La sanglante victoire de Magenta avait ouvert la ville de Milan à l'armée française, et porté l'enthousiasme des Italiens à son plus haut paroxysme ; Pavie, Lodi, Crémone avaient vu apparaître des libérateurs, et les accueillaient avec transport ; les lignes de l'Adda, de l'Oglio, de la Chiese avaient été abandonnées par les Autrichiens qui, voulant enfin prendre une revanche éclatante de leurs défaites précédentes, avaient accumulé sur les bords du Mincio des forces considérables, à la tête desquelles se mettait résolument le jeune et vaillant empereur d'Autriche.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
« Craignant que la lecture d'un livre exclusivement rempli de récits d'ascensions ne devint monotone et aride, j'ai cru devoir scinder le mien en deux parties absolument distinctes, l'une consacrée à l'histoire pure et simple de mes courses principales, l'autre à des réflexions pratiques et générales, quelquefois même philosophiques, sur les plaisirs et les périls de l'Alpinisme, ainsi que sur l'ensemble des circonstances qui ont fait naître et développé en moi la passion des montagnes, auxquelles j'ai voué une sorte de culte pendant plus de vingt ans.
Il m'a semblé qu'une vie si excentrique avait besoin d'une justification ou d'une excuse.
En somme, ce livre est une auto-biographie, chose toujours difficile à écrire. Mais j'ai fait de mon mieux. Si j'endors mon lecteur au lieu de le distraire, il me restera du moins l'espoir d'être pardonné par mes amis. et la douce perspective de consoler plus tard ou de poétiser mes derniers jours, en relisant moi-même, quand je ne pourrai plus marcher, l'histoire des émotions qui ont charmé la moitié de ma vie. J'imiterai le soleil, qui se dore et s'embrase vers le soir, en regardant, au moment de s'éteindre, les horizons lointains où il a commencé sa carrière. »
La Bièvre représente aujourd'hui le plus parfait symbole de la misère féminine exploitée par une grande ville.
Née dans l'étang de Saint-Quentin, près de Trappes, elle court, fluette, dans la vallée qui porte son nom, et mythologiquement, on se la figure, incarnée en une fillette à peine pubère, en une naïade toute petite, jouant encore à la poupée, sous des saules.
Comme bien des filles de la campagne, la Bièvre est, dès son arrivée à Paris, tombée dans l'affût industriel des racoleurs ; spoliée de ses vêtements d'herbes et de ses parures d'arbres, elle a dû aussitôt se mettre à l'ouvrage et s'épuiser aux horribles tâches qu'on exigeait d'elle.
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La presse parisienne ne ressemble en rien à la presse anglaise. A Londres, les journaux politiques sont relativement peu nombreux parce que le public est plus exigeant en Angleterre qu'en France. De l'autre côté du détroit on ne lirait point un journal dont les correspondances de Pékin, Paris ou Constantinople seraient faites à Londres grâce à un démarquage plus ou moins habile des feuilles étrangères. Tous les grands journaux anglais ont partout des correspondants largement rémunérés qui envoient, soit par lettres, soitpar télégrammes, les nouvelles qu'ils peuvent recueillir.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
LA satire est un fouet qui ne ménage rien ; peut-être est-elle le sel dont il faut qu'on assaisonne les choses afin de les empêcher de se corrompre. On abuse de tout en effet ; on abuse de la vertu, de la gloire, du génie, autant au moins que du pouvoir, bien que cela ne fasse pas autant de bruit dans le monde. On a donc abusé des livres. L'abus des livres, c'est le luxe des livres. Il était sensible chez les Romains, même aux yeux des barbares de l'époque des invasions.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
« Le mot manuscrit se comprend de lui-même et n'a pas besoin d'explication. Du jour où l'homme a connu l'écriture, l'art de traduire sa pensée, de fixer ses souvenirs à l'aide de signes soit figuratifs, soit conventionnels, il a existé des manuscrits. On se propose de retracer en quelques pages l'histoire de ces curieux monuments. On ne saurait nier l'intérêt de cette étude : seuls avec les monuments figurés, jusqu'à l'invention de l'imprimerie, les manuscrits nous ont conservé les productions de l'intelligence humaine et transmis l'histoire du monde.
On commencera par quelques notions préliminaires sur la matière et la forme des manuscrits.
Toute matière minérale, végétale ou animale, présentant une surface suffisamment étendue et facile à aplanir et à polir, a pu recevoir l'écriture ou le dessin. Toutefois, pour nous en tenir aux usages les plus répandus, voici les principales substances employées depuis la haute antiquité jusqu'à nos jours : pierre de toute espèce, bronze, bois, terre cuite, papyrus, peau ou parchemin, papier. L'usage de la plupart de ces matières s'est perpétué jusqu'à nos jours.
La pierre et le marbre nous ont conservé ces innom-. brables inscriptions commémoratives ou d'ordre administratif, dont l'étude a renouvelé de nos jours l'histoire des peuples méditerranéens. En Égypte, c'est sur le basalte, l'une des substances les plus dures du règne minéral, que les écrivains ont gravé péniblement leurs fins hiéroglyphes ; Rhamsès le Grand a couvert des pans de montagnes du récit pompeux de ses triomphes. En Grèce, à Rome, on préfère le marbre ou un calcaire quelconque. L'usage de la pierre et du marbre subsiste encore au moyen, âge, mais alors on réserve généralement ces matières coûteuses et peu commodes pour de courtes inscriptions. »
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Vous m'écrivez, chère Madame, que vous lisez mes feuilletons et qu'ils vous intéressent, comme tout ce qui vient d'un ami. Cependant ne vous êtes-vous pas dit quelquefois : voilà ses bons instincts, sauf l'exagération ; je reconnais son style, à part l'abus des épithètes et la boursouflure des périodes ; c'est son coeur, mais il pose ; sa main, mais il a des gants. Rien de plus vrai. Ce public, si restreint qu'il soit, pour lequel je travaille depuis quatre mois bientôt, m'intimide.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Pour expliquer sa théorie libératrice des sérums, Pasteur, le grand sauveur de tant de vies humaines, se servit un jour de cette parole profonde :« Le mal vaincu se fait remède. »Il faut appliquer à la presse l'idée de Pasteur. La presse, sans un frein qui la retienne, est un mal ; elle est un danger, elle a été, à notre époque, la grande machine de guerre dirigée contre la vérité. Le poison qui tue le corps a été vaincu par la science de Pasteur et transformé en une substance de vie et de résurrection.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
La Seine est un long ruban qui se déroule de troquets à troquets, en passant devant des Palais Nationaux et des façades bêtes.La Seine pérégrine lentement dès son entrée dans Paris. Elle n'en finit plus d'aller, très lasse, au pied de cette vision des cabarets borgnes, ressouvenirs des chemins de halage, naguère.En ce coin affirmé de province, ce coin assoupi des jours sous le plein soleil, les berges cuites, plus rien ne demeure, ne va et vient au long des usines et des baraquements, tout endormi dans les troquets hermétiquement clos.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
C'est à la demande réitérée et instante du baron Taylor que furent fondés, il y a quelque quarante ans, les dîners mensuels de la Société des gens de lettres ; mais, longtemps restreints à un petit cercle d'habitués, ils n'acquirent une réelle extension qu'à dater de 1890. Dans les premiers mois de cette année-là, sur la réclamation d'un directeur de journal de province, venu tout exprès à Paris pour assister à l'un de ces banquets, avec l'espoir, cruellement déçu, d'y rencontrer une nombreuse élite de littérateurs, Édouard Montagne, alors délégué du Comité, et deux sociétaires, Ernest Benjamin et Félix Jahyer, résolurent de modifier cet état de choses, de rendre ces réunions à la fois plus accessibles et plus brillantes.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
SOMMAIRE. - Ce qu'il faut pour écrire ses Mémoires. - Un préjugé à ajouter à ceux de M. Jules Noriac dans la Vie en détail. - Qu'entend-on par vivre ? - Un fâcheux parallèle. - Le mot d'un titi. - Un mot sur un ouvrage semblable mais bien différent. - Le sys tème des comparaisons au dix-neuvième siècle ; ce qu'il en résulte pour moi. - De la différence qui existe entre la troupe de M. Sari et celle de M. Dejean. - Ce qui fait que je publie mes Mémoires.
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Je n'ai jamais rien été, je ne suis rien, et je ne serai jamais rien. Pourquoi alors, me demandera-t-on, raconter vos souvenirs ?Pourquoi ? Parce que, favorisé par le hasard, j'ai eu cette bonne fortune, depuis 1840, d'être toujours placé aux premières loges pour voir et entendre les comédies et les tragédies qui ont été jouées à Paris, et approcher de très près les grands comédiens qui ont tour à tour paru sur la scène.Cela dit, rien n'étant ennuyeux comme un préambule, j'entre tout de suite en matière.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
M. Pierre Foucher et sa fille, Mme Victor Hugo. - Le manuscrit des Souvenirs laissés par M. Foucher. - Sa correspondance de dix années avec Mme Asseline. - Lettre de Mme Victor Hugo demandant communication des Mémoires de son père. - Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. - Lecture de Cromwell. - L'hôtel Toulouse et ses jardins. - L'adjudant-major Hugo, rapporteur, et Pierre Foucher, greffier.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Le livre de la Vie de Bohème met en scène quatre personnages principaux ; mais il ne fait leur biographie que par à peu près ; et s'il donne leur portrait, c'est sans ressemblance garantie, car la main d'un romancier-poète les a transfigurés à plaisir.Je les ai connus vivants.Rodolphe, c'est Murger.Colline est un composé du philosophe Jean Wallon et de Trapadoux dit le « Géant vert ».On retrouve dans le peintre Marcel Lazare et Tabar.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Un roman inédit de Zola : Augustine Landois. - L'histoire des gens qui n'ont pas d'histoire.Au temps de notre belle jeunesse, Zola, en ses moments de bonne humeur - et ils n'étaient pas rares - nous contait, moitié riant, moitié sérieux, le plan d'un roman qu'il rêvait d'écrire dès que les grands travaux auxquels il s'était voué lai en laisseraient la possibilité. Cela aurait été intitulé Simple vie d'Augustine Landois. Cette Augustine Landois était une jeune blanchisseuse qui, chaque matin, à sept heures cinquante-huit minutes, arrivait à l'atelier.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Lamartine a caractérisé d'un mot l'écrivain dont nous inscrivons le nom glorieux en tête de cette étude : il a appelé M. Jules Barbey d'Aurevilly le duc de Guise de la littérature. C'est en effet un jouteur et un lutteur. C'est un soldat de la plume, ayant flamberge au vent et feutre sur l'oreille. C'est une des intelligences les plus profondes, les plus complètes et les plus complexes de ce temps-ci, que cet homme qui aurait pu être à son gré un condottiere comme Carmagnola, un politique comme César Borgia, un rêveur à la Machiavel, un corsaire comme Lara, et qui s'est contenté d'être un solitaire, écrivant des histoires pour lui-même et pour ses amis, faisant bon marché de l'argent et de la gloire et, prodigue éperdu, semant à tous les vents assez de génie pour laisser croire qu'il en a le mépris.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
En parlant de celui dont on lit le nom en tête de ce livre, Michelet s'est écrié, un jour : « Ne disons pas que c'est un homme ; non, c'est une des forces de la nature. » Il est certain que, dans notre XIXe siècle, où se pressent un si grand nombre de personnalités bruyantes, on n'aura pas vu d'individualité qui ait tenu chez nous plus de place. Napoléon mort, Byron éteint, pas un contemporain n'aura fait autant retentir les vieilles trompettes de la Renommée.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Le 12 août 18.., juste le surlendemain du jour où j'avais eu dix ans et où j'avais reçu de si beaux cadeaux, Karl Ivanovitch me réveilla à sept heures du matin, en tuant une mouche au-dessus de ma tête avec un chasse-mouches en papier à pain de sucre, attaché au bout d'un bâton. Il s'y était pris si maladroitement, qu'il avait accroché l'image de mon ange gardien, suspendue au chevet de mon lit de chêne, et que la mouche morte m'était tombée sur la tête.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Accomplirons-nous jamais cette idée d'une galerie des femmes illustres du XVIIe siècle ? c'est du moins un rêve qui sert de délassement à nos travaux, de charme à notre solitude. Guidé par le P. Lelong, nous avons recherché avec persévérance et nous sommes parvenu à rassembler un grand nombre de portraits authentiques de ces femmes incomparables, gravés sur les originaux de Ferdinand, de Beaubrun, de Juste, de Champagne, de Mignard, de Rigaud, par Mellan, Morin, Michel Lasne, Daret, Poilly, Masson, Grégoire Huret, Van Schuppen, Nanteuil, Edelinck, Nous y avons joint, quelques médailles de Dupré et de Varin, et surtout d'assez précieux autographes, des lambeaux de correspondances inédites ou de mémoires manuscrits qui éclairent à nos yeux et marquent plus distinctement les traits de telle figure qui nous est chère.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
14 juillet.
Liberté ?
Cette nuit, sur la plage d'asphalte que dominent mes croisées, des épaves humaines, le père, la mère, et deux petits, avaient échoué sur un banc. Des hauteurs où, bien malgré moi je plane, on ne distinguait rien, qu'un tas de chairs grises et de nippes terreuses d'où émergeaient, par-ci par-là, un bras, une jambe, au mouvement lent et douloureux comme une patte de crabe écrasé.
Ils dormaient, serrés les uns contre les autres, blottis en un seul tas, par une habitude de meurt-de-froid - même sous cette tiède nuit d'été !
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Ce boulanger avait quitté son commerce à peu près vers le temps où il devint mon client, et, bien que là commence l'histoire que je vais vous dire, je crois qu'il n'est pas inutile de remonter un peu plus haut. La vie de cet homme est un exemple assez remarquable de ce que peuvent la patience et la volonté, lors même qu'elles ne sont ni trop favorisées par les circonstances, ni soutenues par cette aide puissante que l'intelligence donne.
Il se nommait Pierre Jouvencel, de la famille des Jouvencel, de la Beauce : une de ces familles de paysans comme il y en a deux ou trois dans tout pays de province : familles fournies et touffues comme la tribu de David, qui accaparent un sol, se le partagent, s'y cramponnent et montrent les dents aux Parisiens qui tenteraient de s'approcher.
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MA FAMILLE. - LE PETIT PENSIONNAT DU SACRÉ-COEUR. - MONGRÉ. - UNE BONNE PREMIÈRE COMMUNION.Écrire sa propre histoire est certainement ce qu'on peut imaginer de plus fastidieux. Toutefois, lorsqu'une autobiographie, loin de servir à satisfaire la vanité de l'écrivain, a but moral, le devoir rend la tâche moins lourde.Tel est, je crois, mon cas.Ayant combattu l'Église pendant dix-sept ans, avec un acharnement et une rage dont il est peu d'exemples, et tout à coup, par un revirement d'esprit aussi inattendu qu'extraordinaire, étant un jour sorti de cet abîme de haine, j'ai l'obligation de confesser au public mon passé.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
1807 !... glorieuse époque !... Oh ! quel est celui d'entre nous qui ne sent pas son coeur battre d'un noble orgueil en reportant sa mémoire vers ce temps à jamais célèbre, où le nom Français, semblable aux magiques talismans des siècles chevaleresques, faisait courber les plus hauts fronts et fléchir les plus opiniâtres volontés ! Napoléon ne pouvait plus monter désormais ; debout sur l'immense piédestal que son génie militaire et politique avait construit à force de conquêtes et d'habileté, il montrait à l'Europe, humiliée de tant d'audace, sa majestueuse figure dominant de toute la puissance colossale d'un héroïsme excentrique, les figures homériques dont elle était environnée.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
« J'ai assisté, quoique bien jeune encore, à la grande et terrible Révolution de 1789. J'ai vécu sous la Convention et le Directoire. J'ai vu l'Empire. J'ai pris part à ses guerres gigantesques et j'ai failli être écrasé par sa chute. J'ai souvent approché de l'empereur Napoléon. J'ai servi dans l'état-major de cinq de ses plus célèbres maréchaux, Bernadotte, Augereau, Murât, Larmes et Masséna. J'ai connu tous les personnages marquants de celle époque. J'ai subi l'exil en 1815. J'avais l'honneur de voir très souvent le roi Louis-Philippe, lorsqu'il n'était encore que duc d'Orléans, et après 1830, j'ai été pendant douze ans aide de camp de son auguste fils, le prince royal, nouveau Duc d'Orléans. Enfin, depuis qu'un événement funeste a ravi ce prince à l'amour des Français, je suis attaché à la personne de son auguste fils, le Comte de Paris.
J'ai donc été témoin de bien des événements, j'ai beaucoup vu, beaucoup retenu, et puisque vous désirez depuis longtemps que j'écrive mes Mémoires, en faisant marcher de front le récit de ma vie et celui des faits mémorables auxquels j'ai assisté, je cède à vos instances. »
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