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Quel chef d'oeuvre : l'horreur dans le Frankenstein n'est jamais recherchée pour elle-même - elle ne déborde jamais dans le texte : elle est effrayante, mais absolument. Elle tue, cependant. Et son inventeur en sera l'ultime victime. On ne triche pas avec ce qui est réservé à Dieu : créer l'homme. Le sous-titre : Frankenstein, ou le Prométhée moderne.
On est en 1818, quand Mary Shelley nous offre cette création-monde. Tout ce qui bientôt fera l'art romantique. Héros mangés d'art. Et la passion du voyage : dans ce roman incroyable on parcourt toute l'Europe de cette aristocratie nomade, Genève ou le Rhin, les Alpes ou l'Italie. Et puis cette longue remontée vers l'Écosse des malédictions.
Un défi tout aussi formel : jeu multiple d'emboîtements, de récits interposés, jusqu'à ce moment magnifique où le monstre lui-même se met à partler dans le livre. Mais pour dire comment il s'y est pris pour apprendre à parler et à lire. C'est à en pleurer : lui-aussi est victime de sa violence, avant de la renverser en menace.
Alors qu'elle est belle, cette échappée d'un bateau vers le pôle Nord, embarquant Frankenstein à la poursuite de son propre monstre, l'être sans nom qu'il a formé de ses mains pour défier la mort.
Vous l'avez déjà lu trois fois, l'inimitable roman de Mary Shelley, dans les vieux livres de l'adolescence ? Eh bien ça fera quatre. Et l'enchantement garanti, le frémissement aussi.
FBebook (ePub) 2.99 €Chuchotements dans la nuit
Howard Phillips Lovecraft
- Publie.Net
- Classiques & Traductions
- 1 Octobre 2012
- 9782814594883
The whisperer in the night. Un des plus grands Lovecraft, de ceux qui envahissent insidieusement les perceptions inconscientes.
Tout commence par de brutales inondations dans les zones sauvages et reculées du Vermont montagneux. Le mot essentiel du récit c'est "things", des "choses", mais le mot partout récurrent dans le récit passera sans cesse des êtres mystérieux à ses acceptions courantes.
Comme toujours dans Lovecraft, le combat c'est avec la fiction elle-même. Non seulement la variation de tous les registres de style dans la correspondance du narrateur avec le personnage central, Henry Akeley, mais l'usurpation de son identité.
Et, comme dans tout grand Lovecraft, prendre à bras le corps la modernité scientifique. Et, magie ultime de prestidigitateur, le récit est censé se passer un an avant son écriture - entre temps, on a découvert Pluton, alors le récit embauche à son profit cette découverte pas encore faite, et qui viendra corroborer la peur et l'étrange.
Maison solitaire, chirurgie spéciale, combats dans la nuit - tout vient ici, feutré, sous les pages. Mais il est bien réel qu'à l'été 1928 Lovecraft fit lui-même un voyage dans le Vermont et y fut accueilli chez un de ses compagnons nouvellistes des Weird Tales. Alors qu'elles sont belles, ces pages du voyage réel, en train puis en voiture (la voiture elle aussi son rôle, comme le téléphone et les horaires de train), de Boston jusqu'aux montagnes.
Grand format 11.98 €Relier l'Angleterre au continent a été un rêve pendant des siècles, jusqu'à l'inauguration le 6 mai 1994 du tunnel sous la Manche. En 1921, Maurice Leblanc, créateur d'Arsène Lupin, propose, dans Le Formidable événement, un moyen plus rapide et plus naturel ; la disparition de la Manche !
Même si elle reste rare, l'idée d'un assèchement d'une mer pour découvrir - ou conquérir - de nouveaux territoires n'est pas absente de la science fiction ; citons L'Homme qui supprima l'Océan Atlantique d'Octave Joncquel ou Les Buveurs d'océans de H-G. Magog dans lequel un méchant Japonais projette de supprimer l'océan Pacifique afin d'offrir à son pays de nouveaux et riches territoires !
Chez Maurice Leblanc, nulle intervention humaine. Des signes avant-coureurs ont bien alerté la population et les autorités mais la disparition subite de la Manche - le tunnel qui existe au début du roman s'effondre lui aussi - suite à un séisme prend tout le monde de court. Les territoires qui apparaissent se transforment immédiatement en un véritable Far-West où pullulent les aventuriers les plus immoraux à la recherche des trésors engloutis depuis des siècles et l'on assiste à une véritable pluie d'or qui rend fou. Le héros, Simon Dubosc, à la recherche de la jeune femme élue de son coeur et qu'il doit conquérir à la manière d'un preux chevalier, aidé par un authentique Indien d'Amérique, explore la nouvelle contrée et doit lutter dans ce monde post-apocalyptique où seule règne la loi du plus fort.
Cette incursion de Maurice Leblanc dans la science fiction fut publiée à l'origine dans la revue Je Sais tout, qui accueillait aussi Arsène Lupin, en octobre et novembre 1920 avant de paraître l'année suivante aux éditions Pierre Lafitte. Plusieurs éditions se succédèrent jusqu'en 1941 (chez Hachette qui avait repris le catalogue des éditions Lafitte), puis entre 1941 et 2011 seulement trois éditions furent publiées.
La présente édition propose le découpage de l'édition pré-originale Je Sais Tout.
Philippe Ethuin (extrait de la présentation)ebook (ePub) 4.99 €Au bout de la jetée : la fin du voyage, le domaine que j'aurais voulu sans partage, de l'eau, des bêtes marines, des oiseaux et de la sauvagine. Sur cette frontière, un cyclope, le phare des Onglous, veille de son oeil rouge le Canal du Midi et mon étang de Thau. Au loin, la colline de Sète allume ses milliers de lanternes et les vagues se brisent à nos pieds sur les rochers. Du haut de mes vingt ans, me voilà chef de bande : à ma gauche Aristide, le géant simplet, qui m'est tombé dans les bras comme un grand gamin quand le vieux Manuel s'est pendu ; à ma droite, Malika, notre lionne boiteuse, notre amoureuse, arrivée sans crier gare et chamboulant notre fragile équilibre. Ça sonne paisible, mais dans la nuit habitée de la lagune, autour de notre cabane de bric et de broc, un monstre rôde et des gamines s'évaporent dans la nature...
Grand format 17.50 €Sur commande
ebook (ePub) 5.99 €Les mains d'Orlac
Maurice Renard
- Publie.net
- E-styx Anticipation Et Fantastique
- 29 Avril 2012
- 9782814504790
D'abord, c'est sentimental : "Les mains d'Orlac" c'est le film projeté dans "Au-dessous du volcan" et dont l'affiche prendra une telle importance pour le Consul...
Mais pour le plaisir des ces années 20 qui s'ébrouent dans plein de découvertes techniques : la scène initiale de l'accident de chemin de fer est d'anthologie, mais sans cesse les voitures, l'électricité, le cinéma (je ne peux pas en dire trop) viennent multiplier les pistes du roman d'horreur façon XIXe.
Au centre, un pianiste - et les musiques qui passent sont celles de Liszt, Debussy, Ravel. Et un chirugien. Greffer les mains ou le visage, désormais on sait (laborieusement). Ici, c'est la fiction qui accorde au pianiste accidenté les mains d'un homme juste guillotiné.
Alors, quand les crimes qui surgissent semblent tous désigner Orlac comme coupable, et que ces mains qui lui sont étrangères sont incapables de musique, qu'il s'est fait chef d'orchestre dans un bastringue de seconde zone, et qu'il se mêle un peu de Crédit Lyonnais et une grosse prime d'assurance, on n'arrêtera pas la lecture même si le téléphone sonne.
Immense classique, mêlant les mystères du corps aux mystères de la ville, avec un bon zeste d'occultisme pour pimenter l'ensemble, pas étonnant que le cinéma y ait trouvé son bonheur. Et nous le nôtre.
FB
ebook (ePub) 2.99 €
JOHN-ANTOINE NAU
L'Académie Goncourt, qui, pour la première fois, décernait son prix annuel, a porté la majorité de ses suffrages sur John-Antoine Nau, dont le premier roman, Force ennemie, a paru en 1903.
Ce lauréat est le moins parisien de nos hommes de lettres. Il débuta dans la vie comme pilotin sur le trois-mâts Marie-Auger, fut aide-commissaire sur le transatlantique Le France, quitta la marine et habita San-Francisco, Haïti, la Martinique, les Baléares, Ténériffe récemment encore, il était jardinier en Andalousie. De loin en loin, La revue blanche publiait de Nau des nouvelles exotiques Corvée d'eau, les Trois Amours de Benigno Reyes.
Il vient de terminer, en société avec J. W. Bienstock, la traduction au Journal d'un Écrivain, de Dostoïevski.
Depuis quelques mois, ce garçon aux cheveux plantés comme des soies, à la barbe frisée, au nez romain, eux yeux de charbon, au masque boucané, et qui dissimule sa timidité en roulant perpétuellement des cigarettes dont il tire trois bouffées, réside enfin en France, à Saint-Tropez, le petit port provençal. Rarement l'a-t-on vu à Paris. L'intrigue n'est donc pour rien dans son aventure d'hier soir. La bonne conduite littéraire non plus, car Force ennemie n'est pas de ces livres neutres qui plaisent vaguement à tout le monde parce que, bénins, ils ne heurtent l'esthétique de personne.
Ce livre, d'ailleurs indemne de tout pédantisme et de toute sensiblerie, a pour héros un fou à périodes de lucidité dont la personnalité se dédouble, se détriple, et dont le corps sert parfois d'habitacle à un transfuge de la lugubre planète Tkoukra, un certain Kmôhoûn, conseilleur d'actes forcenés. Nau a su ordonner les éléments de cette histoire fumeuse et les vivifier d'humanité authentique. Cela en un style lucide, dru, âpre et direct, où toutefois naissent spontanément des images toujours évocatrices, des images de poète.
Et, en effet, le romancier que les Dix viennent de tirer d'une obscurité où il se plaisait peut-être, est aussi un poète, comme en témoigne ce beau livre de vers qu'il publia en 1897, Au Seuil de l'Espoir.
ebook (ePub) 4.99 €Les navigateurs de l'infini
J.-h. Rosny aîné
- Publie.net
- E-styx Anticipation Et Fantastique
- 28 Décembre 2011
- 9782814505834
L'oeuvre de J.H. Rosny l'aîné vient de passer en domaine public. Mais, 70 ans après sa mort, avons-nous cessé de le lire, avec ce mélange d'effroi et de malaise qui signe les grandes oeuvres de la science-fiction ?
Etrange, de le voir correspondre avec Conan Doyle, et inventer simultanément avec H.G Wells des thèmes qui nous touchent avec la même urgence aujourd'hui.
Nous savons aujourd'hui que, dans les galaxies voisines, et même dans d'autres confins de la nôtres, des planètes semblent autoriser la formation de la vie. Nous avons découvert la présence d'eau sur Mars, qui garde bien de ses secrets. Ces derniers mois, un équipage d'astronaute s'est entraîné en temps et vaisseau réels à l'accomplissement d'un voyage de reconnaissance. Et nous savons déjà avoir été les artisans de notre irréversible déclin sur notre propre planète.
Questions donc à forte résonance pour nous. Mais quelle étrangeté de voir Rosny l'aîné les affronter dès 1921, avec cette finesse et ce pessimisme qui lui sont propres, et qui résonnent dans sa belle langue. Nous avons aussi appris que nous portons des gènes de l'homme de Néanderthal, et des biologistes d'aujourd'hui tentent de réussir d'improbables clonages : voilà ce dans quoi aussi se risque ce roman suspendu et décalé, précis et prenant, qu'est "Les navigateurs de l'infini".
S'il faut se laisser à nouveau surprendre par Rosny l'aîné, et ne pas le laisser discrètement à l'ombre de la "Guerre du feu" qui touche pourtant aussi un fantasme sensible, c'est bien parce que les problèmes qu'il évoque pourraient bien, à un siècle de distance, se révéler à la fois nos meilleurs rêves et nos risques premiers.
Et c'est pour cela que, par delà le plaisir de la fable, et un roman tendu et visionnaire, nous l'en remercions.
FBebook (ePub) 2.99 €Demain, l'écologie ! ; utopies & anticipations environnementales
Edmond Rostand
- Publie.Net
- Archeosf
- 2 Décembre 2020
- 9782371776050
Au XIXe siècle, la Révolution industrielle a profondément modifié le rapport de l'être humain à la nature. Dès cette époque, l'imaginaire littéraire s'est penché sur la question écologique et les textes d'anticipation réunis dans cette anthologie (datant de 1810 à 1920 et pour la plupart réédités pour la première fois) envisagent les atteintes à la nature, la destruction de l'environnement, voire la fin du monde. Devant les développements de la science et de l'emprise de l'humanité sur la Terre, certains imaginent une planète où la nature a disparu, où l'eau de source est une denrée plus rare qu'un vin millésimé, où les derniers oiseaux se trouvent en haut d'un Himalaya pris d'assaut par les villes, où l'on vit dans les égouts parisiens, d'autres font part de leurs craintes face à l'épuisement des ressources naturelles, tous lancent des avertissements qu'il faudra bien se résoudre un jour à écouter.
Grand format 13.00 €Sur commande
Au temps où les femmes régneront ; fantasmes et anticipations sur l'avenir de la femme
Collectif
- Publie.Net
- Archeosf
- 11 Octobre 2018
- 9782371775466
La femme, dans la société nouvelle, jouira d'une indépendance complète ; elle ne sera plus soumise même à un semblant de domination ou d'exploitation ; elle sera placée vis-à-vis de l'homme sur un pied de liberté et d'égalité absolues. La femme de l'avenir Auguste Bébel, 1891 Au xixe siècle, alors que les revendications féministes ne cessent de croître, que les femmes gagnent peu à peu des droits, des hommes écrivent des anticipations sur le rôle futur des femmes. L'anthologie Au Temps où les femmes régneront réunit un échantillon représentatif des fantasmes masculins de cette ère à venir à travers différentes formes : conte, théâtre, utopie... Un siècle après, ces textes continuent de nous interroger et révèlent leur modernité. Pour certains auteurs, ce sera une sombre époque de relégation des hommes, de remise en cause d'un supposé « ordre naturel », d'inversion des dominations et de tyrannie féminine. Pour les autres, ce sera le triomphe de l'égalité entre les sexes, de la déconstruction des genres et pourra alors naître une société utopique reposant sur des rapports femmes-hommes apaisés. Comme le dit le poète, la femme est l'avenir de l'homme.
Grand format 13.00 €Sur commande
L'Éclair reprit sa marche, et s'enfonça dans l'abîme. La largeur du tunnel était considérable ; la lampe du bateau, éclairant la masse liquide qui remplissait le gouffre, ne jetait sur ses parois qu'une vague lueur. On y distinguait pourtant quelques actinies et des poulpes, fixés aux aspérités de la pierre. Sur les bas fonds rampaient des oursins et des crabes ; dans les sombres retraites de la voûte se remuaient confusément des êtres indéfinissables.
Arsitide Roger est l'immédiat prédécesseur de Jules Verne. Avec son Voyage sous les flots, il nous entraîne dans des aventures sous-marines à travers le globe, de Calais à la mer des Sargasses, de l'Équateur à l'Antarctique, de l'océan indien à l'Océanie. Il est aussi le premier à utiliser le sous-marin comme un véhicule de l'imaginaire. Son Éclair n'est-il pas, d'ailleurs, le véritable héros de ce classique oublié de la science-fiction française ?
Grand format 16.00 €Sur commande
Demain, la commune ! anticipations sur la Commune de Paris de 1871
Collectif
- Publie.Net
- Archeosf
- 3 Mars 2021
- 9782371776128
Depuis son e crasement au terme de la Semaine sanglante, la Com- mune de Paris ne cesse de hanter notre imaginaire. De s 1871, anti-communards et pro-communards ont cauchemarde ou re ve d'un triomphe a venir de la Commune, imaginant des anticipations, dystopies, uchronies et utopies. Chacun des textes rassemble s dans Demain, la Commune ! imagine, pour le pire ou pour le meilleur, la victoire de la Commune.
Grand format 23.00 €Sur commande
« Paris sera toujours Paris » chantait Maurice Chevalier en 1939. Ville éternelle, ville lumie?re, Pantruche, Paname Pourtant nombre d'auteurs ont re?vé d'autres Paris, de Paris du futur.
E?mile Souvestre propose en 1843 une anticipation qui n'est gue?re réjouissante dans Le Monde tel qu'il sera ou? les banquiers ont pris le pouvoir, les enfants sont allaités par des nourrices à vapeur, la presse est sous le monopole d'un seul titre et les citoyens sans cesse contro?lés. Vingt ans plus tard, Jules Verne soumet le manuscrit de Paris au XXe sie?cle (écrit vers 1863) à son éditeur Hetzel qui le refuse. D'autres textes sont publiés comme ceux de Pierre Véron (En 1900, 1878), E?mile Calvet (Dans mille ans, 1883), ou d'Albert Robida (Le Vingtie?me sie?cle en 1882 ou La Vie électrique en 1892).
Entre 1830 et 1908, plusieurs auteurs imaginent des Paris futurs. Ces visions sont tre?s variées et naviguent entre utopie sociale, satire et humour.
Les avenirs envisagés pour Paris sont parfois tre?s heureux et l'on découvre une ville transformée, plus propre, plus prospe?re, plus fraternelle sous la plume d'utopistes d'occasion ou de conviction. Théophile Gautier, Victor Fournel, Victor Hugo, Tony Moilin imaginent ces Paris plus beaux et plus égalitaires.
Les humoristes ne sont pas en reste quant à nous faire re?ver de l'avenir parisien. Joseph Méry, « Mirliton » ou Euge?ne Fourrier nous font sourire avec des avenirs envisagés ne masquant pas la raillerie envers leurs contemporains.
Les poe?tes et paroliers nous invitent dans des Paris en ruines, Paris oubliés, Paris ensevelis mais toujours Paris... me?me si certains n'hésitent pas à prédire des catastrophes dont la ville ne peut se remettre.
L'archéologie du futur - que penseront nos descendants devenus archéologues ? - pre?te souvent à rire quand on lit les conjectures, toutes plus erronées les unes que les autres, à partir de ce qui reste de la Capitale. Cela doit aussi nous conduire à un peu de modestie quand nous posons notre regard sur le passé.Grand format 13.00 €Sur commande
La fin du livre : il n'en finit pas de mourir... (1841-1930)
Charles Nodier
- Publie.Net
- Archeosf
- 1 Décembre 2021
- 9782371776241
Le livre papier va-t-il disparaître ? Cette question si actuelle s'est posée dès le XIXe siècle. L'industrialisation de l'imprimerie, le développement de la presse et l'accroissement de la production des imprimés (livres, affiches, revues, brochures...) conduisent les contemporains à s'interroger sur l'avenir des supports imprimés alors que d'autres supports médiatiques apparaissent (photographie, phonographie, téléphonie, radiophonie, télévision). Certains annoncent, regrettent ou s'enthousiasment de la disparition de l'objet-livre remplacé par d'autres supports médiatiques comme le feuilleton dans la presse ou par des appareils de diffusion sonore ou télévisuelle alors que d'autres imaginent des possibilités de lecture à distance (préfigurant le Web), ce qui conduirait la galaxie Gutenberg à être supplantée par les nouveaux médias.
Grand format 13.00 €Sur commande
L'ego est un jeu de construction, les briques en euros amassées grâce à SexyWi m'ont permis de bâtir la maison qui abrite le mien : une villa sur la plus haute colline de la cité. J'y vis en reclus, je suis cette évidence proéminente que vous ne savez voir, haut perché, mais la tête rentrée dans les épaules - un vautour sur sa branche. J'ai fait fortune en pénétrant votre intimité la plus secrète, quasi inavouable.
La fin du monde est-elle soluble dans l'esprit humain ? Le programmeur star d'un jeu érotique révolutionnaire est sur le point de le découvrir...
Avec Locked-in Syndrome, g@rp joue le jeu de l'imagerie virtuelle et des intrigues imbriquées sous la forme étrange que prend son propre pseudonyme : une coquille d'escargot. Jeux vidéo, cerveau en cours de défragmentation, ville d'Ys surgie des flots et pornographie ludique sont au programme de ce roman pré-apocalyptique à l'écriture unique, à l'humour ciselé et au rythme fou.ebook (ePub) 5.99 €Avoir pour père un homme de la stature de Jules Verne et porter sur ses épaules le statut d'unique héritier du grand écrivain n'est sans doute pas chose facile.
Michel Verne naît en 1861 et connaît une jeunesse tumultueuse qui conduit son père à recourir à l'« incarcération par voie de correction paternelle » en 1875. Michel est embarqué à bord d'un navire et va jusqu'aux Indes, emmenant avec lui les oeuvres de Jules Verne. De rébellion en frasques, d'inquiétudes en scandales, les rapports entre père et fils sont parfois orageux. Pourtant à la fin de sa vie l'écrivain confie à Michel Verne des travaux littéraires constatant les talents de son fils mais lui reprochant son manque de ténacité. Il l'accompagne dans ses tentatives d'écriture.
Certains textes longtemps attribués à Jules Verne - on ne reconnaissait à Michel que des remaniements - témoignent des qualités littéraires du fils. « L'Agence Thompson and Co, L'Éternel Adam et Au XXIX e siècle : la journée d'un journaliste américain en 2889 ont été écrits par Michel Verne, Jules Verne les ayant relus et corrigés avant parution. » affirme Jean-Paul Dekiss
Plusieurs romans achevés à la mort de Jules Verne sont - parfois profondément - réécrits par Michel Verne. L'Étonnante aventure de la mission Barsac est, quant à lui, rédigé par Michel d'après une quarantaine de pages laissées par son père. C'est enfin par le cinématographe que le fils poursuit l'oeuvre de Jules Verne en produisant plusieurs adaptations de ses romans pendant la première décennie du XX e siècle. Michel Verne meurt en 1925.
Zigzags à travers la science est une série de neuf articles publiés par Michel Jules Verne dans le supplément littéraire du Figaro en 1888. Le fils de Jules Verne y développe des fantaisies ou des anticipations relevant à la fois de la causerie scientifique et de la fiction et se rapportant à de multiples thèmes : les transports (un pont sur la Manche ou un express de l'avenir), les communications (la TSF), la médecine et les phénomènes humains (les anesthésiques ou la femme électrique), la guerre de demain (une tourelle rétractable), les animaux (de l'huître à la bécasse). Daniel Compère indique que tout ou partie de ces textes ont été écrits en collaboration entre Michel et Jules et que l'« on peut aussi penser que Michel Verne puise un certain nombre des sujets de ses textes dans les notes rassemblées par son père».
L'ensemble des Zigzags à travers la science n'a été édité qu'une seule fois par la Société Jules Verne en 1993. Seul « L'Express de l'avenir » échappe à l'oubli. Il était temps de rendre de nouveau disponibles ces textes.
Philippe Ethuin, extrait de la présentation.ebook (ePub) 4.99 €En 1950 ; quatre contes et nouvelles ; 1982-1909
Collectif
- Publie.net
- Archeosf
- 19 Juillet 2012
- 9782814504745
Avec ArcheoSF, explorer les archives de la science-fiction ancienne : curiosités, inventions...
2050 représente, dans l'imaginaire collectif, une somme d'inquiétudes entre changement climatique, fin du pétrole, déséquilibres démographiques et inconnues géopolitiques.
1950, c'était il y a plus d'un demi-siècle. Pour les hommes et femmes de la fin XIX e siècle, l'écart temporel était le même et ils rêvèrent de ce temps à venir comme la promesse d'un autre monde. De nombreux écrivains, humoristes et vulgarisateurs scientifiques se sont emparés du thème « 1950 » s'appuyant sur les avancées scientifiques pour produire des anticipations. Albert Robida écrivit et dessina « 1950 » et les années suivantes dans Un potache en 1950, En 1965, Le Vingtième siècle... Son empreinte est manifeste sur certains des textes rassemblés ici.
L'anonyme Un clou pour l'exposition de 1950 publié en 1899 est placé sous le signe de l'Exposition Universelle de 1900 au cours de laquelle de nombreuses innovations soulageant l'homme de l'effort de la marche furent présentées.
Dans Énigme d'amour publié en 1909, E Ribière-Riverlas présente une intrigue sentimentale sur un fond inspiré par Robida et Jules Verne avec des moyens de transports et de communication variés extrapolés.
Plus léger est le conte Une élection académique en 1950 dans lequel Paul Blin imagine qu'une loi de 1949 « prescrit que les membres de l'Académie française seraient élus par les représentants de la presse, formant un collège électoral dans chaque chef-lieu de département ».
Pour finir L'attaque de la coupole cuirassée. Épisode d'un siège ... en 1950 de Pierre Ferréol est une anticipation militaire. Après la guerre de 1870-1871, ce genre a fleuri. Des auteurs comme le Capitaine Danrit, Pierre Giffard ou même Octave Béliard , ont écrit de nombreuses guerres futures mettant en scène des engins extrapolés tels des aéroplanes blindés, des dirigeables cuirassés, des chars, des super-canons ou des forts imprenables.
P. E.
ebook (ePub) 3.99 €Les cavités de notre planète sont fort peuplées même si le commun des Terriens l'ignore. Les hommes ont imaginé des terres creuses, des mondes cachés sous nos pieds, des civilisations ayant survécu dans les entrailles de la Terre.
Dans leur monumental essai Les Terres creuses, Guy Costes et Joseph Altairac recensent plus de 2200 textes pour constituer une « bibliographie géo-anthropologique commentée des mondes souterrains imaginaires et des récits spéléologiques conjecturaux ». Plusieurs thèmes peuvent en être dégagés : le récit préhistorique, l'utopie - qui trouve sous terre une nouvelle localisation -, la grotte merveilleuse, le monde intérieur, le tunnel fantastique et/ou extrapolé, la race souterraine, le monde perdu, etc.
Si l'on en croit les romanciers, sous la Terre ont survécu diverses civilisations que l'on croyait disparues : André Armandy présente une civilisation maya dégénérée dans Le Démon bleu (Miss Démon) et Jean Bonnéry une survivance inca (Les Prisonniers de la Montana) en 1925, Maurice Schneider et M.C Poinsot nous racontent la fin de la cité babylonienne cachée dans Sémiramis, reine de Babylone (1926), Albert Bonneau imagine des cavités peuplées de descendants des Égyptiens (La Cité sans soleil, 1927), etc.
Une Ville souterraine, histoire merveilleuse de Charles Carpentier relève de ce que les anglo-saxons nomment les « Lost Race Novel ». En Normandie, à proximité d'Avranches, le héros ne trouve rien de moins qu'une ville en tout point semblable à la Rome impériale survivant depuis l'antiquité.
Une Ville souterraine. Histoire merveilleuse
Pour le cas qui intéresse, c'est à dire la survivance d'une civilisation romaine, le roman de Charles Carpentier fait partie des premiers traitant du thème. Dans le domaine anglo-saxon, on peut citer The Foutain of Arethusa de Robert Eyres Landor (1848),Tarzan and the lost Empire d'Edgar Rice Burroughs (1929) ou The Enchanteress de Cecil H. Bullivant (1932).
En France, Charles Carpentier sera notamment suivi par Camille Audigier dans La Révolte des volcans (1935) qui place sa survivance romaine en Auvergne.
Une Ville souterraine nous entraîne sous le plateau du Châtellier dans l'arrondissement d'Avranches (Manche) sur les pas du narrateur (qui partage nombre de centres d'intérêt avec l'auteur). Le lieu est celui d'une bataille qui opposa le Gaulois Viridovix, chef des Unelles, et son armée à Sabinus pendant la conquête de la Gaule par les Romains. Des légendes locales mentionnent l'apparition d'une fée vêtue à l'antique et de soldats casqués et solidement armés comme les anciennes troupes romaines. Le narrateur décide de les surprendre... et c'est lui qui va être surpris de découvrir la merveilleuse ville souterraine, ses habitants, leurs habitudes et leur vie quotidienne mais aussi les intrigues politiques ou les risques à vouloir introduire de nouveaux concepts et techniques dans une société figée depuis près de deux mille ans.
Le projet de Charles Carpentier n'est pas seulement de distraire le lecteur avec une bonne intrigue. Dans sa préface, il indique : « On entre dans la ville souterraine avec effroi ; on s'y engage avec curiosité ; on la parcourt avec étonnement ; et on regrette de ne pas la connaître davantage, avant de la quitter. Il semble qu'on ne devrait jamais écrire un livre sans chercher à instruire en amusant ; mais il ne serait peut-être pas trop téméraire de mettre cette épigraphe sur la couverture de celui-ci : ICI ON S'AMUSE, ET ON S'INSTRUIT ! ».
Philippe Éthuin
ebook (ePub) 4.99 €
On sait peu de choses de Ralph Roderich Schropp. On connaît de lui cette nouvelle et trois traductions de Goethe. On le trouve aussi comme auteur de deux livres publiés en allemand. Il a vécu à Nice : le texte y a été écrit si l'on en croit les derniers mots de l'avant-propos et la région niçoise est le lieu où est découvert le manuscrit.
Le rêve de la création de la vie par l'homme est un thème majeur de la science-fiction. Que ce soit des robots, des androïdes ou des clones, l'écrivain-démiurge de récits conjecturaux se met de la sorte en compétition avec Dieu.
L'automate de Ralph Schropp surpasse nombre de ses devanciers : l'automate a la capacité de s'accoupler avec une humaine et à procréer. Ce n'est pas seulement la création de la vie dont il s'agit, mais aussi sa transmission : l'Homunculus est de ce fait complètement vivant. Ce qu'il lui manque pour être parfaitement humain c'est un coeur, non pas l'organe, mais bien la disposition aux sentiments : l'Homunculus ne ressent nulle pitié, nul amour, nul regret, nulle affection, nul intérêt pour les autres car c'est bien le coeur qui est tout. Ralph Schropp nous interroge ainsi sur la nature même de l'homme à travers cette caricature de l'Humanité que constitue son automate.
PE
ebook (ePub) 2.99 €Le nom de Joseph Méry, s'il a été bien oublié, surgit parfois au détour d'un essai, d'une anthologie, d'un article de dictionnaire4. Ce polygraphe du XIXe siècle (1797-1866) a beaucoup écrit : satires, théâtre, livrets d'opéra, romans, nouvelles... Une recherche dans le catalogue électronique de la Bibliothèque Nationale de France donne 774 notices et cela ne tient pas compte des innombrables textes parus dans la presse.
Histoire de ce qui n'est pas arrivé est l'une des toutes premières uchronies (la deuxième ou troisième) et pourtant si les textes de Louis Geoffroy (Napoléon et la conquête du monde, 1836) ou Charles Renouvier (Uchronie (l'utopie dans l'histoire) : esquisse historique apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu'il n'a pas été, tel qu'il aurait pu être, 1857-1876) sont régulièrement réédités, la nouvelle de Jospeh Méry n'a jamais été reprise en volume depuis 1859 et donc restée quasiment inconnue.
La date de divergence de cette uchronie «napoléonienne» (bonapartiste serait plus juste) est le 21 mai 1799 pendant le siège de Saint-Jean d'Acre8 ce qui est une originalité9 par rapport à la production habituelle qui se situe plutôt pendant le Premier Empire : que de Campagnes de Russie et de batailles de Waterloo ont été gagnées ! Pour certains, tel Louis Geoffroy, Napoléon est même devenu le maître du monde.
Dans Histoire de ce qui n'est pas arrivé, au titre programme qui est une excellente dé#nition de l'uchronie, remporter la victoire à Saint-Jean d'Acre dans le cadre de la campagne d'Égypte représente le bris du verrou vers l'Orient. Sur notre ligne temporelle les troupes de Bonaparte ont été arrêtées par une vieille tour surnommée « La Maudite » au sujet de laquelle le général corse aurait dit : « Le sort du monde était dans cette tour ». Poursuivons avec une autre citation impériale: « Il n'est point de petits événements pour les nations et les souverains : ce sont eux qui gouvernent leurs destinées. ». « La Maudite » chutant, Bonaparte ne sera pas Napoléon Ier mais un nouvel Alexandre fondant un empire dans les Indes : « la tour maudite de Saint-Jean d'Acre était la tour du destin, Turris fatidica».
Philippe Ethuin, extrait de la présentation.ebook (ePub) 3.99 €Nous percevons le monde par les villes que nous habitons. Notre expérience, notre chemin, nous le mesurons par les villes. Et encore par les villes notre découverte du monde lointain.
Cela a une histoire, et elle naît sur la côte Est des États-Unis. Mais elle naît de la ville-emblème du XIXe siècle, la tentatculaire Londres, telle que Dickens aujourd'hui nous la fait voir. Souvenir d'enfance d'un jeune orphelin américain, qui en rapporte ces images de multitude et labyrinthe ?
Ou bien démarche consciente d'un géant de la littérature, cherchant dans l'héritage européen de la littérature de quoi faire rêver ses lecteurs du nouveau monde ?
Mais dans la re-création qu'en fait Baudelaire, c'est tout un travail fin de figures, de silhouettes, de mouvement. C'est qu'il y a une idée forte : avec l'électricité, avec les besoins du commerce et de l'industrie, et par la seule masse critique du nombre d'habitants, peut vivre 24 eures sur 24. Cela change quoi au rapport de chacun à ses angoisses, à sa filie, à ses rêves ?
L'Homme des foules a fait basculer la littérature moderne - allez voir chez Walter Benjamin, ce qu'il en dit. Et il a fait naître Baudelaire à lui-même.
C'est la dernière phrase, où l'homme et la ville se confondent : l'homme est un livre, mais un livre qui ne se laisse pas lire. Qui a lu une fois L'Homme des foules le relira toute sa vie.
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ebook (ePub) 1.99 €"Jamais je n'oublierai les sensations d'effroi, d'horreur et d'admiration que j'éprouvai en jetant les yeux autour de moi."
Pourquoi les histoires qui nous font aussi peur nous fascinent-elles autant ?
Tout Edgar Poe découle de cette fascination pour l'étrange, le frisson - qu'il a poussée à sa pleine dimension esthétique. Quelquefois avec des textes violents, et d'autres fois avec la sombre lumière, mais tenue, de l'énigme, presque du surnaturel.
Dans son oeuvre, trois récits incarnent pour moi au plus haut cette dimension presque abstraite de l'horreur, là où Poe nous emmène le plus loin dans notre propre imaginaire. Ces trois histoires, Le puits et le pendule, Dans le Maelstrom, Metzengerstein, les voici. Et même si vous avez un souvenir vif de Le puits et le pendule (qui l'a lu une fois s'en souvient toujours), reprenez-le dans le confort de l'iPad ou d'une liseuse. Notre lecture change, elle aussi. Relisez-le donc seulement pour ce mouvement d'enchaînement des séquences abstraites.
Et baser toute une histoire sur la variation de la gravité lorsqu'elle passe à un repère vertical ? Dans le Maesltrom, le monde devient provisoirement un énorme cylindre sans fond, où tout bascule, la nuit et le jour, et les hommes bien sûr, dans l'infini tourbillonnement, allégorie provisoire, et destin bien réel de l'homme qui nous en fait récit, de là-haut sur la falaise, dans la belle tradition romantique.
Rien que du plaisir - mais pas neutre, mais pas béat. Plutôt le contraire.
FB
ebook (ePub) 1.99 €La lettre volée ; double assassinat dans la rue Morgue
Edgar Allan Poe
- Publie.net
- 10 Septembre 2010
- 9782814503144
Combien sommes-nous à avoir découvert Edgar Poe par Double assassinat dans la rue Morgue et La lettre volée ? Normal, ce sont les deux nouvelles qui ouvrent le premier recueil des traductions de Baudelaire.
Histoires qui évidemment ont beaucoup contribué à conférer à Poe sa réputation sulfureuse, et déjà traduites deux fois avant Baudelaire. Et on sait leur étonnant destin, à commencer par Poe lui-même et la suite qu'il leur donne avec Le Mystère de Marie Roget, transformant en triptyque les deux récits rassemblés sous le titre Les facultés divinatoires d'Auguste Dupin, I et II. Alors Sherlock Holmes et tous les autres ne sont pas loin, le roman policier est inventé.
Pour autant, c'est la vieille aventure littéraire qui reste le jardin d'aventure - Lacan ne s'y est pas trompé. Et même Marie Roget commencera sous une exergue prise à Novalis.
C'est peut-être ça le nouveau régal à venir relire ces histoires que tous nous avons déjà traversées : laisser se développer la rhétorique, voir Poe au travail, voir se construire et s'agence un récit où chaque phrase va apporter sa nuance, suite de digressions qui vont en nuage, appellent à la mystique, font de Dupin un inventeur du fantastique - et où s'écrit au fond la ville moderne.
C'est l'écriture aux prises avec la description du monde, et susceptible, en s'organisant elle-même, de changer le tableau contemporain du monde. Sinon, Poe ne nous fascinerait pas tant, même sous les ors de Baudelaire.
FB
ebook (ePub) 1.99 €
C'est une façon de la mémoire : on remonte à soi des morceaux de scènes où l'on se voit jouer, rire à l'objectif, adossé à une barrière ou l'air absent, regardant vaguement au-dedans de soi dans un costume étriqué à la manière du Gilles de Watteau.
Les souvenirs ne sont pas des scènes enregistrées subjectivement par la caméra de nos yeux, mais des images que celui que nous sommes aujourd'hui observe par-dessus l'épaule de celui qu'il était autrefois et qu'il a perdu. Nous sentons bien qu'ici un certain retournement nous regarde. Des paysages, des visages saisis dans leur silence et pourtant comme au bord de se dire. Le deuil que l'on fait de soi-même à chaque instant. Ou plutôt que l'on ne parvient pas à faire, revenant toujours trop tard sur ce mouvement intime qui nous échappe. C'est ce qui hante nos figures.
Pareil silence obscur règne sur nos souvenirs. On ne sait jamais tout à fait de quelle fabrique ils sont issus, ce qu'ils écrivent. Ils lèvent à nos regards des armées de personnages comme chaque jour se lève devant nos yeux l'étrangeté de notre nouveau visage.
Naturellement, le texte par lequel Léa Bismuth accompagne ces figures anonymes d'acteurs de l'histoire s'accorde aux mouvements du temps, aux confessions que l'on fait aux journaux intimes ou aux lettres quand ceux-ci mélangent ce que l'on se dit à soi-même et ce que l'on confie à d'autres. Écrivant, elle s'en remet à cette fragilité, avouant des larmes, des rires, le blanc des neiges, la solitude. Elle se demande alors ce que rejoignent en elle ces figures peintes, cette petite fille bandée qui interrompt son jeu, « immobilisée dans une chorégraphie muette ». Et c'est en lisant Proust qu'elle retrouve l'ambiguïté de ces images dont on ne sait si elles émergent de la mémoire ou de rêves. « Les images choisies par le souvenir sont aussi arbitraires, aussi étroites, aussi insaisissables que celles que l'imagination avait formées et la réalité détruites. »
Ponctué de ces extraits de La Recherche, le texte de Léa Bismuth adopte la forme des vertiges de l'introspection, cheminant au bord des cavités abruptes de la mémoire.
Ce que ces fillettes, ces fratries, ces silhouettes anonymes disent pour soi c'est la perte ; comment une part de nous s'engouffre dans les abîmes du temps et comment cette part justement réclame qu'on la rêve.
Jérémy LIRONebook (ePub) 4.99 €Sleepy Hollow ; la légende du Val Dormant
Washington Irving
- Publie.net
- Classiques
- 12 Décembre 2011
- 9782814505728
Si les Américains ont tous cette légende dans un coin de leur coeur, c'est parce que naît avec Washington Irving la première littérature américaine.
Un imaginaire qui soit lié à leur histoire, à leurs luttes, au cosmopolitisme des immigrations européennes, et surtout à ce vaste paysage naturel, parfois écrasant, toujours si mystérieux, dans sa splendeur même.
Le mystère natif de cette naissance de la littérature américaine, avec Hawthorne et Irving, c'est qu'elle choisit le fantastique pour naître - et Poe suivra, puis Lovecraft.
C'est ainsi qu'on peut relire, dans la langue toute fraîche de sa première traduction, la triste aventure de l'instituteur Ichabod Crane (oui, référence directe à Don Quichotte, on verra comment il s'habiille et quel est son cheval).
Et comment Washington Irving vous trousse à l'intérieur de sa tête maigre une si belle histoire de fantôme. Demandez donc à Tim Burton ce qu'il en pense...
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