Vrin
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Où va la philosophie française?
Isabelle Alfandary, Sandra Laugier, Raphael Zagury-Orly
- Vrin
- 7 Juin 2024
- 9782345002956
Où va la philosophie française ? Quelles sont les préoccupations majeures de celles et ceux qui pratiquent la philosophie en France aujourd'hui ? Quels sont leurs liens avec la tradition philosophique française, et comment interrogent-ils le présent ? Comment perçoivent-ils l'avenir ?
Ce volume rassemble les contributions d'une cinquantaine de philosophes qui exposent leurs influences, leurs questionnements et leurs pratiques face au monde contemporain. S'y dessine un état des lieux de la philosophie de langue française, dont la grande force est sa remarquable diversité de méthode, sa capacité à décloisonner les disciplines et un rapport singulier à l'écriture.
Le lecteur trouvera ici des études qui engagent la philosophie française à se penser vis-à-vis de courants aussi variés que la phénoménologie, la théorie critique, la tradition analytique, la déconstruction, l'herméneutique, le néo-réalisme ou réalisme spéculatif, les théories féministes et queer, la théorie de la race, les théories du soin (« care »).
Ainsi confrontée à l'hétérogénéité et à la vivacité des humanités et des sciences, la philosophie française précise ses contours et déploie la spécificité de ses enjeux au coeur de la pensée contemporaine. -
Éthique des algorithmes et de l'intelligence artificielle
Maël Pegny
- Vrin
- 3 Octobre 2024
- 9782345002994
Ces dernières années ont vu une véritable explosion du discours médiatique, politique et académique sur les algorithmes et l'Intelligence Artificielle (IA). Les algorithmes sont parés de bien des vertus, mais aussi accusés de bien des maux : ils nous gouvernent, sont sexistes, classistes, racistes... La perception des algorithmes non comme de simples outils, mais comme de véritables entités de notre ontologie sociopolitique, a justifié l'apparition d'un nouveau champ de recherche, l'éthique des algorithmes et de l'IA. Si les algorithmes soulèvent tant d'enjeux éthiques, c'est parce qu'ils automatisent des prises de décision, poursuivant ainsi une tendance profonde des sociétés modernes, à savoir la dépersonnalisation des décisions par des processus bureaucratiques au nom de l'efficacité et de l'équité. Mais alors que les processus bureaucratiques sont censés être définis par des règles transparentes, nombre des modèles récents de l'apprentissage automatique (Machine Learning) se distinguent par leur opacité.
Cet ouvrage, premier du genre en France, pourra être lu comme une introduction à l'éthique des algorithmes et à ses enjeux de transparence, d'équité et de respect de la vie privée. Mais il constitue aussi un ouvrage de recherche qui replace ces thèmes dans l'histoire longue de la bureaucratisation de la décision.Maël Pégny est ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Paris et docteur en philosophie des sciences. Il travaille actuellement comme développeur IA dans une entreprise de cybersécurité. -
Mémoire : de Sartre à Bruno Latour Vies et morts de philosophes contemporains
Robert Maggiori
- Vrin
- 22 Juin 2023
- 9782345002932
« J'ai voulu que ce livre fût un livre d'hommage. Hommage aux livres, à celles et ceux qui les emplissent de leurs pensées, de leurs sentiments, de leurs jugements, parfois de leurs utopies. Mon travail de critique littéraire m'a apporté la chance miraculeuse de recevoir dans ma boite aux lettres, quotidiennement, de nouveaux ouvrages. J'ai ouvert et continue à ouvrir chaque paquet avec émotion, sans jamais envisager, au dam d'un hypothétique architecte, que le poids des volumes accumulés risquait un jour de faire s'écrouler ma maison. A leurs auteur(e)s, je dois presque tout : mes opinions, mes idées, mes façons de penser, d'enseigner, d'être au monde, de me comporter vis-à-vis des autres. Leur influence n'a pas été égale : certains ont été mes professeurs à l'université, d'autres, plus rares, sont devenus mes maîtres, d'autres encore mes ami(e)s - tous, par leurs livres, classés sur les rayonnages d'une façon qui n'est claire qu'à mes yeux, demeurent autour de moi. Ayant gardé le même « poste d'observation » à Libération pendant près de quarante ans, j'ai pu suivre l'actualité éditoriale, comme on dit, ai aperçu les lignes, parfois brisées, de la « réception » des oeuvres, rédigé plus de deux mille recensions, et j'ai eu l'occasion d'adresser à de nombreux philosophes un dernier salut, au moment de leur disparition, en revenant sur les points-clé de leurs oeuvres et sur les éléments marquants de leur vie. Aussi m'est-il apparu comme une « nécessité » de colliger en un volume ces nécrologies de philosophes - de Sartre à Rawls, de Derrida à Levinas, De Beauvoir, Lévi-Strauss, Baudrillard, Heller, Ricoeur, Foot, Gadamer, Latour, Bouveresse, Foucault, Deleuze, Serres, Jankélévitch ... - lesquelles ne font justement pas signe vers des « absences », mais, au contraire, veulent indiquer à quel point leur pensée est présente, féconde, et a composé la carte de la philosophie de ce temps. Plus qu'une « nécessité » en vérité : un devoir, un devoir de mémoire. » (R.M.)
Robert Maggiori, professeur de philosophie, journaliste et critique littéraire à Libération, est co-fondateur des Rencontres philosophiques de Monaco. -
Dieu sans la puissance ; dunamis et energeia chez aristote et chez plotin
Gwenaëlle Aubry
- Vrin
- 5 Mars 2007
- 9782345000396
Comptés par Aristote comme l'un des principaux sens de l'être, l'en-puissance et l'en-acte ouvrent dans la Métaphysique une voie négligée, mais qui permet peut-être d'en dépasser les lectures aporétiques comme les réductions ontothéologiques. C'est cette voie que l'on propose de suivre, en examinant au fil du texte, et dans leur corrélation, la constitution du projet métaphysique d'Aristote et celle du couple conceptuel de la dunamis et de l'energeia. Irréductibles tant à la puissance et à l'action qu'à la matière et à la forme, l'en-puissance et l'en-acte paraissent à même de fonder une ontologie unitaire, qui se dévoile aussi comme une ontologie axiologique, identifiant en l'acte le mode d'être du bien, en l'en-puissance son mode d'action. Cette ontologie porte une pensée singulière du divin : acte, et non « forme pure », sans puissance, mais non pas impuissant, le premier moteur aristotélicien échappe à l'alternative entre le Dieu tout-puissant de la tradition métaphysique et le Dieu faible des inquiétudes contemporaines. Qu'en est-il, alors, du devenir de cette ontologie? On tente de mesurer la portée du geste par lequel Plotin désigne son premier principe non plus comme acte mais comme puissance de tout, dunamis pantôn. Avec lui s'inaugurent peut-être la subversion et l'oubli d'une pensée pour laquelle l'être, et le divin, ne se confondent ni avec la puissance ni avec la présence..
Gwenaëlle Aubry est chercheur au Centre Jean Pépin (CNRS UMR 8230). -
Pascal ; des connaissances naturelles à l'étude de l'homme
Vincent Carraud
- Vrin
- 3 Décembre 2007
- 9782345000433
Pascal a revendiqué l'abandon de l'étude des sciences au profit de celle de l'homme. Qu'entendre par l'étude de l'homme?
D'abord la recherche de la nature du « moi humain ». La fécondité que L'art de persuader accorde au « je pense donc je suis », en tant que principe d'une « physique entière », est telle qu'en est déniée toute portée au cogito augustinien. Mais si Pascal prend acte de l'innovation radicale des Meditationes en créant en français « le moi », c'est pour dessaisir ce moi de sa primauté métaphysique et ne le trouver que dans la dépravation de la volonté. Le moi donc, mais pas encore l'homme.
Ensuite, après l'échec des Provinciales, le dessein apologétique pascalien consiste à montrer la supériorité de la vraie religion sur les philosophies, qui seule peut rendre raison de la double « condition de l'homme ». Ce projet s'enracine dans une première anthropologie qu'on qualifiera d'abstraite en ce qu'elle a pour objet de définir l'essence contradictoire de l'homme.
Enfin, Pascal en vient à envisager les hommes dans leur existence même. Les deux thèmes de la gloire (humaine) et du divertissement permettent de caractériser cette anthropologie existentielle, au terme de laquelle s'éclaire la puissance d'aliénation de l'imagination. L'analytique de l'existence humaine constitue dès lors ce qu'on appellera la seconde anthropologie de Pascal.
Vincent Carraud, ancien élève de l'École normale supérieure, est professeur d'histoire de la philosophie moderne à l'Université de Paris-Sorbonne. -
La philosophie de la nature de l'Encyclopédie des sciences philosophiques fut, jusqu'à une date récente, presque ignorée par les études hégéliennes. Hegel s'y serait rendu coupable d'une prétention à concurrencer les sciences positives sur leur propre terrain et à rivaliser avec elles, en révélant à la fois son incompréhension de la scientificité la mieux établie et la faible rationalité de son propre projet. Une lecture attentive permet de rectifier ces préjugés, en montrant non seulement que Hegel s'y trouve attentif et respectueux du savoir positif de son temps, mais encore qu'il tente d'y définir les modalités d'une collaboration méthodologiquement réglée entre philosophie et sciences.
En quoi consiste le projet d'une science spéculative? En quoi consiste chez Hegel la déduction spéculative de la vérité? En quoi consiste la compréhension hégélienne du statut et des formes du discours des sciences de la nature? Quelle attitude la spéculation doit-elle adopter face aux controverses scientifiques? C'est à ces questions que s'efforce de répondre cet ouvrage.
Emmanuel Renault est professeur à l'Université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense. -
Transformations de la métaphysique. : Commentaire sur la philosophie transcendantale de Schelling
Emmanuel Cattin
- Vrin
- 27 Août 2001
- 9782345000129
À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, dans un débat d'une extraordinaire densité conceptuelle autour de l'héritage kantien, la philosophie s'autodétermine comme système de la liberté. "Le temps est venu" pour la philosophie transcendantale d'achever la Révolution copernicienne en accomplissant le système du savoir où l'absolue liberté accède au concept, à la claire conscience de soi. L'idéalisme est la philosophie première où la liberté se pensant elle-même s'affirme comme identité absolue du penser et de l'être, quitte à rencontrer la scission, la finitude de la conscience comme le problème majeur de la raison. Parmi les nouveaux "amis des idées", le jeune Schelling, dans la double inspiration de Spinoza d'une part, de Kant et de Fichte d'autre part, se saisit pour la première fois des questions radicales, métaphysiques, qu'il ne cessera plus de méditer : le commencement absolu, le "réellement réel", l'énigme du fait du monde et de toute vie finie.
Engagé en d'infatigables transformations, c'est bien pourtant sous la loi de cette résolution juvénile, dans l'esprit de ce commencement magistral, que le système de la liberté devait dans le futur se tenir.
Emmanuel Cattin est professeur à l'Université Paris-Sorbonne. -
Restitutions ; études d'histoire de la philosophie allemande
Jean-françois Marquet
- Vrin
- 7 Mai 2001
- 9782345000112
On sait que pour Cuvier la totalité d'un organisme vivant peut « être reconnue par chaque fragment de chacune de ses parties », ce qui permet, à partir d'un seul élément, de restituer un exemplaire d'une espèce aujourd'hui disparue. Les études réunies dans ce volume ont une intention analogue : partir à chaque fois d'une question déterminée et restituer dans son ensemble la « secrète architecture » d'une oeuvre philosophique (ici à l'intérieur du domaine allemand, de Kant à Heidegger). Travail, si l'on veut, de paléontologie philosophique, mais au terme duquel les différentes pensées abordées peuvent sembler se restituer les unes aux autres, comme si elles procédaient toutes d'un unique philosophe tentant, par différentes voies, de résoudre une unique question : celle, précisément, de l'Unique. C'est à nous, interprète ou lecteur, qu'incombe aujourd'hui la responsabilité de sa fragile survie.
Jean-François Marquet est professeur émérite à l'Université Paris IV-Sorbonne. -
Les études ici réunies rendent compte de ce que fut le contexte historique et littéraire de la rédaction des dialogues platoniciens, et de la manière dont leur auteur a choisi de confronter sa philosophie à la mythologie, afin de mener une enquête sur le monde, l'âme et la cité. Ces lectures veulent prendre ainsi la mesure de ce qui nous éloigne aujourd'hui de Platon, tout en suggérant qu'une histoire de la philosophie qui cherche à s'affranchir de l'anachronisme peut susciter chez nous des questions qui permettent de remettre en cause certaines de nos certitudes. On découvrira aussi un Platon qui assimile la composition d'un texte à la fabrication de l'univers par le démiurge, et qui aborde des sujets comme l'Égypte et la « jalousie », un écrivain philosophe qui, en dépit d'extravagantes accusations de plagiat, reste l'un des plus grands auteurs de l'humanité.
Luc Brisson, directeur de recherche au CNRS, est l'auteur de nombreux travaux consacrés à la philosophie grecque et à la religion dans l'Antiquité. -
Nature et humanité ; le problème anthropologique dans l'oeuvre de Merleau-Ponty
Etienne Bimbenet
- Vrin
- 21 Juin 2004
- 9782345000280
Peut-on aujourd'hui faire de l'homme et de son rapport à la vie le thème d'un authentique étonnement philosophique? À cette question, l'oeuvre de Merleau-Ponty répond par un double déplacement du regard. La question anthropologique cède d'abord à une philosophie de la nature, seule capable de restituer à notre humanité ce qui lui revient en propre : d'où l'étrange figure d'un être par principe imminent, car ramené aux conditions naturelles de son surgissement. Mais le phénomène humain est une seconde fois suspendu, en direction d'une problématisation de type ontologique vouée à redéfinir l'ensemble des sciences humaines abordées par Merleau-Ponty. Chacune de ces sciences, aiguisée par une critique de ses présupposés fondamentaux, finit par éclairer d'une lumière nouvelle le phénomène humain.
Étienne Bimbenet est Maître de conférences à l'Université Lyon III Jean Moulin. -
Vers le concert ; études d'histoire de la philosophie contemporaine ; William James, Whitehead et Gabriel Marcel
Jean Wahl
- Vrin
- 1 Novembre 2004
- 9782345000648
Professeur à la Sorbonne, où il accomplit, selon le mot de Levinas, « une activité extra-universitaire et même anti-universitaire nécessaire à une grande culture », Jean Wahl sut se distinguer par sa prescience des nouvelles orientations de la philosophie française (l'existentialisme de Sartre, notamment) dans sa propre insistance à réclamer les droits d'une philosophie du concret et du vécu, par opposition à ce qui lui apparaissait comme l'excès de l'abstraction et de totalisation de la pensée hégélienne. Le présent ouvrage, dans lequel Merleau-Ponty puisa une partie de l'inspiration initiale de sa philosophie, propose une redécouverte de ce grand « passeur » dont l'audace modifia profondément le paysage philosophique français.
Jean Wahl (1888-1974), fut Professeur à la Sorbonne. -
Il est impossible de définir l'image : tel est l'un des premiers « enseignements » du Sophiste de Platon. Mais à défaut de pouvoir la définir, peut-on déjà la dire, l'affirmer comme image de quelque chose, la faire apparaître dans et par le langage? Si l'image est du côté du non-être car de l'apparence, le langage la fait, lui, nécessairement advenir à l'être. Dès lors, chercher à savoir ce qu'est une image, serait-ce chercher à savoir ce qu'est en parler?
Tel est l'axe de recherche adopté ici : explorant les définitions de l'image formulées par Platon dans le Sophiste et le rôle particulier assigné, dans la République, au regard, le présent ouvrage nous propose de comprendre en quoi il est nécessaire, pour définir l'image, de savoir en parler et ce qu'est en parler. Le langage, lui aussi, montre, se fait image : c'est donc sur la dimension visible du langage qu'il faut travailler. Cette parole visible signale en effet un usage étrange, bizarre, inhabituel du langage, qui suppose que dire va nécessairement de pair avec voir, comme voir requiert de savoir dire ce qu'on voit.
Attentive aux usages platoniciens de l'image, cette analyse du lien entre voir et dire nous initie à une autre lecture de Platon, lecture où sensible et intelligible ne sont plus opposés mais conciliés et où la pensée peut déterminer l'identité sans s'enfermer dans une logique de contraires. Elle nous livre par là même les premiers jalons d'un travail précis et approfondi de définition de l'image dans le discours philosophique ancien.
Anca Vasiliu est directeur de recherche au CNRS (Centre Léon Robin). -
Dieu est corps : parmi toutes les doctrines polémiques de Thomas Hobbes, celle qui affirme la corporéité de Dieu l'est tout particulièrement.
De nombreux philosophes et théologiens contemporains de Hobbes l'ont du reste perçue comme un immense et insupportable « scandale ». Cependant, bien souvent, ils y ont vu aussi une thèse véritablement centrale de la philosophie de Hobbes, alors que de nombreux interprètes ultérieurs, encore aujourd'hui, ont été tentés de la renvoyer plutôt à ses marges. La présente recherche essaie de montrer que cette thèse, liée à sa décision théorique de fond en faveur de l'univocité de l'étant, joue bien un rôle majeur dans la pensée de Hobbes.
Agrégé et docteur, Dominique Weber est professeur de philosophie en Première supérieure. -
Hegel est le premier philosophe à avoir systématiquement développé une conception philosophique d'ensemble de l'histoire de la philosophie et à l'avoir étroitement intégrée à sa propre démarche. Cette conception se trouve exposée dans les différentes « introductions » de ses Leçons sur l'histoire de la philosophie. Le propos du présent ouvrage est de tout d'abord livrer une lecture aussi complète que possible de ces textes, étrangement délaissés par les interprètes de Hegel, alors qu'ils concernent un moment essentiel du système. Dans cette perspective, il interroge tour à tour la signification que Hegel confère à l'histoire de la philosophie, la manière dont il en délimite le champ, enfin la façon dont il conçoit les grandes articulations qui structurent son développement. Ce faisant, il propose une interprétation de l'hégélianisme qui s'écarte des perspectives habituellement reçues : celle d'un système radicalement non dogmatique dans lequel la philosophie, assumant intégralement la dynamique de son historicité constitutive, s'expérimente comme une démarche essentiellement libre et ouverte, consciente de ses limites, mais aussi, par là même, foncièrement rare, difficile et fragile.
Gilbert Gérard est professeur à l'Université catholique de Louvain où il enseigne la métaphysique et la philosophie moderne. -
Paul Natorp de la psychologie générale à la systématique philosophique
Eric Dufour
- Vrin
- 18 Mai 2010
- 9782345000594
Cette étude, la première en France sur la philosophie de Natorp (1854-1924), met en évidence sa spécificité et son évolution.
Sa spécificité : Natorp est le seul des néokantiens de l'école de Marbourg à bâtir, au sein de la théorie de la connaissance, une psychologie dont la version définitive, intitulée Psychologie générale, paraît en 1912. Il s'agit d'en établir la configuration, de montrer comment elle se situe relativement à la psychologie scientifique en plein essor et de mettre en évidence l'importance qu'elle a eue dans la constitution de la phénoménologie. La psychologie critique de Natorp est d'abord une méthodologie qui s'interroge sur les conditions d'une connaissance scientifique des processus cognitifs. Elle est ensuite une méthode, la méthode de reconstruction du subjectif à partir de ses objectivations, qui s'oppose à la réduction husserlienne prétendant s'appuyer sur une donation et retrouver une immédiateté subjective pourtant définitivement perdue.
Son évolution : Natorp se détourne en effet après la première guerre mondiale de la philosophie marbourgeoise, parce que celle-ci construit sa théorie de la connaissance sur des présupposés ininterrogés et réduit le donné à la pensée du donné. Il en vient à considérer, avec ses derniers textes et dans une perspective qui influencera Heidegger, que la question fondamentale est celle de l'être. C'est pourquoi il construit une ontologie ou logique de l'être qui tente de penser l'altérité dans son immanence au logos.
Éric Dufour est docteur en philosophie. -
L'être et l'acte ; enquête sur les fondements de l'ontologie moderne de l'agir
Franck Fischbach
- Vrin
- 29 Janvier 2003
- 9782345000198
Commentant Schelling, Heidegger note : « Être et vouloir (perceptio - appetitus); comme [il appert] à partir de la tradition de la métaphysique théologique, là derrière se tient "l'actus" ». Mais, au lieu de mener l'enquête en direction de l'arrière plan où se tient l'actus, Heidegger fait porter son attention sur ce qui se situe au premier plan, c'est-à-dire sur la détermination de l'être de l'étant comme volonté. Si le vouloir se laisse comprendre comme le trait essentiel en fonction duquel la subjectivité de l'ego a été interprété par la métaphysique moderne, l'actus en revanche paraît ne pas appartenir en propre à cette dernière : traduction latine de l'energeia grecque, on le retrouve dans l'actus purus médiéval, dans l'actuositas leibnizienne, dans la Tathandlung (l'action de l'acte) fichtéenne et jusque dans la Selbstbetätigung (l'autoactivation) de Marx. Qu'en est-il de cet actus qui semble traverser la métaphysique occidentale sous diverses formes, qui « se tient derrière » les conceptions les plus diverses de l'être de l'étant? Explorer et mettre au jour d'autres possibles toujours recelés par l'ontologie de l'agir : telle est la tâche à laquelle l'auteur se consacre dans le présent ouvrage.
Franck Fischbach est professeur en Philosophie allemande moderne et contemporaine à l'Université de Strasbourg. -
Empirisme et métaphysique : l'Essai sur l'origine des connaissances humaines de Condillac
André Charrak
- Vrin
- 11 Février 2003
- 9782345000204
L'Essai sur les origines des connaissances humaines, publié en 1746, constitue une pièce majeure dans l'histoire de la réception française de Locke, dont Condillac révise la méthode et les résultats. Il montre le rôle des signes dans les progrès de l'esprit humain; il interroge les circonstances concrètes qui déterminent ce processus; il radicalise l'entreprise réductionniste, en découvrant la genèse, non plus seulement des connaissances, mais bien des facultés. Cette tentative illustre une thèse capitale sur la solidarité des opérations de l'âme et du matériau (sensible) auquel elles s'appliquent, qui oriente également la lecture des grands systèmes classiques : c'est à l'aune de cet empirisme rigoureux, appuyé sur la méthode analytique, que Condillac discute (et parfois utilise) Descartes, Spinoza, Leibniz ou Malebranche. Ainsi l'auteur de l'Essai peut-il affirmer qu'il réforme, non seulement Locke, mais la métaphysique elle-même, désormais limitée à la théorie de la connaissance : la prise de conscience des principes est toujours solidaire d'une réflexion de l'esprit sur son histoire.
André Charrak est actuellement maître de conférences à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. -
Hegel et l'éthicité : commentaire de la troisième partie des principes de la philosophie du droit
Andre Lecrivain
- Vrin
- 9 Avril 2001
- 9782345000105
En publiant les Principes de la philosophie du droit, Hegel ambitionnait de constituer la Science de l'État, et cela à l'encontre aussi bien de toute conception utopique que de toute interprétation partisane. Il disposait à cet effet des ressources théoriques présentées quelques années auparavant dans la Science de la logique.
Ce commentaire privilégie incontestablement l'aspect logique et processuel du propos hégélien. Il s'agit donc non seulement de repérer la présence de ces schèmes logiques mais d'en éprouver la validité et d'en vérifier l'efficacité. Ce parcours logique ne fait appel qu'à l'énergie et au dynamisme du pur penser - sans apport étranger, extérieur ou empirique - et à sa seule fécondité interne susceptible d'engendrer par elle-même, de manière immanente, la richesse et la totalité du sens.
André Lecrivain est professeur honoraire de première supérieure. -
Le cogito herméneutique ; l'herméneutique philosophique et l'héritage cartésien
Jean Greisch
- Vrin
- 30 Octobre 2000
- 9782345000075
Cet ouvrage cherche à dépasser l'alternative : « Ou bien Descartes, ou bien Vico », en poursuivant un triple objectif. D'une part analyser la place que la phénoménologie herméneutique occupe dans le nouveau paysage de la phénoménologie française, caractérisé par des tentatives de refondation de l'idée de phénoménologie (E. Levinas, M. Henry, M. Richir, J.-L. Marion).
D'autre part, réfléchir sur le concept d'interprétation radicale en mettant en question la pertinence du « principe d'équité » cher à Quine et Davidson.
Enfin, l'herméneutique ne doit pas seulement définir son projet en référence à la « mort de Dieu », la fin de « l'onto-théo-logie », etc. Cette réflexion, étayée par une relecture de l'article de Kant, « Qu'appelle-t-on s'orienter dans la pensée? », définit une relation plus complexe à la tradition métaphysique et débouche sur une nouvelle définition de l'idée de transcendance.
Jean Greisch fut professeur de philosophie à l'Institut Catholique de Paris. -
La philosophie de la mythologie, enseignée à plusieurs reprises par Schelling à Munich et à Berlin, représente dans l'oeuvre ployédrique et successive à la fois un texte soigneusement achevé, presque un point d'orgue, et l'un des fils conducteur les plus solides du développement organique. Une série de leçons professées naguère à Naples sous l'égide de l'Istituto Italiano per gli studi filosofici a offert aux auditeurs un exposé schématique de l'ouvrage, rendant compte des problèmes attenants, de sources et de composition, et sommairement du contenu. Le tout est marqué au signe de la tautégorie, qui s'énonce ainsi : les figures mythologiques signifient ce qu'elles sont et sont celles signifient. En vue de la réédition le texte a été soumis à une révision et à une mise à jour. On y a ajouté une brève introduction et trois études plus récentes, qui témoignent de la hantise de l'origine, thèma majeur et ressort caché d'une « mythologie expliquée par elle-même », et par conséquent mieux comprise et objectivement interprétée.
Xavier Tilliette est professeur émérite de l'Institut Catholique de Paris et de l'Université Grégorienne de Rome. -
La généalogie de la logique ; Husserl ; l'antéprédicatif et le catégorial
Bruce Bégout
- Vrin
- 20 Juillet 2000
- 9782345000037
Si le concept husserlien de passivité a fasciné toute une génération de philosophes (Merleau-Ponty, Landgrebe, Levinas, Henry), il a rarement fait l'objet d'une étude qui adopte la perspective du fondateur de la phénoménologie. Sa célébrité a comme masqué sa spécificité, créant une sorte de doctrine officielle de la passivité qui a, en fin de compte, peu de choses à voir avec la pensée et les intentions de Husserl. En effet, là où les phénoménologues contemporains voient dans la passivité la zone d'ombre où le programme d'une phénoménologie transcendantale et subjective s'effondrerait, Husserl considère, de son côté, qu'elle appartient sans reste à la sphère de la constitution et qu'elle consolide par conséquent son transcendantalisme. Loin d'être un domaine de sens irréductible à la rationalité, elle représente même le fondement des opérations de la pensée catégoriale. C'est en son sein que doivent être cherchées les « sources » des formes supérieures de la logique. Toute passive et préconsciente qu'elle soit, l'expérience antéprédicative appartient sans reste pour Husserl au sujet transcendantal et ne le destitue donc pas de sa position centrale et primordiale. Ce travail s'attache ainsi à suivre cette genèse du catégorial à partir de l'expérience passive et à montrer qu'elle entre dans le projet général, qui a été toujours celui de Husserl, d'asseoir la phénoménologie transcendantale sur le socle originaire de l'expérience du monde.
Bruce Bégout est Maître de conférence à l'Université de Bordeaux 3. -
La mythologie comprise ; Schelling et l'interprétation du paganisme
Xavier Tilliette
- Vrin
- 16 Septembre 2002
- 9782345000181
Durant deux décennies intenses (1794-1814), avec acharnement et sans interruption, Fichte s'est efforcé à coup de reprises et de remaniements, d'inculquer son intuition originaire de la philosophie comme « doctrine de la science » et d'en élaborer la présentation systématique. Les études et commentaires ici rassemblés jalonnent le parcours du philosophe « vingt fois sur le métier remettant son ouvrage ».
« Mon système est le premier système de la liberté », avait-il écrit d'emblée à Reinhold, et à l'époque cette proposition avait tout l'air d'un paradoxe. Mais plus qu'un système de la liberté, c'est la science de la liberté que la Wissenschaftslehre déploie dans ses versions successives et dans les écrits populaires qui lui font escorte.
La science de la liberté monnayée dans les diverses « Doctrines de la Science » accomplit la pacifique révolution du Transcendantal, amorcée par Kant et abandonnée par Schelling et Hegel. Le transcendantal bien compris et mis en oeuvre signifie l'empire absolu du Sollen et, dans l'histoire, l'expansion d'une éthique à travers le monde et ses institutions.
Xavier Tilliette est professeur émérite de l'Institut Catholique de Paris et de l'Université Grégorienne de Rome. -
Le procès de l'Histoire ; fondements et postérité de l'idéalisme historique de Hegel
Christophe Bouton
- Vrin
- 26 Avril 2004
- 9782345000242
Ce livre se propose d'esquisser un tableau d'ensemble des théories de l'histoire développées en Allemagne des Lumières à nos jours. Il défend l'idée que loin d'être une simple « sécularisation » croissante de la Providence, elles expriment plutôt une montée en puissance du motif de la liberté et du « principe de faisabilité », selon lequel les hommes sont les auteurs de leur histoire.
La première partie retrace l'émergence de l'antinomie de l'histoire chez Herder, Kant, Schelling et Fichte, et les solutions qui lui sont à chaque fois données. La partie centrale étudie la manière dont Hegel a révolutionné la pensée de l'histoire, en substituant la raison à la Providence, l'historicité à la nature. La dernière partie porte sur la postérité de la philosophie hégélienne de l'histoire chez des auteurs comme Marx, Dilthey et Adorno. En contrepoint de la tendance actuelle au pessimisme, nous nous demandons ce que peut encore nous apporter aujourd'hui, après les catastrophes du XXe siècle, la pensée hégélienne de l'histoire.
Christophe Bouton est Professeur de philosophie à l'Université de Bordeaux 3. -
Hegel, Heidegger et la métaphysique ; recherches pour une constitution
Bernard Mabille
- Vrin
- 3 Mai 2004
- 9782345000266
Même s'il est attentif à s'appuyer précisément sur les textes, le présent ouvrage n'est pas une étude historique visant à offrir un tableau des conceptions de la métaphysique chez Hegel et Heidegger. Il ne cherche ultimement ni à vérifier (ou à infirmer) la thèse du caractère onto-théo-logique de la « science de la liberté » hégélienne, ni à décrire en détail les liens entre « constitution » et « règlement » de l'Être chez Heidegger.
En prenant comme base l'idée heideggérienne d'un « dialogue avec Hegel » (idée qui accompagne tout le « chemin de pensée » de Heidegger) et en confrontant sans cesse les interprétations heideggériennes aux textes hégéliens pour esquisser une réponse (sans laquelle il n'y a aucun dialogue véritable), il s'agit de contribuer à la reprise d'une réflexion sur cette science toujours en crise et toujours « recherchée » qu'est la métaphysique. C'est à partir du thème de la constitution que cette réflexion cherche à se déployer, mais en un sens qui ne soit plus strictement heideggérien; notamment pour pouvoir rendre justice à la lignée (en particulier néoplatonicienne) qui fait de l'affaire de la philosophie première ce qui est au-delà de l'étance et du logos - lignée sur laquelle l'oeuvre heideggérienne reste, comme on l'a souvent remarqué, curieusement silencieuse.
Bernard Mabille (1959-2014) fut Maître de conférences à l'Université de Paris IV-Sorbonne, puis Professeur de philosophie aux universités de Tours et de Poitiers.