La chronologie de l'oeuvre de Capa, grande figure de l'histoire de la photographie, rythme les pages de ce livre à l'iconographie très riche. Trois cents photos, qui donnent une idée de l'étendue de l'oeuvre, et exposent la façon particulière qu'avait Capa de travailler sur le terrain.
Ses reportages de guerre ont façonné sa légende, comme l'affirme Michel Lefebvre dans son essai ; mais Capa, tout en étant souvent « le premier et le plus proche » de son sujet, nous montre aussi la réalité sous d'autres angles : ses images décrivent parfois des moments qui évoquent l'homme qu'il a été, sa sensibilité envers les victimes et les migrants, en écho à son propre parcours depuis sa Hongrie natale. Ce livre nous donne un aperçu de quelques-unes des facettes d'un personnage complexe, épris de liberté et sans doute jamais entièrement satisfait, qui n'a pas hésité à prendre tous les risques. Capa a su se mettre en jeu, jusqu'au bout, sans concessions.
L'art du tatouage japonais est considéré comme l'un des ornements corporels les plus aboutis au monde. Avant l'adhésion populaire, sa pratique puise sa source au coeur de l'époque d'Edo (1603-1868) avec le tatouage de serment fait par amour et le marquage infamant des criminels. Le cheminement vers une ornementation extrêmement élaborée qui couvre de larges parties du corps reste méconnu du grand public.
Pendant deux siècles et demi, cette évolution s'est nourrie de la vie culturelle de l'ukiyo, ce « monde flottant » en pleine effervescence en dépit de la censure imposée par le shogunat Tokugawa. Support de contestation silencieuse, le corps devient un moyen d'exprimer force et courage pour les gens du peuple. Ce phénomène social s'intègre alors à la culture du théâtre kabuki, de l'estampe et du livre, puis passe de la lumière à une ombre relative avec la prohibition de 1872 qui efface une partie de cette mémoire.
Après la fin de l'interdiction en 1948, en particulier durant les années 1960, le cinéma s'empare de cet héritage et en associe l'image aux groupes criminels yakuza que la gravure, la photographie ou le manga perpétuent. Au Japon, cette représentation durable alimente la perception négative du tatouage et limite encore la liberté d'accès à certains lieux publics.
Ce catalogue d'exposition retrace plus de trois cents ans d'histoire de cet art de l'éphémère, qui ne dure qu'une vie, dont les codes d'hier inspirent ceux d'aujourd'hui. Elle interroge notre regard sur l'engagement que demande une telle démarche et sur l'identité sociale des personnes qui marquent leur corps.
Artiste polyvalent, Man Ray occupe une place prépondérante dans l'histoire de l'art du XXe siècle. Surtout connu comme photographe, Man Ray a essentiellement vécu à Paris. Il fut l'un des premiers à utiliser la photographie, non pas comme un simple moyen de reproduction, mais comme un véritable médium de création à part entière, faisant de cette technique un art. Certaines de ses photographies, comme Le Violon d'Ingres (1924) ou Noire et blanche (1926), sont devenues des icônes.
Né à Philadelphie, Pennsylvanie, le 27 août 1890, Emmanuel Radnitsky, dit Man Ray, l'Homme Rayon (de lumière), fréquente les milieux intellectuels et artistiques de New York. Il découvre les avant-gardes européennes, se lie d'amitié avec Marcel Duchamp qui lui ouvre les portes du dadaïsme et qui l'accueille à Paris en juillet 1921.
Au centre de la vie artistique parisienne, il participe aux expériences artistiques novatrices des dadaïstes et des surréalistes, fréquente les peintres, les poètes, les intellectuels et devient célèbre pour ses portraits. Il développe une carrière de photographe de mode, notamment pour les couturiers Paul Poiret et Elsa Schiaparelli. Inlassable expérimentateur, il redécouvre la technique des « photogrammes » (silhouettes abstraites d'objets) que Tristan Tzara appelle « rayographies » et, en 1929, avec sa nouvelle compagne Lee Miller, ils développent la technique de la « solarisation ». En 1940, après la défaite de la France, Man Ray s'embarque pour les États-Unis et rencontre Juliet Browner qui devient sa femme et son modèle. Il retourne à Paris en 1951 où il meurt en 1976.
Man Ray est, certes, un photographe reconnu pour avoir révolutionné l'art de la photographie, mais il est également peintre, dessinateur, assembleur d'objets, sculpteur, écrivain, cinéaste. C'est cet artiste protéiforme que nous proposons de découvrir ou redécouvrir, à travers un véritable panorama de ses oeuvres qui permettra d'appréhender le processus créatif de Man Ray et de comprendre l'importance de son oeuvre.
Dès le milieu du XIXe siècle, la nouvelle organisation du temps de travail va participer à l'avènement des loisirs. Paris et sa région deviennent la figure de proue de ce changement en France et en Europe. Ce phénomène a fait les belles heures de l'impressionnisme, mais ce sont les artistes de la génération suivante, appartenant à cette « Belle Époque » (1890-1914), qui connaissent un véritable tournant dans l'expression de la modernité en peinture. Loisirs et spectacles, de jour comme de nuit, se développent sur tous les registres, ne cessant d'attirer un public croissant, d'origines sociales variées. Canotage, patinage, courses de chevaux, cirques, cabarets, théâtres et music-halls sont autant de sujets peints par de nombreux artistes : Anquetin, Bonnard, Dufy, Pourtau, Roussel, Toulouse-Lautrec, Vallotton mais aussi Abel-Truchet, Chabaud, Ibels ou Albert André.
Dirigé par Véronique Serrano, le catalogue comprend des essais de Julia Csergo, historienne du monde contemporain, et Gilles Genty, historien de l'art, donnent des éclairages pointus, chacun dans leur catégorie, définissant les périmètres de cette culture des loisirs à la Belle Époque. Leurs textes sont accompagnés de notices détaillées et illustrées sur toutes les oeuvres exposées, rassemblant ainsi un corpus iconographique d'une grande richesse.
On ne présente plus Eugène Atget (1857-1927), le célèbre photographe autodidacte qui immortalisa le « Vieux Paris » au tournant du XXe siècle. Pourtant cet ouvrage aborde l'homme et l'artiste sous un jour inédit. Il relate ses liens avec Libourne, sa ville natale. Il laisse la parole à des photographes actuels qui éclairent le lecteur sur la fascination qu'exerce encore aujourd'hui ce personnage. En même temps, le néophyte y trouvera les repères historiques indispensables pour mesurer l'ampleur de son entreprise : en un peu plus de trente ans, Atget a capturé près de dix mille images dans une démarche documentaire, d'inventaire même. Mais ses clichés témoignent également d'une sensibilité et d'une poésie toutes particulières. C'est le sujet de l'exposition « Eugène Atget, poète photographe » à l'origine de ce livre, organisée par le musée des Beaux-Arts de Libourne avec la collaboration exceptionnelle du musée Carnavalet - Histoire de Paris, Paris Musées. La plupart des oeuvres exposées y sont reproduites et organisées autour des grandes thématiques illustrant le travail d'Eugène Atget.
L'exposition «?Motifs d'artistes, une histoire du design dans l'industrie textile depuis le 18e sie`cle?» revient sur l'origine du métier de designer textile et le rôle des artistes dans la création de motifs. Depuis les dessinateurs employés par les manufactures de soieries et d'indiennes, jusqu'a` l'apparition des designers textiles, l'exposition questionne la diversité´ de leur statut et l'évolution de la reconnaissance de leur art. En s'adaptant aux contraintes techniques propres à ce domaine, ces inventeurs de formes ont donné naissance a` de véritables ornements, reflets de leur univers artistique, des tendances et des pratiques de consommation de leur temps. Ainsi, Jean-Baptiste Huet, William Morris, Raoul Dufy ou encore Sonia Delaunay ont laissé une empreinte indélébile dans le répertoire des arts décoratifs.
Si de nombreux peintres ont entouré et inspiré Bonnard, son épouse, restée dans l'ombre, a été également une artiste. D'abord son modèle et sa muse - de 1893 à 1942, année de sa disparition au Cannet - elle révèle son don à partir de 1921 et signe ses oeuvres sous le nom de « Marthe Solange ». À travers le dessin et plus particulièrement la technique du pastel, Marthe Solange nous invite à la contemplation d'une nature domestique : corbeilles de fruits, bouquets de fleurs, paysages vus par les fenêtres. On n'est jamais loin de la maison où d'ailleurs Marthe, devenue « sauvage » à la fin de sa vie, finira par s'enfermer. Méconnue, elle a pourtant rencontré un certain succès lors de sa seule exposition personnelle, qui eut lieu en 1924 à Paris. Des oeuvres sensibles et délicates que ce volume présente pour la toute première fois.
Métamorphoser, styliser, abstraire, machiniser ou animaliser... mais aussi voltiger, mettre en pièces, désarticuler ou fondre : la marionnette ouvre ou prolonge des possibilités esthétiques et scéniques innombrables. Filer la métaphore musicale de la marionnette, instrument ou famille d'instruments, c'est se pencher sur sa tessiture, son timbre, sa palette ou son répertoire... c'est s'interroger aussi et surtout sur ses possibilités d'orchestration ou d'interprétation, et sur ses pouvoirs d'exploration : que permet-elle de jouer, de concevoir, d'imaginer, d'exprimer ? Dans ce jeu par « délégation » ou par « objet interposé », le rapport instrumental est réciproque, réversible. C'est une relation qui s'établit entre l'animateur, la marionnette et le spectateur ; entre le corps, la matière et la parole ; entre l'objet, le monde et la pensée.
Dix spécialistes de la marionnette et une vingtaine d'artistes questionnent les possibles esthétiques de la scène marionnettique contemporaine, des avant-gardes des années 1920 à aujourd'hui : ses répertoires et ses espaces, ses corps - celui de la marionnette, celui de l'interprète -, ses dramaturgies, ses relations avec les autres arts. La question du son et de la voix est abordée par le prisme de l'opéra ; celle du geste et du mouvement par des focus sur le cirque et la danse.
De nombreuses photographies de scène et une centaine de notices de spectacle permettent de replacer dans leur contexte scénique et dramaturgique les objets marionnettiques présentés dans l'exposition La marionnette, instrument pour la scène, au Centre national du costume et de la scène, du 27 mai au 6 novembre 2023 : plus de deux cents pièces, issues des collections patrimoniales (et notamment de la Bibliothèque nationale de France, de l'Institut International de la Marionnette, de l'OSZMI - Musée hongrois du Théâtre et de la Fondation Dubuffet) ou prêtées par les artistes et les compagnies contemporaines.
Victor Vasarely (1906-1997) est l'un des peintres de l'abstraction géométrique les plus célèbres en France et à travers le monde. Consacré par les Américains comme le chef de file de l'Op art dans les années 1960, chantre de la diffusion des images par la voix des multiples dans les années 1970, Vasarely a su captiver l'intérêt de ses contemporains et a marqué durablement l'histoire de l'art. De la mode au design, en passant par le graphisme et l'architecture, aucune discipline n'a échappé à l'influence du plasticien formé à la publicité.
Cette exposition propose de découvrir, parmi le large spectre d'oeuvres de Vasarely, un ensemble d'études, de peintures et de multiples qui témoigne de son indéfectible volonté de produire et de partager un art destiné à un toujours plus grand nombre. À l'heure des premiers ordinateurs, il propose son Alphabet plastique hérité du Bauhaus, breveté en 1959, associant des formes simples aux couleurs primaires et une géométrie binaire cercle/carré, pour développer un langage plastique basé sur des algorithmes. Ses recherches préfigurent ce que l'on nommera plus tard le Computer Art, mais aussi les technologies, aujourd'hui intégrées à notre quotidien, que sont la réalité augmentée et la 4D, appliquées au cinéma, au jeu virtuel comme à l'art.
Six artistes contemporains du numérique - Daniel Canogar, Miguel Chevalier, Pascal Dombis, Dominique Pétrin, Sabrina Ratté et Flavien Théry - ont été invités à faire dialoguer leurs oeuvres avec celles de Vasarely afin de montrer la vivacité des recherches plastiques et technologiques initiées par celui-ci il y a plus de soixante-dix ans.
Seule collection publique française à conserver une sculpture de l'Américain Duane Hanson, le Musée d'arts de Nantes a choisi pour cet ouvrage d'aller au-delà d'un état des lieux historique de cet art figuratif méticuleusement réaliste, pour affirmer le caractère profondément humain et sensible des sculptures hyperréalistes.
Entre émotion et fascination, identification et rejet, onze sculpteurs et sculptrices occidentaux, usant de façon exclusive ou ponctuelle de la représentation hyperréaliste, sont ici réunis. Parmi eux, Duane Hanson et John DeAndrea font figures de représentants de la première heure, mais ce catalogue illustré, reproduisant des oeuvres pour certaines inédites, souligne également l'importance du travail de Gilles Barbier, Berlinde De Bruyckere, Daniel Firman, Sam Jinks, Tony Matelli, Sanaa Murtti, Evan Penny, Marc Sijan et Tip Toland. Chacune à sa manière, leurs oeuvres entrent en écho avec les enjeux de la sculpture et du portrait pour placer l'individu social, sensible et singulier au centre de la démarche artistique. L'être humain dans toute sa complexité devient source de création.
Pour contextualiser, éclairer et approfondir ces enjeux, le regard de la commissaire Katell Jaffrès rencontre les approches historiques et phénoménologiques de l'historien de l'art Didier Semin et du philosophe Charles Bobant. Textes, oeuvres et images questionnent ainsi nos représentations des corps, des individualités, des sensibilités.
Au début du xxe siècle de nombreux peintres, sculpteurs, mais aussi photographes, affluent de toute l'Europe et même du Japon, pour venir s'installer à Paris. Quittant des sociétés parfois hostiles et attirés par des conditions particulièrement favorables, tous vont contribuer à faire de la capitale française, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, une scène artistique inégalable. Ce sont ces artistes d'origine étrangère qui inspirent à un critique de l'époque l'appellation « École de Paris » donnant son titre à l'exposition que ce catalogue accompagne.
Créant souvent en marge des avant-gardes, car restés fidèles à un art figuratif, beaucoup d'entre eux deviendront des plus fameux, comme Chagall, Modigliani, Picasso, Soutine, Van Dongen ou encore Brassaï. D'autres, injustement méconnus, dont plusieurs remarquables artistes femmes, restent à redécouvrir. C'est ce que permet la collection du Musée national d'art moderne, unique prêteur de l'exposition, qui conserve un fonds de référence sur ces artistes.
Conçue par le Centre Pompidou en étroite collaboration avec le Musée d'art moderne de Céret, l'exposition a aussi pour mérite de rappeler l'existence durant cette période d'un véritable axe artistique entre Paris et Céret, Picasso, Juan Gris et Soutine ayant fait des séjours décisifs dans la cité catalane.
En mars 1985, le Musée national du Luxembourg a reçu un généreux et inattendu legs de la succession d'Edward Steichen, l'immense photographe américain né au Luxembourg. Le legs comprend un total de 178 tirages, dont 175 photographies de Steichen lui-même qui couvrent presque tous les aspects de son oeuvre photographique - des images empreintes du pictorialisme de ses débuts au portrait, la mode, la publicité, les paysages et les photographies de famille. Pour la première fois, cette extraordinaire collection est présentée de manière exhaustive, avec des illustrations en pleine page des 178 photographies. En outre, la publication comprend un volet scientifique exceptionnel : six nouveaux essais traitant des questions d'identification, de techniques et de datation des tirages ainsi que de leur conservation et de leur préservation. Ces textes retracent la provenance et l'histoire de l'impact de la collection et confrontent l'importance de la donation luxembourgeoise à d'autres legs faits à la même époque à des institutions aux États-Unis et outre-mer. L'importance du nombre étonnamment élevé de photographies de famille du legs luxembourgeois et le rôle exceptionnel de Steichen en tant que médiateur de la modernité entre l'Europe et le Nouveau Monde sont également explorés.
Ceux de la Terre. Auteur Foudral Benjamin, nombre de pages 200, prix 27€ Résumé : Du portrait brutal et cru d'un monde paysan en proie aux passions les plus violentes, dressé par l'écrivain Émile Zola (1840-1902) dans La Terre (1887), à la vision lyrique et héroïque des « gens de la terre » du recueil de nouvelles Ceux de la glèbe (1889) du Belge Camille Lemonnier (1844-1913), les campagnes contemporaines sont l'objet dans la seconde moitié du XIXe siècle de projections idéologiques les plus diverses, qu'elles soient nostalgiques, conservatrices, socialistes, progressistes ou purement esthétiques.
Avec l'émergence du réalisme et de ses deux figures principales, Gustave Courbet (1819-1877) et Jean-François Millet (1814-1875), peintres aux origines rurales, la thématique paysanne dans le champ des beaux-arts se renouvelle et devient un véritable phénomène à l'échelle européenne, transcendant bientôt les mouvements. Réalistes, naturalistes, symbolistes, modernes ou anti-modernes, tous se mettent en quête de la mise en image du paysan, nouvelle figure centrale de la société contemporaine.
Au travers de plus de 80 oeuvres, l'exposition Ceux de la Terre vise à appréhender l'émergence de ce phénomène culturel, tout en approchant l'intention et le regard propre de chaque artiste derrière l'élaboration du monde rural comme sujet pictural.
Le peintre Gustave Courbet, maître de l'art réaliste décède en exil en Suisse à La Tour-de-Peilz le 31 décembre 1877. Sa dépouille ne reviendra à Ornans, sa ville natale, qu'en 1919 dans un quasi-anonymat. Certains de ses tableaux trop « crus » et son anticléricalisme, sa participation aux événements de la Commune et sa responsabilité prétendue dans la chute de la colonne Vendôme sont encore présents dans les esprits : Gustave Courbet est rangé au purgatoire des artistes.
À Ornans cependant, des initiatives sont prises pour revaloriser son oeuvre, mais il faudra attendre 1971 pour qu'un musée lui soit dédié dans sa ville natale, une étape décisive dans la réhabilitation du peintre, franchie grâce aux actions menées par l'Association des Amis de Courbet - devenue aujourd'hui l'Institut Gustave Courbet.
Ce « retour de Courbet au pays : de La Tour-de-Peilz à Ornans », nous avons souhaité l'éclairer par de nombreux documents inédits dans ce premier volume de la collection « Gustave Courbet, chronique d'une réhabilitation ».
D'autres volumes suivront et permettront d'élargir le propos dans le temps et dans l'espace pour reconsidérer l'oeuvre de l'artiste et son accueil, tant en France qu'à l'étranger.
Richard Guino (1890-1973) est un sculpteur catalan né à Gérone où il entame une formation tout aussi précoce que brillante qu'il poursuit à l'École d'art de La Llotja à Barcelone, avant d'entrer dans l'atelier d'Aristide Maillol à Paris, en 1910.
D'emblée, Richard Guino envisage une carrière d'artiste indépendant stimulée par la recherche d'une modernité dont il découvre le langage et qu'il accompagne de ses jeunes convictions. Cariatides, métopes et figures peuplent alors l'atelier qu'il choisit d'installer à Montparnasse, en plein coeur du Paris de l'avant-garde artistique. Par l'entremise du marchand d'art Ambroise Vollard, et dès 1913, il vend deux de ses premières sculptures au collectionneur moscovite Ivan Morozov et conçoit son premier grand modèle sculpté. Ses préoccupations esthétiques sont alors motivées par la question du torse et du fragment, mais aussi par la sensualité du nu dont il renouvelle l'expression sous l'impulsion de Maillol.
Guino n'a que vingt-trois ans lorsque sa pratique virtuose de la sculpture le fait remarquer au point de devenir, de 1913 à 1917, le sculpteur de l'oeuvre d'Auguste Renoir. La renommée du peintre est alors immense et, à l'initiative d'Ambroise Vollard, il accepte de concevoir des sculptures tirées de son répertoire peint qui sont produites en totale collaboration. Le caractère atypique de cette association, qui conjugue peinture et sculpture, devait avoir une incidence déterminante sur la carrière en devenir de Guino qui élargit dès 1919, ses centres d'intérêt aux arts décoratifs.
Né en 1921, Robert Mathieu suit une formation de tourneur sur bronze à l'école Boulle mais il inventera quelques-uns des luminaires les plus exceptionnels de sa génération.
Après l'urgence de la reconstruction d'après-guerre se remet en place, en France, toute une économie de l'habitat autour de la grande tradition française de la décoration et du mobilier. Une jeune génération issue des grandes écoles s'en empare et met en place les bases de ce que l'on appelle aujourd'hui le design soit la création au service de la production en série. Robert Mathieu les accompagne de sa créativité infinie et de sa technicité parfaite. Il pense des luminaires articulés pour éclairer chaque fonction de l'appartement moderne. Il manipule l'asymétrie comme personne et ses systèmes de double balancier restent uniques au monde.
Cette première monographie sur Robert Mathieu est issue de la recherche de Pascal Cuisinier qui s'intéresse au design français d'après-guerre depuis le début des années 2000. À la fois scientifique et esthétique, ce travail entend faire découvrir l'oeuvre de Robert Mathieu tant aux néophytes qu'aux collectionneurs plus avertis et éclairer un peu plus cette période faste qu'ont vécu les arts décoratifs en France durant les Trente Glorieuses.
S'ils ne sont pas exempts de préoccupations économiques et sociales, les collectionneurs de l'impressionnisme se sont souvent impliqués dans la défense de ce mouvement qu'ils ont contribué, selon leur époque, à faire émerger, à imposer ou à diffuser. C'est à cette catégorie engagée de collectionneurs que cet ouvrage propose de s'intéresser.
De la constitution de la collection jusqu'à son entrée au musée, du soutien des artistes à l'échelle territoriale à la diffusion internationale du mouvement, des premiers accrochages intimes jusqu'aux interrogations que posent leur présentation dans les musées, les collectionneurs ont joué un rôle essentiel dans le développement et la diffusion de l'impressionnisme depuis les débuts du mouvement jusqu'au milieu du XXe siècle.
L'enjeu, à travers les seize contributions de spécialistes internationaux, est de réexaminer et de réévaluer l'importance de ces acteurs en lien avec leur époque, leur contexte politique, social et économique.
Que Depeaux, de Nittis, les Palmer, Ohara, Bürhle, Caillebotte ou Fayet soient étudiés d'un point de vue monographique ou plus globale, c'est la multiplication de ces profils et de ces trajectoires de collectionneurs qui permet aux lecteurs de mieux comprendre leur poids dans l'histoire du mouvement.
Cet ouvrage illustre le cheminement qui, au XIXème siècle, libère la peinture de paysage du statut de genre mineur. Les artistes, en s'éloignant du « grand genre », étaient à la recherche de la vérité des sensations éprouvées devant la nature. Corot et Courbet, en peignant en plein air et non plus exclusivement en atelier, feront que le paysage va connaître un véritable renouveau et une reconnaissance inédite, et ouvrirons la voie aux impressionnistes. Des nouveautés techniques permettent à ces peintres de passer leurs journées en plein air : le chemin de fer, l'invention des tubes de couleurs... Les fonds du Musée des Beaux-Arts de Reims ici présentés permettent de montrer l'évolution de cette nouvelle manière, en France, au XIXème siècle et au-delà : Corot, l'un des premiers à peindre sur site - onze de ses toiles, qui sont la richesse du musée rémois, sont présentées dans cette publication - ; Courbet ; l'école de Barbizon, puis Boudin, Jongkind, Ziem et enfin Marquet, Monet, Renoir, Sisley, Thaulow entre autres, jusqu'aux modernes Bocquet, Esteban et Sima. Un art qui regagne aujourd'hui la faveur du public, en raison de notre sensibilité envers la nature menacée.
L'histoire des indiennes de coton en Europe est passionnante, car l'ouverture à ces produits nouveaux, importés d'Orient au XVIe siècle via Marseille, puis copiés dans la Suisse et l'Alsace protestantes au siècle suivant - d'abord à la main et ensuite grâce aux premiers procédés d'impression sur textile - est le début d'une véritable aventure industrielle. En suivant le fil du développement des techniques, ce beau volume illustre comment cet art empirique est devenu une industrie, où l'innovation a favorisé la créativité artistique. Le passage d'une connaissance théorique à sa mise en pratique, au début de l'indiennage à Marseille jusqu'aux manufactures alsaciennes, témoigne d'une période de grande créativité, aussi bien sur le plan technique qu'artistique.
Au coeur des révolutions artistiques qui ont traversé le XXe?siècle, à commencer par celle du cubisme qui bouleverse la représentation esthétique traditionnelle, Picasso a joué un rôle prépondérant. Cette modernité artistique, Picasso l'affirme aussi sous d'autres aspects, notamment en bousculant la hiérarchie entre les arts, les beaux-arts et les arts décoratifs.
L'exploration des différents médiums apparaît très tôt dans sa démarche artistique mais elle se manifeste de manière plus significative après-guerre où le travail avec des artisans ou des professionnels spécifiques se multiplie, parmi eux François Hugo pour l'orfèvrerie. Cette dernière semble être l'une des collaborations peut-être les moins connues de Picasso, restée longtemps confidentielle. Elle débute en 1956 et se poursuit jusqu'en 1967. Au travers de cette association ont été créées près de 70 pièces.
À l'occasion du 50e anniversaire de la disparition de Picasso, la Ville de Vallauris Golfe-Juan a souhaité présenter au travers de l'exposition Picasso/Ateliers Hugo?: Les Hommes d'or, réalisée en partenariat avec les Ateliers Hugo, et du catalogue qui l'accompagne, une plongée au coeur de cet ensemble exceptionnel.
L'Art nouveau connaît à Nancy, un développement remarquable grâce à l'École de Nancy, association fondée par Émile Gallé, rassemblant des artistes majeurs tels Louis Majorelle, Victor Prouvé, Jacques Gruber, Eugène Vallin ou les frères Daum.
Mobilier, céramique, verre, vitrail, reliure, textile... toutes les techniques liées aux arts décoratifs sont rassemblées dans une production puisant dans la nature des formes et des décors entièrement nouveaux.
Le musée de l'École de Nancy, créé dès 1900, réunit un ensemble de pièces exceptionnelles, dû en grande partie à la générosité des artistes, de leurs descendants, mais aussi de mécènes dont Eugène Corbin, qui fit don de sa collection en 1935 à la Ville de Nancy. Cet ouvrage rassemble soixante oeuvres, pour certaines uniques, témoignant du formidable essor créatif que connut Nancy au tournant du XXe siècle.
Picasso visite, avec Françoise Gilot, l'exposition annuelle de poterie à Vallauris, en 1946, et aussitôt effectue ses premiers essais à l'atelier Madoura, fondé par Suzanne et Georges Ramié. De retour, l'année suivante, avec plusieurs dessins et projets, Picasso commence ses premières créations. Séduit par la « ville aux cent potiers », Picasso s'y installe de 1948 à 1955, dans une villa sur les collines : son activité créatrice se répartit, alors, entre son atelier où il crée de nombreuses sculptures et l'atelier Madoura pour les céramiques. Entre 1947 et 1971, l'artiste produit un ensemble conséquent de céramiques, estimée entre trois mille cinq cents et quatre mille pièces uniques. Elles ont été toutes réalisées chez Suzanne et Georges Ramié. En 2022, le musée Magnelli, musée de la céramique, a reçu un dépôt exceptionnel de céramiques de Pablo Picasso qui présentent la particularité d'être toutes dédicacées à Suzanne Ramié ; ces dédicaces attestent du lien d'amitié et de respect entre Picasso et celle qui lui a ouvert les portes de son atelier et lui a permis de réaliser une oeuvre si inattendue et si remarquable. Au-delà du témoignage d'amitié, ces céramiques permettent de mettre en lumière les relations entre les deux artistes et le dialogue artistique qui s'instaure entre eux.
Le volume propose un ambitieux panorama de la jeune peinture figurative française contemporaine, et est issu d'une exposition présentée au MO.CO. et au MO.CO. Panacée de Montpellier. Ce catalogue permet de découvrir des artistes emblématiques de la scène française actuelle : nés entre 1970 et 1980, ils affirment un goût pour la peinture figurative (dans laquelle la place de la figure humaine demeure essentielle). Puis la nouvelle génération des années 1980 à 1990 revisite la peinture de genre (historique, portrait, paysage, nature morte...). Ce volume, d'initiative audacieuse et sensible, célèbre la peinture dans ses composantes physiques, matiéristes, érotiques, romantiques... depuis longtemps négligées par l'art dit « contemporain ».
Toulouse-Lautrec, la naissance d'un artiste révèlera au grand public le rôle primordial de René Princeteau dans la vocation et le parcours de celui qui devint « l'âme de Montmartre ». Depuis les années d'apprentissage jusqu'à l'influence esthétique mais aussi amicale que son mentor exerça sur l'oeuvre de Toulouse-Lautrec, ce projet s'appuiera sur les dessins d'enfance et de jeunesse de ce dernier, mais également sur des créations plus tardives dans lesquelles il est encore possible de distinguer la marque et le répertoire des premiers enseignements du peintre libournais. Pas moins de cinquante-six oeuvres du grand maître seront ainsi représentées : dessins, gouaches, huiles, projets d'éventail, etc.
Le propos du catalogue s'articulera autour de quatre grands thèmes identifiés :
- Dessins de jeunesse et naissance de la vocation sous l'égide de René Princeteau - Les Chevaux, une passion commune entre le maître et l'élève - Représenter le quotidien : paysages et vie rurale au coeur de leurs inspirations respectives.
- Le cirque : entre héritage et émancipation artistique