Gallimard
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Sénèque représente, dans sa vie comme dans son oeuvre, le premier stoïcisme romain qui professe le détachement des biens futiles et des illusions de la gloire en même temps qu'il exerce de hautes fonctions politiques : sénèque fut précepteur et conseiller de néron avant d'être écarté du pouvoir et condamné à mourir sur son ordre en 65 apr.
J. -c. adressé à son frère, le livre sur la vie heureuse résume dans une perspective stoïcienne toute une tradition antique de réflexion sur la " vie bonne " dont la condition est la vertu, laquelle s'acquiert en vivant " selon la nature ", c'est-à-dire selon une logique de vérité qui doit nous affranchir des contingences du destin, et nous permettre d'atteindre à une autonomie intérieure qui confine à la sagesse.
Vivant néanmoins dans le tout premier cercle du pouvoir impérial, sénèque a dû justifier la richesse dont il a pu jouir, et il ébauche, dans les bienfaits, une réflexion sur la possibilité d'une solidarité sociale. ces deux livres répondent aux deux visages du penseur : l'homme privé qui aspire à la sagesse, le conseiller du prince qui cherche la voie meilleure en composant avec les caprices du tyran.
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Dans son précédent ouvrage, Lumières du Moyen Âge (2015), Pierre Bouretz rouvrait à nouveaux frais un dossier capital pour l'histoire occidentale:les relations entre philosophie et théologie.La raison ou les dieux s'ancre dans l'Antiquité tardive «néoplatonicienne», souvent décrite à grands traits comme celle d'un retour à Platon, d'une «divinisation» de celui-ci et d'un tournant «théologique» du rationalisme grec. Est-ce à dire que ce moment fut celui d'un choix entre la raison et les dieux?Platon déjà voyait chez les Barbares des formes de sagesses supérieures à celle des Grecs. Plutarque pouvait sans embarras servir Apollon dans son temple de Delphes, admirer Isis et cultiver le platonisme. Jusqu'à la fin de l'Antiquité, les plus grandes figures de la philosophie se nourrirent de théologies allogènes. Mais le rapport de ces philosophes à leurs dieux nous demeure mystérieux. Plus mystérieuse encore, une affaire inaugurée dans la génération des successeurs de Plotin par Porphyre et Jamblique, sous couvert d'une fiction égyptienne et autour d'un mot neuf:celui de «théurgie». Fallait-il compléter la vie théorétique par un rapport actif avec les dieux? Était-il question de les soumettre au bon vouloir des hommes? Des pratiques étranges et venues d'ailleurs étaient-elles autre chose qu'une forme de la magie depuis toujours condamnée par les philosophes?Pierre Bouretz construit une vaste enquête au travers de laquelle on découvre Plotin combattant les gnostiques, Porphyre ferraillant contre les chrétiens, les derniers philosophes platoniciens en quête de vestiges des dieux anciens. Il remonte à l'origine de leur admiration pour les «sagesses barbares», décrit l'entrée dans l'imaginaire des Grecs de Mages disciples de Zoroastre, de théurges chaldéens et d'Hermès Trismégiste, interroge leurs visions concurrentes de la «voie qui mène au bonheur». Il montre enfin qu'après une éclipse d'un millénaire environ, cette histoire se rejouerait dans des conditions nouvelles à la Renaissance.