ; la frontière, disent-ils, est la partie la plus extérieure & la plus avancée d'un état, comme le front l'est du visage de l'homme."
C'est à la lumière de cette définition-là que ce livre s'autorise tous les franchissements, retours amont, périls et états d'âme. Avec la poésie pour laissez-passer, l'intime s'apparente ici à une géographie secrète.
N'appartenant à aucun genre répertorié, ni essai, ni anthologie poétique, ni récit autobiographique,
bien que tout cela à la fois, ces pages des plus alertes et des plus alertées s'attaquent tout autant aux barricades de l'être qu'aux barrières de terre ferme.
"Rien, en Poésie, ne s'achève. Tout est en route, à jamais.
En d'autres temps, d'autres termes, d'autres élans, la Poésie, comme l'amour, se réinvente par-delà toute prescription.
Ne sommes-nous pas, en premier lieu, des créatures éminemment poétiques ?
Venues on ne sait d'où, tendues vers quelle extrémité ? Pétries par le mystère d'un insaisissable destin ? Situées sur un parcours qui ne cesse de déboucher sur l'imaginaire ? Animées d'une existence qui nous maintient - comme l'arbre - entre terre et ciel, entre racines et créations, mémoires et fictions ?
La Poésie demeurera éternellement présente, à l'écoute de l'incommensurable Vie.'
Andrée Chedid.
Les Ronces convoquent le souvenir de mollets griffés, de vêtements déchirés, mais aussi des mûres, qu'on cueille avec ses parents dans la lumière d'une n de journée d'été, alors que la rentrée scolaire, littéraire, approche.
La poésie de Cécile Coulon est une poésie de l'enfance, du quotidien, de celles qui rappellent les failles et les lumières de chacun.
« Cécile Coulon est devenue la nouvelle star de la poésie française. Sa poésie prosaïque et délicate réussit à toucher un public inédit. » Les Inrocks
J'ai chaque jour une idée plus nette De ce qui se perd en chemin.
Depuis trente ans, le répertoire de Dominique A s'est imposé comme une référence de la chanson française.
Avec Le Présent impossible, nous le découvrons poète. On retrouve là son goût pour les paysages et la contemplation, son ironie et sa douceur, le regard lucide qu'il pose sur notre époque.
Orfèvre des mots, Dominique A capte les instants fugaces avant qu'ils ne s'estompent.
La fin des années 1970 est difficile pour Leonard Cohen. Deuil de sa mère, séparation d'avec la mère de ses enfants, approche de la cinquantaine. Il opère alors un retour au judaïsme et explore sa relation à l'Éternel, tout en se méfiant de toute religion qui prétendrait à l'exclusivité.
L'écriture des psaumes l'amène à « renoncer à sa petite volonté » pour entrer dans un dessein plus grand, beaucoup plus grand, qui permet une réunification de l'être en réparant ce qui a été brisé. Il se sauve ainsi du désespoir, et souhaite que ses psaumes en fassent autant pour ses lecteurs.
Les psaumes contemporains de Book of Mercy (Livre de la Miséricorde) chantent la plainte humaine et passionnée d'un homme à son Créateur. Ancrés au coeur du monde moderne, ces poèmes résonnent avec une tradition de dévotion plus ancienne, biblique notamment.
Édition, avant-propos et traduction de l'anglais (Canada) par Alexandra Pleshoyano.
Le premier recueil de poésie d'Arthur Teboul, auteur et chanteur du groupe Feu! Chatterton. Comme chanteur, Arthur Teboul incarne un esprit rock et romantique, entre popanglo-saxonne (Radiohead) et chanson française (Ferré, Gainsbourg, Bashung), entre ambiance feutrée d'un jazz club et néons perçants d'une scène
underground ; poétique et inspiré, il est de ces nouvelles voix talentueuses qui parlent à la jeunesse et, brouillant les frontières habituelles entre les genres, redéfinissent de manière originale et séduisante la scène musicale en France.
Auteur des paroles du groupe (des paroles au caractère quasiment visionnaire, qui marquent par leur capacité à saisir l'air du temps), Arthur Teboul confesse qu'il est venu à la musique par la littérature. Il plaide pour une existence où la poésie aurait une plus grande part. On devine facilement qu'il porte en lui la dimension d'un écrivain.
De fait, entre les phases d'écriture des chansons de ses albums, il a pris l'habitude de composer ce qu'il appelle des poèmes minute, lors de séances de " déversement " ou d'écriture automatique. Entre le poème en prose et le récit onirique, ce sont de courts textes dont les idées et les émotions seraient les protagonistes, riches en inventions, pleins de mystère, de vivacité, de drôlerie, d'étrangeté et de beauté. Ils composent ce recueil, Le Déversoir.
Pour accompagner la sortie de son livre, Arthur Teboul poursuivra cette expérience lors d'un happening d'une semaine où chaque tête-à-tête donnera lieu à l'écriture d'un poème, face à un public, à Paris.
Ce grand oeuvre poétique composé de 252 chorus, écrit à Mexico en 1955, nourri de marijuana et d'élans mystiques, est bien celui d'un jazzpoet passionné de blues et initié dès 1952 au bouddhisme par Allen Ginsberg. D'une extrême liberté, spontanée, folle, sauvage, joyeuse ou désespérée tour à tour, l'écriture de l'icône de la beat generation, qui tient du vertige, entre rythmique et mystique, n'a pas d'équivalent.