Le haïku, admirablement mis en lumière par Yves Bonnefoy dans sa préface,
est un poème en trois vers dont l'origine est presque aussi ancienne que la poésie japonaise tradionnelle. De nombreux poètes sont présents dans ces pages, particulièrement les quatre grands noms qui ont ponctué l'histoire du haïku : Bashô 1644-1694), Buson (1715-1783), Issa (1763-1827) et Shiki (1866-1902). Le haïku est l'un des arts les plus représentatifs de la finesse et de la subtilité de la culture japonaise. Il a aujourd'hui encore de fervents adeptes, au Japon comme dans le reste du monde.
Ce nouveau volume des "Classiques en images" propose de renouer avec la tradition du poème court japonais à travers une sélection de 60 haïkus exclusivement consacrés au voyage.Ce recueil célèbre avec justesse et simplicité le voyage comme une traversée, un égarement, un refuge, voire une contemplation, un pèlerinage ou la redécouverte de la nature :"Le vent me transperce/résigné à y laisser mes os/je pars en voyage"
Ce livre est l'autobiographie - par le détour de la poésie - du diplomate Stéphane Hessel, qui a traversé le XXe siècle en homme courageux, sensible, engagé dans la défense des droits de l'homme. C'est une figure qui, dans l'âge avancé, décide de transmettre les trésors accumulés et conservés dans sa mémoire, avec les souvenirs et les retentissements qui leur sont attachés.
Stéphane Hessel partage ici, dans leur langue originale en français, en anglais et en allemand (traduction française en fin de livre), quatre-vingt-huit poèmes - connus et moins connus - de François Villon à Christian Planque en passant par Shakespeare, Hölderlin, Keats, Yeats, Rilke, Apollinaire et d'autres encore, qu'il a un jour appris par coeur et qu'il n'a jamais oubliés. Et l'on découvre, ému, pourquoi chacun d'eux a joué un rôle important, voire décisif, au cours de sa vie.
La poésie comme respiration, la poésie comme colonne vertébrale, la poésie comme nécessité.
Partition rouge représente, sous forme d'une anthologie, un infime prélèvement dans l'immense Amérique du Nord des Indiens.Que le chant, le poème, est médecine, la peinture cérémonie, la danse une cure, le conte une tentative de guérison collective, que tous ces arts ne sont pas de l'art uniquement mais un moyen de vivre, que le poème peint, chanté, dansé, tissé, emplumé, voire cuisiné, est nécessaire à la santé, Partition rouge ne peut que s'en souvenir.On dit que nous sommes blancs. Mais de ce blanc qui était nord et résurrection pour les Navahos, nord et purification pour les Sioux, est venue la destruction. Notre hommage au rouge ne répare rien.Partition rouge dit notre admiration pour la profondeur et la nécessité du chant, notre enchantement de retrouver l'univers et nos grands-parents intacts, de l'ours au colibri.On dit que nous sommes riches. L'affirmation est à revoir à la lumière de cette déclaration d'un Indien navaho au seuil du XXe siècle : « Je suis un pauvre homme : je ne connais aucun chant. »Florence Delay, Jacques Roubaud
Dans un monde qui produit de la terreur, de l'effroi, nous sommes parfois sidérés : le langage échappe, nous laisse sans mots. Et pourtant, ce qui nous fait, ce sont les mots, c'est l'effort de mettre en mots.
Tantôt, tantôt, tantôt est un relevé inédit de nos terreurs, une topologie de nos effrois intérieurs. Dans ce livre subtil et profond, Virginie Poitrasson écrit sur la peur, depuis la peur, en multipliant les perspectives et les registres. Son écriture toute en sensations convoque de singulières formes de conjuration et relève une nouvelle fois le pari de la littérature : trouver les mots pour dire le monde et la force qu'il faut pour l'habiter.
Ce nouveau volume des « Classiques en images » propose de renouer avec la tradition du poème court japonais à travers une sélection de 60 haïkus exclusivement consacrés aux gestes de la vie quotidienne.
Ce recueil célèbre avec poésie et raffinement la vie de chaque jour avec ses gestes répétitifs (d'écrire une missive jusqu'à enfiler ses chaussettes, se laver les dents...). Ses instants d'oisiveté une fois le travail accompli (allumer la bougie, se peindre les ongles...) ou de joies partagées avec l'enfant (la têtée, le coucher...). La poésie qui partage notre quotidien permet aussi de s'en éloigner sans le fuir.
La poésie n'est au service de rien, rien n'est à son service. Elle ne donne pas d'ordre et elle n'en reçoit pas. Elle ne résiste pas, elle existe -- c'est ainsi qu'elle s'oppose, ou mieux : qu'elle s'appose et signale tout ce qui est contraire à la dignité, à la décence. À tout ce qui est contraire aux beautés relationnelles du vivant. Quand un inacceptable surgissait quelque part, Edouard Glissant m'appelait pour me dire : « On ne peut pas laisser passer cela ! » Il appuyait sur le « on ne peut pas ». C'était pour moi toujours étrange. Nous ne disposions d'aucun pouvoir. Nous n'étions reliés à aucune puissance. Nous n'avions que la ferveur de nos indignations. C'est pourtant sur cette fragilité, pour le moins tremblante, qu'il fondait son droit et son devoir d'intervention. Il se réclamait de cette instance où se tiennent les poètes et les beaux êtres humains. Je ne suis pas poète, mais, face à la situation faite aux migrants sur toutes les rives du monde, j'ai imaginé qu'Edouard Glissant m'avait appelé, comme m'ont appelé quelques amies très vigilantes. Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s'y commettent. Elle ne sert qu'à esquisser en nous la voie d'un autre imaginaire du monde. Ce n'est pas grand-chose. C'est juste une lueur destinée aux hygiènes de l'esprit. Peut-être, une de ces lucioles pour la moindre desquelles Pier Paolo Pasolini aurait donné sa vie.
Soleil derrière. Soleil devant. Des soleils. Soleils émergeant sans cesse du bleu de l'être. Ils réchauffent, ils brûlent, ils aveuglent, ils diluent le monde. Et reviennent sans cesse. Sans cesse et à seule fin de cacher une ombre, l'inlassable image allant de la noirceur à la blancheur clémente, de la ravir à la vue sitôt qu'elle commence à poindre. Elle ne peut pourtant m'apparaître que si je fixe, soutiens du regard et fixe encore pour l'immobiliser, toute cette lumière qui se refuse sans cesser d'être autour de moi, traçant un cercle de peur, d'ombre, de silence. La présence est là dans ce présent approché avec soin, car le sang peut jaillir comme les souvenirs. Une vie d'homme est en jeu.Né en Algérie, Mohammed Dib (1920-2003) est le premier écrivain maghrébin à recevoir, en 1994, le Grand Prix de la Francophonie. Il est notamment l'auteur de La Grande Maison, Le Métier à tisser et Un été africain.
« Patience, patience,Patience dans lazur !Chaque atome de silenceEst la chance dun fruit mûr !Paul Valéry, étendu sur le sable chaud dune lagune, regarde le ciel. Dans son champ de vision, des palmiers se balancent mollement, mûrissant leurs fruits. Il est à lécoute du temps qui sourdement fait son uvre. Cette écoute, on peut lappliquer à lunivers. Au fil du temps se déroule la gestation cosmique. A chaque seconde, lunivers prépare quelque chose. Il monte lentement les marches de la complexité. »H.R.Quand Hubert Reeves rencontre Paul Valéry, et lastrophysique la poésie, la vulgarisation des sciences enrichit dun grand classique qui, en un quart de siècle, na pas pris une ride.
La disparition d'Aimé Césaire, il y a un an, donna lieu à un surprenant concert de louanges médiatiques. Les obsèques nationales qui lui furent rendues, l'empressement aussi unanime que tardif de la classe politique française, où perçait l'aveu d'une certaine mauvaise conscience, tout ceci ne doit pas faire oublier qu'Aimé Césaire fut longtemps tenu à la marge. Homme de colère plutôt que de compromis, il est avant tout l'auteur d'une oeuvre poétique enfiévrée, enchantée, dont les premiers mots résonnent encore avec une violence nue : " Au bout du petit matin.../ Va-t'en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t'en je déteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'espérance. " (Cahier d'un retour au pays natal). Sous le titre général La Poésie, cette oeuvre fut rassemblée au Seuil pour la première fois en 1994, puis rééditée en 2006. Elle est à nouveau remise en vente.
Aimé Césaire est né en 1913 et mort le 17 avril 2008. Poète majeur des Antilles françaises, dramaturge, inventeur du concept de négritude dans la revue " L'Étudiant noir " qu'il fonda en 1934, auteur du Discours sur le colonialisme, il s'engagea directement dans l'action politique, en tant que maire de Fort-de-France pendant 56 ans et député de la Martinique pendant 48 ans.
Reconnu comme un des principaux poètes français d'aujourd'hui, on sait moins le travail massif de carnets, lectures, réflexions qu'antoine emaz accomplit au quotidien.
Dans la lignée de reverdy et d'andré du bouchet, sa poésie est tranchante, âpre (ses titres : boue, os, peau). une considérable économie de mots et de moyens lui donne sa force, mais aussi sa proximité du quotidien. ecriture du corps, de la ville. mais l'atelier d'antoine emaz, c'est aussi cette première strate des carnets, observation, lectures, affrontement écrit du quotidien. cambouis, c'est ce travail au jour le jour de la poésie, une réflexion considérable sur l'écriture.
Déplacer, se déplacer.
Ici sans liens, sans lieu.
Epeler une révolution possible.
Le récit commence avec la rivière.
Nous n'avons pas de noms.
Les morts reviennent quand il pleut.
Une écriture à fragmentation.
La politique, comme une gorgée d'eau.
Ici aux lisières, avec les restes brûlants.
Faire pousser des ronces. Le présent simple.
Un communisme sensible.
La poésie est inadmissible regroupe toute l'oeuvre politique de Denis Roche et rien qu'elle, accompagnée des divers avant-propos et préfaces des éditions originales. Il n'y pas de variantes ; ni d'inédits, parce qu'il n'en existe pas. L'oeuvre, close une fois pour toutes en 1972, se décompose ainsi:
Forestière amazonide (1962).
Récits complets (1963).
Les Idées centésimales de Miss Élanize (1964).
Éros énergumène (1968).
Dialogues du paradoxe et de la barre à mine (1968).
Préface aux 3 pourrissements poétiques (1972).
Le Mécrit (1972).
C'est dans Le Mécrit que se trouve la séquence de onze poèmes intitulée La poésie est inadmissible, d'ailleurs elle n'existe pas.