Synagogues, bains rituels, rues, cimetières, graffitis, parchemins..., depuis le XIXe siècle, les archéologues exhument des traces matérielles du judaïsme en France, mais c'est le développement de l'archéologie préventive qui, dans les années 1990, a permis de mettre au jour une série de nouveaux sites.
Ces vestiges éclairent la présence juive durant l'Antiquité, complètent les rares informations sur le premier Moyen Âge, enrichissent la connaissance des innombrables juiveries médiévales que comptait le royaume avant les expulsions des XIIe, XIVe et XVIe siècles, illustrent les communautés « résilientes » (Alsace, Avignon, Comtat Venaissin) ou se reconstituant au XVIe siècle (côte aquitaine, Lorraine), et apportent des données originales sur les juifs de France, de l'Émancipation en 1791 à l'époque actuelle.
Retraçant les prémices et le développement de l'archéologie juive en France, cet ouvrage dresse un état des connaissances en s'appuyant également sur les archives textuelles, l'épigraphie, la topographie urbaine, la toponymie, le patrimoine bâti et l'art, pour restituer sa place dans l'histoire de France à une communauté très ancienne. Ainsi la présence juive se dévoile-t-elle, de découverte en découverte, contribuant à donner une visibilité à ce « point aveugle » du récit national.
Le XXe siècle a porté à son apogée la classe ouvrière en France. Les vagues de grèves qu'elle conduit et les organisations syndicales ou politiques qu'elle rejoint suscitent à la fois espoir et effroi, devant l'idée que les ouvriers puissent bouleverser radicalement l'ordre social.
Ce double sentiment s'est exprimé dans une multitude d'écrits. L'État par le truchement de la police ou des inspecteurs du travail, le patronat, les organisations catholiques, les sociologues, sans parler des lettrés qui choisirent de se faire ouvriers plus ou moins longtemps dès l'entre-deux-guerres, n'ont cessé d'évaluer la classe ouvrière et sa moralité. Les ouvriers ont répondu dans des tracts, des témoignages ou des romans, qui racontent le travail, la vie et les luttes.
Ce sont ces textes, tantôt sous forme d'archives, tantôt publiés, connus ou complètement inédits, que Xavier Vigna explore dans ce livre.Il montre que ces luttes d'écritures relèvent bien de luttes de classes.
On se souvient d'Emmanuel Macron dénonçant l'illettrisme supposé des ouvriers : quand un tel mépris vient légitimer la domination sociale et politique, quand l'anticommunisme conduit à l'anti-ouvriérisme, l'écriture ouvrière, qui réplique et réfute, oeuvre à l'émancipation individuelle et collective.
En revisitant l'histoire ouvrière, cet ouvrage invite à relire le XXe siècle français.
l'itinéraire intellectuel et militant de l'historien yves benot (1920-2005) s'est ordonné autour de trois grands axes complémentaires et indissociables au sein de son oeuvre immense : les processus de décolonisation de l'afrique francophone, oú il a vécu de nombreuses années ; les fondements intellectuels de l'anticolonialisme et de la lutte anti-esclavagiste au siècle des lumières, dont il fut un précurseur avisé en mettant à jour, notamment, l'apport de diderot dans la grande oeuvre de raynal ; les processus d'abolition de l'esclavage dans la révolution française, puis ceux de son tragique rétablissement par napoléon.
réunissant des articles publiés par yves benot sur une cinquantaine d'années, du début des années 1950 jusqu'à ses derniers jours, cet ouvrage rend compte de la continuité et de la richesse de cet engagement intellectuel. se succèdent ainsi, selon un ordre thématique qui ne doit pas occulter l'unité de la démarche de l'auteur, l'afrique des indépendances, diderot, raynal et les lumières, la révolution française et les luttes coloniales, les indiens d'amérique, coeur d'un projet d'ouvrage que la mort a interrompu.
un livre d'histoire original et passionnant, qui est aussi un hommage à cet historien et cet écrivain infatigable, toujours présent sur le terrain de la recherche, tout comme il le fut sur celui des luttes d'aujourd'hui pour l'égalité et contre toutes les formes d'oppression, dans nos sociétés comme dans celles des pays issus des décolonisations du dernier demi-siècle.
Ce livre retrace l'histoire politique récente de la France et se veut porteur d'une vision compréhensive de notre temps, à une période saturée par les médias et pourtant dominée par l'amnésie. Il se propose de donner des instruments factuels et conceptuels pour comprendre. Il peut être considéré comme l'autobiographie des générations actuelles, des plus anciennes qui ont vécu toute la séquence envisagée (1940 à nos jours) jusqu'aux plus jeunes, qui vivent avec le présent, mais aussi avec les schèmes et souvenirs de leurs aînés. En ce sens se développe une réflexion sur ce monde que nous habitons, mais tout aussi bien nous habite.
L'ouvrage est organisé selon un ordre chronologique nécessaire à des étudiants et aux autres lecteurs soucieux de trouver un sens aux noms et aux concepts qui ont marqué l'histoire du pays depuis trois quarts de siècle, une histoire scandée par une succession de « crises ». Cette histoire est écrite en opposition aux façons de découper commodément le réel politique avec des limites chronologiques plus courtes et des dates, certes justifiées politiquement, comme 1945, 1958, 1981, mais qui se privent d'une épaisseur nécessaire à la compréhension.
Paris est, depuis deux siècles, une capitale arabe.
Carrefour des cultures, des musiques d'orient et du maghreb et première ville d'immigration des populations venues d'afrique du nord, elle est aussi un espace privilégié pour les opposants, les diplomates ou les tractations secrètes. paris est depuis toujours au coeur d'une relation paradoxale de la france avec le monde arabo-musulman. oubliée, occultée, inaudible, cette histoire dérange et cherche sa place dans notre mémoire collective.
Débutant avec l'expédition en egypte puis la conquête d'algérie, traversant les expositions universelles et les conflits, le paris arabe se prolonge avec la beur génération, le visage de zidane sur les champs-elysées et la consultation des musulmans de france. mais paris, ville d'intégration, fut aussi, pour les populations maghrébines, la capitale de l'exclusion dont ce livre raconte, étape par étape, l'étonnante mise en place institutionnelle.
Depuis le début des années 2000, en lien avec les événements du Proche-Orient, on a vu se développer en France l'idée selon laquelle la gauche serait la principale responsable de la recrudescence d'actes antisémites. Cette vision est excessive et injustifiée, mais elle traduit un certain malaise. Existe-t-il ou a-t-il existé un antisémitisme spécifique à la gauche? Longtemps négligée par les historiens, cette question délicate est traitée pour la première fois dans cet ouvrage extrêmement documenté, qui retrace l'histoire des positions de la gauche française vis-à-vis de l'antisémitisme sur deux siècles. Des débuts de la révolution industrielle à nos jours, toutes les composantes de la gauche ont tenu des propos antisémites, mais sous des formes très différentes dans l'espace et dans le temps. A l'antisémitisme économique associant les Juifs au capitalisme, exprimé par de nombreux socialistes au XIXe siècle, s'est ajouté un antisémitisme racial et xénophobe à partir des années 1880. Au lendemain de l'affaire Dreyfus, tournant fondamental, l'antisémitisme n'est plus revendiqué ouvertement dans les rangs de la gauche. Mais il n'y disparaît pas pour autant et on le voit encore insidieusement à l'oeuvre, dans l'entre-deux-guerres, à la SFIO et chez les pacifistes, parfois au sein du Parti communiste, puis, après guerre, à l'ultra-gauche, sous la forme du négationnisme. Une plongée historique passionnante, qui intéressera tous ceux que préoccupe cette question douloureuse - et en particulier les lecteurs de gauche, pour rester vigilants contre un danger toujours possible.
Commencer en 1898 à billancourt, l'histoire des automobiles renault prend un essor considérable au début des années 1930 avec les nouvelles installations de l'île seguin.
Modèle de la grande entreprise capitaliste, l'usine déborde très vite sur la ville et, des décennies durant, billancourt vit au rythme des ateliers renault. aussi la disparition de l'usine en 1992 ne peut-elle se faire sans laisser de traces.
Cet ouvrage retrace les dimensions d'une histoire singulière. d'abord, la spécificité du travail à l'usine : les effets des stratégies industrielles sur les hommes, l'organisation du travail, la formation professionnelle et la réalité de la promotion, les carrières d'os et les cadres dans l'entreprise.
Ensuite, les conflits, inévitables, entre les ouvriers venus d'horizons multiples et la direction : les " années 68 " sont prises comme exemple, mises en miroir avec une grève dans une usine ford en allemagne. enfin, les rapports de l'usine avec la ville : la politique de logement de la régie renault, l'usine dans la ville et les lieux emblématiques de cette osmose.
A l'heure où le travail industriel et l'industrie automobile connaissent des mutations importantes et où la ville de boulogne-billancourt cherche un nouveau souffle pour combler le vide laissé par renault, cet ouvrage apporte des clés de compréhension d'un passé proche, qui peuvent permettre de mieux penser l'avenir.
Ce n'est que tardivement que fut reconnue la nécessité de loger le peuple, alors même que l'industrialisation de la France, au cours du XIXe siècle, s'est accompagnée d'une urbanisation rapide, laquelle générait une crise permanente du logement.
Ce fut d'abord la préoccupation de quelques philanthropes marqués par l'hygiénisme, puis de rares patrons, avant que l'Etat ne se trouve en devoir de faire face à ses responsabilités. L'auteur retrace l'histoire du logement social, depuis les cités ouvrières sises à proximité des mines et des usines aux villes nouvelles, en passant par les Habitations à Bon Marché. L'oeuvre de Henri Sellier, Louis Loucheur ou de Raoul Dautry, ainsi que les propositions urbanistiques et architecturales de Tony Garnier ou de Le Corbusier sont ici replacées dans leur contexte politique et économique.
Mêlant l'essai à l'érudition historique, cet ouvrage montre comment la recherche d'un consensus républicain et la poursuite de la modernité ont agi pour susciter des décisions et ouvrir des chantiers. En inscrivant son analyse au coeur des mouvances démographiques, économiques, sociales et idéologiques qui ont fait la France actuelle, l'auteur s'attache à marquer la spécificité institutionnelle, mais aussi architecturale et urbanistique, de ces politiques.
Elles portent l'empreinte (les pesanteurs de la société française, de ses blocages et de ses avancées.
Dans l'ombre de jean jaurès et de jules guesde, jean allemane incarne le troisième mouvement qui se trouve à l'origine du parti socialiste en france.
Mais, parce qu'il a été l'homme qui, à la tête du parti ouvrier socialiste révolutionnaire, s'était toujours fait le champion du socialisme " anonyme ", l'" allemanisme " est resté moins présent dans la mémoire de la gauche française.
L'homme et son oeuvre politique méritent pourtant d'être redécouverts, à travers ces mémoires. critique et éternel insoumis, jean allemane, devenu député socialiste, entend y tirer les leçons de son expérience de la commune, de ses souvenirs de la semaine sanglante et, plus encore, livrer combat contre la honteuse institution du bagne dont il endura les supplices en nouvelle-calédonie.
Derrière le communard, puis le bagnard, s'ébauche ainsi l'autoportrait d'un militant dont l'ardeur et la ténacité lui valurent mille maux, mais aussi un immense prestige.
Cet ouvrage aborde la question des guerres de décolonisation dans l'ancien empire français sous un angle original : celui des pratiques et des représentations des mouvements de jeunesse, tant en métropole que dans les pays colonisés.
De la Seconde Guerre mondiale aux décolonisations, s'opère une double mutation. Mutation politique, assurément, provoquant de nombreuses ruptures au sein des mouvements de jeunesse. Mais aussi sociale et éducative, que le sport et le scoutisme permettent de révéler avec une grande acuité. La richesse des études historiques réunies dans cet ouvrage, fondées sur la comparaison des expériences indochinoise et algérienne, éclaire d'un jour nouveau les évolutions sociales et politiques, tant en France que dans ses anciennes colonies, au cours des décennies qui ont suivi les indépendances.
Elle montre en particulier le rôle souterrain des mouvements de jeunesse dans le processus d'occidentalisation des pays coloniaux au moment même où ceux-ci se déprenaient par la force de l'hégémonie politique de la métropole. C'est tout l'enjeu de cet ouvrage que de proposer un regard neuf sur cette histoire, traversant le miroir colonial.
Le couple droite-gauche est une donnée particulière de l'histoire française. Or, s'il existe des histoires de la droite, la gauche française n'avait pas suscité jusqu'à présent de grande synthèse. C'est ce défi que souhaite relever cette « somme » de plus de quatre-vingts contributions réparties en deux volumes. Historiens confirmés et jeunes chercheurs, sans exclusive d'opinion, d'institution ou de formation, se sont associés avec le seul souci de saisir cette invention française : la gauche, gauche politique, culturelle, sociale ou économique. Il s'agit autant de rendre compte de la diversité des courants et formations politiques qui se sont réclamés d'elle, parfois en quête d'unité, souvent en cultivant leurs différences, que d'analyser les valeurs, les traditions, les références, les comportements et les sociabilités des hommes et des femmes de gauche. Émerge alors une identité de gauche qui n'est pas figée ou définitivement établie, qui se construit, se déconstruit et se reconstruit sans cesse. Le premier volume, L'héritage du XIXe siècle, s'interroge sur les origines de la gauche et analyse l'émergence d'une notion à la fois issue des Lumières, de la Révolution et des habitudes parlementaires de la monarchie constitutionnelle. Siècle de mise en place, où se construit de manière complexe, parfois contradictoire, un héritage diversifié. Des courants politiques « de gauche » s'identifient, vivent en se transformant, disparaissent parfois ou s'intègrent à l'histoire nationale. Le second volume suit la gauche à l'épreuve de l'histoire depuis le début du siècle, qu'elle soit au pouvoir - rarement tout entière - ou qu'elle s'y oppose. Partis politiques, syndicats, associations, personnalités, forment ensemble un « peuple de gauche », multiple, divers et changeant, désormais affirmé et identifié, mais où on se déchire sur les questions de l'heure : la révolution, la réforme, la guerre, la colonisation et la décolonisation, l'évolution de la société, l'avenir de l'humanité.
Pour les visiteurs et immigrants venus de tous les coins de la planète, Paris fut - et reste pour beaucoup - un lieu phare, symbole de liberté, de progressisme, d'art et de culture. Un lieu qui, dès le début du XXe siècle, attire en particulier les populations venues d'Asie et d'Extrême-Orient. Paris fut ainsi la destination privilégiée de jeunes Chinois épris des idéaux de la Révolution française puis du militantisme communiste ; elle fut aussi la ville " formatrice " de la grande majorité des nationalistes indochinois (Ho Chi Minh, Pol Pot, Sihanouk, Bao Daï000). Mais bien d'autres vagues d'immigration, venues de Chine, de Taïwan, des pays de l'ex-Indochine, du Japon ou du Sud-Est asiatique, ont participé à la lente et discrète constitution du " Paris Asie ", vaste kaléidoscope dont chaque mouvement commercial ou migratoire possède un itinéraire propre, retracé dans cet ouvrage à travers images, photos et textes.
Le couple droite-gauche est une donnée particulière de l'histoire française.
Or, s'il existe des histoires de la droite, la gauche française n'avait pas suscité jusqu'à présent de grande synthèse. C'est ce défi que souhaite relever cette " somme " de plus de quatre-vingts contributions réparties en deux volumes. Historiens confirmés et jeunes chercheurs, sans exclusive d'opinion, d'institution ou de formation, se sont associés avec le seul souci de saisir cette invention française : la gauche, gauche politique, culturelle, sociale ou économique.
Il s'agit autant de rendre compte de la diversité des courants et formations politiques qui se sont réclamés d'elle, parfois en quête d'unité, souvent en cultivant leurs différences, que d'analyser les valeurs, les traditions, les références, les comportements et les sociabilités des hommes et des femmes de gauche. Émerge alors une identité de gauche qui n'est pas figée ou définitivement établie, qui se construit, se déconstruit et se reconstruit sans cesse.
Le second volume suit la gauche à l'épreuve de l'histoire depuis le début du XXe siècle, qu'elle soit au pouvoir - rarement tout entière - ou qu'elle s'y oppose. Partis politiques, syndicats, associations, personnalités, forment ensemble un " peuple de gauche ", multiple, divers et changeant, désormais affirmé et identifié, mais où l'on se déchire sur les questions de l'heure : la révolution, la réforme, la guerre, la colonisation et la décolonisation, l'évolution de la société, l'avenir de l'humanité.
Le premier volume, L'héritage du XIXe siècle, s'interroge sur les origines de la gauche et analyse l'émergence d'une notion à la fois issue des Lumières, de la Révolution et des habitudes parlementaires de la monarchie constitutionnelle Siècle de mise en place, où se construit de manière complexe, parfois contradictoire, un héritage diversifié. Des courants politiques " de gauche " s'identifient, vivent en se transformant, disparaissent parfois ou s'intègrent à l'histoire nationale.