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EDITIONS MF
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Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros
Emmanuelle Fantin, Camille Zéhenne
- EDITIONS MF
- 19 Juin 2023
- 9782378040703
Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros répond à un double enjeu. Il est d'abord conçu comme une porte d'entrée vers la pensée de cet auteur inclassable et souvent mécompris dans le monde francophone. L'ouvrage répond au défi suivant : comment peut-on concevoir une initiation à la pensée de Jean Baudrillard, sans passer par le commentaire universitaire, l'exégète classique ou la glose herméneutique ? Comment détourner le savoir totémique des universitaires, qu'il disait lui-même honnir, tout en permettant aux lecteurs et aux curieux de s'approprier sa pensée et ses concepts en douceur ? L'ouvrage reprend le format bien connu des « Livres dont vous êtes le héros », ou fictions interactives qui ont connu un certain succès éditorial notamment auprès des jeunes public, il organise donc une fiction interactive autour de cet auteur en mêlant le biographique au philosophique, l'intime au conceptuel, le propédeutique au burlesque.
Trois grandes voies narratives s'entremêlent. D'abord, une première voie permet de naviguer dans la vie de Jean Baudrillard - une vie plus ou moins fictionnalisée, dans la plus pure tradition baudrillardienne. Ensuite, un double fictionnel organise une voie en contrepoint (la question dudouble hante l'oeuvre de Baudrillard). Une troisième voie narrative est plus théorique, abstraite et conceptuelle. Elle permet de se balader dans son oeuvre, en sillonnant de citations en citations, sa philosophie ainsi mise en intrigue.
Avec une préface d'Edgar Morin. -
Analysant la musique, la littérature, et la peinture Afrofuturiste (Sun Ra, P-Funk, Wangechi Mutu), la confrontant aux enjeux contemporains de l'écologie et de la racialisation, ce livre montre comment l'Afrofuturisme peut nous soigner du triple rejet constitutif de l'Anthropocène. Premièrement, le rejet des non-humains, au profit d'un fétichisme de l'Humain qui sous-tend la Sixième extinction de masse des espèces. Deuxièmement, le rejet du cosmos, qui réduit la Terre à un espace confiné, détaché de l'univers. Troisièmement, le rejet de la personne Noire, car l'Anthropocène est un projet qui s'est fondé dans l'esclavage et la colonisation.
Ce que nous propose l'Afrofuturisme est une nouvelle image du cosmos, où la Terre serait reliée à la puissance du soleil comme à l'obscurité insondable de l'univers. Cette nouvelle relation au cosmos exige que nous changions la fonction de la technologie, qui n'est vue que comme source de possibilités - pouvoir maîtriser les forces terrestres, pouvoir contrôler les êtres humains, et pouvoir exploiter les non-humains. À ces possibilités écologiquement et socialement épuisantes, l'Afrofuturisme oppose un impossible majeur, une utopie para-humaine, alien, où la technologie devient une technique de l'imaginaire, jouant le rôle de médiation esthétique entre la Terre et les autres planètes, le passé et le futur, l'humain et ce qui lui demeure étranger.
Montrant les affinités entre la pensée à l'oeuvre dans l'Afrofuturisme et la philosophie de Walter Benjamin, comparant l'Afrofuturisme à la théorie radicale de l'Afropessimisme et à l'utopie du cosmisme Russe, ce livre veut contribuer à diffuser le message de l'Ange Noir de l'Histoire : si nous voulons éviter l'effondrement écologique auquel l'économie racialisée nous destine, il nous faut une nouvelle révolution copernicienne. -
Nous sommes aujourd'hui confrontés, à travers les objets techniques comme la réalité virtuelle ou, plus quotidiennement les images des jeux vidéo, à un changement qui affecte non pas les objets de la perception mais la perception elle-même. Ce changement a un nom qui est aussi un des grands impensés de la philosophie du xxe siècle : la « perception artificielle ». À travers les textes d'Edmund Husserl, Jacques Derrida et Bernard Stiegler et en s'appuyant sur des cas empruntés tant aux jeux vidéos et aux dispositifs de simulation qu'au cinéma, Elsa Boyer se livre à une enquête philosophique à la fois radicale et profonde. Car c'est la perception elle-même que son artificialité l'amène à repenser, par-delà l'opposition entre le réel et l'imaginaire. Relisant Husserl après Derrida et confrontant ce dernier au fantôme du premier, Elsa Boyer nous montre comment la réalité virtuelle nous oblige à (re)faire de la philosophie. Le texte est accompagné d'une préface de Catherine Malabou, philosophe, auteur de nombreux livres dont Le Change Heidegger. Du fantastique en philosophie (Léo Scheer, 2004), Que faire de notre cerveau ? (Bayard, 2005) et, plus récemment, Avant demain. Épigenèse et rationalité(PUF, 2014).
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Qu'est-ce que le corps humain ? À la fois la plus familière et la plus méconnue des choses, le corps est au centre de l'expérience mais représente également le lieu d'une préhistoire antérieure à toute expérience. Étrange et inconnu, cet autre aspect du corps a bien trop souvent été négligé par la phénoménologie. En se confrontant à cette négligence, The Thing redéfinit la phénoménologie en tant qu'espèce du réalisme, nommée phénoménologie inhumaine. Loin d'être le simple véhicule d'une voix humaine, cette phénoménologie inhumaine permet l'expression d'une matérialité étrangère aux limites de l'expérience. En associant la philosophie de Merleau-Ponty, Husserl et Levinas à l'horreur de John Carpenter, David Cronenberg et H. P. Lovecraft, Trigg explore la manière dont cette phénoménologie inhumaine place le corps hors du temps. Remettant en question les notions traditionnelles de la philosophie, The Thing fait également écho aux philosophies contemporaines du réalisme. Le résultat n'est ni plus ni moins qu'une renaissance de la phénoménologie redéfinie à travers la focale de l'horreur.
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...la plus grande oeuvre d'art pour le cosmos tout entier : Stockhausen et le 11 septembre ; essai sur la musique et la violence- ess
Lambert Dousson
- EDITIONS MF
- 15 Octobre 2020
- 9782378040246
« La plus grande oeuvre d'art pour le cosmos tout entier ». C'est en ces termes que le compositeur allemand d'avant-garde Karlheinz Stockhausen (1928-2007) a qualifié l'attaque terroriste contre le World Trade Center le 11 septembre 2001. Au-delà de sa portée morale, cet essai philosophique montre la double vérité, artistique et politique, que renferme cette déclaration. La première a pour nom propre « malentendu », la seconde « sublime ». Le malentendu connecte les propos du compositeur à son esthétique et sa métaphysique : il questionne l'essence et la puissance de la musique. Qu'est-ce qui fait art ? Qu'est-ce qui fait oeuvre ? Que sont un matériau, un acte, une forme artistiques ? Comment une expérience vécue peut-elle constituer un matériau pour l'art, et devenir l'objet d'une écoute ? Et lorsque cette expérience est l'expériencede la violence, de l'horreur, de la guerre ? Quelle action, voire quelle violence la musique peut-elle exercer ? « Sublime » désigne pour sa part le type de rationalité esthétique qui définit la politique du 11 septembre. Car au-delà de l'abîme qui sépare politiquement une bande de criminels fanatiques et une démocratie libérale, c'est une même logique esthétique que partagent un chef d'État s'adressant à la nation américaine comme s'il était le héros d'une superproduction hollywoodienne, un chef terroriste qui se maquille comme un présentateur-vedette de journal télévisé pour revendiquer un attentat, et un compositeur qui a vu une oeuvre d'art dans un crime terroriste conçu pour ressembler à un film hollywoodien diffusé à la télévision. Cette logique révèle qu'esthétisation de la politique et marchandisation de la culture sont les deux faces d'un même phénomène qui affecte nos sociétés. Essai critique sur la violence de la musique et la musique de la violence, à l'intersection de la théorie politique et de la théorie esthétique, ce livre analyse les rapports entre art et terreur, technologie et culture, et considère la musique comme un objet de connaissance autant qu'une source de savoir sur notre monde.
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Ces quelques considérations, forcément partiales, tentent de lire la situation sanitaire en général et en particulier le mouvement anti-pass sanitaire de cet été à l'aide d'une boussole affinitaire. Un des buts de ce texte est de tracer quelques lignes claires dans une période qui se caractérise par une grande confusion. Il s'agit de poser la question de l'avec : avec qui il n'est pas concevable de se mobiliser, avec qui il est désirable de vivre et possible d'oeuvrer à un monde commun, avec qui on pense, et selon quel régime (croyance, vérité). Il s'agit aussi de considérer, dans un mouvement social, l'atmosphère qu'il contribue à créer et ou à renforcer et les différentes pratiques qu'il charrie. Valérie Gérard poursuit et développe avec cet essai aussi bref que brillant le travail de réflexion commencé dans son précédent livre, Par affinités : amitié politique et coexistence (éditions MF, 2019).