Desclée de Brouwer
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Un corps pour deux : Petite philosophie de la grossesse
Marie Leborgne Lucas
- Desclée de Brouwer
- 5 Mars 2025
- 9782220098869
La grossesse concerne non seulement toutes les femmes - au moins comme une possibilité inscrite dans leur corps -, mais aussi chacun de nous, car nous sommes tous nés du corps d'une autre qui nous a portés avant que nous soyons jetés dans le monde !À l'heure où il est possible de décider de ne plus avoir de règles, de ne pas être enceinte, ou même de recourir au corps d'une autre pour porter son enfant biologique, il devient urgent de penser ce phénomène si particulier de la grossesse.L'enjeu est de taille : soit nous continuons à invisibiliser le corps des femmes, les dépossédant de ce qui se passe en elles, tout en effaçant la dette que nous avons envers le corps maternel ; soit - et c'est l'option de l'auteure - nous reconsidérons les femmes comme sujets de leur propre grossesse en osant penser la spécificité de leur corps.« Lorsque je suis enceinte, un ébranlement s'opère. Désormais je ne suis plus jamais seule. Et je ne suis plus, puisque je suis toujours entremêlée à un autre. Je suis deux pour un même corps, ou plutôt deux pour deux corps imbriqués. Le sujet enceint en est bouleversé. »
Philosophe, féministe et mère de trois enfants, Marie Leborgne Lucas est agrégée de philosophie et enseigne la philosophie au lycée. -
Naître ou le néant : Pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement ?
Marianne Durano
- Desclée de Brouwer
- 11 Septembre 2024
- 9782220098678
« No Kids ! » clament les uns, « No Planet B ! » scandent les autres. La catastrophe écologique, dit-on, devrait dissuader quiconque de fonder une famille. Mettre au monde des enfants ne serait-il pas irresponsable, voire criminel, quand tout s'effondre sous nos yeux ?Non, réplique avec force Marianne Durano, agrégée de philosophie, mère de quatre enfants et... décroissante active ! Nous sommes de fait à un tournant de notre société d'abondance : nos richesses, loin d'être au service de la vie, semblent au contraire lui ôter sa valeur, et nous imaginons plus volontiers mourir sans enfants que vivre sans pétrole. Face à la dégradation du monde, il nous faut alors retrouver une raison d'exister et de nous continuer.Penser la surpopulation avec Marx, la naissance avec Aristote, la natalité avec Arendt, le biopouvoir avec Foucault, l'éducation avec Rousseau... Marianne Durano nous propose un véritable vademecum pour nous sauver du non-sens. Faire des enfants en temps d'effondrement est, certes, un défi immense, mais c'est un risque à prendre si nous voulons (encore) rester vivants.
Marianne Durano est normalienne et agrégée de philosophie. Cofondatrice de la revue d'écologie intégrale Limite, elle a publié en 2018 Mon corps ne vous appartient pas (Albin Michel). -
Quoi que nous nous efforcions de penser, nous continuons d'appartenir à notre siècle par les croyances les plus communes et, quand cela a lieu, par le fait tout aussi commun de ne plus croire - ou de ne pas donner notre confiance au monde. Nos pères se sont tant méfiés, ou ils ont été à ce point cyniques, que cette foi, entendue dans son sens large, semble nous être aujourd'hui interdite. À nous qui avons hérité de cette perte sans l'avoir consommée, ne restent que les débris d'une tradition devenue muette.Or la foi est vitale, et pas seulement la croyance religieuse. Mais dans une époque désorientée, nous ne pourrons peut-être sauver que le désir de croire : rien ne nous dit que nous retrouverons la croyance. Le paradoxe veut que cette impuissance annonce un temps de dangereuse crédulité. Il nous faut donc tout réapprendre. C'est à cette tâche que la philosophie doit s'atteler en prenant le contrepied de son éternelle tendance : en se mettant en quête de croire aussi résolument qu'elle avait cherché à savoir. La traversée du nihilisme est à ce prix.
Camille Riquier est vice-recteur à la recherche de l'Institut catholique de Paris et professeur à la Faculté de philosophie. Lauréat de l'Académie française pour Archéologie de Bergson (PUF, 2009), il est l'auteur de Philosophie de Péguy ou les mémoires d'un imbécile (PUF, 2017). Il est également membre de la revue Philosophie et de la revue Esprit. -
Qu'est-ce qu'avoir du pouvoir ?
Charles Pépin
- Desclée de Brouwer
- Des Paroles et des Hommes
- 21 Octobre 2010
- 9782220087450
Le pouvoir exerce une fascination, parce qu'il engendre la puissance, parce qu'il transforme aussi. Qu'est-ce qu'avoir du pouvoir ? Qu'est-ce qui fonde le pouvoir qu'un homme peut exercer sur d'autres hommes ? Charles Pépin s'attarde sur le pouvoir de l'homme politique, du chef d'entreprise, d'un ami qui sait se faire écouter, d'un prêtre sur ceux qui se confient à lui, d'un professeur dans sa classe et même sur celui d'une oeuvre d'art. Trouverons-nous alors l'essence du pouvoir ? Comprendrons-nous ce qui inscrit Napoléon, Barack Obama, Gérard Mestrallet ou Yannick Noah dans une veine commune ?
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Si c'est au nom d'un futur toujours meilleur que le monde a été transformé en un chantier permanent, nous sommes arrivés à un stade où le rapport entre les bénéfices du « développement » et ses nuisances s'avère de plus en plus défavorable. La perte de confiance dans le progrès doit alors être compensée par une inflation de ce qu'il est censé apporter : plus le monde va mal et menace de s'écrouler, plus il faut abreuver les populations de promesses exorbitantes.Tel est le rôle du transhumanisme - et peu importe que ce qu'il annonce ne soit pas destiné à se réaliser. Lui accorder trop d'importance, c'est donc se laisser captiver par un leurre. Faudrait-il refuser d'y prêter attention ? Cela n'est pas si simple. Le transhumanisme nous trompe parce qu'il joue en nous sur des ressorts puissants. Se donner une chance de désamorcer la fascination qu'il exerce et le malheur qu'il propage, réclame de mettre au jour ce qui nous rend si vulnérables à ses illusions.
Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques. Il a enseigné les mathématiques à l'École polytechnique et enseigne aujourd'hui la philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié plusieurs ouvrages dont Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit (2006), Après la chute (2014) et Une question de taille (2014). -
éveille-toi, mon âme : introduction à la philosophie d'Edith Stein
Christof Betschart, Bénédicte Bouillot
- Desclée de Brouwer
- 18 Octobre 2023
- 9782220098197
Si Edith Stein est aujourd'hui connue pour son parcours exceptionnel d'intellectuelle allemande, née juive, devenue chrétienne et carmélite, morte à Auschwitz, ce livre entend combler un manque : celui d'une introduction générale à sa philosophie, et relever un double défi : rendre abordable une pensée réputée difficile, tout en montrant sa vigueur et son actualité, à travers l'approche renouvelée qu'elle propose de la notion d'âme.Dans un xxe siècle où l'âme a été considérée comme une notion désuète, inappropriée même pour penser l'humain, où la philosophie, les sciences humaines, et la théologie ont cru pouvoir s'en passer, Edith Stein montre au contraire que renoncer à l'âme, c'est s'empêcher de considérer certains aspects fondamentaux de la vie humaine.À travers une démarche qui allie phénoménologie, métaphysique et mystique, et par ses talents descriptifs, elle nous rend attentifs à l'expérience vécue de l'âme, mais aussi au tragique d'une vie qui en est dénuée. Elle réveille ainsi en nous le désir de ce « supplément d'âme », qui donne à notre existence sa profondeur, sa vitalité, sa couleur et sa saveur... telle l'âme du violon qui, bien qu'à peine visible, assure l'unité de l'instrument et en déploie les résonances à tout le corps.
Bénédicte Bouillot, membre de la communauté du Chemin neuf, est professeur de philosophie aux facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres).Christof Betschart, carme déchaux, est doyen de la faculté de théologie Teresianum à Rome, où il enseigne notamment l'anthropologie théologique. -
Ce livre est à la fois sauvage et réfléchi. Sauvage parce qu'il exclut d'emblée les paix morbides, ces « sagesses de camomille » qui, sous couvert d'apprivoiser la mort, empoisonnent la vie. Il clame en premier lieu que nous ne sommes pas faits pour mourir.Mais ce cri oblige à une méditation plus profonde. Nous devons mourir à notre désir de maîtrise. Chaque fois que notre vie rencontre un obstacle, nous sommes invités à nous déprendre de nous-mêmes. Ce consentement à la mort se nomme amour. Mourir à soi-même, c'est tuer ce qui, dans notre vie, est obsédé par la vie.Ces « petites morts », lues à partir de la pensée de Simone Weil, indiquent un chemin de dépossession et de plénitude. À l'heure où nous serons dessaisis de tout, c'est notre propre vie qui nous sera redonnée. Nous étions à la lisière du paradis, et nous ne le savions pas ! Il faudra bien l'éternité pour prendre la mesure de cette étrange nouvelle.
Martin Steffens est professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour les journaux La Croix et La Vie. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels : Petit traité de la joie. Consentir à la vie (2011 ; Prix Humanisme Chrétien, 2013) ; La Vie en bleu (2014) ; Rien que l'amour (2015 ; Prix des Libraires religieux, 2016) ; Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger. Éloge du combat spirituel (2016). -
L'oeuvre de Gustave Thibon (1903-2001) est immense. Il est temps de redécouvrir le sage, le métaphysicien et le poète.Ces entretiens, fruit d'un long compagnonnage,sont un « classique » qui nous introduisent dans l'intimité de sa pensée. Ils nous restituent surtout la voix d'un Thibon familier des vérités éternelles, citant inépuisablement des vers (de Victor Hugo, de Mistral, de Heine ou de Lorca) ou évoquant les grandes figures qu'il a connues, de Lanza del Vasto à Jean Hugo et de Gabriel Marcel à Simone Weil qui fut, de son propre aveu, la rencontre de sa vie.
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Marcher la nuit ; textes de patience et de résistance
Martin Steffens
- Desclée de Brouwer
- 7 Octobre 2020
- 9782220097404
Nous sommes entrés dans un autre monde. Un virus aura suffi à « gripper » la moitié de la planète. Nous avons dû éprouver un autre rapport à l'espace et au temps, où le pire a côtoyé le meilleur.À la lumière obscure d'un événement qui ne manquera plus de se reproduire, les chroniques de Martin Steffens sont ici reprises et reclassées dans une marche en trois temps, que symbolisent les figures de Melchior, Balthazar et Gaspard. Trois figures de l'humanité, parties à la conquête d'un salut, dans un monde où tout, déjà, se faisait recensement, contrôle, peur. Mais trois étapes aussi : « La nuit tombée », « Points d'or » et « Petits matins ». Un prologue, inédit et alerte, fait le constat de la soudaine éclipse de notre humanité.Ces textes courts, méditations philosophiques ou spirituelles, billets d'humour ou d'humeur, incitent à prendre patience, sans nous masquer la réalité de ce qu'il faut traverser.
Martin Steffens est professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Il a publié de nombreux essais, parmi lesquels : Qui nous fera voir le bonheur? (J'ai lu, 2016, avec Christophe André) ; Rien que l'amour (Salvator, Prix des Libraires religieux 2016) ; Rien de ce qui est inhumain ne m'est étranger (Seuil, 2016) ; L'Éternité reçue (Desclée de Brouwer, 2017 ; Carnets DDB, 2020) et un Dictionnaire paradoxal de la philosophie : penser la contradiction (Lessius, 2019). -
Depuis juillet 2013, on est sans nouvelles du prêtre jésuite italien Paolo Dall'Oglio, qui a réhabilité dans les années 1980 le monastère Mar Moussa al-Habachi, dans le désert syrien, pour en faire un haut lieu d'hospitalité et de dialogue.Opposant résolu à Bachar al-Assad, le père Paolo n'a cessé de plaider, aux côtés des révolutionnaires, pour une « Syrie libre ». Expulsé de son pays d'adoption en 2012, il y retourne clandestinement au bout d'un an. Il est enlevé peu de temps après à Rakka dans des circonstances troubles. Est-il retenu dans les prisons du pouvoir ou dans celles de Daech ? Le mystère autour de sa disparition reste entier.Pris entre les sentiments confus de révolte, de découragement et d'espoir, René Guitton rend ici hommage à un ami très cher, mais aussi, à travers lui, à ceux qui hurlent en silence leurs souffrances, leurs douleurs physiques et morales, et leur rage devant les irrémédiables destructions d'un des berceaux les plus importants de l'humanité.
René Guitton, essayiste engagé et romancier, est l'auteur de nombreux ouvrages, essais, documents et romans, parmi lesquels Ces chrétiens qu'on assassine ou encore le Dictionnaire amoureux de l'Orient. -
Sidération et résistance ; face à l'événement (2015-2020)
Frédéric Worms
- Desclée de Brouwer
- Cahiers
- 16 Septembre 2020
- 9782220097220
Auteur des Maladies chroniques de la démocratie, Frédéric Worms tient également une chronique dans le journal Libération. Il n'échappe donc pas à la sidération qui définit l'époque : des attentats aux épidémies, en passant par l'incendie de Notre-Dame, # Metoo ou le climat, il est saisi par l'événement.Mais en l'exprimant, en l'analysant, en le mettant à chaque fois à l'épreuve d'une pensée du vivant et de la justice, il nous donne le premier moyen de la résistance : un sens partagé. Car l'événement, ce sont aussi des actes, des oeuvres, des ressources que l'on peut repérer et soutenir. Ces chroniques vont à leur rencontre.Comment répondre aux dangers qui nous menacent ? En traversant l'épreuve de l'événement et en retrouvant la dimension vitale de la démocratie. Afin que les années de sidération soient aussi les jalons d'une résistance. Car rien n'est joué d'avance.
Frédéric Worms est professeur de philosophie à l'École normale supérieure et membre du Comité consultatif national d'éthique. Il est notamment l'auteur de : La Philosophie du xxe siècle en France. Moments (2009) ; Revivre. (2012 ; Prix lycéen du livre de philosophie, 2016) ; Pour un humanisme vital (2019) ; Les Maladies chroniques de la démocratie (2017 ; réédité en même temps que ces chroniques). -
Plus loin que l'actualité : philosopher jour après jour
Denis Moreau
- Desclée de Brouwer
- 19 Octobre 2022
- 9782220097978
Cela a-t-il un sens de philosopher sur l'actualité ? Sans doute, répond Denis Moreau, mais en s'imposant quelques règles de méthode et en respectant les procédures de réflexion que la philosophie met en oeuvre: logique de l'argumentation, clarté et distinction des propos, refus des préjugés et des arguments d'autorité...Le philosophe, après s'être informé sur le sujet à propos duquel il prétend réfléchir, peut alors promouvoir et appliquer une « philosophie tout-terrain », susceptible de prendre pour objet non seulement les thèmes habituels de la philosophie, mais aussi le travail, le sport, la sexualité, les impôts, les vacances, le téléphone portable, etc.En se penchant sur des questions de pratique et sur ce qui intéresse les humains dans leur vie concrète, ces chroniques philosophiques peuvent être lues dans la continuité ou butinées au hasard, au gré de ses envies. Une façon, non dénuée d'humour, de réfléchir jour après jour sur notre société et d'aller plus loin que l'actualité.
Denis Moreau est professeur de philosophie à l'université de Nantes. Auteur de plusieurs ouvrages sur Descartes et l'histoire de la philosophie moderne, il a aussi codirigé un Dictionnaire des monothéismes (Seuil, 2013) et publié des essais plus personnels où il conduit une réflexion philosophique sur le christianisme, parmi lesquels: Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations (Seuil, 2014) ; Mort, où est ta victoire ? (Bayard, 2017) ; Comment peut-on être catholique ? (Seuil, 2018) ; et Résurrections. Traverser les nuits de nos vies (Seuil, 2022). -
Des robots domestiques se fontdélateurs, des agents conversationnels injurient leurs interlocuteurs. Pireencore : des systèmes informatiques participent aux conflits humains etparfois même les provoquent. Le 18 mars 2018, un véhicule autonome dela société Uber a tué une femme qui traversait la rue dans une ville del'Arizona. Ce fut la première mort d'un piéton provoquée par un algorithme.Qui est responsable ? Laréponse à cette question compte parmi les défis les plus urgents à relever dansnotre rapport aux technologies numériques. Mais il ne s'agit pas de savoircomment rendre l'intelligence artificielle bienveillante. Il s'agit de faire ensorte qu'elle ne se substitue pas à l'homme en tant qu'agent moral. Seul lerecours au hasard, et ceci dès sa conception, peut libérer la machine de laresponsabilité qu'on veut lui faire porter. AlexeiGrinbaum est physicien et philosophe. Chercheur au CEA de Saclay, il estspécialiste des fondements de la mécanique quantique. Conjointement à ces recherches mathématiques, il travaille sur les questions éthiques poséespar les nouvelles technologies.
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Dans ce monde qui semble soumis à une accélération constante, où l'on ne cesse de louer la marche ou la course, nous souhaitons et craignons à la fois que tout ralentisse ou même que tout s'arrête. L'ambivalence de ce désir reste à étudier, comme ce que signifie aujourd'hui le fait de ne pas bouger.La privation de mouvement est une peine ; le droit pénal, les disciplines scolaires ou militaires immobilisent ; les accidents et les maladies paralysent ; l'accélération technique se paye en inertie dans les embouteillages ou les bureaux. Les éloges de la mobilité comme la critique de l'accélération sont passés à côté de ces situations où l'immobilité s'impose, non sans violence.Il faut redonner son sens à l'immobilisation. Car cette peine est aussi une étape, une station, impliquant le corps et la pensée. Tenir, debout, assis, dans la position du lotus ou même couché, c'est exercer sur soi une contrainte signifiante. Les « mouvements » d'occupation des places nous le rappellent, l'art également. Savoir faire halte, c'est savoir résister.
Jérôme Lèbre est professeur de philosophie en classes préparatoires. Membre du Collège international de philosophie, il est notamment l'auteur de : Vitesses (2011) ; Derrida - La justice sans condition (2013) ; Les Caractères impossibles (2014) ; et, avec Jean-Luc Nancy, de Signaux sensibles (2017). -
Les sentinelles d'humanité ; philosophie de l'héroïsme et de la sainteté
Robert Redeker
- Desclée de Brouwer
- 8 Janvier 2020
- 9782220096681
Dans la crise de civilisation où nous sommes entrés, les figures du héros et du saint semblent faire l'objet d'une nouvelle attente. Si la philosophie commence avec l'étonnement, il y a là matière à méditer. De fait, héroïsme et sainteté sont des besoins collectifs et personnels - mais pourquoi ? Quelle est la réalité de ces deux conduites ? En quoi se séparent-elles et en quoi fusionnent-elles ? Pourquoi ont-elles été à ce point dévaluées ? Ces êtres d'exception n'ont rien à voir avec le surhomme ou le transhumain. Ils ne constituent pas des fuites hors de l'humanité. Ils nous rappellent ce que nous sommes - autre chose que des animaux et des machines - et nous appellent à vivre en conséquence. Ils sont paradoxalement les gardiens de notre finitude.
Né en 1954, Robert Redeker est agrégé de philosophie. Collaborant à plusieurs périodiques, il a notamment publié : Le Déshumain ; Nouvelles Figures de l'homme ; Egobody ; L'Emprise sportive ; L'Éclipse de la mort ; L'École fantôme. Il fut pendant quinze ans, à l'appel de Claude Lanzmann, membre du comité de rédaction des Temps Modernes. Ses livres sont traduits en plusieurs langues étrangères. -
Comment peut-on être tolérant ?
Claude Habib
- Desclée de Brouwer
- Cahiers
- 16 Janvier 2019
- 9782220095905
Née au XVIIe siècle, la tolérance est devenue notre vertu centrale, au point de se confondre avec la démocratie. Mais ses conditions d'exercice ont changé : le schisme protestant mettait au défi de faire coexister des versions différentes du christianisme. Notre situation est tout autre. Les revendications de droits subjectifs, d'une part, et les migrations, d'autre part, ont bouleversé les thèmes, puis l'exercice de cette vertu : nous devons accepter les orientations sexuelles les plus diverses tout en accueillant les croyances et les moeurs de populations d'origines variées.Le basculement d'une partie des opinions en Europe et aux États-Unis indique que la tolérance n'est pas acquise. Elle exige de chacun un effort permanent pour surmonter ses propres aversions. Détachée des aversions, la tolérance est creuse. Dégagées de la tolérance, les aversions peuvent devenir criminelles. Il faut donc penser ensemble ces deux notions. C'est au jugement politique et moral qu'il incombe de réviser nos manières de vivre, voire de réprouver certaines coutumes. Car tolérer, ce n'est pas pérenniser les appartenances. C'est empêcher l'humiliation de l'homme par l'homme.
Claude Habib est une ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses. Elle a enseigné la littérature du XVIIIe siècle à l'université Charles-de-Gaulle à Lille, puis à la Sorbonne-Nouvelle, où elle a dirigé le Centre Rousseau. Elle a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels: Le Consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la cité (1997); Galanterie française (2006) ; Un Sauveur (roman, 2008) ; Le Goût de la vie commune (2014) ; Deux ou trois nouvelles du Diable (roman, 2016). -
On a coutume de voir dans la modernité occidentale le processus par lequel le politique s'est émancipé de la tutelle religieuse. Ce que les religions juive et chrétienne ont apporté, c'est une rupture des liens entre le politique et le sacré. Elles ont désacralisé le politique. Ce travail a compliqué voire inversé la fonction que l'Europe a donnée au religieux : celle de fonder et conserver l'ordre politique et juridique. Il y a, dans la parole biblique, une force de destitution de la puissance.
Une face du théologico-politique regarde vers le passé et maintient l'ordre : la figure du Souverain divin sert les puissances de ce monde. Mais l'autre face, messianique, regarde vers l'avenir d'une justice inconditionnelle, et voit au-delà du politique. L'image du Royaume se substitue à celle du Roi des Cieux. La transcendance ne sert plus à fonder, mais à dénoncer l'injustice du présent : l'image du Royaume hante nos régimes. Sa présence paradoxale est une apocalypse du politique. Cette hantise s'appelle, peut-être, la démocratie. -
Dans notre époque troublée, un sentiment de colère et d'abandon se répand parmi de nombreux citoyens qui se sentent humiliés, incapables de mener la vie qu'ils espèrent et impuissants à agir sur les forces impersonnelles qui les dominent. Ces forces sont le capitalisme effréné, l'étatisme, la mondialisation marchande et l'idéologie libérale qui les sous-tend. La gauche et la droite ont convergé autour d'un libéralisme socioculturel et d'un libéralisme économique. Ces libéralismes ne sont que deux moitiés d'un même credo ultra-moderne qui oscille entre l'individualisme du marché et le collectivisme d'État.Dans ce livre, John Milbank et Adrian Pabst proposent, comme alternative au libéralisme totalisant, une politique de la vertu que l'Occident a héritée de la synthèse chrétienne du logos gréco-romain avec la foi biblique. Inspirée par le sens de réciprocité fraternelle, une telle politique vise à promouvoir la justice économique, la solidarité sociale, l'appartenance culturelle et l'internationalisme personnaliste. L'Europe ne pourra se maintenir et influencer le cours du monde que si elle renouvelle son héritage antique et chrétien, et parvient à inculquer la pratique de la vertu dans la recherche du bien commun.
John Milbank est professeur de religion, politique et éthique à l'université de Nottingham et directeur du centre de théologie et philosophie.Adrian Pabst est lecteur en politique à l'université de Kent et professeur à l'IEP de Lille. -
Une faim d'abîme ; la fascination de la mort dans l'écriture contemporaine
Betty Rojtman
- Desclée de Brouwer
- Philosophie
- 30 Janvier 2019
- 9782220095950
Le monde occidental s'interroge aujourd'hui sur la passion de la mort qui pousse de jeunes terroristes au suicide et au crime. Le présent essai traite d'une autre fascination, non moins troublante : celle qui travaille sourdement les grands textes de notre modernité. Après Alexandre Kojève, l'écriture de Georges Bataille, de Maurice Blanchot, de Jacques Derrida ou de Jacques Lacan, laisse transparaître un lyrisme de la destruction, un engouement pour l'abîme, qu'il faut savoir reconnaître sous la rigueur de la pensée.D'où vient cette esthétique du malheur ? Quels enjeux recouvre-t-elle ? Au fil d'une minutieuse lecture, l'auteur s'attache à dénuder un complexe de valeurs et d'affects qui remontent aux origines symboliques de notre civilisation. On entrevoit peu à peu que cette revendication de la mort pourrait bien n'être que le signe inversé de la grande protestation humaine, de sa soif d'infini et de son désir d'être.
Betty Rojtman, née à Paris, a dirigé le département de littérature française à l'université hébraïque de Jérusalem. Elle situe sa recherche au carrefour de la pensée contemporaine et de l'exégèse juive traditionnelle. Parmi ses publications : Feu noir sur feu blanc. Essai sur l'herméneutique juive (1986); Une grave distraction (préface de Paul Ricoeur, 1991) ; Une rencontre improbable (2002) et Moïse, prophète des nostalgies (2007). -
La figure imposante du révolutionnaire est morte. Mais celle du réactionnaire a survécu et prend de l'ampleur partout dans le monde. Il n'en reste pas moins l'inconnu de notre temps. Certes, il nous agace et nous fait peur. Mais nous ne nous interrogeons pas sur lui. Qui est-il ? Quelle est sa vision du monde ? On sait ce qu'il déteste, mais on sait moins ce qu'il veut.Le révolutionnaire se nourrissait d'espoir, le réactionnaire se nourrit de nostalgie. Il n'est pas conservateur, car il pense que l'Apocalypse est arrivée : dégoûté par tout ce qui l'entoure, il est électrisé par la splendeur du passé. Comme Don Quichotte, chaque expérience le confirme dans ses rêves. Car la nostalgie est irréfutable...Ce pessimisme historique inspire des figures aussi hétéroclites que des djihadistes rêvant d'un califat mondial et des polémistes qui voient dans ces attentats la confirmation de leur fatalisme, des catholiques intégristes et des maoïstes qui ont conservé leurs petits livres rouges, des antimondialistes et des néo-impérialistes russes, turcs et hindous. Tous avancent dans le passé.L'heure de la réaction a sonné. Il importe de l'entendre.
Mark Lilla est historien des idées et essayiste. Enseignant à l'Université Columbia de New York, il écrit souvent dans The New York Review of Books et pour The New York Times. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Le Dieu mort-né. La religion, la politique et l'Occident (2010) ; La Gauche identitaire : l'Amérique en miettes (2018). -
La nation, chemin de l'universel ? sortir de l'impasse post-nationale
Mathieu Detchessahar
- Desclée de Brouwer
- 9 Mars 2022
- 9782220097787
On la disait archaïque, dépassée au temps de la globalisation et du Web. Pourtant, l'histoire récente ne cesse de nous ramener à la nation !L'idée de nation se porte bien au coeur même de l'Europe : l'Angleterre a recouvré sa pleine indépendance, la rapidité et le succès de la réunification allemande font contraste avec les difficultés persistantes de « l'Union » et les nouveaux entrants des pays de l'Est ne cessent d'opposer leurs spécificités culturelles nationales aux velléités unificatrices des règles européennes. Partout, les partis souverainistes gagnent du terrain. Tout se passe comme si la mondialisation économique avait suscité le réveil de peuples qui ne se résolvent pas à la dissolution de leurs libertés politiques dans le marché global.Il faut donc continuer de penser la nation, sans laquelle bon nombre d'enjeux contemporains - migrations, multiculturalisme, souveraineté, démocratie... - sont incompréhensibles. Qu'est-ce donc qu'une nation ? Pour répondre à cette question, ce livre mobilise une tradition intellectuelle rarement convoquée sur ce sujet, la philosophie politique chrétienne. On y découvrira une pensée de la nation qui s'organise constamment dans une tension fructueuse entre le particulier et l'universel. Une pensée qui ouvre un chemin sûr, loin du cosmopolitisme naïf comme de l'exaltation idolâtre, pour comprendre en quoi la nation répond aux besoins et aux désirs des hommes.
Spécialiste de théorie des organisations, agrégé des universités, Mathieu Detchessahar est professeur à l'Institut d'économie et de management de l'université de Nantes. Il est membre fondateur du Groupe de recherche anthropologie chrétienne et entreprises (GRACE). -
Notre époque n'est-elle pas celle de l'éclipse de la mort ? Entre rêved'immortalité, culte de la jeunesse et peur du cadavre, la mort ne doit plusfaire partie de la vie. Elle est cachée, dénaturée, éclipsée. C'est à la foisune éclipse dans le langage (où « partir » a remplacé « mourir ») et uneéclipse sociale (la mort a été évacuée de la cité).Aujourd'hui, le transhumanisme porte et achève cette éclipse. La vie estdésormais sans mort, et la mort, sans vie. C'est à cette difficulté, d'une viequi n'est plus ordonnée vers une fin, vers la mort qui lui donnait saprofondeur et son sens, que Robert Redeker s'attaque. En analysant ce quel'éclipse de la mort nous dit de notre époque, il évoque les thèmes de lacrémation, de l'euthanasie, de la place du corps et pose cette questioncruciale pour notre société contemporaine : pourquoi devons-nous nous réjouird'avoir à mourir ?Agrégé de Philosophie, Robert Redeker est l'auteur de nombreux livres. Ilcollabore également à plusieurs revues et journaux. Il a publié dernièrement Le soldat impossible (Pierre-Guillaumede Roux, 2014), Le Progrès ? Pointfinal (Ovadia, 2015), Bienheureusevieillesse (Le Rocher, 2015) et L'Ecolefantôme (Desclée de Brouwer, 2016). Il s'emploie également à laphotographie et à la critique littéraire.
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L'antispécisme exige aujourd'hui violemment la « libération » des bêtes. Cela supposerait d'interdire tout produit d'origine animale, ainsi que des pratiques jugées « oppressives » (équitation, chasse, corrida, zoos...), voire de préférer la vie d'un chimpanzé à celle d'un handicapé mental. L'antispéciste est au végane ce que l'intégriste est au croyant.Ce courant dispose de théoriciens influents, comme Peter Singer, et de relais politico-médiatiques, comme l'association L214 ou le Parti animaliste. Or la disposition des animaux à souffrir ne suffit pas à leur donner des droits fondamentaux sur le modèle des droits de l'homme. Il est également malhonnête d'enrôler dans une telle cause le féminisme et l'antiracisme. Enfin cette utopie cache mal ses liens avec le transhumanisme...Les « libérateurs » des animaux apparaissent alors davantage comme le symptôme d'une société qui s'invente une idéologie pour mieux affronter le vide qui la ronge : productivisme sans fin, industrie agro-alimentaire devenue folle, perte du lien social, destruction de la planète... Mais ce n'est pas en faisant de l'animal un nouveau messie que nous infléchirons notre destin.
Ariane Nicolas est journaliste indépendante. Ce livre est son premier essai. -
Petite vie de : petite vie de Blaise Pascal
Bernard Sesé
- Desclée de Brouwer
- 19 Septembre 2013
- 9782220079349
Blaise Pascal (1623-1662) a profondément renouvelé les connaissances de son siècle dans différents champs de la pensée. Enfant précoce éduqué par son père, il va tout d'abord consacrer ses travaux aux sciences naturelles et appliquées, et aux mathématiques ils donneront naissance au calcul des probabilités et influenceront les théories économiques modernes et les sciences sociales. Puis, après une expérience mystique, la Nuit de feu", en 1654, 1'"effrayant génie", comme le nommait Chateaubriand, va se consacrer à la réflexion philosophique et religieuse. Homme de science et de foi, l'auteur des Provinciales et des Pensées n'aura eu de cesse de se battre pour la vérité, scientifique, morale et religieuse.".