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Les presses du réel
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Revenir d'entre les morts : Deleuze et la croyance en ce monde au cinéma et dans les séries
Aline Wiame
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378965952
Un essai à la fois très personnel et constituant une introduction claire à la pensée de Gilles Deleuze à travers son rapport au cinéma, pensé comme champ d'expérimentation (existentielle, conceptuelle et esthétique) pour résister à la mort, au désastre et à la sidération produite par le « fait moderne ». Pour Deleuze, le cinéma, après la Seconde Guerre mondiale, a dû revenir d'entre les morts - revenir de la catastrophe, revenir de la compromission du cinéma classique avec les outils de soumission des masses. Mais revenir des morts est aussi un geste à sans cesse reprendre dans la création artistique ou conceptuelle afin de lutter contre toutes les formes de contrôle et de normalisation : mort du regard, mort de l'affect, mort du désir, mort de la révolte, mort devant la pensée-pour-le-marché.
En se plongeant dans Cinéma 2. L'image-temps ainsi que dans des films de Capra, Truffaut et Resnais et dans les séries The Leftovers et Station Eleven, cet ouvrage cherche à cartographier quelques gestes de retour d'entre les morts. Comment empêcher nos vies d'être vampirisées par la catastrophe, par le désir d'apocalypse, par les circuits de la barbarie et les clichés du cerveau-monde ? Comment faire des morts que nous traversons et qui nous hantent non des dispositifs qui nous transforment en zombies, mais des forces d'affirmation pour la vie ? Une certaine politique des affects s'ébauche dans les oeuvres qui portent ces questions, à même les récits et les images. -
Pratiques d'expérimentation : Cartographier les possibles avec Jacques Rancière
Anders Fjeld
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378965921
Partant d'une relecture audacieuse de Jacques Rancière, cet essai déploie une philosophie de l'expérimentation, à la croisée de la vie, de la politique et de l'esthétique, à la recherche de nouvelles manières d'imaginer, d'explorer et d'agencer les possibles.
Expérimenter, c'est rendre le monde explorable, non pas en y cherchant des terres vierges, mais en y agençant des désajustements, court-circuitages, mystères, conflits et utopies. C'est remettre en jeu ce qui constitue nos communs, réinterroger nos pratiques, défricher nos imaginaires et réinventer qui nous sommes. C'est soumettre le réel aux coefficients sauvages du possible.
Partant d'une relecture audacieuse de Jacques Rancière, cet essai explore des scènes d'expérimentation à la croisée de la vie, de la politique et de l'esthétique telles que l'histoire de Claudette Colvin au sein du mouvement des droits civiques, les expériences utopiques du Familistère de Guise, le journalisme de James Agee, la photographie anthropométrique d'Alphonse Bertillon et la table des fous dans Alice au Pays des merveilles.
L'auteur conceptualise par là quatre registres de pratique expérimentale : identification policière, suridentification utopique, désidentification politique et anidentification démocratique. Formant ainsi le socle d'une cartographie du possible, la notion d'expérimentation se révèle comme profondément démocratique : multiplier les coordonnées de nos mondes communs, savoir les naviguer par des tâtonnements du possible et cultiver le goût pour l'inconnu et l'improvisé. -
Temps naissant : Un glossaire pour le XXIe siècle
Emanuele Coccia, Jean-Luc Nancy, Slavoj Zizek
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378965945
Conçu par les philosophes et auteurs Michael Marder et Giovanbattista Tusa, Temps naissant présente les perspectives sur le XXIe siècle d'importants pionniers de la philosophie, de l'écologie et des études culturelles, ainsi que d'artistes du monde entier, dont Slavoj Zizek, Timothy Morton, Denise Ferreira Da Silva, Vandana Shiva, Claire Fontaine, Tomás Saraceno, et bien d'autres encore.
Plutôt que de jeter un regard rétrospectif sur une actualité déjà consolidée qui attend d'être expliquée, Temps naissant interroge le présent, dont il espère intercepter les itinéraires possibles à mesure qu'ils se dessinent. Dans la tradition des glossaires, il recherche des mots, des acceptions, des sens qui semblent étrangers au lexique bien établi de la pensée actuelle, et encourage le développement d'un langage pour formuler l'événement qu'est le XXIe siècle. -
La pensée végétale ; une philosophie de la vie des plantes
Michael Marder
- Les presses du réel
- 15 Juin 2022
- 9782378963408
Là où les philosophes contemporains s'abstiennent d'aborder la vie végétale sous l'angle ontologique et éthique, Michael Marder place les plantes au premier plan de l'actuelle déconstruction de la métaphysique. Il identifie les caractéristiques existentielles du comportement des plantes et l'héritage végétal de la pensée humaine afin de confirmer la capacité qu'ont les végétaux à renverser le double joug de la totalisation et de l'instrumentalisation. Au fil de son écriture, Marder se penche sur les plantes du point de vue de leur temporalité, de leur liberté et de leur sagesse. La pensée végétale vient caractériser tant le mode de pensée non cognitif, non idéel et non imagé qui leur est propre que le processus consistant à ramener la pensée humaine à ses racines et la rendre végétale.
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Métaphysiques cosmomorphes ; la fin du monde humain
Pierre Montebello
- Les presses du réel
- 26 Juillet 2016
- 9782840668978
La fin du monde humain ne veut pas dire la fin de l'homme, mais le retrait de la place centrale que celui-ci occupait au sein de l'ensemble des savoirs. Plus que jamais, prendre en compte notre rapport à la Terre et au Cosmos est devenu nécessaire. Dans de nombreux domaines (anthropologie, sociologie, esthétique, droit, politique, etc.) des vues cosmomorphes se substituent aux vieux schémas anthropomorphes. L'homme doit se penser à l'intérieur de mondes infiniment plus larges et complexes que lui. Nous sommes entrés dans une nouvelle période géo-cosmique qui excentre l'homme de son monde. Plus que l'existence dans son monde, c'est sa consistance dans d'autres mondes qui est en jeu. Nos nouveaux problèmes sont des problèmes de consistance. En quoi consistent les rapports esthétiques, politiques, ontologiques qui nous permettent de penser la relation de l'homme aux autres êtres ? Quel nouveau statut advient à l'homme dès lors qu'il tient compte des relations terrestres dont il dépend, si lui est redonné le sens de la Terre et du Cosmos ? Comment redistribuer sur les non humains une dignité d'être sans laquelle l'homme lui-même finira par s'effacer ?
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Le présent essai ressaisit de manière originale une autre métaphysique, à rebours de la philosophie qui s'est imposée en France et en Europe au XXe siècle dans le sillage des pensées de Kant, Husserl, Heidegger.
Ce livre montre que la métaphysique postkantienne a été un laboratoire conceptuel extrêmement riche et varié, un grand moment d'invention de pensées, peu reconnue en France tant la domination de l'idéalisme fut forte.
En réaction à Kant, cette philosophie a, pour la dernière fois peut-être, renoué avec l'idée grecque que la philosophie doit être une cosmologie. Elle a réinterrogé la possibilité d'une connaissance absolue du réel, proposé une compréhension nouvelle et audacieuse de ce qui relie les êtres entre eux, qu'ils soient conscients, vivants ou matériels. Elle s'est tournée vers le foisonnement créatif du réel, en arrachant le concept de nature au réductionnisme scientiste et au subjectivisme idéaliste.
Au fond, cette autre métaphysique aura eu l'ambition de nous faire penser autrement notre insertion dans la trame des êtres. C'est pourquoi, elle s'avère capitale aujourd'hui pour penser les enjeux de notre temps sur la base d'une philosophie de la nature renouvelée. -
Maîtres et esclaves : Archives du Laboratoire d'analyse des Mythologiques de la modernité
Matthieu Renault
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378966010
Un essai-expérimentation d'anthropologie fictionnelle (« post-apocalyptique ») de la philosophie centré sur le motif de la dialectique du maître et esclave, lui-même appréhendé en tant que mythe. Le texte fait alterner le récit mythico-philosophique (raconté à la première personne par un pseudo-K, référence à Alexandre Kojève) avec des séries de variations (psychanalytiques, marxistes, féministes, antiracistes...) et des sections d'analyse structurale des transformations théoriques-politiques du mythe.
« Dialectique du maître et de l'esclave », c'est à l'exposition de cette drôle de fiction philosophico-historique (narrée par un certain pseudo-K, disciple-faussaire du « sage » Hegel) et à l'examen de ses variations en tous genres (dites par leurs contemporain.es « psychanalytiques », « marxistes », « féministes », « antiracistes », entre autres) que se sont attelés les anthropologues de l'avenir rassemblés au sein du Laboratoire d'analyse des Mythologiques de la Modernité. Le dévoilement de ces archives voudrait inaugurer le projet d'une ethnologie de la pensée tordue de nos futurs-ancêtres, les Occidentaux, afin de comprendre peut-être, un jour, ce qui les a fait courir si volontiers à leur propre perte. -
Civiliser la modernité ? whitehead et les ruminations du sens commun
Isabelle Stengers
- Les presses du réel
- 5 Septembre 2017
- 9782840669753
Dans cet essai qui privilégie la joie d'une pensée insoumise plutôt que la dénonciation, Isabelle Stengers prend le relais d'Alfred North Whitehead lorsque, diagnostiquant le « déclin de la civilisation moderne », celui-ci assigna à la philosophie la tâche de « souder le sens commun avec l'imagination ». Face aux prétentions à déterminer ce que nous avons le droit de savoir, elle cherche à donner force à ce que nous savons. Face aux oppositions doctrinales prédatrices qui démembrent le sens commun, elle affirme la philosophie comme puissance de problématisation. Prolongeant et renouvelant les ressources proposées par Whitehead, elle fait exister tant la possibilité d'une science « civilisée » que celle, politique, de dispositifs susceptibles d'habiliter les « gens du commun » à faire valoir les questions qui les concernent.
Au déclin de la civilisation a aujourd'hui succédé la débâcle : « Nous entendons déjà les grincements et les craquements sourds marquant la rupture des plaques de glace, démantibulant le sol que nous avions défini comme assuré. » Il s'agit désormais d'apprendre à vivre dans un monde devenu lui-même intrinsèquement problématique. D'autres voix, et notamment celles, contemporaines, de Donna Haraway, Bruno Latour, David Abram ou Anna Tsing, viendront dès lors s'associer à celle de Whitehead dans l'exploration des manières de « faire commun » que demande notre époque. -
Au cours de la dernière décennie s'est produit en France un renouveau d'intérêt pour des penseurs qui se sont vus accoler l'épithète de « spéculatifs », tels que William James, Gabriel Tarde, Alfred North Whitehead et Etienne Souriau. Ce renouveau semble indissociable de la mise en crise généralisée des modes de pensée qui, d'une manière ou d'une autre, devaient leur autorité à une référence au progrès, à la rationalité, à l'universalité. Mise en crise redoutable car on ne se défait pas sans danger de ce qui a servi de boussole à la pensée euro-américaine depuis qu'il est question de modernité. Mise en crise nécessaire car ces modes de pensée sont sourds à la nouveauté effective de cette époque marquée par la menace du désordre climatique, le saccage systématique de la terre, la difficulté d'entendre les voix qui nous engagent à penser devant le lien fort entre la modernité et les ravages de la colonisation.
S'il faut parler de « gestes spéculatifs », c'est que la pensée spéculative est trop souvent définie comme purement théorique, abusivement abstraite, ou relevant tout simplement d'un imaginaire déconnecté de toute prise sur le réel. Elle est, telle que nous voudrions en hériter, affaire de gestes, d'engagements par et pour un possible, de virtualités situées. Le sens de tels engagements tient à leurs conséquences, à la modification de l'appréhension du présent qu'ils entraînent.
Cet ouvrage rassemble des contributions qui explorent certains des concepts philosophiques qui appellent et rendent possibles de tels gestes spéculatifs, et qui explorent aussi des situations dont nous savons qu'il faut apprendre à les penser autrement. -
Bergson structuraliste : L'aube d'une autre anthropologie structurale et cognitive
Sébastien Miravète
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378966027
Qu'apporte Bergson à l'histoire du concept de « structure » avant même l'avènement du structuralisme ? Pourquoi son approche continue-t-elle d'avoir une actualité ? Sébastien Miravete propose une relecture de la philosophie bergsonienne pour montrer comment elle esquisse une autre métaphysique structuraliste, capable d'inspirer toute pensée du XXIe siècle.
Depuis plus d'un siècle, une partie du « bergsonisme » est considéré comme une impasse philosophique : il prétendrait pouvoir expliquer tout processus de formation par de continuelles variations créatrices ; mais comment rendre compte d'une genèse sans quantifier ? Plus généralement, comment la Nature pourrait-elle se comprendre sans relations invariantes, c'est-à-dire sans structures ? Bergson n'effectuerait pour ainsi dire que la moitié du travail : il rétablirait la temporalité dynamique de l'être au détriment de son ossature ; il effacerait à tort toute rigidité présente. Mais refuse-t-il vraiment de prêter aux existants des nombres et des structures ?
Cette étude se veut avant tout un retour au texte. Son objectif est de montrer par une lecture patiente que Bergson invente un autre structuralisme fondé sur une autre géométrie. Les structures bergsoniennes connectent toutes les strates de la nature. La philosophie bergsonienne n'accomplit donc pas que la moitié du travail. Elle esquisse au contraire une autre métaphysique structuraliste capable d'inspirer toute pensée du XXIe siècle. -
Une tentative conceptuelle pour penser autrement la liberté en ses actes.
L'une des originalités de cet essai est de procéder par changements d'échelle, c'est un microscope philosophique. Sous la grande idée de liberté, il cerne d'imperceptibles appuis qui la font tenir debout. L'enjeu est donc de taille.
Son développement prend la forme d'un parcours progressif par étapes, traversant des conceptions très différentes de la liberté et des domaines d'application divers. Il épouse ainsi les contours d'une mise en variation du concept d'appui, au point que celui-ci pourra être identifié chez certains philosophes alors qu'il y passait auparavant inaperçu. Il s'agit aussi de montrer de quels problèmes ce concept tire sa nécessité.
Ces problèmes sont tout autant théoriques que pratiques, spirituels que corporels, tout autant moraux que politiques. Bien plus, en justifiant pourquoi un appui n'est pas un soutien, cet essai donne une certaine allure à la liberté : celle de la spirale, de l'hélice. Il montre que, sous de nouvelles manières d'agir ou de penser, peuvent pousser des spirales de la liberté. -
Deleuze, esthétiques ; la honte d'être un homme
Pierre Montebello
- Les presses du réel
- 28 Septembre 2022
- 9782378963781
Pierre Montebello met en lumière les positions esthétiques de Gilles Deleuze et les rapports entre philosophie, arts visuels, musique, cinéma et littérature dans la pensée deleuzienne.
Peut-être l'art n'a pas d'autre raison : élargir l'homme, le dilater, le décentrer, le connecter à un plan large, infiniment large, faire passer le souffle du cosmos en lui. C'est pourquoi l'art opère par devenirs qui sont des devenirs indiscernables, imperceptibles, impersonnels. De quel art ne pourrait-on dire : il m'a fait passer dans un plan plus large, comme une marée, un océan, un ciel, un infini, par affects, par percepts, par sons ? Ou encore, il a créé un monde plus large que moi, il a fait monde, il a si bien éliminé tout ce qui bloque, tout ce qui immobilise, tout ce qui est mort, qu'il a créé une ligne abstraite qui épouse un devenir-monde, devenir de personne, devenir de tout le monde. -
L'appât des possibles ; reprise de Whitehead
Didier Debaise
- Les presses du réel
- 5 Septembre 2017
- 9782840669760
Nous sommes entrés dans une nouvelle époque de la nature. Que reste-t-il en effet des frontières que la pensée moderne tentait d'établir entre le vivant et l'inerte, entre la subjectivité et l'ordre naturel, entre l'apparent et le réel, entre les valeurs et les faits, entre la conscience et la vie animale ? Quelle pertinence pourraient encore avoir les grandes oppositions qui ont présidé à l'invention moderne de la nature ?
De nouveaux récits, de nouvelles cosmologies, sont devenus nécessaires pour que nous puissions réarticuler ce qui jusqu'alors avait été séparé. Ce livre tente de donner ses droits, à la suite de W. James et d'A. N. Whitehead, à une approche pluraliste de la nature. Que se passerait-il si nous attribuions de la subjectivité à tous les êtres, humains et non-humains ? Pourquoi ne ferions-nous pas de l'esthétique, de la manière de sentir, l'étoffe de toute existence ? Et si le sens de l'importance et de la valeur n'était plus l'apanage des seuls humains ? -
Ontopouvoir ; guerre, pouvoir, perception
Brian Massumi
- Les presses du réel
- 15 Avril 2025
- 9782378966041
Une théorie originale du pouvoir basée sur une analyse dense et éclairante des conséquences de la « guerre contre le terrorisme » et de l'État sécuritaire, jusqu'à l'imposition de la logique néolibérale et aux débordements des médias rendus viraux.
Un mode de pouvoir qui fait vivre, au sens le plus fort : l'ontopouvoir plonge dans le champ d'émergence de la vie pour l'inciter, la susciter, en moduler la prise de forme. Ne prenant plus comme objet premier, ni le pouvoir de mettre à mort, ni celui de gouverner le vivant, se prolongeant au-delà de la discipline comme du biopouvoir, l'ontopouvoir exerce une puissance de genèse. En essor depuis le 11-Septembre, il se déploie autour d'une opérativité assez novatrice pour mériter un nouveau nom : la préemption.
À la différence et de la dissuasion et de la prévention, la préemption vise non plus le danger clair et bien présent, mais plutôt la menace. Encore indéterminée quant à son heure et ses contours, la menace a une existence incertaine. Opérer sur la menace implique d'agir sur le futur dans le présent, selon une politique de l'affect, dont le registre dominant est la peur.
Le livre trace les linéaments de l'ontopouvoir depuis son éclosion dans la « guerre contre le terrorisme », et l'État sécuritaire correspondant, jusqu'à l'imposition de la logique néolibérale et aux débordements des médias rendus viraux. Une contribution décisive à la généalogie du régime « post-vérité » qui caractérise notre ère. -
Le petit surhomme des jeux vidéo et la gamification du monde ; éthique de la manipulation par l'interactivité ludique
Benjamin Lavigne
- Les presses du réel
- 20 Mai 2022
- 9789782378965
La notion de surhomme est principalement associée à la philosophie de Nietzsche notamment à travers la figure de Zarathoustra, prophète lucide qui agit selon sa volonté de puissance pour affirmer les valeurs de l'existence. Dire oui à la vie veut dire se dépasser, se surpasser, redoubler d'invention et de créativité à l'image de Dionysos, le dieu de l'ivresse et de la danse. « Devient qui tu es » devrait être le credo de chaque être humain. Dans sa thèse, Benjamin Lavigne établit un lien entre la notion nietzschéenne et le jeu vidéo. Si jouer est une activité bénéfique sur le plan cognitif et visuel, le jeu vidéo n'en est pas moins addictogène puisque le joueur est poussé à jouer au-delà du raisonnable. En laissant croire au joueur, à coup de récompenses et de gratifications, qu'il a « presque » gagné, le petit surhomme est plus occupé à devenir ce qu'il croit être qu'à chercher à devenir ce qu'il est.
Au cours de chapitres d'une grande densité conceptuelle, l'auteur propose une critique des fondements technologiques de la société contemporaine. Les liens avec les arts et spécifiquement avec les arts plastiques lui permettent de diagnostiquer un « malaise dans la culture ». Si les penseurs du milieu et de la fin du XIXe siècle ont pu penser que la culture était une alternative heureuse à l'idéologie de progrès, Benjamin Lavigne rappelle que les jeux vidéo ne sont pas des biens culturels comme les autres, qu'ils sont même le symptôme d'une société traversée par une profonde crise des valeurs.
Cet essai fulgurant est issu de la thèse soutenue à titre posthume de Benjamin Lavigne (1981-2020).